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Vers le Nord-est. Les langues. Projet « Autour du Brahmapoutre ». F. Jacquesson. Groupes selon les langues. Populations à dialectes taï et le parler ahom disparu. Populations à dialectes indo-aryens (assamais, bengali). Populations à langues tibéto-birmanes, dont :
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Vers le Nord-est Les langues Projet « Autour du Brahmapoutre » F. Jacquesson
Groupes selon les langues • Populations à dialectes taï • et le parler ahom disparu. • Populations à dialectes indo-aryens (assamais, bengali). • Populations à langues tibéto-birmanes, dont : • Groupe Tani (nishi, mishing, galong etc.) • Groupe Mishmi • Groupes « Naga » • Groupe Kuki-chin • Groupe Boro-garo • Populations à langues mon-khmères (groupe les langues Khasi) Chhinjo Meyor en 1996. Cette jeune femme parle une langue très rare, le Zakhring-Meyor ou Zaiwa.
1. Langues Khasi Dans cette région, les langues les plus anciennement attestées semblent bien être les langues du groupe Khasi. Aujourd’hui, ces langues ne sont plus parlées que dans les collines orientales du Meghalaya. Ces langues Khasi, au nombre de 4 ou 5, sont proches par leur vocabulaire et leur grammaire des langues dites « Mon-khmères » parlées en Asie du Sud-est et notamment au Cambodge et au Viet-nam. On considère souvent que ces langues Khasi sont l’ultime témoignage d’une extension vers l’Inde des langues Mon-khmères. Peut-être témoignent-elles d’un ancien « pont » jeté entre les langues Mon-khmères et les langues Munda, parlées en Inde.
Ensuite, apparaissent dans la région des langues Tibéto-birmanes. Nous sommes en effet entre Tibet et Birmanie. Ces langues sont très diversifiées. Leur « classification » est difficile. Quelques groupements se dégagent, avec des degrés de cohérence assez divers. 2. Langues Tibéto-birmanes Mishmi Tani Boro-garo Naga Kuki Les surfaces colorées ici ne représentent qu’une approximation. D’abord, il existe des langues Tibéto-birmanes dans d’autres endroits. Ensuite et surtout, dans les zones colorées, on parle souvent d’autres langues aussi. Beaucoup de gens sont bilingues, trilingues, ou mieux encore.
3. Langues Indo-aryennes Vers le début de l’ère chrétienne, l’influence de l’Inde centrale commence à s’étendre vers l’est. Le prestige de la culture des brahmanes se manifeste dans les donations des princes des « tribus », qui s’hindouisent peu à peu. La langue du flanc oriental de l’Inde ancienne, la magadhi, se répand en dialectes divers : c’est le début de la formation des nombreux dialectes bengalis et assamais. De nos jours, assamais et bengali, proches l’un de l’autre, sont les langues de communication dans le Nord-est indien. Ce sont les langues des media, et de l’instruction publique ; avec l’anglais.
Depuis le XIIe siècle, de petits groupes de langues Taï se sont infiltrés en Assam, en provenance de haute Birmanie. Ces groupes, à l’origine, venaient de Chine. Ceux qui sont arrivés au XIIe siècle dans la vallée du Brahmapoutre se sont plus tard appelés « Asam », et ce sont eux qui ont ensuite donné son nom à l’Assam : Aasmen écriture locale. Ce mot est de nos jours prononcé ‘Ahom’ et cette tradition Taï, dans la littérature française ou anglaise, est souvent appelée Taï-Ahom. Cette langue a disparu au XVIIe siècle. Aux XVIIIe et XIXe siècles, d’autres groupes de langue Taï sont arrivés en Assam, notamment les Khamti. 4. Langues Taï
5. Langues Munda des travailleurs du thé L’occupation anglaise, à partir de 1826, s’est faite sous l’impulsion des planteurs de thé, qui trouvaient en Assam un terrain favorable à la culture de cette plante. Jusqu’alors, les Anglais importaient le thé depuis la Chine, à grands frais. Mais sur place, pas de main d’œuvre. Il fallut importer des ouvrières et ouvriers, en masse, depuis l’Inde centrale. Des dizaines de milliers de gens. Le plus souvent, il s’agissait de populations de langues Munda. Les Tea Gardens, les exploitations de thé, ont longtemps été un monde clos, où la main d’œuvre vivait loin de chez soi, et séparée de la population locale.
Le Nord-est indien est donc une région aux langues très diverses. Sur un territoire moins grand que la France, on parle plus de cent langues. Pour les linguistes, les anthropologues, les jeunes gens qui veulent « voir le monde », le Nord-est indien est une région extraordinaire. Toutefois, cette diversité est très inégalement répartie. La ‘densité linguistique’ est très forte dans certains coins, beaucoup plus faible dans d’autres. D’autre part, les différences d’une langue à l’autre peuvent être plus ou moins poussées, accroissant ou atténuant l’effet du nombre plus ou moins grand de langues. On peut ainsi proposer, en excluant les langues des travailleurs du thé, une carte des zones plus ou homogènes, pour ce qui est des langues. Binoy (à g.) et Bikash Roy Debbarma sont, chacun a sa façon, deux personnages de la communauté Borok de l’état du Tripura. Tous deux parlent kokborok, une langue Tibéto-birmane de type Boro-garo. Cette langue était autrefois très répandue au Tripura. Elle est maintenant menacée par l’extension de la langue bengali.
Zones « froides » et »chaudes » de la diversité linguistique Nous avons tenté de représenter ici, pour le Nord-est indien, par des couleurs plus bleues les zones où les différences linguistiques sont moins marquées; par des couleurs plus rouges les zones où les langues sont à la fois plus nombreuses et plus distinctes. Ce schéma donne une idée de la situation actuelle. Si nous pouvions dresser la même carte vers l’an mil, aurions-nous une situation différente ?
La diversité des langues est le résultat de deux phénomènes au moins, et qui vont en sens inverse. D’une part, la diversité actuelle peut résulter d’une diversité antérieure : si des gens parlant des langues diverses se rencontrent dans une région, cette région aura, au moins pendant quelque temps, une plus grande diversité linguistique. D’autre part, la diversité linguistique peut très bien être un produit récent et local. La diversité n’est pas qu’un héritage, elle peut aussi être un résultat, elle se crée – autrement, elle n’existerait pas. Or, elle se crée dans deux circonstances. Ou bien quand des gens qui parlaient des dialectes proches perdent contact : les dialectes tendent à devenir de plus en plus distincts. Ou bien quand des gens sont voisins et rivaux : ils recherchent toutes les occasions de rendre leurs parlers distincts. Saussure appelait cela « l’esprit de clocher », et plus tard Bourdieu a décrit ce goût parfois fanatique de la distinction. Biphul Chandra Deuri, locuteur excellent de deuri, une langue qu’on a souvent cru disparue. Une maison mishing, un voisinage accueillant