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Les sources de la croissance (1): travail, capital, progrès technique. Définir la croissance Elle n’est pas l’expansion, de court terme Le développement, plus qualitatif Elle peut être
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Les sources de la croissance (1): travail, capital, progrès technique
Définir la croissance • Elle n’est pas • l’expansion, de court terme • Le développement, plus qualitatif • Elle peut être • Équilibrée: régulière, respectant les équilibres « kaldoriens » (prix, emploi, commerce ext, finances publiques) • Déséquilibrée: privilégiant l’investissement dans des secteurs très limités • Potentielle: croissance maximale possible sans augm° de l’inflation et du chômage. On mesure son écart à la croissance effective
Introduction - Périodisation de la croissance sur le temps long • Au XIXe siècle, croissance sans développement • 1820-1870: émergence progressive des économies industrielles, croissance moyenne annuelle de 1% quand la croissance de la pop° est faible (0,3%). Croissance du Pib par tête estimée à 0,6%/an. • 1870-1913: croissance du PIB par tête estimée à 1,3% pourtant crises du capitalisme industriel
Les temps forts de la croissance au XXe siècle • La Belle Epoque (1896-1914): • Carré, Dubois et Malinvaud (1896) – Markovitch et Levy Leboyer (1890-1892) • Prix rehaussés > augm° masse monétaire > augm° profits (sommets 1909-1913) > augm° salaires nominaux> X sociétés par actions // nouvelles industries (sidérurgie, automobile) • Le tout dans une phase de protectionnisme (1880-1900) – cf Méline. • Mais continuité de la course aux débouchés et croissance commerce international • Les années folles (roaringtwenties) • Asselain: niveau de la production de 1913 réatteint en 1924: France rattrape son retard sur l’All et les E. U. // guerre permet modernisation de l’appareil productif • Gains de Pté de 3% / an // accélération exode rural et ind° • Marchés intérieurs dopés par reconstruction
Les Trente Glorieuses (Fourastié) • Niveau de P° de 1945 ramené en France à celui de 1890 • Situations diverses: PIB Japon X4,6 (+560%), PIB GB + 46% • Âge d’or des « politiques éco » qui tentent de respecter le « carré magique » de Kaldor (faible inflation, plein emploi, équilibre de la balance extérieure, faible déficit budgétaire) • Inflation contenue (sauf pdt guerre de Corée et pour la France d’Algérie, et après mai 68) • Relance de la demande par déficit public / création de monnaie par polq monétaire en cas de ralentissement OU retour à l’équilibre et limitation de la masse monétaire en cas de surchauffe • Politique européenne de modernisation agricole (PAC, 1962) • Équipement des ménages en biens de conso durable • Organisations internationales propices à l’ouverture • ONU : charte de San Francisco • FMI et BIRD: accords de Bretton Woods • Cycles du GATT • Création de l’OECE pour redistribuer l’aide du plan Marshall
Les nouvelles phases de la croissance au XXIè siècle? • Les Dix Glorieuses américaines (décennie 1990): • Croissance forte, fortes rentrées fiscales, équilibre budgétaire >> phase exceptionnelle • Gains de Pté // NTIC • Retour de la croissance rapide même en Europe, malgré le ralentissement consécutif à la crise asiatique de 1997 et à l’explosion de la bulle internet (2000) • Croissance soutenue par l’investissement et la consommation des ménages • Croissance soutenue par le commerce international favorisé par le dévt de la conteneurisation • Le rôle des TIC // chemin de fer au XIXe: • les équipementiers innovent en mettant de nouveaux produits sur le marché • Les entreprises du secteur se construisent en oligopoles par concentration • Débouchés accrus à mesure que nb de connectés augmente >> M. AGLIETTA: « la croissance n’est pas en elle-même une finalité sociale. Un même taux de croissance tendanciel peut recourir à des sociétés bien différentes. Certaines sont des cauchemars, d’autres des matrices de l’épanouissement humain. »
1)Le modèle néoclassique : les déterminants de la croissance sont les facteurs de production
La croissance modélisée comme une fonction de production « Prenons l’exemple d’un agriculteur, qui utilise une année de son temps, un hectare de terre et un cheval, pour produire une tonne de blé. Travail, chevale et terre sont des facteurs de production, le blé est le produit. La fonction de production s’écrira alors 1 tonne de blé = F (1 année de travail, 1 ha de terre, 1 cheval). L’idée de ce modèle est que la production naît de la mise en œuvre simultanée des facteurs que sont le travail et le capital (…). Supposons maintenant que notre agriculteur ait eu deux enfants, maintenant à l’âge adulte, qui reprennent la ferme alors que leur père se retire. Chacun s’équipe d’un cheval et ils défrichent un hectare supplémentaire de terre. La nouvelle situation de notre ferme s’écrit. 2 tonnes de blé = F (2 années de travail, 2 ha de terres, 2 chevaux). (…) Le produit a augmenté par rapport à la période précédente, il y a eu croissance de l’économie. Le doublement du produit provient d’un doublement de la main d’œuvre et du capital utilisés (…): l’augmentation du produit s’explique par celle de la quantité de facteurs mis en œuvre dans la production (…). Ce processus d’augmentation de la quantité des facteurs de production est appelée l’accumulation.
L’accumulation de la main d’œuvre provient dans le long terme de la croissance démographique, celle du capital provient de l’investissement (…). Supposons maintenant que nos deux agriculteurs s’achètent chacun un cheval supplémentaire. La production s’écrit alors : 3 tonnes de blé = F (2 années de travail, 2 hectares, 4 chevaux). C’est parce qu’ils disposent de plus de capital machines (ici les chevaux) qu’ils peuvent produire chacun plus que leur père. Ce processus a cependant des limites. La fonction de production néoclassique est caractérisée par des rendements d’échelle constants: une multiplication de la quantité utilisée de chacun des facteurs par un nombre donné entraîne une augmentation du produit de même ampleur. (…) Le niveau de productivité globale est strictement identique au niveau de productivité de chaque agriculteur.(…) Si la quantité de produit double lorsque la main d’œuvre et le capital doublent tous deux, en revanche le produit fait moins que doubler lorsque le capital double mais que la main d’œuvre est constante.
(…) Le capital est donc de moins en moins productif lorsque sa quantité utilisée par tête augmente.(…) La diminution progressive de l’efficacité du capital se poursuit donc jusqu’au point où sa rémunération est inférieure à son coût, les agents décidant alors d’interrompre le processus d’accumulation. (…) Ce mécanisme, connu sous le nom de loi des rendements décroissants, a conduit au siècle dernier, certains économistes (l’Anglais Ricardo notamment) à émettre des prévisions pessimistes sur le devenir de la croissance , condamnée selon eux à s’éteindre progressivement du fait d’un arrêt de l’accumulation (…). C’est l’introduction d’un troisième facteur de production, aux côtés du travail et du capital, qui offre la solution, le progrès technique. Celui-ci permet de conserver des rendements d’échelle constants dans les facteurs capital et travail (…) tout en engendrant des rendements d’échelle dynamiques: l’accumulation du capital au cours du temps ne consiste pas à empiler toujours plus d’unités de même type (toujours plus de chevaux dans le cas de nos agriculteurs) mais à acquérir des machines de type nouveau plus efficaces, qui assurent une constance de la rentabilité du capital (…). De façon cohérente par rapport à la théorie, l’augmentation de la production permise par ce tracteur devrait être plus élevée que celle permise par le second cheval. Par exemple 4t de blé = 2 années de travail, 2 ha, 2 tracteurs. Le rôle joué par le progrès technique dans le modèle néoclassique est double. D’une part, une technologie plus efficace affecte directement le niveau de la productivité; d’autre part, en rétablissant le rendement du capital, le progrès technique suscite des investissements nouveaux, donc une augmentation du capital par tête, qui affecte à son tour la productivité du travail. P. COMBEMALE, Les grandes questions économiques et sociales, la Découverte, 2009
Modèle néoclassique de base: Y = f(L, K) = La x K (1-a) L = travail (facteur non « productible » car exogène) a= coeff de pondération de L et K K = capital (facteur « productible ») Rendements constants: hausse conjointe de la quantité des deux facteurs de production entraîne une hausse proportionnelle de la production Productivité marginale décroissante: si un facteur de production augmente et l’autre reste constant, la P° s’accroît mais la hausse est de plus en plus faible au fur et à mesure que l’on augmente la quantité du facteur
Le modèle Cobb Douglas (1928) • Y = f(L,K) = La x K (1-a) x A L = travail a= coeff de pondération de L et K K = capital A= résidu (progrès technique) a= intensité capitalistique (a + (1-a)= 1) Y/L et Y/K correspondent à la Pté moyenne du travail et du capital, ∆Y/ ∆ L et ∆ Y/ ∆ K représentent les Pté marginales du travail et du capital. Elles sont décroissantes. • Postulat • Les facteurs sont parfaitement substituables • L’économie est en situation d’équilibre • Dans notre situation la croissance dépend • De l’augm° de la qté de travail, du stock de capital qui dépend de l’effort d’investissement donc du PT • De l’augm° de la Pté
Denison aux Etats-Unis: croissance effective s’explique pour moitié par le PT • Carré, Dubois et Malinvaud (la Croissance française) = même conclusion pour la France: • TCAM entre 1951 et 1969 à 5% • Travail et capital n’en expliquent que 2,6points donc résidu = le reste, principalement le PT et l’amélioration de la gestion des entreprises.
La place du facteur travail dans la croissance tient • À la démographie: vieillissement, immigration • Aux institutions: durée du travail, âge de la retraite, politique migratoire • La qualité de l’appariement: mobilité, formation généraliste/spécialiste… qui apparaît dans le taux de chômage frictionnel (révélateur des rigidités) • Le facteur capital contribue aussi à la croissance • Stock qui dépend de l’effort d’investissement qui doit compenser la destruction du capital (vieilles machines, locaux obsolètes) • Pb français de la désindustrialisation: le taux d’investissement dans ce secteur (ratio investissement/VA) est passé en 15 ans de 28 à 16%: le matériel industriel n’augmente pas et vieillit >> explication insuffisante de la croissance
2)Les principaux déterminants de la croissance pour les keynésiens: la demande et l’investissement • La demande: Leontiev, Production domestique et commerce international: • La variation de la production d’une branche a des effets multiplicateurs sur l’ensemble de l’activité économique par des vagues d’effets: « j’essayais de montrer que la demande pour l’acier dépendaient fortement de l’offre et de la demande pour chacun des autres facteurs, et que cela impliquait quelques transformations techniques » >>la demande de consommations intermédiaires a des effets évidents sur la croissance • Générateur de déséquilibres territoriaux: pour F. Perroux il faut distinguer des « pôles de croissance » et des « pôles de développement » (les seconds sont le fait d’interventions de l’Etat) • L’investissement: pour les keynésiens, repose sur une épargne préalable et peut provenir aussi de la création monétaire (point de divergence avec les néoclassiques) • Kahn: l’investissement pour produire des biens d’équipement nécessite la construction de machines pour produire ces biens. Il a donc un effet multiplicateur sur la croissance • Aftalion (les crises périodiques de surproduction): une augm° de l’investissement entraîne une augm° plus que proportionnelle de la croissance (effet accélérateur) • Samuelson (l’Economique): la combinaison des principes du multiplicateur et de l’accélérateur permet de comprendre les oscillations de la croissance (permet de comprendre les spirales inflationnistes et déflationnistes) • Pour les libéraux au contraire c’est l’augm° du capital détenu grâce à l’investissement qui génère de la croissance
3)Changement de cap - la question du progrès technique et de l’innovation
a)Les étapes de la croissance économique de Rostow • Part du modèle américain et anglais pour en déduire une loi universelle qui ne l’est pas, le passage par l’industrie d’une société traditionnelle à une société avancée. • Il débute au XVIIe siècle oubliant les aventures mercantilistes. • Chaque étape correspond à un secteur privilégié de l’éco: on change de phase, on change de secteur • Take off (3è phase sur 5) : phase n’excédant pas 30 ans, où le taux d’investissement est fort dans des secteurs moteurs favorisés par le LE (10% PIB). • La mise en valeur des pays neufs permettrait selon l’auteur de créer les conditions d’un équilibre politique mondial. • La croissance devient auto-entretenue. • Précède une marche vers la maturité • Ne convient pas à l’Italie: dévt plus tardif et entrecoupé de phases de stagnation • Variations dans le temps: XVIIIe pour GB, 1830-1860 pour la France • Il préconise une aide technique et capitalistique aux pays endévt qui peut précise-t-il accélérer la régression d’entreprises fragilisées dans les anciens pays développés.
b)Schumpeter et le statut de l’innovation Si quiconque, dans un système économique dont l’industrie textile ne connaît que le travail manuel, voit la possibilité de fonder une affaire utilisant le métier mécanique, se sent de taille à surmonter les innombrables difficultés, et a pris sa décision, alors il a besoin avant tout de pouvoir d’achat. Il emprunte à une banque et fonde son entreprise. Peu importe qu’il construise les métiers mécaniques lui-même ou qu’il les fasse construire par une autre entreprise selon ses directives (…). Si avec un métier à tisser un ouvrier peut produire six fois plus dans une journée qu’un ouvrier travaillant à la main, il est évident que sous trois conditions cette affaire doit rapporter un surplus par rapport au coût, une différence entre recettes et dépenses. (…) Mais voici maintenant le second acte de la pièce. Le charme est rompu et de nouvelles affaires se créent continuellement, appâtées par le profit. Il se produit une réorganisation complète de l’industrie, avec hausse de la production, concurrence acharnée, disparition des entreprises obsolètes, licenciements éventuels, etc. Une seule chose nous intéresse ici : le résultat final doit être une position d’équilibre, dans laquelle, avec les nouvelles données, la loi du coût règne de nouveau (…). L’incitation à produire davantage ne cessera pas avant que cette condition soit réalisée, et que le prix tombe du fait de l’offre croissante. Par suite, le profit de l’entrepreneur considéré et de ceux qui le suivent immédiatement disparaît. Pas d’un seul coup, il est vrai, mais en règle générale après une période plus ou moins longue de diminution progressive. Cependant, le surplus est réalisé, il constitue dans des conditions données un montant déterminé de revenu net, même s’il n’est que temporaire. Mais à qui échoit-il ? Evidemment aux individus qui ont introduit les métiers à tisser dans le circuit, donc pas nécessairement à leurs inventeurs, ni à leurs producteurs ou utilisateurs. Ceux qui les produisent sur commande recevront seulement un prix égal au prix de production (…) En quoi a contribué la volonté des individus considérés ? Seulement en volonté et en action : pas en biens concrets, car ils les ont achetés (…) à d’autres ou, si nous tenons également compte des acquisitions des périodes antérieures, à eux –mêmes. Et qu’ont-ils fait ? Ils n’ont pas accumulé des marchandises, ils n’ont créé aucun moyen de production original, mais ont employé les moyens de production existants différemment, de façon plus appropriée, plus avantageuse. Ils ont mis en pratique de nouvelles combinaisons. Ils sont des entrepreneurs. Et leur profit, le surplus que ne contrebalance aucun passif, est un profit d’entrepreneur. De même que l’introduction des métiers à tisser est un cas particulier de l’introduction de machines en général, l’introduction de machines est un cas particulier de changement dans le processus de production au sens large, dont le but est d’obtenir une unité de produit avec une dépense plus faible et ainsi de créer un écart entre le prix existant et le nouveau coût. J. Schumpeter, Théorie de l’évolution économique, Oxford UniversityPress, 1912, pp.128-133
La dynamique du capitalisme est selon lui due à 2 facteurs • la propriété privée: • La propriété privée rompt avec les sociétés traditionnelles fondées sur la solidarité. • Cette solidarité inhibait la prise de risque, tout étant fait pour limiter ce risque à commencer par les corporations où les décisions sur les changements de stratégie ne peuvent être prises que de manière communautaires et unanimes • l’innovation et le crédit: L’entrepreneur et le banquier ont pour Schumpeter une fonction complémentaire • le premier « héros du capitalisme », imagine, innove en introduisant dans le processus productif des inventions (un bien nouveau, une nouvelle forme d’organisation du travail, la découverte de matières premières, la conquête de nouveaux débouchés…). • Le second calcule, finance en délimitant le caractère acceptable ou non de la prise de risque. 5 types d’innovation • Fabrication de biens nouveaux • Nouvelles méthodes de production • Ouverture de nouveaux débouchés • Utilisation de nouvelles matières premières • Nouvelle organisation du travail • Ces innovations apparaissent selon lui par « grappes » : • Pb du goulot d’étranglement dans le le textile • thèse vérifiée dans la troisième révolution industrielle : la mise au point de logiciels exigeants (sur la 3D, le travail sur vidéo…) nécessite des ordinateurs plus puissants, des processeurs plus rapides. Le hardware et le software doivent innover en même temps. Le succès de l’I-Pod en 2004 a bien nécessité à la fois des progrès dans le hardware (miniaturisation des composants, augmentation de la capacité de stockage du mini-disc dur) et du software (un logiciel de téléchargement et lecture des fichiers musicaux).
Schumpeter toujours évoque l’idée de destruction créatrice enfin pour expliquer la permanence de ces grappes d’innovation. • Après une période d’expansion due à l’innovation, il existe une période d’essoufflement. • Seules les entreprises qui tirent beaucoup de profits de leur innovation peuvent survivre, les autres ne peuvent plus suivre, elles font faillite : les entreprises innovantes font disparaître les entreprises routinières : soit elles s’adaptent, soit elles déclinent. Une vision darwinienne dans le champ de l’innovation… • D’autres types d’innovation existent ignorées logiquement par Schumpeter • Le lowcost: pas produire plus et moins cher mais offrir des biens et services avec moins de fonctionnalités (Easyjet, Logan ou nano, lowcost technologies… idem dans les produits bancaires) • Le positionnement au centre de la chaîne de valeur: celui qui produit le smartphone ne touche pas grand-chose, ni le distributeur du réseau, contrairement au concepteur ou aux développeurs des applications • Toujours sélection naturelle > ex d’erreurs de stratégie des entreprises pharmaceutiques créant des blockbusters (médicaments > 1MM de dollars de CA): concentration des grands groupes prétextant les coût de recherche // échec total: nécessité de faire se rencontrer des PME des biotechnologies et des business angels ( capitaux risqueurs) • Innover sur l’ajout de valeurs plus que la valeur ajoutée: concepteurs, manipulateurs de symboles, consultants sur la rationalisation des processus de production
c)La controverse entre les modèles: HarrodDomar contre Solow: • Le modèle d’Harrod et Domar (néokeynésien) interroge la croissance : est-elle équilibrée ou déséquilibrée? • Déf: • Équilibrée: régulière et respectant les grands équilibres de Kaldor, le carré magique (équilibre et interaction entre prix, emplois, commerce et finances publiques) • Déséquilibrée: investissement privilégié dans des secteurs limités qui peuvent avoir des effets d’entraînement sur l’ensemble de l’économie • Harrod • Il distingue 3 taux de croissance • Le taux de croissance naturel : taux de croissance de croissance de plein emploi résultant de l’accroissement de la PA et du PT. • Le taux de croissance garanti: l’investissement résulte des anticipations des entrepreneurs et il est rare qu’il corresponde à l’épargne • Le taux de croissance réalisé ou effectif: celui qui se réalise réellement. • Le taux de croissance potentiel: une prévision de la moyenne de croissance sur une longue période, on pourra calculer le décalage avec la croissance effective • Son hypothèse est que les taux de croissance garantis et réalisés s’éloignent du taux de croissance naturel: pour que la croissance soit équilibrée, il faudrait qu’ils coïncident • Les déterminants de la croissance garantie (anticipée) ne sont pas les mêmes que les déterminants de la croissance de plein emploi (naturelle): une croissance équilibrée et de plein emploi résulte du hasard
EvseyDomar: « Capital expansion rate of growth and unemployement » (1946) • Il fait le lien entre deux effets de l’investissement sur la croissance: l’effet de revenu (ex ante) et l’effet de capacité (ex post) • théoriquement l’augmentation des revenus ouvre une demande supplémentaire (effet de demande/multiplicateur keynésien) > d’où une hausse des capacités de production pour y répondre (effet de capacité) > en vertu de la loi de Say cette demande crée suffisamment de débouchés pour l’offre supplémentaire • La croissance est équilibrée si l’effet de revenu est égal à l’effet de capacité: c’est impossible selon lui • La croissance est possible uniquement si l’investissement à une période donnée est supérieur à l’épargne dégagée à la période précédente, d’où l’importance du crédit. L’investissement d’aujourd’hui est financé par l’épargne d’hier. • Cette croissance est instable car les déséquilibres ont tendance à s’accentuer.
Point commun Domar et Harrod • Une seule possibilité de croissance équilibrée • Aucun mécanisme éco ne permet de s’en approcher ou de la maintenir • le « fil du rasoir »: chemin de la croissance équilibrée étroit, y rester tient du hasard • ces modèles ont favorisé les politiques d’austérité. • L’action d’une force extérieure (l’Etat) est légitimée
Le modèle HarrodDomar repose sur l’idée de rendements constants, en économie fermée • Le taux de croissance augmente avec le taux d’épargne • Leur idée est que les proportions de facteurs de P° sont fixes ce qui est discutable: ils raisonnent avec une quantité de main d’œuvre fixe; or dans ce contexte une accumulation du capital réduirait son rendement car la quantité fixe de travail agirait comme un frein • Les facteurs sont en réalité substituables plus que complémentaires
L’interprétation de Kaldor atténue le pessimisme de HarrodDomar (1956) • La croissance économique est stable dans la mesure où la propension à épargner varie en fonction de la répartition des revenus (les plus riches ont la plus forte propension à épargner). • Le taux d’épargne varie en fonction de la répartition du revenu entre salaires et profits. • Si le taux de croissance réalisé est… • … supérieur au taux de croissance naturel pénurie de main d’œuvre > augm° des salaires > dim° des profits > dim° de la propension à épargner car dim° des profits. Le taux de croissance effectif est freiné, la stabilité de la croissance est assurée • …inférieur au taux de croissance naturel > augm° du chômage qui pèse sur les salaires > augm° des profits > augm° propension à épargner > augm° du taux de croissance effectif : stabilité de la croissance assurée
Robinson: pb de l’interaction entre investissement (accumulation) et profit • L’investissement résulte du profit qui permet de le financer • Le taux de profit dépend des investissements passés >> proportionnalité entre le taux de profit et le taux d’investissement; pour que la croissance soit équilibrée, il faut une égalité dans la répartition des gains de Pté entre travail et capital
d)Le modèle de Solow, une pensée économique renouvelée par les 30 Glorieuses pour penser le « résidu ». Les facteurs de la croissance sont « exogènes » • Dans ce modèle 4 hypothèses de départ pour montrer que la source de la croissance est EXOGENE sur un marché EN EQUILIBRE: • La fonction de production des néoclassiques Y = f( L, K) • Investissement déterminé par le taux d’épargne; toute épargne est réinvestie (désaccord avec keynésiens) • La flexibilité des prix garantit l’équilibre sur le marché des biens et du travail; la flexibilité des prix des facteurs de production (salaire pour le travail, intérêt pour le capital) permet d’en assurer le plein emploi; la croissance est nécessairement équilibrée . • La population active croît à un taux constant
Les explications de la croissance d’après le « modèle de Solow »: à long terme le comportement des agents n’a guère d’importance, la croissance étant conditionnée par • la croissance de la population active porte la croissance éco: si le capital par travailleur est constant, le seul moyen d’expliquer la croissance du stock de capital est l’augm° du nb de travailleurs! Donc la croissance est EXOGENE. • le progrès technique, exogène aussi puisqu’il provient de données extérieures à la croissance (capacité d’innovation). Pour avoir 1 point de croissance de plus, il faut augmenter de 20% le taux de croissance du stock de capital >> à LT la croissance est équilibrée mais le niveau de richesse par tête est stationnaire
C’est la flexibilité des prix qui assure la croissance équilibrée et tout dépend des variations du coefficient de capital, variable. On note v ce coefficient, s le taux d’épargne et n le taux de croissance naturelle • s/v > n = Si la croissance éco est plus rapide que la croissance démographique: pénurie de main d’œuvre > augm° des salaires > hausse relative du rapport coût des salaires / taux d’intérêt rémunérant le capital > travail trop cher > substitution Ka/W > coeff du capital v augm, le rapport s/v diminue, la croissance tend vers n • Si s/v < n, le chômage se développe, il devient préférable de substituer du travail au capital car le coeff de v diminue. >> LA SITUATION DE BLOCAGE DE LA CROISSANCE NE PEUT ETRE SURMONTEE QUE PAR UN FACTEUR EXTERIEUR, le PT, « manne tombée du ciel »
Dernière idée clef: la convergence des économies • Le modèle explique la pauvreté: un pays est pauvre car pauvre en capital (physique mais aussi humain) • Pour s’enrichir, il suffit à ce pays d’accumuler du capital jusqu’à atteindre un niveau de capital par tête optimal (ensuite productivité du capital décroissante) • Limites: • cette théorie n’explique pas le chômage, renvoyé à des analyses conjoncturelles. • Il ne prend pas en considération par exemple le rôle de l’Etat dans l’innovation. • Il n’envisage pas que la « convergence » soit liée à une domination technologique temporaire d’un pays (dominant un temps la frontière technologique). Dans ce cas, le rattrapage ne s’explique pas par une accumulation de capital; et des pays « suiveurs » peuvent tirer partie de l’avance du pays leader par « imitation », sans avoir innové eux-mêmes • La question du « paradoxe de Solow »: “You can see the computer age everywhere but in the productivity statistics” - Robert Solow, New York Review of Books, july 1987
Le dernier facteur de croissance à long terme, le plus difficile à apprécier, est le progrès technique (…). Particulièrement rétif aux mesures statistiques (…) ce dernier est mesuré souvent comme un résidu, une fois déduits les apports des facteur travail et capital. (…)Le progrès technique ainsi mesuré est donc plus large que ce qui résulte de la R&D. C’est en particulier le cas dans le secteur des services, où il est difficile de dissocier ce qui est dû à la performance individuelle de ce qui ressort d’une meilleure efficacité permise par le progrès technique. Pour illustrer cette difficulté, on a coutume d’évoquer le paradoxe de Solow, du nom de l’économiste américain qui a le plus contribué à la théorie de la croissance dans les années 1950 et 1960, au point que la mesure du progrès technique évoquée plus haut est appelée « résidu de Solow ». Solow s’est rendu célèbre une seconde fois à la fin des années 1980, en remarquant que l’informatique était désormais partout dans nos vies, sauf dans les statistiques de productivité. Comment expliquer en effet, que l’explosion des performances des ordinateurs, l’irruption d’internet, les changements importants des façons de travailler et de produire induits par cette nouvelle révolution numérique ne soient pas vus dans les chiffres de la croissance? On aurait dû assister à une explosion de la productivité totale des facteurs (du « résidu de Solow ») alors que celle-ci a été plus faible au cours des années 1980 et 1990 que dans pendant les 30 Glorieuses. La question n’est pas encore tranchée. Il semble que la faille soit à rechercher dans la façon de mesurer la production, et plus précisément la production réelle. Un micro-ordinateur valant 1000 euros en 2011 n’a rien à voir avec un ordinateur au même prix en 2001: ses performances (puissance, capacité de stockage, taille de l’écran) ont explosé alors que le prix est resté le même. La solution au problème est assez simple: considérer l’amélioration des performances du matériel comme du volume, la stabilité apparente du prix nominal cachant en fait un effondrement du prix des caractéristiques du bien (comme la puissance). Ainsi corrigée, la croissance réelle apparaît beaucoup plus importante, ce qui signifie, à quantité de travail inchangée, une hausse de la productivité. BIACABE et alii, Introduction à l’économie, Syntex, 2011, p. 159-160
En 1957, (…) R. Solow montrait que la croissance de 1.5% par an de la productivité du travail de l’économie américaine de 1909 à 1949, était due pour 90% au « changement technique » et pour 10% seulement à « l’augmentation de l’usage du capital ». (…) Mais l’analyse extrême de Solow a été fortement nuancée. (…) Les innovations initiales de la première révolution industrielle n’exigeaient pas des investissements considérables. C’est pourquoi le terme de révolution peut sembler discutable, parce qu’il suggère une rupture là où se produit une lente évolution. F. CARON, les deux révolutions industrielles du Xxè siècle, A. Michel, 1997, pp. 12-13.
e)Les explications par les théories de la croissance « endogène » (P. Romer, 1986): mise hors jeu des explications exogènes de la croissance • Les premiers travaux remontent à 1928 par Young, puis se développent avec Kaldor et Arrow (1957-1962) autour du « learning by doing » (idée ancienne de K. Arrow que les apprentissages permettent d’augmenter les rendements). • Contestation de Solow: endogénisation du progrès technique (le résidu) • la croissance ne tombe pas du ciel, elle est le fruit d’agents motivés par le gain; le rythme du PT dépend du comportement des agents • L’idée d’une convergence des niveaux de croissance et de revenus ne résiste pas à la réalité • La croissance s’arrête pour Solow si augm° pop° + cessation PT. Non pour théoriciens de la croissance endogène: la Pté marginale du capital ne décroit pas lorsque le stock de capital augmente. • Ses tenants prônent une activité ciblée de l’Etat pour encourager les agents à investir dans le PT
En réalité développement d’une école de la croissance endogène dans les années 1980 qui insiste sur 4 facteurs d’externalités positives. Avec à la clef une réhabilitation des dépenses publiques. • Becker (1960) éducation et formation professionnelle = investissement • Romer (1986): s’inspire de Schumpeter • synergie dans l’accumulation du capital physique (biens produits par le passé deviennent dans le présent et le futur des moyens de production): en investissant dans le capital physique d’une firme on accroît sa production mais aussi la productivité des autres firmes par un phénomène d’apprentissage par la pratique • La recherche-développement: la croissance éco résulte d’une activité d’innovation, engagée par des agents espérant en tirer profit • Lucas prolonge Becker: • l’accumulation de capital humain, le stock de connaissances valorisables économiquement et incorporées aux individus (qualifications, état de santé, hygiène). • C’est un facteur de production durable donc un capital qui peut se transmettre et s’accumuler d’un moment à l’autre. Idée initialement lancée par G. Becker: toute compétence acquise améliore la capacité productive.
Barro (1990), Mundell: l’effet bénéfique des infrastructures publiques (routes, ponts) sur le capital privé; • Pour Mundell « une route principale bien construite permet à un chauffeur d’éviter les détours par des routes secondaires et d’amener plus vite ses produits au marché. Ce gain de temps permet au producteur de payer moins cher le chauffeur et une usure moindre du camion. Ainsi, l’investissement public dans une route principale permet aux entreprises privées de produire à moindre frais. Bien sûr, l’état de la route est aussi important que son existence ». • De ce fait l’impôt joue pour eux un rôle positif sur la croissance (selon Aschauer, sur la période 1949-1985, une augm° de 1% du capital public améliore de 0,4% la productivité du secteur privé ) >> rupture: le propre des idées est qu’elles procurent une fois le lancement effectué des rendements croissants (ex: duplication de logiciels)
f)Le facteur des institutions: les tenants de l’économie politique de la croissance • Étude pionnière mais contestée de Fogel: aux Etats-Unis le chemin de fer n’aurait expliqué au XIXe siècle que 3% de la croissance américaine, l’essentiel tient aux institutions • La démocratie et la croissance? • Si démocratie = libres élections et concurrence entre les partis: elles n’influencerait ni en bien ni en mal la croissance • Si démocratie = liberté civique et éco, rôle positif • Pour Alesina et Perotti: « les pays pauvres sont sociologiquement instables; comme l’instabilité politique réduit l’incitation à l’épargne et à l’investissement et par conséquent le taux de croissance, les pays pauvres peuvent être victimes d’un cercle vicieux. Ils sont instables parce que la gestion de leur économie ne les conduit pas à la prospérité, et ils ne sont pas prospères parce qu’ils sont économiquement instables »
Conclusion: quel rôle pour le résidu? • Denison étudie les facteurs de croissance aux Etats-Unis et en Europe de 1950 à 1962: pour lui la croissance des facteurs capital et travail expliquent peu la croissance (moins de 15% dans le cas allemand). Le résidu = le reste • Carré, Dubois et Malinvaud (1951-1969): importance de la productivité globale des facteurs: dans le cas français sur la période le résidu explique près de la moitié de la croissance totale. Par exemple, la scolarisation contribue à 0,3% des 5% de croissance annuelle (6%). • Kendrick sur les Etats-Unis (1900-1966), Solow ou Aukrust (France) = part du résidu > 70%
g)L’école de la régulation: la régulation facteur de croissance -Boyer- Chaque période de croissance est associée à un mode de régulation comprenant 2 dimensions, le régime d’accumulation et les formes institutionnelles: la régulation peut être vue comme facteur de croissance à 5 niveaux 1/les formes de la concurrence 2/ le rapport salarial 3/le rôle de l’Etat 4/le mode d’insertion international 5/le rôle de la monnaie
« Toute l’histoire du XIXè siècle en fournit en effet la preuve : c’est la croissance économique qui entraîne le développement du commerce extérieur et non l’inverse. Soyons plus explicite et commençons par la première moitié du XIXè siècle. Les statistiques commencent à devenir à peu près fiables à partir de 1835 et, de cette date à l’avènement du libre-échange, en 1860, l’évolution du volume des exportations européennes et celle du PNB se font selon des schémas divergents. Pour la période 1836-1848, le PNB a progressé plus rapidement que les exportations et, malgré une assez forte croissance des exportations, l’économie enregistra un certain ralentissement. Pendant la période de libre-échange, de 1860 à 1892 (…) le ralentissement de la croissance économique précéda celui du commerce extérieur lors de la « grande crise européenne ». (…) En ce qui concerne la période de l’entre-deux-guerres, l’événement le plus important fut la grande dépression des années 1930 qui vit aussi s’effondrer le commerce international. Le fait que les deux événements aient eu lieu au cours de la même décennie pourrait laisser penser que les échanges internationaux jouèrent un rôle décisif. En réalité, l’effondrement du commerce international accompagna ou suivit le déclin de la production, au moins dans le pays qui fut à l’origine de la crise, les Etats-Unis. La production industrielle y avait déjà décliné (de plus de 2%) dès octobre 1929. (…) (…) Passons maintenant à la période de l’après-guerre. Il faut d’abord citer l’étude, devenue classique, de E. F. Denison, sur les facteurs de croissance aux Etats-Unis et en Europe occidentale entre 1950 et 1962. D’après ses travaux, la répercussion de la libéralisation des échanges auraient été négligeables aux Etats-Unis tandis qu’elle ne contribuait en Europe occidentale que pour 1% à 6% de la croissance de la production, selon les pays, soit une moyenne pondérée de 2% (ce qui signifie que 98% de la croissance économique s’explique par d’autres facteurs). (…) En ce qui concerne le Japon (…) le taux de croissance des exportations japonaises était élevé, bien supérieur à la moyenne mondiale, parce que le taux de croissance de l’économie japonaise, et de l’industrie en particulier, était plus élevé en moyenne que dans le reste du monde, et non le contraire. Ils pensent que le facteur le plus important dans l’essor des exportations n’était pas l’avantage des bas salaires, mais la possibilité de développer rapidement de nouvelles technologies. (…) Il semble que le commerce ait également échoué dans son rôle de moteur de la croissance dans le tiers monde. Cet échec ne fait aucun doute pour le XIXè siècle, époque à laquelle l’essor des exportations de produits primaires était plus un facteur de sous-développement que de croissance économique, et encore moins un facteur de véritable développement économique. En ce qui concerne les pays développés, (…) la croissance économique fut plus, au XIXè siècle, le moteur du commerce que l’inverse. La seule exception majeure parmi ces grandes puissances, qui représentaient ensemble plus de 90% de l’économie de la région, fut celle du Italie. (…) John Riedel répond à la question « que reste-t-il du « moteur commerce » » ? (…) Pour ce qui est des produits alimentaires, le « moteur » manque de carburant, tandis que la boîte de vitesse n’a pas de rapports fixes pour les autres produits, surtout les biens manufacturés. (…) Il est évident que les problèmes sont tout autres dans les petits pays. Le commerce international y joue un rôle beaucoup plus important. Le simple fait que les exportations représentent une plus grande part du PNB indique déjà que l’impact est plus marqué. » (…) P. BAIROCH, Mythes et paradoxes de l’histoire économique, op.cit., pp. 191-192
5)La question de l’organisation du travail et de la « rationalisation » de la division du travail Le point de départ est l’anglais A. Smith et son ouvrage fondamental de l’économie politique la Richesse des nations (1776). Dans son exemple célèbre de la manufacture d’épingles, Smith montre qu’en spécialisant plusieurs travailleurs dans des étapes différentes de fabrication d’épingles et en les faisant travailler séparément, on peut multiplier massivement la production d’une journée (…). L’important est ici de considérer qu’il ne s’agit pas de machinisme ou de progrès technique, mais de choix d’organisation. Les outils des travailleurs spécialisés dans une opération ne sont pas plus perfectionnés que ceux auxquels aurait recours le travailleur unique se chargeant de toutes les opérations! (…) Après avoir formulé cette découverte considérable, Smith s’est intéressé à bien d’autres choses: essentiellement à la coordination, par le système de marché, d’individus isolés (la célèbre « main invisible »). On trouve ensuite deux auteurs qui ont écrit vers 1900: le Français H. Fayol et l’Américain F. Taylor. Le taylorisme est tellement connu, important et discuté qu’il désigne simultanément un principe, un âge du capitalisme et une doctrine sociale. Taylor, ingénieur (il a étudié de près la découpe des métaux) a voulu poussez la division du travail, en distinguant et en rationalisant chacune des tâches ou des fonctions dans l’entreprise. Une conséquence paradoxale est que, pour Taylor, un ouvrier doit avoir autant de chefs, spécialisés, que l’on peut distinguer de fonctions différentes impliquées par son travail: un pour son rythme de fabrication, un pour ses outils, un pour ses affectations. C’est la voie différente qu’explore Fayol. Ingénieur comme Taylor, il a pu constater lors d’une urgence tragique (un accident au fond d’une mine) à quelles incohérences conduit l’absence d’un responsable clairement désigné. Dans son œuvre, il insiste avant tout sur un principe: l’unicité du commandement. Si des fonctions doivent bien évidemment être distinguées, on ne peut éviter d’introduire un pôle d’autorité, quitte à distinguer les tâches qui n’engagent pas la cohésion de l’entreprise. Beaucoup plus près de nous, le Canadien Henry Mintzberg, en adoptant le point de vue systématique de l’organisation, a pu faire la synthèse. Il a rassemblé ses trois prédécesseurs en notant que si l’on a divisé le travail, alors il faut le coordonner et surtout en montrant qu’il existe au moins 5 manières, toutes actuelles, de diviser et coordonner le travail. Selon cette hypothèse, qui insiste sur la coopération des acteurs et ne s’intéresse guère à leurs conflits, il serait absurde de prévoir ou souhaiter la disparition de la standardisation des procédés. Son champ d’application reste immense, et pas seulement dans les pays à bas salaires. P. Combemale, les grandes questions économiques et sociales, 2009
L’OST • Initialement pour des productions diversifiées en petite et moyenne série, sur des postes fixes le long d’une ligne non mécanisée • Service spécialisé dirigé par un ingénieur, travaillant avec les salariés les plus performants, qui chronomètre les tâches de production : lutte contre les temps morts, la « flânerie ouvrière ». • Si la procédure ou le temps alloués sont améliorés, le salarié voit son salaire augmenté de 30 à 100% >> Donc chronométrage des tâches MAIS AUSSI recherche d’un compromis social. • Abusivement le taylorisme décrit la séparation des tâches de conception et de production, la décomposition des tâches, etc… • Plus abusivement encore il désigne le travail à la chaîne, donc un âge du capitalisme (1920-70): le règne de l’OS que l’on ne prend pas le temps de former. Un travail monotone, répétitif, générant du turn over… En fait un MYTHE car ce type de travail des ouvriers (faussement) spécialisés a toujours été minoritaire • Le toyotisme comme postfordisme? • Selon R. Boyer et M. Freyssinet, « fordisme » = un modèle productif parmi d’autres… un « compromis de gouvernement d’entreprise » • Modèle taylorien • Modèle « woollardien » (De F. Woollard, ingénieur chez Morris): autonomie en petites équipes • Modèle fordien reposant sur le « volume », les grandes séries • Modèle « sloanien » (de A. P. Sloan): rechercher les positions dominantes sur les marchés en diversifiant la P° sur les marchés • Modèle toyotien et hondien: combiner innovation et flexibilité – recherche de la baisse des coputs
Tendances actuelles à la rationalisation du travail • Décentralisation et octroi d’une autoniomieplus grande aux travailleurs: passage de la civilisation de la « peine » à la civilisation de la « panne » (être capable de prendre seul des initiatives pour limiter la perte de temps liée à une panne) • Travail qui s’organise par projets donnant lieu à la réalisation de groupes de projets • Mintzberg parle « d’adhocraties »: organisations rassemblant des travailleurs aux compétences très diverses et combinant l’ajustement mutuel et la standardisation des qualifications • D’un côté valorisation des initiatives individuelles (fin de l’ancienneté) • De l’autre loyauté et implication collective valorisées aussi: « culture d’entreprise » ou « charte d’entreprise » • 5 modes de coordination du travail selon Mintzberg • Ajustement direct: ajustement entre les opérateurs par adaptation mutuelle • Supervision simple: une personne commande un petit groupe (un barreur sur un petit bateau) • Standardisation des procédés: taylorisme • Standardisation des résultats: demander à une équipe semi-autonome d’atteindre un objectif • Standardisation des qualifications: former des opérateurs opérationnels pour des tâches complexes (ex: un chirurgien et un anesthésiste qui doivent pratiquer une opération commune) • Dans le secteur des services, J. Gadrey distingue • La rationalisation industrielle: standardisation, spécialisation, industrialisation du tertiaire pilotée par une « technostructure » • La rationalisation professionnelle: apprentissage par adaptation aux cas hors norme, formalisation des procédures et routines (ex : le conseiller de clientèle face aux prêts, les hotlines) >> importance de l’externalisation