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Plan de la conférence

L’économie sociale, une approche réformiste capable de transformer le capitalisme ? Benoît Lévesque, professeur émérite (UQÀM) et professeur associé (ÉNAP) levesque.benoit@uqam.ca École internationale d’été 2010. Plan de la conférence. Introduction

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Plan de la conférence

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  1. L’économie sociale, une approche réformiste capable de transformer le capitalisme ? Benoît Lévesque, professeur émérite (UQÀM)et professeur associé (ÉNAP)levesque.benoit@uqam.caÉcole internationale d’été 2010

  2. Plan de la conférence Introduction • Des utopies aux pratiques d’économie sociale (ÉS): quelles stratégies de transformation? • L’économie sociale et la coopération au Québec: - Cinq grandes configurations (1840-2010) - L’ampleur actuelle de l’ÉS • Comment analyser l’ÉS? Quelles approches? • L’ÉS et la crise actuelle: éléments de prospective Conclusion: le potentiel d’innovation et de transfor-mation de l’ÉS CERIUM, 2 juillet 2010

  3. Introduction • Une grande question: dépassement du capitalisme? • Définition de départ de l’ÉS (tiers secteur) • Coopératives, associations ayant des activités économiques, mutuelles et fondations • Ampleur de l’ÉS (sous-estimée selon Stiglitz) • Autour de 10% des emplois dans les pays développés • Rôle stratégique dans certains secteurs, lieux et moments historiques • Un secteur en croissance • Dynamique de l’ÉS • Apparaît avec le capitalisme (innovations à l’occasion de grandes crises) • Initiatives de la société civile et de mouvements sociaux • Une approche réformiste, non violente, faisant appel à la conviction (non violence) et à l’expérimentation • Le Québec: un laboratoire pour l’économie sociale CERIUM, 2 juillet 2010

  4. 1. Des utopies aux pratiques d’ÉS: quelles stratégies de transformation? CERIUM, 2 juillet 2010

  5. Utopie écrite et utopie pratiquée • Utopie (écrite), Thomas More (1512) • Diagnostic: critique du capitalisme marchand (les moutons mangent les H.) • Utopie rêvée: dans une île inatteignable, une communauté idéale (Raphael) • Révolution française (fin XVIIIe siècle) • À côté du libéralisme (droit de propriété) et du socialisme (Babeuf: droit à l’existence), le garantisme social • Garantisme social: droit à existence + droit à propriété; grenier d’abondance, propriété diffusée • Utopie écrite et pratiquée (première moitié du XIXe siècle) • Charles Fourier (1772-1837): le plus utopiste • Une théorie sociale: association et attraction • Une pratique: les phalanstères, des communautés de vie et de travail • Robert Owen (1771-1858): le moins utopiste • Un mauvais environnement engendre vices et pauvreté • Un entrepreneur social, de plus en plus socialiste: 1817, très grande influence • Inspire la création de coopératives et de syndicats CERIUM, 2 juillet 2010

  6. Les utopistes: quelles transformations? • Les utopistes critiquent la société existante • La séparation de l’économie et du politique • La division du travail entre • hommes et femmes • travail intellectuel/manuel • La séparation campagne/ville • L’individualisme et le chacun pour soi • Les utopistes proposent une autre société • Une nouvelle science de la société (font appel à la raison) • Une société conforme à l’homme (bonheur pour plus grand nombre) • Des communautés exemplaires (ni marché, ni État) • Un homme nouveau • La réalisation en petit de la société souhaitée pour convaincre CERIUM, 2 juillet 2010

  7. Charles Gide (1847-1932): économiste et acteur • Un économiste analyste de l’ÉS (comme discipline) • une discipline alternative ou complémentaire à la science économique (Walras, Menger, Jevons)? • Un économiste promoteur de l’ÉS (comme pratique) • Exposition universelle de Paris (rapport, 1889) • Mouvement coopératif (1886): École de Nîmes, FNCC (1902), 1912 • Quatre écoles d’ÉS – fin XIXe début XXe siècle • École socialiste (Jaurès, Marcel Mauss): la coopératives de travail • École libérale: self-help et avantage économique individuel • École conservatrice: le patronnage (Le Play et christianisme social) • École solidariste: la coopération, la république coopérative (Gide) CERIUM, 2 juillet 2010

  8. ÉS: stratégies de transformation éc. • Trois stratégies d’intervention économique • Expérimentations communautaires: réaliser en petit la société souhaitée • La république coopérative: coopérativiser l’ensemble de l’économie à partir de la coopérative de consommation • La coopérative et l’économie sociale comme secteur économique • Deux grandes stratégie de positionnement politique • L’ÉS et la coopération comme moyen (outil) pour un projet politique: socialiste, communiste, corporatisme, religieux • ÉS comme un secteur de l’économie qui ne peut se généraliser, mais qui peut inspirer les autres secteur: démocratie économique CERIUM, 2 juillet 2010

  9. 2. L’ÉS et la coopération au Québec: cinq grandes configurations (1840-2010) CERIUM, 2 juillet 2010

  10. Grandes crises économiques: cycles d’ÉS CERIUM, 2 juillet 2010

  11. 1ère configuration: une économie solidaire au Québec (1850-1880) • Sociétés de secours mutuels (Petitclerc, 2007) • Contexte: première industrialisation, le salariat en milieu urbain (Montréal) • À partir de 1840, 253 sont fondées surtout en milieu urbain • Début XXe : 150 000 sociétaires, 35% des hommes en milieu urbain • Groupe porteur: artisans dans conjoncture d’industrialisation • Caractéristique de l’économie solidaire • Autonomie par rapport au clergé et à l’élite traditionnelle • Démocratie représentative et participative • Famille fictive: économie et social, forte cohésion sociale • Ancrage dans collectivités locales • Entraide plutôt qu’assistance, prévoyance et philanthropie • Relations et réseautage • Réseau horizontaux (ex. Unions St-Joseph) et ouvriers (G. association) • Concurrence: mutualité scientifique et américaine (anglo-saxonne) • Bibliothèque CERIUM, 2 juillet 2010

  12. 2e configuration: une économie sociale patronnée et conservatrice (1880-1920) • Transformation de l’agriculture (1850-1900), crise fin du XIXe siècle • Organisations • Sociétés d’agriculture et Cercles agricoles, Coopératives agricoles • Coopératives d’épargne et de crédit: Alphonse Desjardins • Soutien et encadrement: tension au plan des orientations • Pour une agriculture orientée vers le marché (État et bourgeoisie) • Pour le maintien d’un mode de vie traditionnelle (Église et petits agric) • Idéologie : École de Le Play (1855-1912) • Société d’ÉS de Montréal (1888-1908) et Soc. d’ÉS de Québec (1905-15) • Deux grandes leaders coop.: A. Desjardins et J.A. Chycoine • Réseau de l’Église catholique (conservatrice) • Condamnations: Chevaliers du travail (1885-87), socialistes (A.St-Martin) • ACJCF (1904); École sociale populaire (1911) • Boerenborg, ligue des paysans de Belgique (abbé Allaire) CERIUM, 2 juillet 2010

  13. 3e configuration: coopération corporatiste (1930-1950) • Crise des années 30, un choc pour le Canada français • Programme de Restauration sociale (doctrine sociale de l’Église) • Un âge d’or de la coopération • Essor de la coopération (1937-1945): tout faire par la coopération • Enseignement coopératif: écoles d’agriculture et universités • Création du Conseil supérieur de la coopération en 1940 • Tensions: deux visions : coopératisme vs corporatisme • Conseil supérieur de la coopération (1940): libéralisme, • Caisses populaires, UCC (vs coop agricole: corporatisme) • Relations canadiennes et internationales • Fermeture (1920-1950) et ouverture (1950-1960) des caisses volontaires • Mouvement d’Antigonish: Mgr Coady (1930) • Réseau du CSQ (CCQ) CERIUM, 2 juillet 2010

  14. 4e configuration: coopération inscrite dans le nationalisme économique (1960-1980) • Contexte (Révolution tranquille) • Passage du nationalisme traditionnel au nationalisme économique • « Table à quatre pattes » (1967): État-Patronat-Syndicat-Coopération • Nouvelle génération de coop: habitation, ACEF, travail, paracoop • Conférence socio-économique de la coopération (1980) • Débat et tensions au sein du mouvement coopératif • Représentativité du CCQ, nouvelles coop. (radicales) vs coop. matures • Coopératives: des entreprises comme les autres (syndicats)? • Faillites : Fédé des magasins coop, Pêcheurs Unis, Entraide économique • Recherche universitaire et relations internationales (1966-1982) • Présence internationale des coopératives et mutuelles • Relations d’affaires à l’international: coopératives agricoles CERIUM, 2 juillet 2010

  15. 5e configuration: une économie sociale et solidaire (1990-2007) (1) • Contexte de la période • Crise de l’emploi et crise des finances publiques • Nouvelles initiatives de la société civile (DÉC, ÉS, fonds de développement) • Repositionnement au sein de la société civile: débats et délibérations (1983-1995) • Reconnaissance de l’Économie sociale (Sommet, 1996) • Compromis fondateur (1996) • Gouvernement: coupure budgétaire et création d’emploi • Groupes communautaires: une composante à part entière • Groupes de femmes: emplois de qualité + lutte vs pauvreté • Coopératives: une légitimité nouvelle + crainte pour l’image • Syndicats: non substitution d’emploi + emplois durables • Patronat: oui à une réduction de l’État, découverte de l’ÉS • « Action communautaire autonome »: refus d’être dans ÉS CERIUM, 2 juillet 2010

  16. 5e configuration: une économie sociale et solidaire (1990-2007) (2) • La définition institutionnelle québécoise: trois éléments • Une définition de l’économie et du social • Économie: économie substantive (inclusion du non marchand) • Social: bien-être et citoyenneté • Des principes éthiques (inspiration wallonne et coopérative) • Finalité de service aux membres ou collectivité plutôt que profit • Autonomie de gestion par rapport à l’État • Processus de décision démocratique impliquant usager-e-s et travailleur-e-s • Primauté des personnes et du travail sur le capital dans la répartition • Participation, prise en charge, responsabilité indivisuelle et collective • Des statuts juridiques: coopératives, mutuelles et associations (France) CERIUM, 2 juillet 2010

  17. 5e configuration: une économie sociale et solidaire (1990-2007) (3) • Plan de développement du GTÉS (1996-2001) • Développement de l’ÉS émergente: objectifs 20 000 emplois • 300 projets principalement dans secteurs émergents (coop et associations) • Identification des groupes promoteurs • Des outils de développement • Capitalisation: RISQ • Formation : CSMO-ESAC • Recherche: ARUC-ÉS • Ressources techniques pour suivi et accompagnement • Une structure souple de gouvernance • D’abord pour deux ans (1996-1998), relève du premier ministre et soutien coop • En 1999, cette structure se transforme en « organisme autonome » • Refus du CCQ d’en faire partie • Représentation des syndicats, des CRES, des secteurs émergents • Tensions structurelles entre Chantier et CQCM • Tensions idéologiques entre secteur mature et s. émergent • Sommet 2006: appel à la solidarité au sein de l’ÉS CERIUM, 2 juillet 2010

  18. 5e configuration: une économie sociale et solidaire (1990-2007) (4) • Relations internationales: rayonnement important • Monde coopératif et mutualiste • ACI, AIM, OIT, Fédération internationale des ass coop et mutualiste • The Americas Association of Cooperative/ Mutual Insurance Societies • Monde communautaire: colloques inter. (1987, 1997), OCDE avec SDA (1997) • Monde de l’économie sociale • Les Rencontres du Mont-Blanc (depuis 2004) • Groupe d’économie sociale du Québec (GESQ) (depuis 2000) et Rencontres internationales • Sommet de l’économie sociale et solidaire (2006): Europe, Afrique, Amérique L. • Finance socialement responsable (Banca Etica et Caisse d’ÉS) • Coopération et solidarité internationale: SOCODEVI, AQOCI, DID, Commerce équitable • Forums sociaux mondiaux • La recherche sur l’ÉS en forte expansion • Congrès internationaux:CIRIEC, 2000; ARNOVA (2002), Victoria (2007) • CIRIEC International (Congrès à Montréal en 2000) • Groupes internationaux de recherche • Rencontre mondiale de l’économie sociale (Lima, 1997;Québec, 2001; Dakar, 2005) • Revues internationales CERIUM, 2 juillet 2010

  19. Aperçu de l’ÉS au Québec • Coopératives (N: 2 834) • 6,3 millions de sociétaires • 105,1 milliards $ d’actifs • 72 442 emplois • Mutuelles (N: 39) • 1,4 millions de sociétaires • 5,9 milliards $ d’actif • 4 613 emplois • Fonds de travailleurs (N: 2 + centaines de filiales) • 637 086 actionnaires • 7 milliards $ d’actifs • Associations identifiées par le Chantier d’ÉS ( N: 3 941) • 45 080 emplois • 1,5 milliards $ chiffre d’affaires • Fondations: fondations communautaires, Centraide, etc CERIUM, 2 juillet 2010

  20. CERIUM, 2 juillet 2010

  21. Diversités de l’ÉS émergente Quatre grands types d’ÉS émergente Source: Lévesque, 2003 CERIUM, 2 juillet 2010

  22. 1980-2000 : mise en place d’un système québé-cois d’innovation sociale RECHERCHE: ARUC-ES, RQRES, Chaires ES, CIRIEC, Fondation de l’entrepreneurship, CIRIEC, CEGEP, Universités SERVICES aux entreprises d’ÉS, Regroupements sectoriels, CLD, SADC, GRT, CDR, CDEC, MCE et alii GOUVERNANCE CQCM CHANTIER D’ÉS Pôles régionaux, Regroupements sectoriels Entreprises d’ÉS, Mouvements FORMATION ET ÉDUCATION: CSMO-ESAC, Chantier, CEGEP et Universités FINANCEMENT: CRCD, RISQ, Fiducie, FIER, Caisse d’ÉS, Filaction, SADC, CLD, Investissement-Q., alii Direction des coop. Bureau de l’ÉS Montréal, 13 mai 2010 CERIUM, 2 juillet 2010 22

  23. Que retenir en termes de transformation? • Période actuelle: reconnaissance de l’ÉSS • Une période de croissance, d’innovation et de mise en place d’outils • ES = partie prenante du modèle québécois de développement • Composantes de l’ÉS: coop, mutuelles, associations, fonds de T. (+ fondations) • Un système d’innovation relativement convergent (dispute sur le contrôle) • Toujours deux visions : ÉS comme moyen et ÉS comme fin (en concurrence) • Une gouvernance « bicéphale » structurellement et idéologiquement conflictuelle • Au cœur de certaines transformations • Dans la création d’emploi (fonds de travailleurs) et l’employabilité • Dans le développement local (institutionnalisation et recul) • Dans les services collectifs (Garderies et aide à domicile) • Dans le commerce équitable et la finance solidaire • Dans la transformation de l’État-providence (Welfare mix) • Enjeux • Pour les entreprises matures: les contraintes du marché • Pour la NÉS (services aux personnes): dépendance de l’État • Pour les deux: autonomie, démocratie, développement durable CERIUM, 2 juillet 2010

  24. 3. Comment analyser l’ÉS? Quelles approches? CERIUM, 2 juillet 2010

  25. Tiers secteur • Le tiers secteur, un sujet à construire comme objet de recherche • Deux grandes approches • En termes de Nonprofit Organization (NPO) (Salamon) • En termes d’Économie sociale (et solidaire) (ÉSS) CERIUM, 2 juillet 2010

  26. Approche en termes de NPO (Salamon) • Une définition construite de manière inductive (à la différence de la théorie économique) • Éléments de définition des NPO ou secteur de la société civile • Une organisation qui a une structure et une régularité dans ses opérations (légalement constituée ou non, enregistrée ou non) • Privée, institutionnellement séparée de l’État, bien que pouvant être supportée financièrement par l’État • Non distribution du profit, pas de finalité commerciale et non distribution des profits générés aux dirigeants et propriétaires de l’organisation (surplus doivent être réinvestis en direction des objectifs de l’organisation • Gestion autonome, propre mécanisme de gestion interne, capable de cesser ses opérations de sa propre autorité et de contrôler ses affaires • Volontaire, non contrainte: participation résulte d’un choix volontaire plutôt que d’une obligation CERIUM, 2 juillet 2010

  27. Nonprofit organization et Économie sociale selon Salamon (2010) . CERIUM, 2 juillet 2010

  28. NPO: quelques données (1) . CERIUM, 2 juillet 2010

  29. NPO: quelques données (2) . CERIUM, 2 juillet 2010

  30. NPO: quelques données (3) . CERIUM, 2 juillet 2010

  31. NPO (Canada et Québec) • Nombre d’associations • Québec: 46 000; Canada: 161 227; États-Unis: 1 603 000 • Revenus • Québec: 25 milliards $ (CDN) – 17 milliards $ (sans CHU, Universités et Écoles) • Canada: 112 milliards $ (CDN) (8,5% du PIB)- 75 milliards $ (sans CHU, Universités et Écoles) • Etats-Unis: 1 395 milliards $ (US) • Emplois • Québec: 470 000 salariés – 325 000 salariés (sans CHU, Universités et Écoles) • Canada: 2 031 744 salariés – 1 335 989 salariés (sans CHU, Universités et Écoles) 12 % de la population active • Source : Pour le Québec et le Canada, voir : Enquête nationale auprès des OBNL et bénévoles (2004), Données 2003, Statistique Canada et Imagine canada. Pour les Etats-Unis, voir E.T.Boris et C.E. Steuerle, op.cit.2006. CERIUM, 2 juillet 2010

  32. Comparaison des approches NPO (1) et ÉS (2) 1 2 Cpp Mutuelles Économie sociale Économie sociale NPO Coop Mutuelles associations fondations Coop Risque social Mutuelles Associations Fondations Fecher et Lévesque, 2009 Salamon, 2010 • Contrainte de non distribution du profit 1. Les membres décident (démoc.) • Exclusion de la plupart des coopératives 2. Exclusion des universités, des des mutuelles hôpitaux et des écoles • Finalité de service à la communauté 3. Finalité de service aux membres • (intérêt général: orientation vers les tiers) (self help) • 4. Inclusion des organisations informelles 4. Exclusion des organ. informelles CERIUM, 2 juillet 2010

  33. L’ÉS selon Desroche (1914-1994): des composantes certaines et incertaines . Secteur public d’économie collective = certaine = incertaine Coopératives Secteur Syndical d’économie Co-gérée Mutuelles Secteur Privé d’économie participative Associations Fondations Secteur Communautaire Développement local Source: Desroche, 1991 CERIUM, 2 juillet 2010

  34. L’ÉS : une forme organisationnelle complexe Le quadrilatère des acteurs (H. Desroche) Gestionnaires Administrateurs (CA) (élus) Rapport de travail Rapport d’association Employés Membres/usagers (AG) Combinaison d’une entreprise et d’une association CERIUM, 2 juillet 2010

  35. L’économie sociale selon Claude Vienney1929-2001 • Hypothèse: correspondance entre acteurs, activités et règles • 1) Des acteurs relativement dominés dont les caractéristiques déterminent les activités à entreprendre en commun, fonctionnement selon mode entreprise • Entrepreneur individuels: pêcheurs, agriculteurs, artisans, etc. • Travailleurs professionnels • Consommateurs • Épargnant et emprunteurs • 2) Des activités nécessaires mais délaissées par le capitalisme (ou l’État) • Production agricole: approvisionnement et écoulement • Distribution des biens de consommation courante • Assurance, Épargne et crédit pour certaines catégories sociales • Certains services aux personnes • 3) Des règles pour domestiquer le marché (concurrence): résistance et adaptation, retournement des règles dans rapport entreprise/association CERIUM, 2 juillet 2010

  36. Seconde génération de chercheurs: au-delà des « pères fondateurs » • La définition de l’ÉS • Insuffisance des statuts et règles des entreprises • De la coopérative comme noyau dur à l’association (rapport État) • De la nécessité et des intérêts communs aux aspirations et valeurs • ÉSS, pas un secteur de la société civile, mais en interaction avec le marché et l’État • La vision de la démocratie • Démocratie interne des entreprises (formelle et participative) • Le lien de l’ÉSS avec la démocratisation de la société civile • Un dépassement par la mise à contribution de • Polanyi: l’économie substantive, l’économie plurielle • Mauss: l’importance du don et de l’engagement pour l’association • Habermas: l’espace public et la démocratie délibérative • La régulation: analyse des crises et compromis institutionnels • Les conventions: la diversité des logiques d’action • La fonction entrepreneuriale: l’importance des innovations CERIUM, 2 juillet 2010

  37. L’économie solidaire (Laville) (1) • Point de vue macro (vers un nouveau modèle de développement) • Crises de la régulation du rapport État-Marché et recomposition avec société civile • Crise des années 1980 et comparaison avec 1848 (type de solidarité) • Économie solidaire, pas un secteur additif, se distingue par • Réarticulation originale des divers pôles et principes économiques • Contribution à la démocratisation de la société civile (espace public) • Production d’appartenance sociale et création de statuts d’emplois • Définition substantive de l’économie: économie marchande, non marchande (redistribution) et non monétaire (bénévolat) – Polanyi • Sociologie génétique des services de proximité • Premier temps: action réciprocitaire dans éc. non monétaire (des limites) • Deuxième temps: hybridation entre économie non monétaire (réciprocité), économie non marchande (redistribution) et économie marchande (marché) CERIUM, 2 juillet 2010

  38. Les deux dimensions de l’économie solidaire (Laville) . Économie solidaire Dimension socio-politique: Voice – initiatives de la société Civile dans l’espace publique Dimension socio-économique: Dynamique réciprocitaire d’hybri- dation (entre non-monétaire, non- marchand et marchand Démocratie participative et délibérative Gouvernement Politiques publiques CERIUM, 2 juillet 2010

  39. ÉS comme partie prenante de l’État-providence • The Welfare Triangle/Welfare Pluralism (Adalbert Evers)/ Welfare Mix (Victor A.Pestoff) • Économie sociale – une zone intermédiaire entre l’État, le marché et les ménages • Difficulté de préciser clairement les frontières de ce secteur avec celui de l’État • En Europe: le tiers secteur = une économie de l’État providence mixte • Nouvelle économie sociale = une dimension politique et dimension économique CERIUM, 2 juillet 2010

  40. Entreprise sociale: un concept innovateur Source: J. Defourny, 2001 INM, 1er juin 2010

  41. Les associations comme principale composante de l’ÉS: capacité de compromis • Association à pertinence économique définie comme forme de compromis (tension critique) entre plusieurs mondes avec leurs principes supérieurs communs de coordination et leur justification propre (pluralité des logiques d’action: marchandes, domestiques, solidaire, administrative et démocratique) • L’opération de compromis tente donc de «dépasser la tension critique entre deux mondes en visant un bien commun qui ne relèverait ni de l’un, ni de l’autre, mais qui les comprendrait tous les deux » • D’où l’importance: • D’une gouvernance démocratique avec délibération • D’une forme collective de propriété replaçant la personne au centre • Voir B . Enjolras et L. Thévenot CERIUM, 2 juillet 2010

  42. Une synthèse théorique pour l’analyse de l’ÉS(micro et macro) • Contexte d’émergence: crises selon ses diverses dimensions • Acteurs: nouveaux mouvements sociaux et alliances nouées • Dimension institutionnelle: participation des travailleurs et des usagers, démocratisation économique, rapport à l ’État et rapport au marché, économie plurielle, décentralisation (compromis institutionnels) • Dimension organisationnelle: gouvernance, empowerment des personnes et collectivités, requalification des travailleurs, travail d ’équipe • Perspective micro (entreprise), perspective macro (modèle de développement • Évaluation de l’ÉS: en elle-même et par rapport aux interfaces • Source: CRISES CERIUM, 2 juillet 2010

  43. Ce que nous apprend l’analyse de l’ÉS • Une compréhension élargie de l’économie • Réductible ni au marché, ni à l ’entreprise privée, ni à concurrence, ni régulation • ÉS, capable de créer du lien social, de la solidarité civique • Notion d’économie élargie, encastrement social • Une compréhension élargie du social • La question sociale, résulte de l’autonomisation de l’économique • Pas seulement dépenses sociales, urgences sociales • Peut de créer de la richesse (capital social) • Une compréhension renouvelée des rapports entre économie et social • Pas seulement produire la richesse marchande, puis la distribuer • Développement social, pré-requis du développement économique • Démocratie plurielle nécessaire pour cette reconfiguration • Une vision élargie de l’espace public • ÉSS, un prisme pour renouveler l’espace public; ÉSS = initiatives de la société C. • Combiner action associative (réciprocité) et action publique (redistribution) à partir d’une démocratisation de l’économie et d’une réciprocité dans l’E.Public CERIUM, 2 juillet 2010

  44. 4. L’ÉS et la crise actuelle: éléments de prospective CERIUM, 2 juillet 2010

  45. Caractère inédit de la crise 2008-2010 • Des crises emboîtées, non juxtaposées • Crise financière et économique, crise des finances publiques • Crise écologique: les hommes et les femmes dans leurs relations mutuelles sur la nature et les objets • Crise politique:désenchantement de la démocratie • Crise sociale: de la première à la seconde démocratie • Insuffisance d’une reprise économique et de quelques réformes à la régulation de la finance et de l’économie pour une véritable sortie de crise et à fortiori pour « un dépassement du capitalisme » Inspiration: B. Billaudot, 2009; Fitoussi et Stiglitz, 2009 CERIUM, 2 juillet 2010

  46. Unecrise financière d’une grande intensité • Déréglementation et libéralisation • Une finance de marché (risques disséminés et portés par des tiers) vs finance d’intermédiation • Nombreuses crises financières depuis les année 1980 … • Cause structurelle: montée des inégalités (Fitoussi et Stiglitz, 2009) • Un capitalisme financier • Une finance mondialisée: concentration des profits, paradis fiscaux, agences de notation, rémunérations perverses, innovations financières • Firme actionnariale : managers au service de l’actionnaire • Inégalités des rémunérations croissantes • Banques « to big to fail » et trop grosses pour être régulées! • Conséquences de ce capitalisme financier • Territoires orphelins, secteurs d’activité abandonnés (insuffisamment rentables) • Appauvrissement de la majorité: partage trop inégale de la richesse • Perte de confiance dans les élites économiques, demande d’éthique • Retour de l’État: nationalisations temporaires, socialisation de dettes, pertes des petits actionnaires, des finances publiques en crise CERIUM, 2 juillet 2010

  47. Une crise économique du troisième type • Une crise du type 3: combinant le type 1 et le type 2 • Une crise de la régulation (type 1 comme en 1930) • Déséquilibre entre finance mondialisée et économie territorialisée • Absence de régulation mondiale d’une finance mondialisée • Bulles spéculatives: les cours vont au-delà des capitaux investis • Montée des inégalités (crise structurelle) (Fitoussi et Stiglitz, 2009) • Une crise du régime d’accumulation (type 2 comme fin XIXe) • Remise en cause du mode de production et de consommation • Questionnement de la croissance économique • Empreinte écologique trop forte • Réchauffement climatique, épuisement des ressources non renouvelables • Passage d’une économie industrielle à une économie du savoir • Interdépendance nord-sud, inégalité des rapports, reconfiguration des relations • Une crise du mode de production capitalisme? CERIUM, 2 juillet 2010

  48. Crise écologique • Une crise écologique se produit lorsque le milieu de vie d'une espèce ou population évolue de façon défavorable à sa survie • Une crise globale et planétaire dont les réponses se doivent d’être à la fois locales et globales • Manifestations • un mode de production et de consommation qui a dépassé ses limites dans plusieurs pays et qui ne saurait se généraliser • Un réchauffement et dérèglements climatiques • épuisement de plusieurs des ressources naturelles • privatisation et appropriation sans limite de biens communs (eau, vivant, connaissances, etc) • explosion des risques sociaux et environnementaux, société de risque • déterritorialisation de l’activité économique, souvent négation du territoire • inégalité croissantes, y compris au sein des pays dit développés • empreinte écologique allant au-delà du potentiel de la planète • plusieurs irréversibilités CERIUM, 2 juillet 2010

  49. Une crise politique: crise de la démocratie • Démocratie représentative • Désenchantement et abstention des électeurs • Perte de confiance dans les élites politiques • Sentiment d’une perte de maîtrise des grands enjeux • Démocratie participative • Des citoyens de plus en plus actifs (société civile et NMS) • Multiplication des appartenances et des associations • Pouvoir de proposition faible, pouvoir de surveillance et de blocage important • Démocratie délibérative (approche transversale) • Revalorisation de la délibération, du débat et du dialogue • Vers une démocratie plurielle? Formes, valeurs, acteurs pluriels • Déficit démocratique à l’échelle mondiale CERIUM, 2 juillet 2010

  50. Crise de la modernité Inspiration: Dubet, 2009, Castel, 2009

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