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Samedi 14 Juin 2008 IUT de Valence. Dès 8 heures du matin, une animation inhabituelle commence à l'IUT de Valence , à l'extérieur du bâtiment C. Des individus pas tibulaires mais presque arrivent un par un et commencent à décharger et à installer un étrange matériel.
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Samedi 14 Juin 2008 IUT de Valence Dès 8 heures du matin, une animation inhabituelle commence à l'IUT de Valence , à l'extérieur du bâtiment C. Des individus pas tibulaires mais presque arrivent un par un et commencent à décharger et à installer un étrange matériel .
L'amphi C001 est petit à petit transformé en véritable salle de contrôle avec baies électroniques, ordinateurs petits et grands, écran de contrôle géant
Puis un groupe d’individus apporte avec une sorte de dévotion et moult précautions une étrange boîte parallélépipédique contenant d’étranges instruments.
Aurions-nous surpris là une cérémonie initiatique de la très secrète société des adorateurs du Saint Electron et de la Puce Sacrée ? Que nenni, il s’agit simplement de l’aboutissement d’un projet d’étudiants de la licence SIRE et du département Informatique visant à embarquer un système de suivi GPS sur un ballon stratosphérique. Ce projet a été mené en partenariat avec l’association Planète Sciences dépendante du CNES (Centre National d’Etudes Spatiales).
A partir de ce moment une fébrile agitation saisit l’honorable assemblée car, comme par un effet de traîne du vendredi 13 de la veille, plus rien ne marche. Les afficheurs n’affichent plus, les lampes ne clignotent plus, les informations n’informent plus, les transmetteurs ne transmettent plus, bref la Bérézina mais en plus méridionale. Les visages se crispent, le vocabulaire se fait plus leste et tout le monde relève les manches et participe à la fièvre générale.
Fort heureusement, l’esprit des grands anciens (Ampère, Ohm, Hertz et tous les autres ) devait ce jour là veiller sur nous car tout finit par rentrer dans l’ordre. Bruno, le représentant de Planète Sciences et aérotechnicien responsable du lâcher de ballon, put enfin nous valider la nacelle.
Commença alors la délicate opération de gonflage du ballon avec l’hélium
Après quelques soucis supplémentaires (ballon sous gonflé, panne de détendeur) , le ballon prend enfin son envol à 12 heures 50 soit 2h30 de retard sur l’horaire prévu. Le public ne s’est pourtant pas découragé et c’est sous les vivats et les applaudissements que le ballon et sa précieuse nacelle s’élancent vers la stratosphère (sans oublier de flirter au passage avec un réverbère qui somme toute n’avait rien à faire là !! )
Le vol a duré environ 3h30. Le ballon envoyait des • données sur deux canaux de communication différents : • un lien GSM (équivalent d’un téléphone portable) de faible portée en altitude. La communication se faisait par SMS (envoyé spontanément toutes les 4 min par le ballon) ou bien en réponse à une requête envoyée par SMS à partir d’un téléphone portable au sol. • un lien radio VHF de longue portée mais qui est masqué par les obstacles géographiques dès que le ballon est à basse altitude (montagnes, bâtiments). Pendant 15 min et jusqu’à 2500 mètres d’altitude, le ballon a émis des SMS indiquant sa position, son altitude et la température externe. Puis nous n’avons plus reçu ces informations que par le lien radio VHF.
Vers 14h15, une équipe de récupération (Florentin Bard étudiant en SIRE et radio amateur, Sébastien Jean et André Lagrèze) prend en voiture la direction du col de Cabre. A bord de la voiture, récepteur radio VHF et téléphones portables permettent de garder le contact avec Valence et le ballon. Nous avons pu de la salle contrôle et grâce au lien radio, suivre le ballon jusqu’à 23,7 Km d’altitude, la dernière information nous étant parvenue à 15h13. Le tracé du ballon était reporté sur GoogleEarth et transmis à l’équipe de récupération par téléphone portable. La vitesse ascensionnelle moyenne a été de l’ordre de 2,8 m/s soit 10 km/h. A partir de cette altitude de 23,7 km, le GPS ne recevait plus de satellites et donc le ballon n’émettait plus d’information d’où un « blackout » radio pendant 45 min. L’angoisse dans la salle de contrôle est alors à son comble :
Vraisemblablement, le ballon est monté jusqu’à environ 30 km avant d’éclater (la pression externe est, en altitude, tellement faible que le ballon se dilate jusqu’à son éclatement). A 15h58, l’équipe de la salle de contrôle pousse un ouf de soulagement : le ballon envoie de nouveau des informations. Il est de nouveau à 23,7 km d’altitude mais cette fois-ci il amorce sa descente, freiné par son parachute. Au début, ça va très vite (96 km/h à 23 km d’altitude ). Puis, l’atmosphère devenant de plus en plus dense, le freinage se fait de plus en plus efficace (48 km/h à 13 km, 34 km/h à 8,5 km). Dernière données radio reçues à 16h15; le ballon est à 8,5 km, trop bas pour que les données continuent à se propager jusqu’à Valence. L’équipe de récupération, déjà de l’autre côté du col de Cabre, est prévenue par téléphone et a alors la bonne idée de faire une requête au ballon par SMS
Et là, miracle, le ballon répond !! Il est 16h27 et le ballon est à 2,5 km d’altitude, donc sur le point de se poser. Ses coordonnées indiquent qu’il se trouve à une dizaine de km au Nord Est de Dignes les Bains. Dans la voiture, c’est l’explosion de joie !! Les coordonnées sont transmises à Valence pour être reportées sur le système cartographique GoogleEarth. Après ce bref moment d’enthousiasme délirant, le futur s’assombrit de nouveau. Nous sommes à 100 km de Dignes et nous n’avons plus sur le récepteur radio de bord le moindre signal du ballon. Nous imaginons l’immensité de la tâche de recherche qui nous attend sachant qu’entre sa dernière position connue à 2,5km d’altitude et son point d’atterrissage, il peut y avoir plusieurs kilomètres.
A 18h34, alors que nous sommes à 4 km de la dernière position connue , deuxième explosion de joie. Nous captons clairement le signal du ballon et de plus, nous percevons à l’oreille qu’il continue à émettre ses coordonnées GPS. Malheureusement, nous sommes incapable de décoder les informations qu’il nous transmet, le seul et unique dispositif que nous possédons pour ce faire étant resté à Valence, dans la salle de contrôle. Et comble de malchance, la nacelle semble être hors de portée des antennes de téléphonie mobile puisqu’elle ne répond pas aux SMS Nous commençons alors, avec les conseils éclairés de Florentin, une recherche goniométrique de la nacelle. Le principe en est simple : nous possédons deux récepteurs radio munis chacun d’une antenne directionnelle. Nous orientons l’antenne pour obtenir le maximum du signal reçu (maximum déterminé à l’oreille) et obtenons ainsi la direction vers laquelle se trouve l’émetteur embarqué sur la nacelle.
En effectuant ce positionnement d’antenne sur chacun des deux récepteurs éloignés l’un de l’autre d’une centaine de mètres, nous obtenons deux droites imaginaires donnant chacune la direction de la nacelle et qui donc se coupent à l’endroit précis où elle se trouve. Mais petit problème : La nacelle est quelque part dans ce champ de blé … et pas le moindre petit bout de parachute pour nous signaler l’endroit !!
Après quelques tentatives infructueuses d’escalade arboricole pour repérer, aux jumelles, un hypothétique bout de parachute qui dépasserait au dessus des blés, nous nous apprêtons, sans trop y croire, à aller négocier avec le propriétaire du champ de blé, rencontré peu avant et qui sans aucun doute nous observe aux jumelles, l’autorisation de pénétrer à l’intérieur du champ au risque d’abîmer les épis. A ce moment, un couple de promeneurs s’intéressent à nos louches activités. Il se trouve que le monsieur est un enseignant en électronique du lycée de Briançon. Il est de plus, heureuse coïncidence, originaire du village, et de ce fait, est moins timoré que nous à l’idée de pénétrer dans les blés. Il se dirige donc, sans hésiter, vers l’endroit présumé de l’atterrissage, que nous lui désignons approximativement.Et là, dernier miracle de la journée, il trouve rapidement la nacelle qu’il extrait triomphalement de l’océan de verdure. A ce moment précis, la nacelle se retrouve en portée d’une antenne GSM et se met à répondre à toutes les requêtes précédentes et à transmettre, mais un peu tard, des SMS contenant ses coordonnées géographiques.
Un grand merci à tous ceux qui se sont investis dans ce projet afin de le conduire à la réussite et à l’année prochaine pour de nouvelles aventures….. Et pour terminer, voici le trajet du ballon représenté grâce au logiciel GoogleEarth.