390 likes | 489 Views
7 ème congrès de l ’ EFTA, 31 octobre 2010. Rythmes, résonance, hiérarchies : le travail de crise auprès des adolescents reclus. Dr Julien Fousson Dr Nicolas Pastour Service ERIC, C.H. Charcot, Plaisir (78). Introduction. 1. L ’ intervention de crise. Le service ERIC : organisation.
E N D
7ème congrès de l’EFTA, 31 octobre 2010 Rythmes, résonance, hiérarchies :le travail de crise auprès des adolescents reclus Dr Julien Fousson Dr Nicolas Pastour Service ERIC, C.H. Charcot, Plaisir (78)
Le service ERIC : organisation • Service psychiatrique d’urgence et de post-urgence • Ouvert 24h/24; 7j/7 • Binômes pluri-professionnels : infirmier, médecin ou psychologue
Le service ERIC : la prise en charge • Entretien d’urgence : possibilité d’intervention sur le lieu d’émergence de la crise (ou de la demande) : domicile, lieu de travail, cabinet médical, institution (école, foyer,services sociaux…) • Peut déboucher sur une prise en charge : entretiens de post urgence et VAD infirmières • Limité de durée : 1 mois
Le service ERIC : les principes • Modèle psychiatrique d’alternative à l’hospitalisation, construit à partir de la question de la chronicité en psychiatrie • Référence commune : intervention systémique de crise • Mobilisation du réseau • soutien et valorisation des compétences des familles (Ausloos)
Intervention avec les adolescents • Poser un cadre « Organiser l’imprévisible sans figer une évolution possible » A. Andréoli • Mobiliser : • Amplification, dramatisation • Redéfinition (lecture relationnelle)
Intervention avec les adolescents • Travail sur les hiérarchies et les frontières intergénérationnelles (S. Minuchin) • Restaurer des frontières intergénérationnelles claires • Position cadrante des parents : fonction pare-excitatoire ou anxiolytique • Soutenir chacun dans son rôle : droits et obligations • Importance de l’expérience vécue pendant le temps de l’intervention de crise
Situation clinique Frédéric, 15 ans : • Éléments biographiques : • Élève en 3ème, • Deuxième d’une fratrie de 4 • Mère ingénieur • Père technicien : travaille à 80 %, gère le quotidien
Situation clinique • 2008 : 1ère intervention • Crise clastique • Refus scolaire • Orientation rapide • 2008 – 2010 : appels (lors de départs en vacances)
Situation clinique 2010 : 2ème intervention • Motif de recours • Déscolarisé de nouveau depuis plusieurs semaines • Échec scolaire plus prononcé • désinvestissement des activités périscolaires • Isolement dans sa chambre • Dynamique relationnelle • Déroulement de la prise en charge • 5 entretiens • Pas de visites à domicile • Arrêt brutal
Situation clinique Pourquoi cet arrêt ? • Résonance • À un niveau existentiel (pas de thématisation) • Vécu des thérapeutes : un temps figé • Contagion par le temps de la famille ? • Difficulté à explorer le passé (évocation opératoire) → pose la question du temps
Le temps objectif • Bergson : l’intelligence ne peut se représenter le temps que spatialisé
Le temps vécu • Bergson : c’est l’intuition qui nous donne ce qui relève de la durée « L’intuition est le mouvement par lequel nous sortons de notre propre durée, par lequel nous nous servons de notre durée pour affirmer et reconnaître immédiatement l’existence d’autres durées. » G. Deleuze, Le bergsonisme
Présent et passé • Bergson : le passé n’est pas stocké quelque part mais est toujours présent • Le présent est seulement le niveau le plus contracté du passé
Temps & dispositifs psychiatriques Les dispositifs psychiatriques tendent à neutraliser la question du temps → leur but : créer un espace thérapeutique
Temps & crise La crise ouvre la question du temps : • « État d’un système au moment où le changement est imminent.. » D.G. Langsley • « c’est un point de déséquilibre d’une continuité et un instrument de réorganisation » A. Andréoli
Temps & crise • Crise = « espace potentiel » • Espace potentiel: « espace d’entre deux, entre le moi et le non moi, entre le dedans (…) et le dehors (…), entre le passé et l’avenir » R. Kaës
Crise & situations de réclusion • Absence de crise ou explosion aiguë • Pas de demande ou demande excessive • Difficulté pour l’intervention de crise : • Amplification => rejet de la prise en charge • Simple accompagnement : rien ne se passe → question du rythme de la prise en charge → question de la nature de la « résonance » qui se joue
La notion de rythme • Rythme : cadence régulière • Ce sens date de Platon
La notion de rythme • Originairement, rhuthmos désigne la forme assumée par ce qui est mouvant, la manière particulière de fluer
La notion de rythme Importance de la notion de rythme dans la recherche actuelle : • Chronobiologie • Le « rythme du quotidien » résulte de la synchronisation des différents rythmes biologiques; • il assure l’accrochage corporel à l’environnement.
La notion de rythme Importance de la notion de rythme dans la recherche actuelle : • Psychologie du développement « Le rythme constituerait pour le bébé son premier outil pour découvrir son monde, car il porte et transmet les affects, la subjectivité. » Maya Gratier
La notion de rythme Commence à être employée en systémique • Chacun possède un rythme propre • Dans un système, il est important que ces rythmes se synchronisent : « Lorsque les temps des différents membres du système ne peuvent être synchronisés, un malaise apparaît qui peut être source de pathologie. » Anne Courtois
Réclusion et rythmes • L’adolescent reclus ne présente pas une absence de rythme mais : • une désynchronisation des rythmes sociaux environnants ; • une prépondérance des rythmes biologiques ; • l’instauration d’autres rythmes (Internet, etc..).
Réclusion et rythmes Le rythme des parents : • Père : activités personnelles, tâches ménagères • Mère : travail, télévision • Couple : pas d'activité ensemble
Réclusion et rythmes Le rythme de la famille : • Pas de temps partagé → pas de synchronisation des différents rythmes (cadences) • Le rythme (existentiel) de l’immobilisme ou la répétition → non changement → vécu dans la résonance
Réclusion et famille M. Suwa et S. Suzuki : fonctionnement des familles d’adolescents reclus (hikikomori) • Règles bien établies mais transmission plus tacite qu’orale • Rôle établi et stables mais face au difficultés pas de renégociation : réactions identiques
Réclusion et famille M. Suwa et S. Suzuki : fonctionnement des familles d’adolescents reclus (hikikomori) • Faible expression des émotions • Peu d’attention explicite envers les autres
Le travail sur l’histoire « Le thérapeute ouvre le champ thérapeutique (…) au passé et au présent de la famille. Il permet à la famille, en effectuant des sauts temporels, de renouer et surtout de remobiliser au présent des événements du passé pour construire l’avenir. La manière dont il voyage dans ces dimensions est un facteur déterminant dans le déroulement du processus thérapeutique. » Anne Courtois
Le travail sur l’histoire • « décompaction » du passé : • L’histoire de la famille • L’histoire personnelle des parents : • Carte du monde et programme officiel • Dans ces situations : • Difficulté à élaborer • Difficulté à exprimer ses émotions → Nécessité d’une expérience au présent
Le temps de l’intervention • Le tempo • Suffisamment ajusté au rythme familial pour maintenir une tension supportable • Une histoire partagée • Intense : entretiens rapprochés, à domicile • Centrée sur des expériences concrètes (tâches prescrites, événements survenus) • Reprise pas à pas dans une narration (dramaturgie) • Circonscrite dans le temps
Le temps de l’intervention La remise en mouvement de la situation se situe en grande partie à un niveau existentiel → Travail de modulation des différents rythmes : • Légitimation des rythmes propres (individualisation) • Soutien d’un rythme collectif (appartenance)
Le temps de l’intervention • Rythmes de l’adolescent : • Sommeil en phase avec les autres • Rencontre avec sa famille • Rythmes des parents : • Couple • Séparément : • Le père • La mère • Rythmes familiaux : • Repas, sortie
Conclusion • Les résonances temporelles, résonances existentielles, témoignent souvent d’une impossibilité à mobiliser le niveau verbal (carte du monde) • Une expérience temporelle rythmée, partagée par une équipe qui en nomme l’histoire, peut permettre une remise en mouvement du système