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Actualités des droits communautaire et belge de la concurrence. Commission juridique, FEB 29 juin 2009 Nicolas Petit, Chargé de cours, ULg. Objectifs . Retracer les grandes évolutions réglementaires et décisionnelles du droit et la politique de concurrence depuis janvier 2009
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Actualités des droits communautaire et belge de la concurrence Commission juridique, FEB 29 juin 2009 Nicolas Petit, Chargé de cours, ULg
Objectifs • Retracer les grandes évolutions réglementaires et décisionnelles du droit et la politique de concurrence depuis janvier 2009 • Brosser à grands traits les tendances futures du droit et politique de la concurrence
Contenu • Droit et politique antitrust (articles 81 et 82 TCE et équivalents nationaux) • Contrôle des concentrations • Droit des aides d’Etat • Questions institutionnelles et procédurales
Le « parent pauvre » du droit de la concurrence? En apparence, non: multiplication des décisions dans le domaine du droit des ententes avec élévation exponentielle du montant des amendes administratives A. Le droit des ententes (Articles 81 TCE et 2 LPCE)
A. Le droit des ententes (Articles 81 TCE et 2 LPCE) • Mais, soulève des problèmes essentiellement administratifs (clémence, transaction, etc.) • Et, activité décisionnelle léthargique dans les autres domaines (accords verticaux et horizontaux de coopération). La Commission paraît réticente à clarifier le fond du droit • Sort incertain des décisions positives (article 11, lettre d’orientations, et décisions d’application de l’article 81(3) TCE • Déficit d’orientations pour les entreprises (échange d’informations, entreprises communes, etc.) • Problème: droit « optiquement » dur susceptible d’engendrer des erreurs de « type I » • Respect optimal du droit implique équilibre entre dissuasion (approche punitive) et éducation (approche incitative)
A. Le droit des ententes (Articles 81 TCE et 2 LPCE) • Des orientations ponctuelles • Réexamen du droit des restrictions verticales • Expiration du Règlement – mai 2010 • Amendement du droit positif (seuil de parts de marché, puissance d’achat, grande distribution et prix de revente imposés)? • La problématique des ventes par Internet • Projet de Règlement et de lignes directrices dans le courant de l’été • Arrêt du Tribunal dans l’affaire T-Mobile Netherlands (juin 2009) • Pratique concertée: présomption de causalité entre prise de contacts (une seule!) et effet sur le marché • Processus de consultation sur les accords de coopération horizontale • Expiration des Règlements – décembre 2010
B. L’abus de position dominante (Articles 82 TCE et 3 LPCE) • « Show-business » competition law? • Affaires à fort retentissement médiatique • Nonobstant les problèmes soulevés par l’application du droit de la concurrence aux industries dynamiques, claire priorité aux secteurs innovants • Dérive protectionniste? • Abus d’exclusion etd’exploitation • Utilisation du droit de la concurrence en correctif ex post de défaillances d’autres mécanismes juridiques
B. L’abus de position dominante (Articles 82 TCE et 3 LPCE) • Communication de la Commission - Orientations sur les priorités retenues par la Commission pour l’application de l’article 82, Février 2009 • Contexte « forms-based » vs. « effects based » approach • Contenu: • Approche « économique » fondée sur les effets • Cadre analytique pour l’évaluation des pratiques d'exclusion les plus courantes (accords d’exclusivité, remises, licences liées et groupées, pratiques prédatrices, refus d’approvisionnement et ciseau tarifaire) • Importance de l’atteinte au « bien-être du consommateur » • Questions en suspens: • Communication officiellement censée définir des priorités d’actions – mais quels secteurs, quelles pratiques? • Communication prévoyant subrepticement de nouveaux standards de caractérisation des infractions, non validés par le juge communautaire – mais quelle portée juridique? • Solution de compromis entre le service juridique et la DG concurrence
B. L’abus de position dominante (Articles 82 TCE et 3 LPCE) • L’affaire Microsoft • Faits – vente liée IE+Windows • Réplique parfaite ou imparfaite de l’affaire MicrosoftWMP de 2004? • La question des mesures correctives en débat (« naked OS » ou « must carry »?)
B. L’abus de position dominante (Articles 82 TCE et 3 LPCE) • L’affaire Intel – 13 mai 2009 • Faits • Marché des processeurs x86 • Remises de fidélité aux fabricants d’ordinateurs • Paiements directs visant à retarder le lancement d’ordinateurs • La concurrence par les prix n’est pas toujours licite! • Le problème n’est pas la remise, mais les conditions accompagnant l’octroi des remises (remise conditionnée à approvisionnement exclusif); • Certes, choix possible du fournisseur. Mais dépendance des clients vis-à-vis d’Intel sur une part non-contestable de leurs achats. Utilisée par Intel en levier sur la part contestable des achats; • Test consistant à répercuter le montant total de la remise sur les quantités contestables. Obstacle pour des concurrents « aussi efficaces » qu’Intel, devant compenser la perte de remise subie par les clients. Même lorsque gratuitement vendus, certains clients ont renoncé les processeurs d’AMD!
B. L’abus de position dominante (Articles 82 TCE et 3 LPCE) • Le grand soir de l’approche « par les effets »? • Analyse au moyen du test du « concurrent aussi efficace » • Mais faisceau d’indices reposant aussi sur l’intention anticoncurrentielle
B. L’abus de position dominante (Articles 82 TCE et 3 LPCE) • L’affaire Rambus • Faits: « Duperie » consistant à ne pas informer ex ante l’organisme de normalisation de l’existence de DPI, puis exiger paiements léonins ex post aux autres participants (« patent hold-up ») • Communication des griefs et proposition d’engagements: plafonnement des taux de redevance (« FRAND licensing »)
B. L’abus de position dominante (Articles 82 TCE et 3 LPCE) • L’affaire Belgacom Mobile (Proximus) • Un client non Proximus souhaitant joindre client Proximus paie un prix au détail plus élevé que le client Proximus – Incitation à rejoindre le réseau Proximus • Cause – Les tarifs de terminaison (MTR) facturés en gros par Proximus à ses concurrents sont élevés, tandis que ses prix de détail « on-net » sont faibles • Ciseau tarifaire • Amende inédite de 66,3 millions € contre l’opérateur historique • « The end of capture?» • L’affaire Bofar • Application fidèle de la jurisprudence Glaxo du TPICE (Sot. Lelos kai Sia et. al. GlaxoSmithKline AEVE Farmakeftikon Proionton, avril 2008)
B. L’abus de position dominante (Articles 82 TCE et 3 LPCE) • A venir • L’affaire Qualcomm? • Rapport final de la Commission sur l’enquête sectorielle dans le secteur des produits pharmaceutiques • Alignement des autorités antitrust américaines • La plupart des affaires de droit belge de la concurrence sont des affaires d’APD
« Business as usual? » • Malgré la crise, 347 notifications en 2008, soit la troisième année la plus importante de la Commission en la matière… • Doutes sérieux dans 25 affaires, résolues par administration de mesures correctives • 5 opérations examinées en Phase II (Friesland/Campina, Thomson/Reuters, etc.)
Quelques affaires intéressantes • Affaire Lufthansa/SN Brussels Airlines: • Monopole sur les lignes Bruxelles‑Hambourg et Bruxelles‑Munich; • Concentration élevée sur les lignes Bruxelles‑Francfort et Bruxelles‑Zürich • Autorisation sous conditions: mise à disposition de créneaux horaires (« slots ») au bénéfice de nouveaux entrants sur les lignes en cause • Affaire Electrabel/Compagnie nationale du Rhône: Amende inédite de 20 millions d’€
Développements réglementaires? • Question de la répartition des compétences entre Commission et Etats membres • Rapport sur le fonctionnement du Règlement 139/2004 • Satisfecit général: système des seuils de CA et mécanismes correcteurs (règles des 2/3 et renvois avant et après notification) permettent de bien différencier les affaires de portée communautaire des affaires qui ont un lien évident avec un État membre • Réexamen souhaité car nombre d’opérations (+ de 100) à effets transfrontaliers importants (+ de 3 EM) échappent à la compétence de la Commission et donnent lieu à une multiplication des coûts de transaction
Eléments de contexte • Crise financière – Premiers plans d’aides adoptés par les Etats (garantie d’Etat pour Fortis, recapitalisation d’urgence de KBC, etc.) • Contagion de l’économie réelle au deuxième semestre 2008 • Double défi: • Institutionnel – notifications en cascade • Intellectuel – réconcilier le dogme de la concurrence libre et non faussée avec interventionisme conjoncturel • Idée transversale • Moins de bureaucratie pour les entreprises et les Etats membres • Faveur aux aides ciblées sur des projets porteurs, leviers de croissance et intérêt public (innovation, développement durable, formation continue, etc.)
La réponse institutionnelle de la Commission • Augmentation des capacités administratives de la Commission (30 fonctionnaires supplémentaires en 2008 et 30 nouveaux sur 2009-2010) • Création d’un “Economic Crisis Team”, point de liaison entre la Commission et les Etats membres au sujet de projets d’aides publiques • → 20 décisions en 8 semaines!
La réponse de la Commission “au fond” (1) • Approche réactive – Publication d’orientations (“Communication”) sur les mesures prises en faveur des banques en situation de crise (octobre 2008) • Principe de non-discrimination • Engagement de l’Etat de durée limitée • Engagement du bénéficiaire d’agir dans le respect de la concurrence (pas de stratégie prédatoire grâce aux deniers publics) • Si conditions remplies → approbation au plus vite (24h si possible)
La réponse de la Commission “au fond” (2) • Approche pro-active – Cadre temporaire à l’intention des EMs afin de lutter contre le resserrement du crédit sur l’économie réelle (décembre 2008) • “Credit crunch” affectant directement les capacités de financement de l’économie réelle et singulièrement les PME • Objectif de la Commission: faciliter l’adoption de mesures publiques résolvant les problèmes de liquidité • Autorisation d’aides publiques forfaitaires de 500.000€ max par entreprise • Etats peuvent réduire la prime à verser pour les garanties étatiques de prêts • Prêts bonifiés pour la fabrication de produits verts • Aides publiques au capital investissement: relèvement du plafond à 2.5 millions d’€/an
La réponse de la Commission “au fond” (3) • Approche pro-active – Publication d’orientations sur le traitement des actifs dépréciés dans le secteur bancaire de l'UE (février 2009) • Les actifs dépréciés correspondent à des catégories d'actifs sur lesquels les banques risquent de devoir supporter des pertes (titres adossés à des créances hypothécaires à risques américaines («subprimes»), par exemple) • Banques pourraient être tentées de conserver leur capital en couverture du risque futur, plutôt que de reprendre leur activité de prêt à l’économie • Etats peuvent aider à valoriser les actifs dépréciés (“bad bank”, etc.) • Idée de fond: encourager les banques à relancer le crédit en clarifiant que l’intervention des Etats est possible, sous conditions (répartition adéquate entre actionnaires, banques créancières et Etat)
L’action privée • “Croisade” de la Commissaire Kroes • Proposition de directive sur les règles gouvernant les actions en réparation pour infractions aux articles 81 et 82 TCE • Généralisation de l’action collective (de groupe ou via représentation) • Possibilité d’injonction de divulgation des preuves • Moyen de défense tiré de la répercussion (passing-on defense) • Effet “probatoire” obligatoire des décisions de la Commission et des ANCs • Présomption réfragable de faute (intention ou négligence) pesant sur défendeur • Grande résistance politique au Parlement et au Conseil (spectre d’une dérive à l’anglo-saxonne), la Commission tente de passer en force
Rapport de la Commission sur le fonctionnement du Règlement 1/2003 (1) • La “plomberie” des articles 81 et 82 TCE: institutions, procédure, pouvoirs décisionnels, sanctions, etc. • Principales modifications: • Suppression de la notification obligatoire (exception légale); • Décentralisation du droit de la concurrence (ANCs et juridictions nationales) • Réorientation des ressources de la Commission vers restrictions flagrantes (cartels) • Craintes: divergences d’interprétation et insécurité juridique
Rapport de la Commission sur le fonctionnement du Règlement 1/2003 (2) • Satisfecit général: • Homogénéité d’interprétation (1000 cas traités sur le fondement du droit européen); • Bon fonctionnement du REC (cohérence dans l’application du droit); • Amplification de la lutte contre les cartels et enquêtes sectorielles • “Pistes de réflexion” – micro-problèmes: • Divergences des procédures et sanctions au sein des Etats membres • Divergences dans le domaine des agissements unilatéraux (vente à perte, dépendance économique, critères de dominance, etc.) • Ineffectivité de la procédure de communication des arrêts et jugements
Rapport de la Commission sur le fonctionnement du Règlement 1/2003 (3) • Fronde doctrinale – macro-problèmes: • Procédure devant la Commission incompatible avec le principe du droit au procès équitable dans ce qui constitue une matière quasi-pénale (voir, à cet égard, conclusions de l’AG Bot, §306 “fines ... are comparable to a criminal penalty”) • Absence totale d’orientations et de sécurité juridique dans une matière dominée par l’économie industrielle