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Troubles des conduites alimentaires. Dr. Brigitte ROCHEREAU PARIS, 18 sept 2009. « Se nourrir » ou le paradoxe de « l’ H omnivore » Les différentes fonctions de l’acte alimentaire. « Se nourrir » : acte vital, d’ordre biologique. Apporte de l’énergie et des nutriments
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Troubles des conduites alimentaires Dr. Brigitte ROCHEREAU PARIS, 18 sept 2009
« Se nourrir » ou le paradoxe de « l’Homnivore » Les différentes fonctions de l’acte alimentaire
« Se nourrir » : acte vital, d’ordre biologique • Apporte de l’énergie et des nutriments • « des aliments tu feras ta médecine » • HIPPOCRATE (460 av.J.-C.) • Régulation physiologique: • faim-satiété- plaisir
« Se nourrir » : acte hédonique d’ordre affectif et émotionnel • S’inscrit dans un relation affective avec autrui
Nous avons appris à manger APPRENTISSAGE = CONDITIONNEMENT • Imitation du modèle parental • Rejet et préférences alimentaires sont appris
« Se nourrir » : acte symbolique, d’ordre relationnel et culturel • S’inscrit dans un relation sociale avec autrui
« Se nourrir » : acte ambivalent aliment = poison, intoxication « on creuse sa tombe avec ses dents » adage populaire
« Se nourrir »: acte très dépendant de notre environnement
La société de consommation Très grande diversité alimentaire (mondialisation) Caverne d’Ali Baba alimentaire (abondance alimentaire, disponibilité illimitée) Stimuli sensoriels permanents « TOUT - TOUT DE SUITE - QUAND JE VEUX » Matraquage publicitaire Cacophonie des messages nutritionnels Offre excessive d’aliments « facultatifs », hautement palatables, boissons caloriques Portions plus grandes
Enjeux socio-culturels actuels Culte du corps, de la jeunesse, de la beauté, de la performance, de la forme physique Obsession du poids, des rides, de la perfection Modèle valorisé: A 9 ans, les enfants ont déjà des préoccupations corporelles (les garçons font du sport, les filles plutôt le régime) Poupée Barbie: mensurations impossibles IMC des miss América: en 1950 : 21,2 kg/m2 en 1967 : 19,5 en 1980 : 17,1 Taille des mannequins: en 1990, Cyndie Crawford: 17,5 en 2000, Kate Moss: 15,03 en 2006, Ana Carolina Reston: 13,3 idéal minceur terrorisme de la minceur
Conséquences Images identificatoires impossibles Image fixe, éternelle, parfaite tout le temps plusieurs morceaux de corps, de plusieurs personnes logiciels « relookeurs »
Conséquences Valorisation des régimes, voire de l’anorexie mentale, déni de la restriction cognitive Valorisation des modifications corporelles artificielles quand le recours humain atteint des limites (régimes, chirurgie) Négation des changements corporels physiologiques (puberté, grossesse, ménopause...)
Le message paradoxal de notre société de consommation « CONSOMMEZ!... et… SOYEZ MINCE! » augmentation significatives des TCA
Troubles des Conduites Alimentaires Principales données épidémiologiques
Troubles des Conduites Alimentaires Affections au carrefour de la biologie, de la psychologie individuelle, des interactions familiales et de la société Retentissement Somatique de la dénutrition la plus sévère (AM restrictive) à l’obésité la plus morbide (BED) Formes subsyndromiques qui posent la question du continuum du normal - pathologique Psychique Social
Troubles des Conduites Alimentaires TCA en augmentation: nombreux biais des études Anorexie: incidence stable* Boulimie: en expansion depuis 20 ans dans les pays économiquement développés Incidence croissante des formes mixtes Aux USA, l’anorexie mentale est la 3° maladie chronique (après l’obésité et l’asthme) Milieux socio-économiques: Tous Pays occidentaux: incidence identique entre les populations de migrants et les populations d’accueil (enquête ESCAPADE) *Forbonne E. Anorexia Nervosa, No evidence of increase. Br J Psychiatry 1995;166: 462-471
Troubles des Conduites Alimentaires Prédominance féminine 8 à 9 cas sur 10 pour l’AM et la boulimie 6 sur 10 pour le BED Anorexie mentale 0,5 à 1% des ados Début entre 13-14 ans et 17-18 ans restrictive (1%) avec conduites d’élimination (2 à 4%): Vomissements, prise de laxatifs, diurétiques, anorexigènes, exercice physique,… Boulimie 3 à 5% Plus tardivement: 19-20 ans
Autres troubles des conduites alimentaires BED: Le Binge Eating Disorder 2 à 3 fois plus fréquent que la boulimie 60% des filles et 30% des garçons consultant pour obésité NES: Le Night Eating Syndrom Restriction cognitive, craving, hyperphagie, grignotage Comorbidités à rechercher: abus de toxiques, stratégies de contrôle du poids
Formes subsyndromiques Augmentation chez les adolescentes Des préoccupations corporelles Auto-jugements négatifs, pesées excessives De perturbations alimentaires Diètes auto-prescrites, jeûne régulier, régimes anarchiques responsabes de yo-yo pondéral et de déséquilibres nutritionnels, épisodes de vomissements induits, de craving Haute Marne (3500 élèves) 1/3 des jeunes filles: Préoccupations corporelles 20 % de conduites de restriction et de jeûne sans répondre aux critères DSM III-R 3 % vomissements et des abus de laxatifs ou de diurétiques 10 % crise de boulimie hebdomadaire Prévalence de la boulimie: 1 % et A. M.: 0,1 %
Pourquoi un TCA? Pourquoi la souffrance psychique prend-elle la forme d’un TCA? PARCE QUE… Etiologies multifactorielles Facteurs de risque Vulnérabilité interindividuelle Moment propice du développement de l’individu
Troubles des Conduites Alimentaires Définition et classification
Définition d’un TCA Conduites alimentaires différentes de celles habituellement adoptées par les individus placés dans le même environnement nutritionnel et socioculturel ayant un retentissement négatif sur la santé physique ou mentale et non secondaire à un désordre somatique ou psychique
Classification des troubles des conduites alimentaires TCA spécifiés 2 seulement sont répertoriés dans le DSM-IV(nomenclature officielle du manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux ) Anorexie mentale Boulimie
ANOREXIE MENTALE Diagnostic and Statistical Manuel, DSM-IV
Anorexia nervosa (Diagnostic and Statistical Manuel, DSM-IV, 1993) A. Refus de maintenir un poids égal ou supérieur au poids minimum compte tenu de l’âge et de la taille. B. Peur intense de prendre du poids ou de devenir gros, même avec un poids anormalement bas. C. La forme et le poids du corps sont perçus de façon anormale, le jugement porté sur soi-même est indûment influencé par la forme et le poids du corps, ou il existe un déni des conséquences du bas poids corporel. D. Chez les femmes pubères, aménorrhée, c’est-à-dire absence de règles durant au moins 3 cycles consécutifs.
BOULIMIE Diagnostic and Statistical Manuel, DSM-IV
Bulimia nervosa (Diagnostic and Statistical Manuel, DSM-IV, 1993) A. Épisodes récurrents d’hyperphagie incontrôlée. • prises alimentaires, dans un temps court inférieur à 2 heures, d’une quantité de nourriture largement supérieure à celle que la plupart des personnes mangeraient dans le même temps et dans les mêmes circonstances. • impression de perte de contrôle des quantités ingérées ou la possibilité de s’arrêter. B. Le sujet met en œuvre des comportements compensatoires visant à éviter la prise de poids • vomissements provoqués, prises abusive de laxatifs ou de diurétiques, lavements, jeûnes, exercice excessif
Bulimia nervosa (Diagnostic and Statistical Manuel, DSM-IV, 1993) C. La crise de boulimie et les comportements compensatoires pour prévenir une prise de poids ont eu lieu en moyenne 2 fois par semaine durant au moins 3 mois. D. L’estime de soi est influencée de manière excessive par le poids et la forme du corps. E. Le trouble ne survient pas au cours d’une anorexie mentale.
Classification des troubles des conduites alimentaires TCA non spécifiés (TCA-NS) ou TCA atypiques ou EDNOS (Eating Disorder Not Other Spécified) tous les autres Il existe une perméabilité entre les catégories des TCA dans le temps Continuum entre normal et pathologique
Troubles des conduites alimentaires Hyperphagie prandiale Tachyphagie Restriction cognitive Anomalies qualitatives de choix, de préparation, de manière de table Orthorexie Anomalies prandiales
Troubles des conduites alimentaires Grignotage: snacking Frénésie alimentaire: craving Compulsions BED: Binge Eating Disorder NES: Night Eating Syndrome Autres TCA(NSRED, pica, mérycisme…) Anomalies extra-prandiales
RESTRICTION COGNITIVE Travaux de POLIVY et HERMAN -1975
Restriction cognitive POLIVY et HERMAN -1975 • Démarcheconsciente de réduiresesapportscaloriques en s’imposant un ensemble d’interdictionalimentaires –quantitatifs et/ouqualitatifs, dans le but de perdre du poidsoud’éviterd’enprendre Normal? Pathologique? comportementlargementencouragé par la société
1. Phase de contrôle Pour ne pas grossir, le sujet met en place des stratégies de contrôle alimentaire: il fonctionne sur des interdits, des « CROYANCES » Restriction cognitivePOLIVY et HERMAN -1975 • Il classe les aliments en « bons = font maigrir » ou « mauvais = font grossir » • Il mange à volonté (= trop) les aliments « qui font maigrir » • Il n’écoute plus ses sensations alimentaires (faim-satiété) • Le sujet maigrit
Restriction cognitivePOLIVY et HERMAN -1975 • 2. Phase de perte de contrôle • Peur de manquer • Sentiment chronique de privation et de frustration, angoisse… • Obsession alimentaire • Désinhibition obligatoire • Compulsions incontrôlées sur les aliments interdits • Culpabilité • il grossit
Contre régulation métabolique et psy Désinhibition-compulsions Sensations alimentaires ignorées • POIDS YO-YO • CONSEQUENCES PSYCHOSOCIALES • Peur de manquer • CULPABILITE • Isolement Maîtrise du CA en vue de maigrir Conséquences de la RC: un véritable cercle vicieux
BED = BINGE EATING DISORDER DSM-IV: F 50.4 trouble des conduites alimentaires non spécifiées = accès boulimique = crise boulimique = Hyperphagie boulimique = Boulimie sans stratégie de contrôle du poids
Hyperphagie boulimique« Binge Eating Disorder »Spitzer et al., 1993; DSM-IV, 1996 Épisodes récurrents de crises de boulimie = binge eating Une crise de boulimie répond aux 2 caractéristiques suivantes : 1) Absorption, en une courte période de temps (moins de 2 heures), d’une quantité de nourriture dépassant notablement ce que la plupart des personnes mangent dans le même temps et dans les mêmes circonstances. 2) Sentiment de perte de contrôle sur le comportement alimentaire pendant la crise (par exemple, sentiment de ne pas pouvoir s’arrêter de manger ou de ne pas pouvoir contrôler ce qu’on mange ou la quantité de ce qu’on mange).
B. Durant les crises de boulimie, au moins trois des critères suivants d’absence de contrôle sont présents : 1) Prise alimentaire nettement plus rapide que la normale 2) L’individu mange jusqu’à l’apparition de sensations de distension abdominale inconfortable. 3) Absorption de grandes quantités d’aliments sans sensation physique de faim. 4) Prises alimentaires solitaires afin de cacher aux autres les quantités ingérées. 5) Sensations de dégoût de soi, de dépression, ou de grande culpabilité après avoir mangé. Hyperphagie boulimique « Binge Eating Disorder »Spitzer et al., 1993; DSM-IV, 1996
C. Le comportement boulimique est source d’une souffrance psychique marquée. D. Le comportement boulimique survient en moyenne au moins 2 fois par semaine sur une période de 6 mois. E. Le comportement boulimique n’est pas associé à des comportements compensatoires(vomissements, prise de laxatifs, exercice physique intensif,…), Il ne survient pas au cours d’une Anorexie mentale ou d’une Boulimie. Hyperphagie boulimique « Binge Eating Disorder »Spitzer et al., 1993; DSM-IV, 1996
Conséquences du BED OBESITE RAPIDE Contre-indique en l’état un régime amaigrissant
NES = NIGHT EATING SYNDROM Non mentionné dans le DSM-IV
NESNight Eating Syndrom Prise alimentaire principalement nocturne 60 % des Cal ingérées entre 20 h et 6 heures Réveils nocturnes à but de prise alimentaire Sur le mode compulsif ou boulimique Augmentation poids
Conséquences des troubles des conduites alimentaires Somatiques Variation pondérale Malnutrition Dénutrition (risque vital) Psychologiques Culpabilité Mésestime de soi chronique Perturbation de l’image du corps, sentiment d’anormalité Dépression (risque suicidaire) Sociales Isolement(risque de désinsertion sociale extrême) Situations familiales intolérables