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Prévalence et causes du burnout chez les internes de cancérologie. AIH. CNEC. Sébastien Thureau au nom de la SFjRO. Blanchard et al. Eur J Cancer. 2010 Oct;46(15):2708-15. Le « burn-out » touche aussi les internes en médecine
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Prévalence et causes du burnout chez les internes de cancérologie AIH CNEC Sébastien Thureau au nom de la SFjRO Blanchard et al. Eur J Cancer. 2010 Oct;46(15):2708-15
Le «burn-out» touche aussi les internes en médecine Selon une enquête, 44% des jeunes cancérologues souffrent de stress professionnel.
Qu’est-ce que le Burnout? • « un syndrome d’épuisement émotionnel, de dépersonnalisation et de réduction de l’accomplissement personnel qui apparaît chez les individus impliqués professionnellement auprès d’autrui [dans des situations exigeantes émotionnellement]» Maslach & Jackson • « Le burn-out est caractérisé par un épuisement physique, par des sentiments d’impuissance et de désespoir, par un assèchement émotionnel et par le développement du concept de soi négatif, et d’attitudes négatives envers le travail, la vie et les autres personnes». Aronson, Kafry & Pines, Le burnout, 1984
Prévalence du Burnout chez les soignants en Oncologie • Elevée chez les oncologues • 56% des 1,000 oncologues interrogés étaient en burn-out [1]. • Méta-analyse, 10 études, soignants oncologie [2] • Epuisement émotionnel: 36% (95% IC: 31-41) • Dépersonnalisation:34% (95% IC: 30-39) • Baisse de l’accomplissement personnel:25% (95% IC: 16-34) 1- Whippen et al. Burnout syndrome in the practice of oncology: results of a random survey of 1,000 oncologists. J Clin Oncol 1991;9:1916-1920. 2- Trufelli et al. Burnout in cancer professionals: a systematic review and meta-analysis. Eur J Cancer Care (Engl) 2008;17:524-531
Prévalence du Burnout chez les soignants en Oncologie • Taux de suicide des médecins: • Entre 2 et 3 fois celui de la population générale (à âge égal) • Particulièrement élevé chez les femmes • Associé au niveau de burnout, notamment chez les internes en médecine 1- Canouï P et al. Le burnout à l’hôpital. 4ème éd; 2008. Masson 2- Dyrbye et al. Burnout and suicidal ideation among U.S. medical students. Ann Intern Med 2008;149:334-341
Prévalence du Burnout chez les internes • 76% des internes de médecine générale aux USA[1] • 50% des étudiants en médecine aux USA[2] 1- Shanafelt et al. Burnout and self-reported patient care in an internal medicine residency program. Ann Intern Med 2002;136:358-367 2- Dyrbye et al. Burnout and suicidal ideation among U.S. medical students. Ann Intern Med 2008;149:334-341
Conséquences • On ne connaît pas la prévalenceni les causes du burn-out chez les internes de cancérologie. • Le burn-out entraîneunedétérioration • De la qualité de vie des médecins • De la relation patient-médecin. Performance Stress Trop faible Optimal Trop élevé Détresse
Objectifs • Objectifs de cette étude nationale transversale • de quantifier la fréquence du burn-out chez les internes de cancérologie, • de déterminer des facteurs causaux potentiels, • de déterminer des symptômes associés au burn-out qui pourraient être utilisés comme outils de dépistage.
Méthodes • Questionnaire envoyé au printemps 2009 à tous les internes de radiothérapie, d’oncologie médicale et d’hématologie de France. • Le questionnaire était divisé en 7 parties : • données démographiques • Niveau du burn-out • Evaluation des stresseurs : 52 items • Echelle de travail émotionnel: 13 items • Sentiment d’équité au travail : 8 items • Soutien reçu : 14 items • Niveau de santé général, prise d’alcool et de médicaments • Echelles validées en Français ont été utilisées quand elles étaient disponibles.
Maslach Burnout Inventory (MBI) • Questionnaire 22-item • Gold standard de mesure du burn-out [1]. • Evalue les 3 composantes du burn-out: • Epuisement émotionnel • Dépersonnalisation • Accomplissement personnel • Suivant la définition de Grunfeld et al [2], nous avons défini le burn-out comme un haut niveau d’épuisement émotionnel ou de dépersonnalisation 1- Maslach et al. Job burnout. Annu Rev Psychol 2001;52:397-422. 2- Grunfeld et al. Cancer care workers in Ontario: prevalence of burnout, job stress and job satisfaction. Cmaj 2000;163:166-169.
Maslach Burnout Inventory (MBI) • Epuisement émotionnel: 9 questions • Etre vidé affectivement, incapable d’accueillir de nouvelles émotions • Je me sens émotionnellement vidé(e) par mon travail • Je me sens à bout à la fin de ma journée de travail • Je me sens fatigué(e) lorsque je me lève le matin et que j’ai à affronter une autre journée de travail • Travailler avec des gens tout au long de la journée me demande beaucoup d’efforts • Je sens que je craque à cause de mes malades • Je me sens frustré(e) par mon travail • Je sens que je travaille « trop dur » dans mon travail • Travailler en contact direct avec les gens me stresse trop • Je me sens au bout du rouleau
Maslach Burnout Inventory (MBI) • Dépersonnalisation / Déshumanisation de la relation à l’autre: 5 questions • « noyau dur » du syndrome • Détachement, sécheresse émotionnelle • Je sens que je m’en occupe de façon impersonnelle comme s’ils étaient des objets • Je suis devenu(e) plus insensible aux gens depuis que je fais ce travail • Je crains que ce travail m’endurcisse émotionnellement • Je ne me soucie pas vraiment de ce qui arrive à certains de mes malades • J’ai l’impression que mes malades me rendent responsables de certains de leurs problèmes
Maslach Burnout Inventory (MBI) • Accomplissement personnel: 8 questions • Sentiment de ne plus savoir aider les gens, d’être frustré dans son travail • Je peux comprendre facilement ce que les malades ressentent • Je m’occupe très efficacement des problèmes de mes malades • J’ai l’impression à travers mon travail d’avoir une influence positive sur les gens • Je me sens plein(e) d’énergie • J’arrive facilement à créer une atmosphère détendue avec mes malades • Je me sens ragaillardi(e) lorsque dans mon travail, j’ai été proche de mes malades • J’ai accompli beaucoup de choses qui valent la peine dans ce travail • Dans mon travail, je traite les problèmes émotionnels très calmement
Remarques sur le MBI • Validé en français • Discussion sur les seuils • Différences socioculturelles probables • Divisé en terciles • MBI et psychiatrie • Non synonyme de pathologie psychiatrique • Recouvrement avec pathologie dépressive, anxieuse, somatisations et troubles d’adaptation • Traduit une souffrance liée au travail
Niveau de Burnout Epuisement émotionnel (score EE > 27) Population globale : 53 (23%) Radiothérapie : 22 (25%) Oncologie médicale : 16 (24%) Hématologie : 15 (30%) Pas de différence selon la spécialité
Niveau de Burnout Dépersonnalisation (score DP > 10) Population globale : 72 (35%) Radiothérapie : 36 (41%) Oncologie médicale : 19 (28%) Hématologie:17 (34%) Pas de différence selon la spécialité
Niveau de Burnout Epuisement émotionnel (score EE > 27) Population globale : 53 (23%) Radiothérapie : 22 (25%) Oncologie médicale : 16 (24%) Hématologie : 15 (30%) Dépersonnalisation (score DP > 10) Population globale : 72 (35%) Radiothérapie : 36 (41%) Oncologie médicale : 19 (28%) Hématologie:17 (34%) Le burn-out est défini comme un niveau élevé de EE ou DP niveau élevé de EE ou DP : 44% (n=89) niveau élevé de EE et DP :18% (n=36) Pas de différence selon la spécialité
Sources de stress • 5 facteurs ont été identifiés : • Charge émotionnelle : prendre fréquemment en charge des décès, en particulier de patients jeunes ou auxquels on s’était attaché • Charge de travail • Exigences des patients ou des famillesressenties comme excessives • Questionnement existentiel : identification avec les patients, peur de faire des erreurs • Spécifique aux internes: désaccord avec la hiérarchie, incertitude concernant l’avenir professionnel, peur d’être insuffisamment formé
Facteurs associés au burnout dans la littérature [1] • Personnels • Âgejeune • Personnalité : • Sentiment d’être faillible • Dissonance émotionnelle • Hardiness = protecteur • Organisationnels • Interruption des tâches - Ambiguïté des rôles • Charge de travail/temps personnel insuffisant • Manque de reconnaissance • Nombre important de décès • Liés à l’environnement de travail 1- Trufelli, et al. Eur J Cancer Care (Engl) 2008;17:524-531. Canouï P et al. Le burnout à l’hôpital. Masson éd.
Facteurs associés au burnout • Epuisement émotionnel plus élevé chez les femmes (p=0,008) • Pas de différence significative selon : • la spécialité médicale • l’année d’internat • le statut familial
Reconnaissance professionnelle • 1. En général, mes investissements (ex. temps, énergie) dans mes relations professionnelles avec les patients sont plutôt élevés. • 2. En retour, les bénéfices (ex. reconnaissance, satisfaction) que je retire de ces relations professionnelles avec mes patients sont plutôt élevés. • 3. En général, mes investissements (ex. temps, énergie) dans mes relations professionnelles avec mes collègues sont plutôt élevés. • 4. En retour, les bénéfices (ex. reconnaissance, satisfaction) que je retire de ces relations professionnelles avec mes collègues sont plutôt élevés. • 5. Habituellement, mes investissements (ex. temps, énergie) dans le fonctionnement du service mes relations professionnelles avec ma hiérarchie sont plutôt élevés. • 6. En retour les bénéfices (ex. satisfaction, valorisation, proposition de poste) que je retire de ces relations professionnelles avec ma hiérarchie sont plutôt élevés.
Reconnaissance professionnelle et burnout • Epuisement émotionnel associé à : • Un défaut de reconnaissance du travail fourni • De la part des patients (p=0,003), des collègues (p=0,006) et des médecins seniors (p=0,046) • Dépersonnalisation associée à : • Un défaut de reconnaissance du travail fourni de la part des patients chez les femmes (p=0,005) • Association non significative pour la population générale (p=0,07) et chez les hommes (p=0,9)
Fréquence n (%) Jamais 69 (33,8%) 30% Fréquence Rarement 46 (22,5%) 20% Parfois 56 (27,5%) Jamais Rarement Parfois Souvent Très souvent 10% Souvent 20 (9,8%) Très souvent 11 (5,4%) Les internes de cancérologie veulent-ils arrêter la médecine ? + 15% La présence d’un burn-out est associée à la volonté d’arrêter la médecine(p<0,001) ou de changer de spécialité (p<0,001)
Les internes de cancérologie veulent-ils arrêter la médecine ?
Conclusion • Forces de l’étude : • Nationale • Taux de réponse élevé • Evaluation de multiples facteurs associés au burn-out à l’aide d’échelles validées • Population d’étude représentative des trois composantes de la cancérologie médicale (radiothérapie, oncologie médicale, hématologie)
Conclusion • Le burn-out est fréquent chez les internes d’oncologie • Cela entraîne une volonté d’arrêter la médecine ou de changer de spécialité
Peut on utiliser ces résultats pour prévenir ou dépister le burnout ? • Des études d’intervention sont nécessaires • par exemple : groupes de parole, tutorat par des médecins seniors, formations sur la gestion du stress et l’annonce de mauvaisesnouvelles
Perspectives: à Paris pour les internes d’oncologie • Mise en place de groupe de parole • Mise en place d’un double tutorat • Par un médecin sénior • Par un « vieil » interne ou jeune CCA • Objectif : • Libérer la parole • « détecter » ce qui est détectable
Perspectives: comment faire ? • Détecter les personnes à risque • Psychologues du travail • Formations individuelles • Minimiser les causes organisationnelles • Interruption des tâches -Ambiguite des rôles • Staffs pluriprofessionnels où chacun est écouté/valorisé • Charge de travail/temps personnel insuffisant • Implication de psychologues auprès des équipes • Au quotidien • En cas de situation de crise
Oncologues versus autres spécialistes Shanafelt et al. Oncologist Burnout: causes consequences and responses, JCO, 2012
http://www.medsyn.fr/perso/g.perrin/cyberdoc/doc/TestMaslach.htmhttp://www.medsyn.fr/perso/g.perrin/cyberdoc/doc/TestMaslach.htm
Remerciements • SFjRO: • Dewas S • Blanchard P • Pointreau Y • AERIO: • Rodrigues M • Loriot Y • Albiges L • AIH: • Xhaard A • Malak S • Psychologues: • Truchot D • Ruszniewski M • Seniors: • Giraud P • Soria JC • Kantor G Et tous les internes qui ont répondu…