660 likes | 971 Views
Cours d’Environnement économique international . Bernard Yvars et Dominique Jacob Université Montesquieu-Bordeaux IV. Partie I – Environnement commercial international ( B. Yvars ) Partie II - Environnement monétaire et financier international (D. Jacob).
E N D
Cours d’Environnement économique international Bernard Yvars et Dominique Jacob Université Montesquieu-Bordeaux IV
Partie I – Environnement commercial international (B. Yvars) • Partie II - Environnement monétaire et financier • international (D. Jacob)
Partie I - Environnement commercial international (B. Yvars) Introduction (séance 1) Section 1 - L’ouverture contemporaine à l’échange international par les négociations commerciales multilatérales et les zones d’intégration régionale Section 2 - Mondialisation et OMC : une nouvelle hiérarchie des Etats dans le commerce international Chapitre 1 - Les relations Commerciales internationales (séances 2, 3, 4) Section 1 - Les déterminants des échanges internationaux : un faisceau explicatif complexe Section 2 - Les politiques commerciales : l’affirmation d’une aversion pour le protectionnisme visible Chapitre 2 - Les expériences d’intégration économique commerciale : le cas de l’Union européenne (séance 5) Section 1 - Les effets de l’intégration commerciale: gains actuels et potentiels Section 2 - Marché unique européen et spécialisations productives
BIBLIOGRAPHIE : . L. Abdelmalki et R. Sandretto, Politiques commerciales des grandes puissances, De Boeck, 2011. • J.-L. Amelon et J.- M. Cardebat, Les nouveaux défis de l'internationalisation - Quel développement international pour les entreprises après la crise ?, De Boeck, 2010. • M. Chossudovsky, Mondialisation de la pauvreté et nouvel ordre mondial, Éditions Écosociété, Montréal, 2010 • M. Lemoine et alii, Les grandes questions d’économie et finances internationales, De Boeck, 2007. • M. Massabie-François, Commerce international - Marketing, Etudes et veille commerciales, Vendre et négocier à l’export, Ed. Bréal, 2009. • T. Mayer et J.-L. Mucchielli, Economie internationale Dalloz, 2010. • J.-L. Mucchielli, La mondialisation - Chocs et mesure, Hachette Sup, Les Fondamentaux, 2008. • M. Rainelli, Le commerce international, Coll. Repères, Ed. La découverte, 2010. SITES INTERNET : Le site de la Chaire Jean Monnet en Intégration régionale comparée héberge toutes les ressources à utiliser et à maîtriser par les étudiants : http://Integeco.u-bordeaux4.fr/ . Il comporte un certain nombre de liens vers des sites extérieurs utiles : OMC, FMI, OCDE, Commission européenne, DREE, etc.
A l’examen, épreuve écrite de 2H. Quelles modalités d’interrogation ? Deux sujets au choix : 2 sujets sur le cours de B. Yvarsou 2 sujets sur le cours de D. Jacob ou 1 sujet sur le cours de B. Yvars et 1 sujet sur le cours de D. Jacob ou deux sujets communs aux cours de D. Jacob et B. Yvars.
La crise économique de 2008 2009 récession mondiale en 2009 contraction du commerce. La croissance du commerce marquait déjà le pas entre 2007 et 2008 (6,4% à 2,1%). En 2009, le volume des échanges a chuté de 12,2% (plus forte baisse de l’histoire récente). L’OMC a constaté une modeste reprise en 2010, inversant l’effet de la contraction du commerce. Un fait positif en 2009 : absence de renforcement des obstacles au commerce imposés par les membres de l’OMC face à la crise, malgré un fort taux de chômage dans de nombreux pays.
La contraction des échanges mondiaux en dollars en 2009 (figure ci-après) a été plus prononcée en valeur (-22,6 %), qu’en volume (-12,2%), du fait notamment de la chute des prix du pétrole et d’autres produits primaires. La production mondiale en termes de PIB a diminué en 2009 (‑2,3 %), soit la plus forte baisse depuis la fin de la 2ème Guerre mondiale. Tous ces éléments récession économique mondiale la plus grave depuis la Grande Dépression.
Selon l’OMC, Le commerce mondial devrait ralentir en 2012, pour s'établir à 3,7 % contre 5 % en 2011. Cela doit être attribué à la perte de vitesse de l'économie mondiale due notamment à la crise des dettes publiques enEurope. Toutefois, pour 2013, l'OMC prévoyait une légère reprise de la croissance du commerce mondial en volume, à 5,6 %. Ces prévisions supposaient une croissance de la production mondiale de 2,1 % en 2012.
Selon son communiqué du 19/9/2013, l’OMC la croissance du commerce mondial en 2013 et 2014 sera plus lente que prévu. Les économistes de l'OMC avancent le chiffre de 2,5% pour 2013 et 4,5% pour 2014 mais indiquent que les conditions d'une amélioration des échanges se mettent progressivement en place (reprise de la croissance économique).
Précisons que le trafic de marchandises est prépondérant dans le commerce international / celui des servicesdont la croissance se poursuit (part de 16% à environ 20 % de 1984 à aujourd’hui). La nature des échanges de services s’est modifiée puisque la part du transport international et des voyages (respectivement 24% et 26%) dans le commerce mondial de services a baissé au profit des autres services (50%) dont les services informatiques et financiers avec les taux de croissance les plus élevés.
Pour la France, la situation est difficile et rend plausible un affaiblissement économique durable : Beaucoup d’indicateurs évoluent défavorablement, excepté la diversification de sa spécialisation économique internationale et l’existence d’un fort taux d’épargne des ménages (16,8 % de leurs revenus en 2011). Quels sont les indicateurs ou critères défavorables ? : -le déficit public (103,1 milliards d’euros en 2011, soit 5,2 % du PIB) et l’endettement public (1 789,4 milliards d’euros fin mars 2012, soit 89,3 % du PIB) absence donc d’épargne publique. - le déficit chronique de la balance commerciale (71 milliards d’euros en 2011) absence donc d’épargne externe.
- un modèle de croissance économique trop axé sur la consommation (absence d’une politique suffisante de l’offre). - une insuffisante capacité d’innovation. Ex : le nombre de dépôts de brevets triadiques (les innovations brevetées à la fois en Europe, au Japon, et aux États-Unis). Selon l'OCDE, l'Allemagne a déposé en 2008 plus de 70 brevets de ce type par million d'habitants, contre moins de 40 pour la France, 27 pour le Royaume -Uni et moins de 20 pour l'Italie et l'Espagne. • un appareil éducatif, trop généraliste ne répondant pas suffisamment aux besoins du marché (trop de diplômés sans savoir-faire).
- Ces résultats négatifs ont principalement leur origine dans une inadaptation de la France à la compétition économique intra-européenne. Un taux de change flexible entre la France et l’Allemagne serait-il préférable (solution partielle aux difficultés du pays) ? Notons enfin que l’internationalisation du marché du travail peut contribuer à la détérioration des comptes sociaux (sous -utilisation de la main-d’œuvre sédentaire).
Le développement du commerce international a été favorisé, d’une part, par le développement des accords commerciaux depuis 1947 sous l’égide du GATT puis de l’OMC à partir de 1994 et, d’autre part, par la constitution de zones d’intégration régionale(Section 1). Cela dit, l’accentuation de la mondialisation a engendré une nouvelle hiérarchie des Etats dans le commerce international (Section 2)
Section 1 - L’ouverture contemporaine à l’échange international par les négociations commerciales multilatérales et les zones d’intégration régionale Depuis 1945, le processus de libéralisation du commerce mondial repose sur des systèmes basés sur la coordination des politiques commerciales au sein du GATT puis de l’OMC. Ils s’appuient sur le principe du multilatéralisme: les concessions et les règles sont négociées non plus entre deux pays mais dans le cadre de cycles avec un grand nombre de pays (23 au début du GATT). Plus ou moins gagnants à l’échange international, de plus en plus de pays ont choisi d’adhérer à l’OMC (159 membres au 2 mars 2013) et de se soumettre aux règles de la mondialisation(les règles de l’ouverture internationale pouvant être édictées régionalement : cas de l’UE).
Simultanément, et parfois en raison des difficultés de la négociation multilatérale, se sont développées les zones d’intégration régionale (CEE en 1957, AELE en 1960, par exemple). • A - Les négociations commerciales multilatérales Pour tenir compte des enseignements tirés du repli des économies sur elles-mêmes dans l’Entre-deux-Guerres, en 1947, le GATT impulse une dynamique de participation accrue des nations à l’échange international.
Pourquoi un tel choix d’ouverture internationale des économies ? Les organisations internationales se réfèrent souvent aux théories classiques et néo-classiques de l’échange international ayant établi la supériorité du libre-échange sur toute autre forme d’organisation internationale des échanges : les pays obtiennent des gains de l’échange international (par rapport à toute situation de protectionnisme) sous les hypothèses de stabilité dans le temps des structures de coût et de concurrence pure et parfaite. Cela dit, des économistes, tels P. Samuelson (contributeur à l’établissement du corps théorique traditionnel de l’échange international) ont fait évoluer leurs analyses initiales (reconsidération de résultats sur les déterminants de l’échange international sous l’hypothèse de mobilité internationale des facteurs de production).
L’Accord général repose sur quatre principes fondamentaux : • - l’égalité de traitement entre partenaires commerciaux en généralisant uniformément à tous les partenaires les avantages consentis à un seul : c’est la clause de la nation la plus favorisée. Ce principe fonde le multilatéralisme (principe différent du bilatéralisme) et est le plus important de l’Accord. • - les concessions octroyées doivent l’être sur une base de réciprocité et d’avantages mutuels de façon à éviter les comportements de passagers clandestins dans le système commercial multilatéral.
- le traitement national qui impose que les produits étrangers soient soumis au même traitement que les produits similaires d’origine nationale dès qu’ils se sont acquittés des droits de douane pour entrer sur le territoire national. • - l’Accord favorise les pratiques commerciales transparentes. L’usage du droit de douane est préféré à toute autre forme de protection (restrictions quantitatives aux échanges ou quotas, par exemple). C’est la raison pour laquelle les prélèvements agricoles de la PAC originelle ont été transformés en équivalents tarifaires par l’accord de l’Uruguay round (pression des Etats-Unis). • Voir en annexe les mécanismes du cycle agricole et de la politique de soutien des prix agricoles avant l’accord de Marrakech.
Il existe des exceptions à l’application des principes précédents du libre-échange. Le GATT et l’OMC encadrent et contrôlent de tels dispositifs dérogatoires dont le nombre est en régression aujourd’hui : • - exception à la clause de la nation la plus favorisée en autorisant la constitution de zones de libre-échange ou d’union douanière (article XXIV du GATT) ; • - échanges entre pays développés et pays en développement pouvant être exonérés de la clause de réciprocité (accords de l’UE avec les pays ACP dans le cadre des conventions de Lomé ou Système des préférences généralisées ); • - la principale exception au principe du traitement national concerne l’imposition de quotas à l’écran pour les films d’origine nationale. • - les exceptions à l’usage exclusif de droits de douane comme moyens de protection sont nombreuses : cas de l’agriculture, de la pêche ou de pays connaissant de graves difficultés de balances de transactions courantes.
Notons que l’Accord général autorise la mise en place de mesures protectionnistes en situation de crise économique ou de pratiques déloyales (clauses de sauvegarde ou mesures antidumping). Les clauses de sauvegarde doivent obéir au principe de non - sélectivité. Dans ce cadre, le GATT a ouvert plusieurs rounds de négociation pour abaisser le niveau de protectionnisme tarifaire et non tarifaire international (cas de l’accord de l’Uruguay round, conclu à Marrakech, le 15 avril 1994). Quels en sont les résultats principaux ? On peut citer : - la poursuite du démantèlement des droits de douane avec notamment la réduction des pics tarifaires (droits de douane supérieurs à 15%). - l’extension des règles du GATT à des secteurs exclus (services, le secteur textile régi par l’accord multifibres -AMF-, l’agriculture qui dérogeait aux règles générales en matière de subventions et d’accès aux marchés).
- le renforcement des règles s’imposant aux parties contractantes du GATT et le renforcement des procédures de règlements des différends afin de s’assurer que les échanges sont pratiqués de manière loyale (nouveaux accords anti-dumping, sur les subventions et sur les marchés publics, adoption par le GATT de normes internationales de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle-OMPI-). - La transformation du GATT en OMC donne un cadre institutionnel aux négociations commerciales multilatérales un travail continu de négociation au siège de l’OMC. Le champ d’action de l’OMC est élargi avec de nouvelles prérogatives en matière de commerce des services (GATS), l’accord sur le respect des droits de la propriété intellectuelle (ADPIC), l’accord sur l’application des mesures sanitaires et phytosanitaires (SPS), l’accord sur les obstacles techniques au commerce (accord OTC), etc.
Dans les faits, le lancement du 9ème cycle de négociations commerciales multilatérales à Seattle en 1999 échec dans un contexte de contestation extérieure de la mondialisation et de dénonciation d’une insuffisante association des pays en développement aux négociations. Les ONG demandent la prise en compte dans le commerce mondial de normes sociales, sanitaires et environnementales (optique de développement durable) et les pays du Sud refusent cette approche de nature à remettre en question leurs avantages comparatifs. La question de la recevabilité du fondement de l’avantage comparatif actuel est ainsi posée. Un avantage de coût, basé sur une innovation, un progrès technique, un savoir faire (que les autres pays n’ont pas ou pas encore acquis), est différent d’un avantage de coût, basé sur l’exploitation du travail (bas taux de salaire, absence de protection sociale) ou l’absence de normes environnementales (pollution des eaux, des sols, de l’air, etc). Question fondamentale non prioritaire à l’OMC aujourd’hui !.
Par ailleurs, à Seattle, l’UE et les Etats –Unis se sont opposés sur le dossier agricole, notamment en matière de subventions à l’exportation. Dans le cadre du cycle de Doha (round de négociation d’une durée de 3 ans pour libéraliser davantage le commerce international, notamment avec les pays en développement), la conférence de Hong Kong de décembre 2005 avait abouti à une déclaration finale adoptée par consensus laissant entrevoir la possibilité d’un accord. Trois dispositions étaient prévues : - détermination d’une date butoir pour l’élimination des subventions agricoles aux exportations au 31/12/2013 ; - différentes mesures en faveur des pays pauvres (les pays développés accordant à partir de 2008 un accès libre de quotas et de droits de douane sur leur marché intérieur à 97% des produits en provenance des pays les moins avancés (PMA) ;
suppression dès la fin de l’année 2006 des subventions aux exportations de coton (les Etats-Unis principalement concernés). Ce pays n’a pas pris d’engagements précis quant à la diminution du soutien interne à la production de coton. Cependant la déclaration finale de Hong Kong restait décevante, notamment pour l’UE,pour les questions de l’accès aux marchés des produits industriels et de la libéralisation des services. En définitive, l’accord ne sera pas obtenu, les discussions officielles stoppant en juillet 2006. Les travaux se sont poursuivis au siège de l’OMC qui espérait aboutir à un accord définitif dans le courant de l’année 2011 (accord toujours pas réalisé).
Deux écueils majeurs rendent difficiles la conclusion de l’accord : - la question agricole ; - les questions de propriétés intellectuelles. La question agricole principale cause de blocage des négociations. Les pays du Sud accusent les économies développées de soutenir leur agriculture avecdes subventions pouvant représenter 40 à 50% des coûts(concurrence forte sur les marchés des pays en développement et sur les marchés mondiaux). Le contexte international est marqué par le développement de crises alimentaires, une augmentation de la pénurie d’eau (et de terres arables ---> développement du land grabbing, par exemple), une croissance démographique encore significative l’agriculture redevient un secteur très stratégique. Un accord sur le dossier agricole apparaît donc bien improbable. Pour les questions de propriété intellectuelle, des enjeux multiples (au nombre de 3) sont à considérer :
. Le 1er tient à la question suivante : faut-il étendre le système de protection des indications géographiques à d’autres secteurs que le vin et spiritueux ? Les pays du Sud n’y sont pas favorables. . Le second concerne le lien entre ADPIC et le maintien de la biodiversité et des savoirs traditionnels. En effet, la brevetabilité du vivant induit des biais importants entre le Nord et le Sud.Par exemple : la possibilité offerte aux groupes industriels du Nord de breveter certaines molécules ou gènes issus des pays du Sud captation du patrimoine biologique du Sud par le Nord. . Le 3ème relève de la santé publique. Les connaissances médicales ancestrales de pays en développement captation par des firmes recourant aux biotechnologies. L’ADPIC impose que des brevets soient accordés à des inventions dans tous les domaines technologiques (incluant les biotechnologies). De nombreux médicaments tombent sous cette règle. Il peut donc arriver que suite aux dépôts de brevets par le Nord, les populations du Sud doivent payer pour des médicaments qu’elles ont développés collectivement au fil du temps.
On peut noter que des laboratoires pharmaceutiques de pays du Sud (Inde, Afrique du Sud) ont développés des médicaments génériques illégaux de certains médicaments mis au point par des groupes européens ou étasuniens. Il s’agissait de faire face à un problème majeur de santé publique, la pandémie du sida (procès notamment en Afrique du Sud et Inde respectivement en 2002 et 2006). Des avancées sont obtenues notamment la possibilité de passer outre les droits de propriété intellectuelle dans le cas d’extrême urgence sanitaire). Les ADPIC restent une source de conflit importante dans les négociations de l’OMC. Au final, l’absence de conclusion de l’accord de Doha risque d’entraîner une recrudescence du protectionnisme.
B - La mise en place de zones d’intégration régionale Dans les années 50, le régionalisme, s'est développé en Amérique latine, en Afrique et au Moyen-Orient par la constitution d'accords commerciaux discriminatoires un accès réciproque et préférentiel aux marchés des pays membres et le maintien d'une politique restrictive à l'égard des pays tiers. Cette régionalisation s'est ralentie dans les années 80 avant de réapparaître dans les années 90, favorisée par les difficultés de l'Uruguay round. L'objectif de l'intégration régionale est le même que celui du libre-échange dans le cadre de l’OMC: la recherche d'une plus grande efficacité économique. Cependant, les moyens sont différents : - l'intégration implique le développement privilégié de relations commerciales, économiques et financières entre un nombre restreint de partenaires ; - elle repose sur la suppression de toutes les formes de discrimination entre les économies de ces pays. Elle vise la constitution d'un ensemble économique unifié et dépasse la simple suppression des obstacles aux échanges internationaux.
B. Balassa définit l'intégration comme étant un processus visant à supprimer les discriminations entre unités économiques de différents pays. La constitution de zones préférentielles est le stade le plus faible de l'intégration (baisse des tarifs douaniers et suppression des contingents). En dehors de cette forme élémentaire d'intégration, il distingue 5 degrés d'intégration classés par ordre d'intensité croissante, chacun des degrés retenus contenant le degré précédent + un élément nouveau : - la zone de libre-échange ; les pays membres éliminent entre eux les droits de douane et les restrictions quantitatives à la libre circulation des biens mais conservent chacun leur protection initiale envers le reste du monde (Aele créée en 1960 ou Mercosur créé en 1991) ;
- l'union douanièrese distingue de l'intégration précédente par l'adoption d'une politique commerciale commune, notamment l'instauration d'un tarif douanier commun à l'égard des pays tiers (Union douanière économique de l'Afrique centrale - Udeac - créée en1973) ; - le marché communest une union douanière dans laquelle les pays réalisent la libre circulation et le libre établissement des personnes et des capitaux : la Cee de 1993 avec l'achèvement du marché intérieur recouvre le mieux la définition du marché commun, tout en se rapprochant des deux définitions suivantes de l'intégration ;
- l'union économique, ajoute aux principes du marché commun l'harmonisation des politiques économiques nationales ; - enfin, l'union économique et monétaire ou intégration économique totale, implique l'unification des politiques économiques et rend nécessaire l'instauration d'une autorité supranationale si monnaie commune ou unique; la suite logique de l'intégration économique est l'union politique : il existe une logique cumulative de l'intégration selon laquelle l'intégration des marchés, c-à-d la création d'un véritable marché commun, appelle une intégration plus poussée sur le plan économique (harmonisation des politiques économiques) puis sur le plan monétaire. • Remarque : l'augmentation de la taille d'une zone intégrée suscite de nouvelles adhésions. Le même résultat peut être obtenu lorsque le degré d'intégration s'accroît, à couverture géographique inchangée. Ainsi, la réalisation du Marché unique européen a précédé l'entrée dans l'UE de l'Autriche, de la Finlande et de la Suède le 1er janvier 1995.
Aujourd’hui, les ZIR doivent respecter les règles de la mondialisation (règles de l’OMC). L’intégration commerciale européenne n’a plus de réalité puisque l’économie européenne est diluée dans la mondialisation : l’union douanière, voire le marché unique, sont des formes d’organisation de la coopération économique dominées par les règles de l’OMC. De plus, on constate que les objectifs d’une intégration économique sont le plus fréquemment atteints quand le degré d’intégration recherché est élémentaire Mais si le processus intégrateur s’approfondit, les objectifs d’intégration ne sont que partiellement obtenus, y compris pour l’Union européenne (tableau 1 ci-après)
De façon générale, les processus d’intégration régionale centrés sur l’économie et considérés comme aboutis (ou réussis) sont peu nombreux. Il en existe deux : - celui de l’unification allemande au XIXème siècle (du Zollverein à l’unification politique allemande en 1871) ; - celui de la CEE jusqu’à l’union monétaire actuelle. Cela étant, l’UE s’est figée «au milieu du gué» n’achevant pas son processus intégrateur économique (budget fédéral pour l’union monétaire, fédéralisme étendu à tous les champs économiques majeurs-industrie notamment) et politique (Etat fédéral européen). Les autres processus dans le monde sont peu approfondis malgré la référence dans les traités à des formes d’intégration économique telles que l’union douanière, l’union monétaire, etc.
En conclusion, la viabilité des expériences ayant pour objectif l’intégration par l’économie nécessite la mise en œuvre de structures fédérales fortes, à la fois économiques, budgétaires et politiques. Si cela n’est pas le cas, les zones d’intégration régionale sont sans doute plus efficaces dans des actions non économiques d’intégration (démocratie, droits de l’Homme, des minorités, capital humain -éducation, santé-, apprentissage des langues, culture, etc) afin de créer un espace communautaire de solidarité, capable de «survivre» à la concurrence induite par l’intégration économique (génératrice d’une compétition impitoyable pour le revenu).
Section 2 - Mondialisation et OMC : une nouvelle hiérarchie des Etats dans le commerce international Le décloisonnement international des économies a sérieusement démarré dans les années 90 et se poursuit sous l’égide de l’OMC renforcement de la prégnance du multilatéralisme et amélioration de l’efficience de l’allocation internationale des ressources. Les graphiques ci-après révèlent des mutations rapides dans le commerce des nations au cours de la décennie 2000. De nouvelles lignes de force apparaissent et d’anciennes s’estompent. On peut notamment remarquer: - le poids considérable et stable ou en progression de l’UE dans la DIT en termes d’échanges commerciaux et d’IDE: la mondialisation a depuis le début des années 2000 consolidé le rôle de 1ère zone économique mondiale de l’UE à 28. L’UE est la 1ère zone de consommation mondiale et est aussi la 1ère zone d’IDE et de production (PIB mondial le plus élevé). Globalement, l’Europe a tiré un grand bénéfice de la mondialisation et les inégalités productives se sont creusées entre pays européens, en particulier au sein de la zone euro (pb des chocs asymétriques).
- l’émergence de la zone asiatique est très marquée dans les échanges commerciaux et les IDE entrants. C’est la zone de production mondiale enregistrant la croissance la plus forte. Selon les activités, elle est la première ou la seconde aire d’exploitation des avantages comparatifs ou compétitifs. - le déclin relatif de l’Amérique du Nord, nomment des Etats-Unis, est net. Bien qu’ayant à ce jour le PIB courant annuel le plus élevé après celui de l’UE, les Etats-Unis érosion de leurs positions économiques sur les marchés extérieurs et sur leur marché intérieur. Le poids de leurs X dans le total mondial s’érode et leur part dans les M mondiales s’abaisse tendanciellement. Ce recul dans la DIT est sensible en matière d’IDE entrants ou sortants (flux ou de stocks). On peut remarquer que la part de l’importation en proportion du PIB s’accroît sensiblement aux Etats-Unis, passant de 9 % en 2000 à 15 % en 2008 (pénétration du marché intérieur par les concurrents des pays tiers).
L’UE tire globalement avantage de la mondialisation et pourrait agir pour une régulation accrue afin d’amplifier sa performance internationale actuelle. Deux lignes d’action : - soit l’approfondissement de son processus intégrateur interne par davantage de politiques communes impulsées par un gouvernement économique et politique de la zone euro (l’ optimalité étant un fédéralisme généralisé) de façon à renforcer sa cohésion économique et sociale interne (et éviter les crises). (Scénario souhaitable mais peu probable) Au niveau international, le libre-échange sans régulation crée des situations chaotiques. L’UE a la capacité économique (mais pas une volonté politique suffisante) de proposer ses choix de politique économique dans la négociation internationale pour contribuer à la correction des déséquilibres réels ou monétaires internationaux.
- soit le retour à une souveraineté monétaire nationale pour tenter de surmonter les divergences intra-zone euro. La pertinence d’un euro fort est désormais posée pour certains pays confrontés à une récession économique longue et à une dévaluation salariale. Selon P. Artus (juillet 2012), le remplacement de l’euro par les monnaies nationales la modification suivante du pouvoir d’achat des monnaies nationales par rapport à celui de l’euro actuel : Allemagne : +18% le pouvoir d’achat du mark croîtrait de 18 % Espagne : -20% France : -2% le pouvoir d’achat du franc baisserait de 2 % (faible baisse)Italie : -12% Pays-Bas : +16% Belgique : -6% Autriche : -8% Finlande : +20% Grèce : -30% Portugal : -28% Irlande : - 49% Source : Natixis, Flash Eco, juillet 2012
Ces résultats sont cohérents avec ceux enregistrés lors de l’épisode du SME (1979-1999). La flexibilité du taux de change peut faciliter la reconstruction d’un processus productif, quasi impossible avec un euro fort dans une économie mondialisée. Cependant, le retour à des prérogatives nationales se heurte à de sérieuses difficultés : l’instabilité des systèmes bancaires et financiers induits par les conséquences d’une déréglementation (règle des 3D) mal maîtrisée depuis une trentaine d’années (recherche effrénée de profits que la sphère réelle ne permettait plus d’obtenir) risque majeur de crise systémique pertinence d’une mutualisation des risques avantages d’une régulation internationale surtout en situation de crise des dettes souveraines. A ce risque collectif s’ajoute pour la France, des points faibles qu’une régulation européenne ne peut toutefois prendre en charge :
Selon P. Artus (4 octobre 2012), «la situation de l’économie française est préoccupante : seule économie en difficulté de la zone euro à la fois sans aucun redressement de la compétitivité-coût, des exportations, de la profitabilité, du niveau de gamme, du commerce extérieur, et sans aucune politique économique n’annonçant ce redressement. Mais les investisseurs (les marchés financiers) ont une vue positive de la France (taux d’intérêt). Comment expliquer ce mystère français?»:
- l’ignorance ou les habitudes des investisseurs, qui ont toujours considéré la France comme un pays du «cœur» de la zone euro ;- la présence du CAC 40 qui fait croire aux investisseurs que la France est un grand pays industriel alors que c’est un pays aussi désindustrialisé que l’Espagne (en termes de part de la valeur ajoutée industrielle dans le PIB) ; - la confiance dans l’amélioration des finances publiques malgré la dégradation structurelle (microéconomique) de l’économie ;- la résistance de la consommation à court terme qui est en réalité une conséquence du mauvais fonctionnement du marché ;- le poids des investisseurs institutionnels domestiques qui renationalisent leurs portefeuilles ;- l’impossibilité de vendre la dette française compte tenu de sa taille (détention d’OAT)…
Pour conclure, l’influence économique des Etats-Unis (dans le paradigme techno-économique actuel qui a épuisé ses sources d’innovation majeures) est déclinante. Un nouveau cycle long d’activités pourrait rendre à cette économie son rôle de leader de l’économie mondiale en mobilisant son potentiel de recherche et d’innovation qui pourrait être à l’origine d’un nouveau paradigme productif.Cela dit, il n’y a pas d’arguments économiques justifiant la naissance de telles activités exclusivement aux Etats-Unis, sauf au stade de leur conception. Aujourd’hui, tout se passe comme si en s’engageant dans la mondialisation sous l’égide de l’OMC, les nations ont choisi de privilégier une structure spatiale de production et de consommation qui, pour l’heure, se construit à l’avantage de l’UE et de l’Asie…