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Henri de Régnier dans les revues symbolistes Julien Schuh URCA CRIMEL EA 3311. Henri de Régnier, Figures et caractères , Mercure de France, 1901 Section « Poètes d’aujourd’hui et poésie de demain » (conférence du 6 février 1900 à la Société des Conférences)
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Henri de Régnier dans les revues symbolistesJulien SchuhURCACRIMEL EA 3311
Henri de Régnier, Figures et caractères, Mercure de France, 1901 Section « Poètes d’aujourd’hui et poésie de demain » (conférence du 6 février 1900 à la Société des Conférences) 326-327 : « Avec le Symbolisme, quelque chose était né qui était plus qu'une vaine agitation et dont la critique commençait à s'occuper sérieusement. M. Ferdinand Brunetière fut un des premiers à interroger l'horizon. Des noms apparaissaient, des œuvres avaient paru. Les nouveaux venus avaient un public, des journaux, des revues. Ce fut l'époque de ce qu'on appela les Petites Revues. Elles firent œuvre utile et active. Elles circulaient partout sous leurs couvertures jaunes, rouges, blanches, vertes ou bleues. Elles proclamaient des opinions et répandaient des idées. Elles duraient peu généralement, mais leur action était plus durable qu'elles. Les plus connues furent la Revue Indépendante d'Edouard Dujardin, la Vogue de Gustave Kahn, les Entretiens politiques et littéraires de Francis Vielé-Griffin. Quelques-unes on survécu, existent encore, prospères même, la RevueBlanche, par exemple, ou le Mercure de France. Toutes témoignaient d'une réelle vitalité littéraire. Elles sont précieuses pour l'étude de la vie artistique de cette époque. Elles donnent un tableau exact des préférences et des préoccupations intellectuelles de cette génération de poètes et d'écrivains. C'est là qu'on trouvera, avec ses origines et ses désirs, la doctrine esthétique qu'ils cherchèrent à réaliser dans leurs œuvres. »
Jean de Gourmont, Henri de Régnier et son œuvre, Mercure de France, 1908, p. 73 « JOURNAUX ET PÉRIODIQUES Collaboration très active depuis 1895. Il est néanmoins peu de pages qui ne se retrouvent dans les volumes de M. Henri de Régnier. Lutèce (1885-1886), des vers; Le Scapin, La Wallonie (1886-1892), poèmes et notes critiques; c'est dans le numéro de janvier 1892 de cette revue que parut pour la première fois le poème : La Gardienne; La Jeune Belgique; La Revue Indépendante, 3e série (1886), 4e série (1889); Les Ecrits pour l'Art (1886); La Pléiade, 2e série (1889); La Vogue, 2e série (1889); Les Entretiens politiques et littéraires (1890-1893), critique dramatique; La Conque (1891); L'Ermitage (1891-1895 et 1899) ; La Revue Blanche (1891-1897); Floréal (1892); L'Idée moderne (1894); L'Art littéraire (1894); Mercure de France (1894 à 1898, 1901, 1902, 1907); A.-F. Herold (mars 1894), Paul Hervieu (mai 1895); Hamlet et Mallarmé (mars 1896); Revue du Mois : Les Poèmes (nov.-déc. 1896, janvier-déc. 1897); Stéphane Mallarmé (octobre 1898); Revue du Mois : Littérature (mai-août 1901, avril-août 1902) ; L’Amour et le plaisir,histoire galante (déc. 1902), etc. ; Le Livre des Légendes (1895); Le Centaure (1896): L'Aube (1896); L'Almanach des Poètes (1896 et 1897) ; Echo de Paris (1896-1898), nombr. poèmes; L'Image (1898); Le Gaulois (1898-1908); Revue des Deux Mondes, Revue de Paris (1897-1908); La Vogue, nouvelle série (1899), Journal (1900-1902) ; La Renaissance latine (1900-1903) ; Figaro illustré (février 1904); Vers et Prose, etc., etc. »
1885 Lutèce, 1885 poèmes sous le pseudonyme de Hugues Vignix 1886 janvier Henri de Régnier, « Le Coucou de la forêt noire », Lutèce, n° 217, 12 janvier 1886 prose Lutèce, n° 218, 17 janvier 1886 Régnier signalé comme présent au IIIe Dîner des Têtes de Pipes avril Henri de Régnier, « Toute une année ; Solitude », Lutèce, n° 232, 10 avril 1886 juin Henri de Régnier, « Soirs », Lutèce, n° 241, 12 juin 1886 août Henri de Régnier, « La Chevelure », Lutèce, n° 250, 15 août 1886 prose, avant un article « Echocasseries » octobre « Notre téléphone », Lutèce, n° 256, 3 octobre 1886 « Henri de Régnier. — Larousse et Littré sont d’accord avec moi, sur ce point. Bien des choses de leur part. » septembre-octobre deux parutions dans Le Scapin (un poème, une prose)
Lutèce Félicien Champsaur, « Poètes Décadenticulets », Figaro, 1885 : « Le placard extravagant de la rive gauche où les décadenticulets publient leurs bizarres poèmes, où ils développent subtilement (c’est leur adverbe préféré) de baroques revendications, à pour titre Lutèce. »
1887 janvier Henri de Régnier, « Aube », Écrits pour l’Art, n° 1, 7 janvier 1887, p. 7 Henri de Régnier, « Refrains », Écrits pour l’Art, n° 1, 7 janvier 1887, p. 14 février Henri de Régnier, « Variations », Écrits pour l’Art, n° 2, février 1887, p. 17-19 prose mars Henri de Régnier, « Les Cygnes, par Francis Vielé-Griffin », Écrits pour l’Art, n° 3, mars 1887, p. 37-39 avril Henri de Régnier, « Les Mains belles et justes… », Écrits pour l’Art, n° 4, avril 1887, p. 52-54 Henri de Régnier, « L’Après-midi d’un Faune, de Stéphane Mallarmé », Écrits pour l’Art, n° 4, avril 1887, p. 59-60 mai Henri de Régnier, « Sonnet », Écrits pour l’Art, n° 5, mai 1887, p. 72 juin Henri de Régnier, « Sonnet », Écrits pour l’Art, n° 6, juin 1887, p. 81 Henri de Régnier, « J.-K. Huysmans et son roman En Rade », Écrits pour l’Art, n° 6, juin 1887, p. 92-96 Henri de Régnier, « Écrans (vers) », La Wallonie, 1887, p. 315-316 mention « À suivre »
Écrits pour l’Art « Henri de Régnier », Écrits pour l’Art, n° 5, mai 1887, p. 73-74
1888 mai intègre La Cravache parisienne août Henri de Régnier, « Poésies : Soirs de Trophées », La Grande Revue, Paris et Saint-Petersbourg, 15 août, p. 353-354 sous un poème de Banville dédié à Mendès septembre Henri de Régnier, « Soirs intimes et mondains », La Revue indépendante, n° 23, septembre 1888, p. 361 Henri de Régnier, « Satyre (vers) », La Wallonie, 1888, p. 241 Henri de Régnier, « Chronique littéraire : Ancaeus par F. Vielé-Griffin », La Wallonie, 1888, p. 294-296
1889 janvier Henri de Régnier, « Errantes aux grèves des mers », La Revue indépendante, n° 27-28, janvier-février 1889, p. 208 avril Henri de Régnier, « Soirs intimes et mondains », La Revue indépendante, n° 30, avril 1889, p. 51 juin Henri de Régnier, « Le Mendiant, sonnet », La Chronique moderne, n° 5, 20 juin 1889, p. [412] juillet intègre La Vogue de 1889 novembre Henri de Régnier, « Poèmes romanesques », La Revue indépendante, n° 37-38, novembre-décembre 1889, p. 317 Henri de Régnier, « Petits Poèmes anciens et romanesques », La Vogue, 1889, p. 241-251 Régnier y assure la critique théâtrale Henri de Régnier, « La Licorne (Et la Belle s’endormit, Et le Chevalier ne vint pas, Et la Belle mourut) », La Wallonie, 1889, p. 67-69 Henri de Régnier, « Le Salut à l’étrangère », La Wallonie, 1889, p. 189-190
Pierre et Paul [Paul Verlaine], « Henri de Régnier », Les Hommes d’aujourd’hui, n° 342, Vanier, s.d. [avec un portrait-charge de Luque]
1890 janvier Henri de Régnier, « Sonnets », La Jeune Belgique, n° 1, 15 janvier 1890, p. 32-33 mai Henri de Régnier, « Philosophie du pastel », Entretiens politiques et littéraires, n° 2, 1er mai 1890, p. 46-51 Henri de Régnier, « Le Château de Lucile », La Jeune Belgique, n° 5, mai 1890, p. 197-199 juin Henri de Régnier, « Puvis de Chavannes », Entretiens politiques et littéraires, n° 2, 1er juin 1890, p. 87-89 juillet Henri de Régnier, « L’eau », Entretiens politiques et littéraires, n° 4, 1er juillet 1890, p. 118-121 novembre Henri de Régnier, « Indulgence bourgeoise », Entretiens politiques et littéraires, n° 8, 1er novembre 1890, p. 261-264 décembre Henri de Régnier, « À la mémoire de la forêt de S... », Entretiens politiques et littéraires, n° 9, 1er décembre 1890, p. 307-310 Henri de Régnier, « Odelettes, I et II », La Wallonie, 1890, p. 193-194 Henri de Régnier, « Vers », La Wallonie, 1890, p. 363-364
Henri de Régnier, « Cérémonial académique », Entretiens politiques et littéraires, n° 22, 1er janvier 1892, p. 29-31
1891 janvier Henri de Régnier, « Retour », L’Ermitage, n° 1, janvier 1891, p. 10 Henri de Régnier, « Ballade des doux revenants », La Jeune Belgique, n° 1, 15 janvier 1891, p. 34-35 février Henri de Régnier, « À propos des Mémoires d’un homme de qualité », Entretiens politiques et littéraires, n° 11, 1er février 1891, p. 33-39 mars Henri de Régnier, « Francis Poictevin », Entretiens politiques et littéraires, n° 12, 1er mars 1891, p. 91-95 Henri de Régnier, vers ornant la couverture de La Conque, n° 1, 1er mars 1891 mai Henri de Régnier, « Attributs », L’Ermitage, n° 5, mai 1891, p. 276 Henri de Régnier, « Commentaire sur l’argent », Entretiens politiques et littéraires, n° 14, 1er mai 1891, p. 177-179 juin Henri de Régnier, « Sonnets », La Jeune Belgique, n° 6, juin 1891, p. 248-249 Henri de Régnier, « Victor Hugo et les symbolistes », Entretiens politiques et littéraires, n° 1, 1er juin 1891, p. 193-197 juillet Henri de Régnier, « Bibliographie : Ferdinand Hérold, La Joie de Maguelonne », L’Ermitage, n° 7, juillet 1891, p. 434-435
1891 (suite) août Henri de Régnier, « Une Anecdote », Entretiens politiques et littéraires, n° 17, 1er août 1891, p. 61-66 octobre Henri de Régnier, « Les promeneurs », La Revue blanche, n° 1, 15 octobre 1891, p. 3-5 novembre Henri de Régnier, « Propos interrupteurs », Entretiens politiques et littéraires, n° 20, 1er novembre 1891, p. 165-169 Henri de Régnier, « Odelettes I, II », La Wallonie, 1891, p. 27-28 Henri de Régnier, « Les Livres : la Gloire du Verbe ; en Décor », La Wallonie, 1891, p. 82-83 Henri de Régnier, « Odelettes III, IV », La Wallonie, 1891, p. 149-151 Henri de Régnier, « Les Livres : Dyptique ; les Cahiers d’André Walter », La Wallonie, 1891, p. 172-176 Henri de Régnier, « Les Livres : Confiteor », La Wallonie, 1891, p. 188 Henri de Régnier, « Odelettes V », La Wallonie, 1891, p. 287 Henri de Régnier, « Les Livres : Pages de Stéphane Mallarmé », La Wallonie, 1891, p. 338-341
Henri de Régnier, vers ornant la couverture de La Conque, n° 1, 1er mars 1891
Charles de Larivière, « Sites et Les Gammes », La Revue générale, n° 92, 1er septembre 1887, p. 391 « Sites et Les Gammes sont des œuvres décadentes. N'allez pas croire que ce seul titre me les fasse dédaigner. Ily a beaucoup de degrés en l'échelle décadente. Tel est en haut parce qu'il est absolument incompréhensible tel autre est en bas parce qu'il écrit à peu près comme tout le monde. Il eu est enfin qui s'enrôlent sans vocation sous cette bannière, espérant réussir par là et qui n'ont de décadent que le titre. MM. Henri de Régnier et Stuart-Merrill sont sans doute vers le milieu de l'échelle, ni trop haut, ni trop bas : Choisis! La nuit s'achève et sur la mer qui bêle Comme un troupeau pressé qu'on pousse dans les brume» Couchée en la toison éparsc des écumes Peut-être verras-tu venir Vénus la Belle ! Ainsi s'exprime M. de Régnier, et il n'est pas tout à fait incompréhensible. M. Stuart-Merril l'est moins encore, quoiqu'il dédie son « livret de vers » à René Ghil, « maître de la Musique du Verbe. » J'aime assez le souffle du divin Pan qui, en avril, de sa flûte polie Éveille les désirs du renouveau viril. Il en est parmi ces jeunes qui, s'ils voulaient être moins décadents seraient d'assez passables poètes. MM. de Régnier et Stuart Merrill seraient peut-être de ceux-là. Charles de Larivière. »
***, « Memento », La Jeune Belgique, n° 7, 5 juillet 1888, p. 243-244 Episodes, par Henri de Régnier « M. Henri de Régnier, un des fondateurs des Écrits pour l'Art, est souvent cité par les partisans de M. René Ghil comme un novateur en poésie et comme un des plus éclatants proclamateurs de l'art futur. A ceux qui, imbus de ce préjugé trop favorable, liraient les Épisodes avec l'intention d y trouver une reforme et un réformateur, nous dirions volontiers : « Vous qui entrez, laissez ici toute espérance ! » Nous avons lu et relu très attentivement la nouvelle œuvre de M. Henri de Régnier. A part quelques vers césurés librement, mais d'une façon trop isolée et trop systématique, tombant presque toujours là à fin d'une strophe: […] A part aussi l'emploi de quelques mots fréquents chez M. Stéphane Mallarmé, comme le verbe propager, il serait difficile de découvrir dans les Épisodes une innovation quelconque ou le moindre étincellement de nouveauté. Et notez bien que le poète ne rachète pas ce défaut par la trempe de sa personnalité artistique, ni par l'originalité de sa vision. Les sonnets qui précèdent font penser à des Jose-Maria de Heredia incorrects, et les autres poèmes sont écrits dans une langue banalement riche, d'une impropriété de termes par instants scandaleuse, sans rien qui arrête l'œil, l'oreille ou l'esprit. »
Le Livre, Bibliographie moderne, n° 106, 10 octobre 1888 PZ, « Épisodes, par Henri de Régnier », 1888, p. 522-523 255 : « Ce n'est point critiquer M. Henri de Régnier, c'est le combler de joie que de signaler la bizarrerie, l'étrangeté, l’inouïsme de ses poésies. Ne disons point seulement de ses vers, car il serait injuste de le traiter en simple versificateur, il possède assurément une certaine conception poétique; et comme versificacateur [sic], il faudrait le traiter tour à tour en artiste et en barbare. Les Épisodes sont des poèmes symboliques, empreints d'un sensualisme raffiné, panaché d'idéal; ils reflètent assez exactement cette espèce d'hystérie mentale dont sont atteints nombre de jeunes esprits distingués de cette fin de siècle. » 523 : « M. de Régnier, dans l'exécution du livre comme dans la composition de chaque pièce, recherche à outrance l'ordonnance artificielle. » « Ces messieurs veulent être surtout suggestifs : on ne peut nier que M. Henri de Régnier le soit. Est-il bien nécessaire, pourtant, pour évoquer dans l'esprit du lecteur des formes et des couleurs et des mouvements et les transformer en idées et en sensations, est-il bien nécessaire de désarticuler le vers, au point de le réduire à uneprose de décadence mais sans cadence ? » « A part cela, M. de Régnier a du talent. »
« Critique littéraire : Poèmes anciens et romanesques, par H. de Régnier », L’Ermitage, n° 6, septembre 1890, p. 303-310 « haute estime littéraire que j’ai pour son talent. Ce talent, il est du devoir de la presse littéraire de le publier. » 304 : « C'est un vrai poète, et qui mieux est, un poète de son temps, reflet vivant des passions et des langueurs actuelles et non miroir éteint de rhétoriques fanées; il est profondément moderniste ; l'esprit classique lui est étranger » 306 : « De cela je n'ai cure; nul plus que moi ne se réjouit de voir la poésie moderniste s'arracher enfin à la parnassienne cage de fer verrouillée de rimes riches et cadenassée de sonnets impeccables; mais sans regretter le chef-d’œuvre de serrurerie banvillesque, on peut désapprouver d'excessives licences ; j'ai assez reconnu le talent de M. de Regnier pour qu'il me soit permis de lui soumettre quelques critiques; car si dans ses innovations il y a du bon, de l'excellent même, il y a aussi du douteux, et, par malheur, il suffit d'une paille pour assourdir les airains les plus sonores. » « chez M. de Régnier, l'obscurité se prolonge trop » 308 : « si le dictionnaire est respecté, la syntaxe ne l’est pas toujours »
Adolphe Retté, « Les Poésies », L’Ermitage, n° 5, mai 1892, p. 308-314 sur Tel qu’en Songe, p. 310-313
René Doumic, « La poétique nouvelle », Revue des deux mondes, t. 130, 15 août 1895, p. 935-946 936 : « Nous nous adresserons surtout aux livres de M. Henri de Régnier. Celui-ci semble bien entre ses compagnons d'âge être le plus richement doué. Il a fait de très beaux vers, remarquables par l'éclat et la sonorité » 937 : « Il a commencé par subir la discipline parnassienne, et il s'en souvient jusque dans son dernier recueil, où telle vision antique fait songer à quelque pastiche de Ronsard. Il a fréquenté chez Leconte de Lisle et chez M. de Heredia avant de prendre M. Mallarmé pour maître et pour émule M. Vielé-Griffin; c'est chez lui qu'on voit le mieux la fusion des traditions d'hier avec les plus récentes influences. Dans ses derniers livres : Tel qu’en songe, Contes à soi-même, Aréthuse, se précise son idéal personnel d'une mélancolie très noble. Il a une imagination somptueuse et une âme triste. Et derrière le décor de ces poèmes aux lignes harmonieuses et larges, où des héros et des dames, des chevaliers et des pèlerins errent parmi des forêts merveilleuses, traversent des villes de rêve, heurtent ados châteaux emblématiques, il semble qu'on entende l'accompagnement d'un invisible orchestre wagnérien. »
Henri de Régnier, « Inscriptions pour les treize portes de la ville », Revue des deux mondes, 15 janvier 1896, p. 408-416 Avertissement en note : « Si nous n’approuvons pas toutes les innovations d’une jeune école poétique et, en particulier, si nous persistons à croire que la rime, riche ou pauvre, mais exacte, sera toujours une condition nécessaire et peut-être, comme le croyait Sainte-Beuve, l’élément générateur du vers français, nous n’avons pas pensé que cette considération théorique fût pour nous empêcher de publier les poèmes que l’on va lire ; et nous espérons qu’elle n’empêchera pas davantage nos lecteurs de les goûter. Aussi bien est-il enfin temps que le grand public soit appelé à se prononcer sur ces questions qui n’ont guère été jusqu’ici débattues qu’entre artistes, et il nous a semblé que nous n’en saurions saisir de meilleure occasion que celle que nous offraient les vers de M. de Régnier. Il serait, en effet, le chef de cette jeune école, si l’école ne se défendait énergiquement d’en être une, et plus énergiquement encore de reconnaître un chef, mais il suffit qu’en tout cas elle ne dispute pas à M. de Régnier l’honneur d’être, et depuis déjà quelques années, l’un de ses représentans et de ses maîtres les plus distingués. »
Roland de Marès, « La Bataille : M. de Régnier à la “Revue” », L’Art moderne, n° 8, 23 février 1896, p. 59
Lemice-Terrieux, « Élections poétiques du 1er février 1896 (Pastiches) », La Plume, n° 162, 15 janvier 1896, p. 34-35 34 : « Chers poètes ! La Mémoire pleure accoudée dans la Barque qui glisse abandonnée sur le Fleuve. La Torche — Signe du Sceptre — dévolue à qui doit présider aux destinées du Rhythme, gît sur la Terrasse Taciturne ! Le Glaive est appendu tristement sur la Porte ! Et la main défaillante de Verlaine a laissé tomber l’Anneau ! Quelques-uns me voudraient léguer et la Torche et le Glaive et l’Anneau ! Ils oublient quels filiaux devoirs me lient aujourd’hui à un poète haut dont le Soir appelle plus que mon jeune Front le Laurier. Déjà la Gloire l’a placé à l’Académie. Je n’en suis encore qu’au Seuil. Chers poètes ! Votez pour José Maria de Hérédia !! HENRI DE RÉGNIER »
Adolphe Brisson, « Livres et revues : M. Henri de Régnier », Les Annales politiques et littéraires, n° 712, 14 février 1897, p. 106-108 « Les temps ont marché. Si l'on eût remis à M. Villemain, alors qu'il était grand-maître de notre Université, les œuvres de M. Henri de Régnier, il les eût rejetées avec mépris et se fût bien gardé de conférer la croix d'honneur au jeune écrivain. Aujourd'hui, nous avons le goût plus large; nous admettons qu'un poète s'affranchisse des règles classiques et cherche, en dehors des traditions, une voie nouvelle. M. Henri de Régnier incarne, avec distinction, les aspirations, les inquiétudes des hommes de son âge ; l'école qu'il a contribué à fonder cherche à s'élever sur les ruines du romantisme et du Parnasse. » 107 : « Les revues d'avant-garde, publiées aux brasseries du Quartier Latin, brandirent le drapeau de la révolte. Ils lapidèrent les maîtres de la veille, et comme il leur fallait un chef, ils élurent Paul Verlaine. » « M. Henri de Régnier ne fut pas un des moins ardents à monter à l'assaut des vieilles doctrines. Il fut un des « gilets rouges » du symbolisme. Mais tandis que la plupart de ses compagnons d'armes imitaient puérilement M. Mallarmé, il produisait des œuvres personnelles et s'affirmait par des qualités qui n'étaient qu'à lui. » « S'il me fallait vous dire exactement le sens de certaines pièces, telles que la Vigile des Grèves ou l'Alérion ou le Discours en face de la nuit, j'en serais bien embarrassé. Non seulement la pensée s'y enveloppe de brumes, mais les images qui s'y succèdent n'ont entre elles aucun lien apparent. C'est proprement un chaos... Attendez toutefois... Ce chaos est harmonieux. De ces vers, dont la signification est imprécise, s'exhale une douceur caressante. L'oreille est bercée, le cerveau s'engourdit ; on croit écouter comme une mélodie qui vous pénètre ; il semble qu'on glisse à l'état d'hypnose et que l'on soit emporté, hors de ce monde, en une atmosphère idéale. Cette suggestion (qui n'est peut-être qu'une congestion) n'est pas sans charme, elle donne une sensation comparable à celle que procure l'opium. »
« Cela est un peu affadissant. Racine atteint, sans tant de recherche, à une égale harmonie! Les puristes fronceront le sourcil d'un air sévère. N'empêche que M. Henri de Régnier ne soit un gracieux poète, un bien joli poète de décadence. » 108 : « Il montre, à l'égard des règles, une extrême indépendance. Il remplace les rimes par des assonances, son vers est « polypode » et « polymorphe », s'il n'est tout à fait « amorphe ». Il ne s'embarrasse pas des hiatus. Il ne regarde point au nombre des pieds; il en met quatorze, s'il estime que douze sont insuffisants : » « Je ne vois pas l'utilité de ces « licences » (selon la vieille expression). Ce sont des étrangetés de parti pris. Je n'approuve pas davantage l'usage immodéré de certains mots qui reviennent, sous la plume du poète, avec une persistance fastidieuse Il n'est pas une page où je n'aie lu plusieurs fois le mot or et le mot mort. » « Et je crois reconnaître, à certains indices, qu'il commence à se lasser. Les vers qu'il a publiés en ces derniers mois et particulièrement dans l'Écho de Paris, sont d'une déplorable lucidité. Sauf quelques négligences affectées de rythmes et de rimes, on les prendrait pour des produits du Parnasse. Déjà les anciens amis de M. de Régnier l'accusent de félonie et le soupçonnent de ramper, par des détours tortueux, vers l'Académie. Et ils ont raison de se fâcher. M. de Régnier visiblement se relâche ; — soit qu'il subisse, en effet, la pression de quelque sollicitude affectueuse, soit qu'il reconnaisse, à part lui, l'inanité de son effort et qu'il juge superflu de le poursuivre. M. de Régnier ne serait pas le premier révolutionnaire qui se serait mué en conservateur. Il pourrait seulement attendre, par décence, d'avoir des cheveux blancs !... »
Louis de Saint-Jacques, « Les Jeux rustiques et divins », La Plume, n° 192, 15 avril 1897, p. 247-251
Jean de Gourmont, Henri de Régnier et son oeuvre, Mercure de France, 1908, p. 29 « Heredia causait volontiers et avec un grand charme on l'écoutait. Après cette causerie littéraire, on passait au salon prendre le thé et voir les jeunes filles, toutes trois au courant des dernières productions littéraires et aimant les vers. Des vers, Mlle Marie en faisait déjà, qui devaient paraître, en 1894, signés ***, dans la Revue des Deux Mondes. Ce fut sans doute la poésie qui unit ces deux jeunes âmes. M. de Régnier épousa Mlle Marie de Heredia, en 1896. Mme de Régnier, sous le pseudonyme de Gérard d'Houville, a déjà publié deux romans, l'Inconstante et l'Esclave, et ses vers épars dans des Revues forment un volume qui paraîtra prochainement. Gérard d'Houville est un écrivain de race et un poète d'un grand talent. »
Henri de Régnier, « Jour d’été », Mon Dimanche, n° 244, 4 août 1907
Albert de Mun, « Réception de Henri de Régnier » à l’Académie française, 18 janvier 1912 « Ces Inscriptions pour les treize portes de la Ville marquent, d’ailleurs, une date dans votre vie. La revue que lisait, au bivouac tonkinois, la voix frémissante du jeune officier, c’était la Revue des Deux Mondes. Vos vers y paraissaient pour la première fois, s’envolant des petites revues, dont la témérité sait parfois découvrir les talents, que les gardiens officiels de la gloire veulent encore ignorer. Une note, il est vrai, expliquait cette faveur, d’un mot qui réservait les droits de la critique. Mais notre grand Brunetière, en vous baptisant ainsi sous condition, savait bien de quelles promesses la Muse avait chargé vos mains. Deux ans plus tôt, dans sa célèbre leçon sur le Symbolisme, il avait noté, d’un trait déjà définitif, votre « charme inquiétant et subtil ». » « Il faut bien, Monsieur, quand on a l’honneur de vous adresser un discours, parler un peu du symbolisme, puisqu’il est entendu qu’il entre, avec vous, à l’Académie. Cependant, je vous l’avoue, je ne sais pas si vous êtes encore symboliste, et je ne suis même pas sûr que vous l’ayez jamais été tout à fait. À force de vous lire, je me suis demandé si vous n’êtes pas, au fond, tout simplement romantique, et si vous ne vous connaissiez pas très bien vous-même, quand vous cachiez votre gloire naissante sous le nom de Hugues Vignix, pour marquer votre dévotion aux mémoires illustres d’Hugo et d’Alfred de Vigny. »
Sergines, « La Décadence du Monocle », Les Annales politiques et littéraires, n° 1445, 5 mars 1911, p. 236