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Année 2013-2014. Cours de croissance économique L3 Mickaël Clévenot. La croissance peut-être définie comme l’accroissant des biens et des services produits sur un espace donné Cette définition pose immédiatement la question de la comptabilité des biens et des services produits.
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Année 2013-2014 Cours de croissance économique L3 Mickaël Clévenot
La croissance peut-être définie comme l’accroissant des biens et des services produits sur un espace donné Cette définition pose immédiatement la question de la comptabilité des biens et des services produits. Habituellement, leur somme est fournie par un indicateur synthétique, le PIB. Mais techniquement cela pose de nombreux problèmes car les produits et les services évoluent à travers le temps. Comment mesurer l’évolution de la qualité ? (prix hédoniques, arbitrage volume/prix, etc.
Quels sont les facteurs de la croissance et du développement économique ? Habituellement dans les fonctions de production on retient le facteur travail, le facteur capital et un facteur de progrès technique qui s’applique à l’un des facteurs précédents, ou à l’ensemble. C’est donc la quantité et la qualité des facteurs des productions qui a première vue permettent d’assurer une croissance régulière du produit. Cette représentation simple cache de nombreuses autres conditions pour autoriser l’avènement d’un processus d’accumulation cumulatif comme en ont connu les pays occidentaux depuis le milieu du XVIIIe siècle. D’ailleurs ce processus n’a pas eu lieu partout de la même manière. De nombreux pays sont restés à l’écart de ce processus d’émergence économique. Ils sont essentiellement localisée en Afrique sub-saharienne, les PMA.
La Chine qui disposait d’une niveau de développement économique équivalent voire supérieur à celui des pays occidents au XVIIIe a connu une longue nuit. Son réveil depuis la fin des années 70s modifie considérablement les équilibres de l’économie mondiale. Par ailleurs, d’autres pays qui étaient « en retard » sont inscrits dans une processus de rattrapage accéléré depuis une vingtaine d’année. La Corée du Sud est l’exemple le plus significatif. Enfin, les pays dominants l’économie mondiale depuis le XVIIIe sont-ils assurés de maintenir cette domination? Si on suit Fernand Braudel, rien n’est moins sûr. Les pôles du leadership de l’économie mondiale se sont déplacés à travers l’histoire. Pour autant, depuis l’avènement du capitalisme, la perte du leadership n’a pas entraîné jusqu’à présente d’enlisement vers le sous développement. Toutefois, à travers l’histoire longue on note la disparition de civilisations
Les perspectives de croissance à long terme partent souvent d’une perspective d’offre. L’idée sous-jacente est qu’à long-terme, les ajustements de court terme ont eu lieu et que seules les conditions de l’offre limitent la croissance. Cette perspective classique est remise en cause par la perspective keynésienne et kaleckienne. Pour les keynésiens et plus particulièrement, les post-keynesiens le long terme n’existe pas. A long terme on est tous mort comme s’amusait à plaisanter Keynes. Pour Kalecki, le long terme n’est qu’une succession de courts termes. C’est-à-dire que les conditions de la demande interagissent en permanence avec les conditions l’offre. Pour que la croissance puisse s’établir sur de longue période, l’offre doit être en adéquation avec la demande tant sur les aspects quantitatifs que sur des aspects qualitatifs.
Cette adéquation entre la norme de consommation et la norme de production n’apparaît pas spontanément. Contrairement à l’idée d’un marché autorégulateur à la J-B. Say, les ajustements entre l’offre et la demande en fonction des prix et des quantités peuvent ne pas suffire pour ajuster les marchés. J-B. Say avec la loi des débouchés décrit une économie d’échanges et non pas une économie monétaire de production. Cette économie d’échange constituer une représentation satisfaisante de l’économie avant l’émergence du capitalisme moderne du XIX e siècle fondé sur le machinisme et la division sociale entre salariés et capitalistes. La loi des débouchés décrit des situations de crise d’ancien régime. Ces crises sont des crises de sous-production liée à la faiblesse des capacités productives. Les pénuries alimentaires entraînent régulière des hausses de prix qui permettent d’ajuster l’offre à la demande. Mais les crises du capitalisme moderne sont des crises de surproduction cumulative.
PIB: Produit Intérieur Brut, le PIB est la somme des valeurs ajoutées de toutes les entreprises (nationales ou internationales) situées sur le territoire. PNB (produit national brut), qui comptabilise toutes les activités (biens et services) produits sur un territoire. En terme de développement économique, on peut également retenir l’indicateur du PIB par tête, l’IDH ou plus récemment l’indice de bien être calculé par l’OCDE.
L’IDH est un indice de mesure composite faisant intervenir trois dimensions du développement humain (SEN) : 1 la longévité et la santé (mesurées par l’espérance de vie), 2) l’instruction (mesurée par l’alphabétisation des adultes et la scolarisation au niveau primaire, secondaire et supérieur) 3 un niveau de vie décent (mesuré par le revenu en parité de pouvoir d’achat – PPA).
L’IDH ne prétend nullement mesurer de manière exhaustive le développement humain. En effet, il n’inclut pas, d’indicateurs importants tels que le respect des droits de l’Homme, la démocratie et l’égalité. L'indice de l'OCDE (Stiglitz) permet de comparer le bien-être à partir de onze critères : logement, revenu, travail, communauté, éducation, environnement, gouvernance, santé, bien-être subjectif, sécurité, et conciliation travail-vie privée.
La croissance est une préoccupation récente à l’échelle de l’histoire humaine qui remonte à la fin du XVIII. Adam Smith, Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations (1776) Smith décrit une perspective assez optimiste de la croissance qui aura globalement était juste durant les deux siècles qui vont suivent. Au contraire de ses successeurs : D. Ricardo qui prévoit un état stationnaire, T.R.Maltus qui prévoit crises famine et guerres ou Marx qui pronostique simple la crise inéluctable du Capitalisme.
Au cours des cent dernières années, la plupart des pays ont connu une croissance économique significative en termes historiques. Une vision rapide montre que le phénomène d’accélération de l’accumulation remonte à environ deux siècles. Un virage important avec le première puis la seconde révolution industrielle. Même si c’est moins à la mode, la révolution des technologies de l’information et de la communication est à l’œuvre. La loi de Moore, iPhone, tablette, etc.
La révolution industrielle correspond à des transformations importantes et rapides dans l’industrie. Elle mêle à la fois une dimension technique, la machinisme et socio-politique la séparation entre les détenteurs du capital et les salariés, prolétaires. a- De nouveaux moyens de production. On passe de l'outil actionnée par la main de l'homme à la machine, mécanisme transformant la matière première, dont le mouvement provient non plus de l'énergie musculaire, mais d’une machine motrice. Que ce soit le moulin à eau ou la machine à vapeur. C’est ce développement du machinisme qui caractérise le plus nettement la révolution industrielle comme l'a souligné Paul Mantoux. b- De nouveaux lieux de production. L'usine qui se met en place, la fabrique ou la factory du début du 19e siècle se caractérise par la concentration des moyens importants de production (machine et au moins une machine motrice) et de travail. C'est le passage notamment du système domestique de la production qui est dispersée en petits ateliers souvent ruraux au système de production entre entreprises qui peu à peu se réalise.
c- De nouveaux rapports sociaux. C'est le développement du salariat, où les travailleurs ne fournissent plus le produit de leur travail comme les artisans qui possédaient au moins leurs outils, mais les ouvriers mettent à la disposition du propriétaire leurs capacités de travail. Ce propriétaire possède non seulement les matières premières, les outils et les machines, les locaux de production et enfin les produits du travail qu’il met en vente sur le marché. C’est le capitaliste au sens traditionnel du terme. Eléments tiré de http://membres.multimania.fr/yannickperez/site/prepa%20HEC%20chapitre%202%202000-2001.PDF
Cette croissance se manifeste par une augmentation continuelle du revenu réel agrégé, de la production, de la consommation de biens et de services, non seulement en niveau, mais aussi et surtout par habitant. A travers les générations successives on s’était habitué à accéder à un niveau de vie plus de en plus élevé. Ces dernières années, la successions de crises économiques et financières, ou encore les questions écologiques ont jeté un doute sur le possibilité de la poursuite de ce mouvement, voire sur l’intérêt même de ce mouvement. Doit-on toujours posséder plus pour être plus heureux ? Voir article de K. Rogoff en annexe. Si notre bien être est relatif, il ne sert à rien de vouloir accélérer le rythme de la croissance. Toutefois, le rythme de la croissance détermine le niveau d’emploi et donc du taux de chômage pour un niveau de productivité et de croissance de la population active donnée. Par ailleurs, plus le gâteau est large et plus il facile de le partager. La question de la croissance, de la forme de l’accumulation n’est pas uniquement liée à des phénomènes économiques, mais également à des phénomènes politiques sociaux et culturels, et institutionnels.
Selon Max Weber l’éthique protestante aurait beaucoup joué sur l’apparition du Capitalisme. C’est du Capitalisme moderne que nait cette dynamique d’accumulation fondée sur le profit, le calcul rationnel, l’organisation du travail salarié au sein d’entreprises gérée de manière bureaucratique. Cette dynamique possède également une origine technique, l’approfondissement de la division du travail définie par Adam Smith dans l’étude sur les origines et les causes de la richesse des nations. Les ateliers dont la taille s’accroît régulièrement permettent d’améliorer l’efficacité productive grâce à la spécialisation des travailleurs sur les tâches qu’ils maîtrisent le mieux. Ceci permet d’accroître le revenu et donc le niveau de dépenses. Ainsi la taille des marchés augmente. Cette dynamique permet un renforcement de la division du travail ce qui génère une dynamique endogène de croissance. Les conflits et leur industrialisation progressive constitue également d’importants accélérateurs de l’histoire économique en même qu’ils sont des sources de destructions considérable. La guerre est la quintessence du principe de destruction créatrice de Schumpeter. La guerre est le plus puissant accélérateur du progrès technique et social.
Les facteurs qui concourent au développement économique autrement dit ceux qui permettent d’assurer une croissance régulière sur longue période sont nombreux et souvent difficile à réunir ensemble. Ceux-ci tiennent à des facteurs techniques, sociaux, politiques et institutionnel. La croissance sur longue période, le développement économique nécessite des transformations structurelles des relations économiques. Pour favoriser ces transformations, les institutions d’un pays doivent être solides. On parle d’Etat développeur, ou d’Etat stratège. Mais cela ne signifie pas que l’Etat soit protecteur des libertés publiques, ou qu’il soit favorable à la mise en œuvre de protections sociales. Même le plus souvent durant le XIXe siècle l’Etat dans les pays occidentaux intervient peu dans les relations économiques. Il est néanmoins garant de la propriété privée et assure le bon fonctionnement de la justice. Les fonctions régaliennes. Mais progressivement les tensions sociales et politiques vont conduire l’Etat à promulguer des lois sociales et à assurer un développement des libertés publiques. Mais la liaison entre démocratie et Capitalisme n’est pas obligatoire en tout cas de la phase d’émergence, cf. Chine. Par ailleurs
Relation entre le log du PIB part tête et l’indicateur synthétique des institutions (score)
Le développement économique correspond concrètement à l’élévation du PIB par tête, ainsi si la dynamique démographique est très élevée malgré une croissance importante du PIB, le PIB par tête peut stagner ou même reculer. C’est la problématique malthusienne, qui renvoie elle-même à des déterminants sociaux culturels, religieux et économiques. Dans les pays occidentaux, la révolution démographique où l’on observe une baisse du taux de mortalité infantile associé à une réduction du taux d’enfant par femme aura sans doute contribué à la progression du PIB par tête en même temps qu’il est l’expression d’une amélioration générale des conditions de vie. Mais le processus de développement mobilise des phénomènes cumulatifs si bien qu’il est difficile de savoir quel facteur particulier se trouve à l’origine du processus global. D’ailleurs, il vaut mieux évoquer une forme d’alchimie où de nombreux facteurs sont présents ensemble dans des proportions variables en fonctions des pays, des régions du monde. Il ne semble ne pas avoir de recette miracle tant le processus de développement est une mécanique complexe.
Dans ce cours nous tenterons néanmoins d’évoquer les facteurs qui contribuent pour certains pays une converger vers des niveaux de développement élevé. LE cas des pays de l’OCDE. Parmi les pays de l’OCDE, les pays les plus riches au début du 20ème siècle (Australie : 1,4% par an entre 1900 et 1987, RU : 1,4%, EU : 1,8%, PB : 1,7% et B : 1,6%) ont une croissance du revenu par habitant relativement plus faible que celle des pays de l’OCDE les moins riches au début du 20ème siècle (Japon : 3,1% par an entre 1900 et 1987, Finlande : 2,6%, Norvège : 2,6%) : les écarts de revenu se sont réduits entre les pays de l’OCDE. Cette mécanique peut-être représenté par le modèle Solow de convergence absolue et surtout par le modèle de convergence relative pour expliquer la présence de club de convergence ou même l’absence de convergence. Pourquoi, certains autre pays sont dans le sous-développement, les PMA
Certains pays sont devenus relativement plus riches et semblent le rester alors que d’autres sont toujours pris dans des trappes à pauvreté. Les inégalités de revenus entre les pays les plus riches et les plus pauvres persistent. Cela amène à définir la notion de « club de convergence » pour désigner le phénomène de la convergence des pays les plus riches (Baumol, W. J. 1986) : les pays membres de l’OCDE font partie des « gagnants » de la croissance économique. choisir les pays membres de l’OCDE introduit ce que l’on appelle un biais de sélection : on définit un groupe ou club de pays en fonction de leurs bonnes performances économiques. Pour éviter ce biais il faudrait choisir les pays sur d’autres critères que leurs performances économiques. Pour une critique de l’article de Baumol : De Long, JB. 1988. Pour approfondir cette notion de Club de convergence, cf. le site de J. Bradford DeLong : http://www.j-bradford-delong.net/
Relation entre l’IDH et l’indicateur synthétique des institutions (score)
Les secteurs institutionnels les plus significatifs • Environnement des entreprises • Modalité d’intervention de l’État • Institutions sociales et sociétales
Dans le cours nous aborderons le modèle de reproduction élargie de MARX comme réponse critique à la loi des débouchés de J-B.Say Le modèle Harrod Domar comme prolongation du modèle de Marx le modèle Solow, les tentatives d’explication des résidus du modèle de Solow, les facteurs exogènes issus des travaux de Maddison, Tendances et contre-tendances dans le modèle marxien, la possibilité d’une croissance équilibrée les modèles post-keynésiens de Kaldor et Pasinetti en économie fermée et ouverte. Quels exemples de modèle de croissance endogène Romer Puis nous évoquerons des problématiques contemporains touchant à l’actualité liée à la croissance Conséquence des crises de la dette dans la zone euro, conséquence de la mondialisation sur la croissance. Quelles solutions sont proposées pour rehausser le niveau de la croissance potentielle française ? Évocation des limites de la croissance, la croissance pour quoi faire ?
Thème central de l’ouvrage Une enquête sur la nature et les causes de la richesse des nations (1776) est le développement économique : étudie les facteurs de longue période qui gouvernent la croissance de la richesse des nations. Richesse : flux au sens de revenu. Analyse qui a fait la renommée de Smith, fil conducteur de son principal ouvrage. Pose les principes de la pensée économique du 19ème siècle, du moins ceux par rapport auxquels les économistes prendront position. Le rôle de du capital Croissance est le résultat de variables exogènes et endogènes. Variables exogènes : - Les institutions : permettent la sécurité des échanges, assurent sécurité des individus. Baissent les coûts de transaction donc des échanges. Les individus ne peuvent les influencer ; • Les ressources naturelles. • Données géologiques, météorologiques, etc. influencent la richesse des individus mais les individus ne peuvent les modifier. http://www.cerdi.org/uploads/sfCmsBlog/html/29/macrodynamique%200910%20intro.pdf
Environnement politique, naturel = variables exogènes. Variables endogènes : • La population, la main d’oeuvre : dépendent du capital. Les salaires sont du capital « avancé » par les capitalistes aux salariés (« capital circulant »). Salaires du marché « gravitent » autour du salaire naturel i.e. le salaire de subsistance qui est exogène ; • L’accumulation du capital est le moteur du progrès économique. Le capital, dont l’accroissement est déterminé par l’épargne. L’épargne est nécessairement égale à l’investissement (loi des débouchés), • pas de sous-consommation i.e. d’insuffisance de la demande. Épargne dépend du rendement des capitaux investis, le taux de profit. Existence d’un taux naturel de profit. SI taux du marché supérieur au taux naturel alors investissement net positif et accroissement de capital et inversement ; s’annule quand taux de profit égaux. Taux de profit diminue avec stock de capital donc tendance à la stagnation ; • A LT : Stock de capital n’augmente plus de même que la population qui est stationnaire.
B. La division du travail : « l’opulence naît de la division du travail » Tendance à la stagnation n’est cependant pas inéluctable : aucun pays n’est parvenu au « degré d’opulence » qui rend inévitable l’état stationnaire. Existence mécanisme qui propulse l’économie vers la croissance : repose sur la division du travail. Exemple de la fabrique d’épingles : la division du travail permet de réaliser des gains de productivité. Habileté à travailler => économie de temps d’où progrès technique. Division du travail cependant limitée par la taille du marché : rien d’autre ne limite l’extension de la spécialisation sinon le volume de la production qui peut être écoulé, sinon le revenu
La division du travail est la conséquence de l’échange. Individus ont un « penchant naturel à échanger ». Le penchant à échanger pousse à d’adonner à une activité particulière et d’y exploiter ses aptitudes particulières afin de dégager un surplus qui pourra être échangé (concept d’avantage comparatif décliné sur le plan individuel). La croissance qui accroît le revenu favorise donc l’extension du marché qui stimule la division du travail. Tendance à la réduction de l’auto-production et réciproquement accroissement des échanges marchands. Les gains de productivité réalisés par la division du travail permettent un accroissement des revenus et donc la croissance. Existence mécanisme pour une croissance auto-entretenue fondé sur le triptyque, marché, prix, main invisible
La division du travail limitée par l’étendue du marché La faculté d’échanger qui donne lieu à la division du travail, mais l’accroissement de cette division est limitée par l’étendue de la faculté d’échanger, ou, en d’autres termes, par l’étendue du marché. Si le marché est très petit, personne ne sera encouragé à s’adonner entièrement à une seule occupation, faute de pouvoir trouver à échanger tout le surplus du produit de son travail qui excédera sa propre consommation, contre un pareil surplus du produit du travail d’autrui qu’il voudrait se procurer. » Source : Smith, A. 1776, Livre I, chapitre III La division travail permet un accroissement de la productivité qui incorpore du progrès technique. L’accroissement de la productivité augmente les gains à l’échange donc les revenus. L’accroissement de la productivité accroît les échanges (marchands). Elle favorise donc l’extension de la sphère marchande qui elle-même est génératrice d’une division accrue du travail. Le processus de croissance se caractérise donc par accroissement du capital, un accroissement du revenu et du progrès technique.
Modèle de croissance Smith Le modèle croissance de Ricardo est moins optimiste. Son questionnement est lié à des problèmes de répartition des revenus et leurs conséquences sur le niveau d’accumulation du capital. C’est la question du libre échange qui est posée. La croissance bute sur la limite des facteurs de production disponibles. On retrouve ici une idée de Maltus. L’augmentation de la croissance nécessite une augmentation des facteurs de production et particulièrement du travail. Les salaires gravitent habituellement autour du niveau de salaire de subsistance qui permet tout juste la reproduction de la force de travail.
L’augmentation des besoins de main d’œuvre nécessite de mobiliser de plus en plus de terre pour produire les biens salariaux. Mais les terres mobilisées en premier sont a priori les terres les plus productives. Plus la masse des salaires augmentent et plus les terres à cultiver sont mauvaises. C’est le principe de la baisse de la productivité marginale qui s’impose ici. Le rendement factoriel du facteur variable, le travail, est décroissant. Les progrès dans l’agriculture ne sont pas sensés permettre d’aller à l’encontre de cette réduction tendancielle des gains de productivité et des profits. La réduction de la fertilité des terres misent en culture accroît la rente foncier et réduit les profits. Le motif d’accumulation étant le profit, l’accumulation ne progresse plus, la croissance cesse. Le libre échange peut temporairement remettre en cause l’état stationnaire en réduisant le prix des biens alimentaires qui entrent dans la composition du prix du salaire de subsistance.
C’est pour cette raison que Ricardo est favorable à la libéralisation des échanges commerciaux sur le blé. Les Corns law’s. (1846) L’idée est de réduire le prix des biens salariaux de façon à favoriser l’émergence d’un avantage comparatif dans le secteur industriel En réduisant les protections octroyées au secteur agricole. Comme les rendements décroissants (en agriculture) rendent plus coûteux la production d’une unité supplémentaire de produit. Et que le prix des produits agricoles dépend des conditions de production les moins favorables. Les prix produits agricoles doivent augmenter. Les propriétaires des terres les plus fertiles perçoivent donc une « rente ». C’est-à-dire la différence entre leur produit moyen et le produit marginal marginal. Plus le prix des produits agricoles est élevé, et plus la rente est importante. Hypothèses de Ricardo, les productivités marginale Pm et moyenne Pm sont linéaires positives et décroissantes
A mesure que la productivité marginale décroît, la rente augmente. La Rente dépend de l’écart entre les productivités moyenne et marginale, Plus la décroissance des rendements est rapide, plus la rente augmente.
Modèle fondateur de l’analyse post keynésienne. Cette analyse reprend celle de Keynes (qui raisonnait dans un monde statique) en la dynamisant sur la longue période. Le modèle Harrod-Domar démontre la possibilité de l’existence d’un chômage important et de crises cumulatives. L’économie est à la fois déséquilibrée et instable. Cette représentation de l’économie correspond bien aux perturbations rencontrées par l’économie occidentale de l’entre-deux guerres marquée par une profonde instabilité. R.Harrod « Théorèmes dynamiques fondamentaux », 1948
La croissance instable selon Harrod : la théorie de la croissance de Harrod se fonde sur la comparaison entre 3 taux de croissance (taux de croissance effectif, garanti et naturel). Le taux de croissance effectif (g): accroissement dans une période unitaire de la production totale exprimée sous forme d’une fraction de la production totale. Il est égal à la croissance constatée du revenu (ou production) national. Montrer comment on arrive à gc = s S = s*Y : épargne globale est une fonction linéaire du revenu national Y s : propension moyenne et marginale à épargner c : coefficient moyen et marginal de capital c et s sont constants. Du fait de l’égalité comptable entre emplois et ressources, on a I = S I est endogène, il est déterminé par le modèle.
Le taux de croissance garanti (ou nécessaire) (gw) : c’est la condition pour que les producteurs soient satisfaits de ce qu’ils font. Pour que les entrepreneurs soient satisfaits, il faut que l’investissement désiré I* puisse être mis en œuvre, c'est-à-dire qu’il soit égal à l’épargne globale. (I* = S) Même raisonnement que précédemment, on pose cr : coefficient de capital désiré, il exprime le besoin en capital nouveaux des entrepreneurs Ce taux de croissance permet aux entrepreneurs de réaliser leurs projets d’investissement et d’obtenir les profits souhaités. Il constitue donc un sentier d’expansion puisque les entrepreneurs sont satisfait du niveau de la croissance.
Sur ce sentier, il y a à tout instant compatibilité entre les décisions des épargnants et des investisseurs. Le taux de croissance naturel (gn) : C’est le taux qui permet le plein emploi des facteurs de production. Il s’agit donc du taux auquel l’économie doit croître pour éviter le chômage. Il dépend de la croissance de la population active, mais aussi du capital existant et des progrès de productivité. Condition de croissance équilibrée de plein emploi : g = gw= gn Conditions d’une croissance équilibrée sur le marché des produits :
Cet équilibre dynamique reprend les concepts keynésiens de courte période La réalisation de l’équilibre sur le marché des produits n’entraîne pas nécessairement la réalisation de l’équilibre sur le marché de l’emploi. On peut donc avoir la présence d’une situation de sous-emploi. Pour qu’il y ait croissance équilibrée de plein emploi, il faut donc que la croissance effective soit telle que les entrepreneurs soient satisfaits (g = gw) et qu’il n’y ait pas de chômage (g = gn). Pour que g = gw, il faut que c = cr, or il n’y a aucune raison pour que c coïncide avec cr. c est une relation purement technique, traduisant les caractéristiques de la fonction de production, de la technique utilisée, cr est paramètre reflétant le comportement des entrepreneurs-investisseurs, et notamment leurs exigences en matière de rentabilité, de profit.
L’égalité entre c et cr et donc entre g et gw peut exister mais si elle a lieu elle résulte du hasard, les paramètres s, c et cr étant indépendants les uns des autres. De même, la condition de croissance équilibrée de plein emploi, g = gw = gn, ne peut être elle aussi que le fruit du hasard. Normalement, les 3 taux n’ont aucune raison de coïncider ; le déséquilibre est donc la règle. Il convient donc de distinguer les divergences entre g et gw (déséquilibres de courte période) et entre gw et gn (déséquilibres de longues périodes). Si g > gw : la croissance effective est supérieure à la croissance désirée par les entreprises, ceci implique que cr >c car s, c et cr sont constants, et puisque gc = s et gwcr = s. Les investisseurs avaient sous-estimé la croissance effective (situation fréquente lors d’une reprise de l’activité économique), ils sont donc stimulés par ces perspectives de croissance (principe de l’accélérateur), ce qui entraîne par le biais du multiplicateur d’investissement un nouvel accroissement de la demande.
Le taux de croissance effectif g, supérieur par hypothèse à gw, s’accroît encore (du fait de la relance par l’investissement), et s’écarte encore un peu plus de gw. Le phénomène se poursuit en s’auto entretenant et est cumulatif du fait de l’interaction entre accélérateur et multiplicateur. Si g < gw : les débouchés étant moins importants que ceux souhaités, les entrepreneurs vont réduire leurs investissements ce qui entraînera une diminution du revenu distribué et une baisse du taux de croissance g. L’écart initial entre g et gw tend à s’accroître ; la dépression s’aggrave cumulativement.
Le sentier de croissance équilibrée g = gw apparaît comme un « fil du rasoir » en ce sens que tout écart par rapport à ce cheminement conduit d’un coté à la dépression cumulative, de l’autre à la surchauffe inflationniste. L’équilibre existe (par hasard) mais l’économie est instable car tout déséquilibre provoque l’instabilité de l’économie, la règle est donc le déséquilibre et l’instabilité. Concernant le plein emploi, il faut comparer le taux de croissance nécessaire gw au taux de croissance naturel gn. Dans le modèle, gn est un taux plafond c'est-à-dire qu’il représente le maximum de croissance possible. En conséquence, g, le taux de croissance effectivement constaté est inférieur ou égal à gn à long terme. Là aussi, on peut distinguer 2 cas : Si gn < gw : on a gn ≥ g car gn est un taux plafond. Il s’en suit : gw > gn ≥ g
Il en ressort donc une situation de dépression avec un taux de chômage élevé. On retrouve le cas déjà mis en évidence (g < gw). Si gn > gw : le taux de croissance naturel de l’économie est supérieur au taux de croissance gw souhaité par les entrepreneurs. Quand au taux de croissance effectif, il peut être supérieur ou inférieur à gw. Harrod pense que dans ce cas, la situation la plus probable est gn > g > gw Le taux de croissance effectif de l’économie va croître, mais sans pouvoir dépasser le taux de croissance naturel (car taux plafond). La situation normale est donc celle de la croissance longue avec un certain degré de chômage (car g < gn).
Un cas moins probable pour Harrod sera gn > gw > g L’économie entre dans une phase de récession, comme le montre le graphique suivant :
E.Domar « Expansion et emploi », 1947 La double nature de l’investissement Effet offre : un investissement augmente la capacité de production Effet demande : création de revenu Concernant l’emploi, si les revenus futurs ne parviennent pas à absorber cette capacité nouvelle, la probabilité que le chômage se développe devient forte. Il faut donc égaliser un effet de capacité, agissant du coté de l’offre globale, avec un effet revenu, agissant du coté de la demande globale. Domar définit l’effet de capacité σ comme étant l’augmentation de la capacité de production (ΔY) qui accompagne chaque dollar investi (ΔK), soit : ΔY = σΔK Plus σ est élevé plus l’économie est à même d’accroître sa production de manière rapide. Du coté de la demande, se trouve la théorie du multiplicateur keynésien indiquant l’effet d’une variation de l’investissement sur le revenu monétaire. Cet effet sur la demande est plus que proportionnel au montant initial de l’investissement. C’est ce que Domar nomme l’effet revenu.