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Durabilité : Enjeux scientifiques et sociaux 2014 Dominique Bourg, UNIL

Durabilité : Enjeux scientifiques et sociaux 2014 Dominique Bourg, UNIL. Etat des lieux planétaire. Le DD (1987) reposait sur un constat : le double déséquilibre qui s’est creusé dans la seconde moitié du siècle dernier : un déséquilibre en termes de répartition planétaire de la richesse

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Durabilité : Enjeux scientifiques et sociaux 2014 Dominique Bourg, UNIL

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  1. Durabilité : Enjeux scientifiques et sociaux 2014 Dominique Bourg, UNIL

  2. Etat des lieux planétaire Le DD (1987) reposait sur un constat : le double déséquilibre qui s’est creusé dans la seconde moitié du siècle dernier : • un déséquilibre en termes de répartition planétaire de la richesse • un déséquilibre environnemental global

  3. Une répartition très inégale de la richesse PIB $ / habitant : • An 1000 : Europe 400 $ / Asie 450 $ • 1776 : inférieur à 1 à 2 • 1870 : Afrique 444 / Europe 1974 • 1998 : Afrique 1368 / USA 26146 • 2010 : 85’600 (Qatar)/ 200 (Zimbabwe) • 1 % de la population mondiale : 50 % du PIB

  4. Une répartition inégale de la richesse qui n’a cessé de croître • depuis 2005, les pays émergents : un peu plus de la moitié du PIB mondial • des centaines de millions de personnes qui ont eu accès au « progrès » et un milliard dans l’extrême pauvreté (moins de 1,25 $/jour : 46 % en 1990, 27 % en 2005 : 1,4 milliard), mais 3 milliards avec moins de 2 $/jour ; 1,5 milliards sans électricité • des écarts qui s’accroissent tant au sein des anciens pays industriels que dans les pays émergents (enrichissement des plus riches)

  5. Une répartition inégale de la richesse qui n’a cessé de croître • En France, les 11 citoyens les plus fortunés = fortune égale à celle des 20 millions de Français les plus pauvres. Inversement, en 2003, les 10% des Français les plus pauvres, disposaient d’un patrimoine inférieur à 900 €, avec une moyenne de 350 €. • A l’échelle mondiale, les 946 milliardaires de la planète cumulaient en 2007 une fortune de 3500 milliards de dollars ; alors que les revenus annuels des deux milliards de terriens les plus pauvres culminent approximativement à 1500 milliards. • CCL : des écarts jamais connus, dans une transparence nouvelle.

  6. Etat des lieux environnemental : la Biosphère à l’âge de l’Anthropocène

  7. CLUB DE ROME

  8. DIVERS TYPES DE RESSOURCES • Biomasse (alimentation + bois + fibres) • Combustibles et carburants fossiles • Eau • Métaux • Minéraux (industriels : silice, gypse, kaolin, sel, etc. ; construction : sable, graviers, etc.) • 1980/2007 : + 65 % ressources matérielles extraites ou récoltés ; 60 milliards de tonnes ; 100 en 2030 ?

  9. Source: Exxon Mobil, 2002

  10. Etat des lieux:ressources fossiles conventionnelles Nos consommations énergétiques : ressources fossiles pour 80 % (2011 : énergie primaire 13,1 Gtep dont 81,6 % fossiles) Le reste : biomasse forestière, hydroélectricité et nucléaire Les énergies renouvelables récentes : moins de 2 %

  11. Etat des lieux:ressources fossiles conventionnelles Croissance du siècle dernier: grâce à un baril de pétrole qui s’est grosso modo stabilisé à 20 dollars (en dollars constants), hors des épisodes de 1973-1974 et 1979-1980 Part de l’énergie dans le PIB mondial, 4 %, sans commune mesure avec le rôle effectif de l’énergie : impossible, sans énergie, de transformer des matières, de produire de la nourriture, de transporter des biens et des personnes ou d’échanger des informations. 1 litre de pétrole = 25 tonnes de vie marine ; énergie fossile consommée/1 an = ensemble de la vie végétale et animale sur toute la Terre pendant 450 ans

  12. Etat des lieux:ressources fossiles totales • Réserves : prouvées (exploitables à conditions techno. et éco. actuelles), probables (exploitables si) et possibles (dont 10% au moins pourraient être exploités un jour) • Pétrole, réserves ultimes mondiales (conventionnel + liquides de gaz naturel) : entre 2000 et 3000 Gb selon les estimations les plus raisonnables dont 1128 Gb déjà consommés en 2007 ; d’où selon estimation pic désormais atteint ou au maximum en 2021 • 110 sur 70000 champs pétrolifères produisent plus de 50 % de la production mondiale, 16 sur 20 plus grands sur déclin • Taux probable de déplétion après plateau entre 6-7 %/an

  13. Sommes-nous sauvés par les non-conventionnels ? • Aujourd’hui, sur les 90 Mb/j que nous extrayons grosso modo, un peu moins d’un tiers provient déjà de pétroles non conventionnels (off shore profond, pétroles lourds (Vénézuela), sables bitumineux (Canada), huiles de schiste, voire gaz ou charbon liquéfiés). • De nouvelles techniques nous permettent cependant d’exploiter plus intensément les gisements actuels et même de rouvrir d’anciens gisements ; regain par exemple en mer du Nord ; et évidemment d’exploiter les réserves de fossiles non-conventionnels jusqu’alors inexploitables. • Ce qui pourra au mieux prolonger le plateau

  14. Sommes-nous sauvés par les non-conventionnels ? • Extraction d’un baril canadien : 100 Kg CO2 ; 10 pour Arabie Saoudite • Dans le Nord du Dakota, on brûle même le gaz qui sort avec les huiles de schiste ! • L’abondance du gaz de schiste aux USA, son bas coût (1/3 prix gaz soviétique), conduisent les USA à exporter leur charbon, notamment en Europe • Les non conventionnels sont plus polluants et présentent un impact CO2 sensiblement plus fort • EROEI (Energy Return On Energy Investment) : autrefois pour une unité 1 investie 100 reçues, aujourd’hui 11 pour les conventionnels difficiles à atteindre, 6 pour les sables bitumineux et entre 3 et 1 pour les agrocarburants

  15.  La loi des rendements décroissants • Energy Return On Energy Invested SOURCE SSOURCDSO

  16. Le cas du gaz de schiste Problèmes : • Grande consommation de ressources (eau et acier) • Polluants chimiques (non régulés par l’EPA aux USA ; aux USA tjs eau polluée, ni retraitée ni recyclée) • Emissions de méthane/climat (plus sale que charbon) • Abondance présumée en Chine (mais plus profonds qu’aux USA ; idem pour Pologne) et en Europe (GB et France) • Aux USA, Barnett et Haynesville, déjà sur déclin Importance d’une approche systémique des risques

  17. Sommes-nous sauvés par les non-conventionnels ? • Mais attention, eu égard au climat, nous avons trop de fossiles : nous avons déjà consommé le tiers de notre « budget cumulé d’émissions » pour la période 2000-2050 si nous voulons avoir une chance de maintenir l’élévation de la température, d’ici à la fin du siècle, en dessous de 2° Objectif quasi inatteignable (- 5%/an, maxi 2027)

  18. Etat des ressources : métaux • L’état des stocks des métaux sous tension (estimation – 2009 - à partir des gisements en cours d’exploitation) : • Or : 22 ans ; Zinc et étain : 18 ans (coproduits : indium et galium) • Argent : 15 ans ; Plomb : 20 ans (cpt : cadmium) • Cuivre : 34 ans (cpts : sélénium et terbium) ; fer : 50 ans • Palladium : 15 ans • Qualité et accessibilité se dégradent, cas du cuivre : concentration moyenne de 1,8 % en 1930, aujourd’hui 0,5 % (s’il fallait produire la quantité de cuivre annuelle à partir d’état de dispersion naturelle = toute l’énergie primaire mondiale/an) • D’autres gisements moins riches et plus profonds, donc à un coût énergétique d’extraction croissant ; la connaissance du sous-sol reste limitée à la tranche 0 à – 100 m, alors que l’on sait exploiter à – 3’000 m • Différence gigantesque entre réserves et ressources totales (par ex. : aluminium et fer : 8 et 5 % du poids croûte terrestre)

  19. Etat des ressources : métaux • Production d’acier augmentée par 30 au 20è siècle • Cuivre : ressource totale : 1600 Tg (millions de tonnes) ; or en 2050, si niveau de services actuel sur toute la planète, besoin de cuivre = 2000 Tg ! • Si en 2050, planète sans fossiles avec 9,3 B/pop et 2.5 énergie primaire de 2005 = panneaux solaires à couche mince (rareté cadmium, galium, indium, tellure et sélénium) 1 % ; les éoliennes exigeraient 180 fois actuelle production de néodyme (aussi utilisé pour voitures électriques, impossible), sans évoquer autres métaux ; pour piles à combustibles (hydrogène), le besoin annuel de platine serait de 39’000 t., impossible aussi ; pour lignes HT, 70 fois production annuelle de cuivre !

  20. Energie/métaux Nous sommes pris en tenaille : • l’extraction et le traitement des métaux demanderont de plus en plus d’énergie (aujourd’hui : 8–10 % énergie mondiale) • la production d’énergie demandera de plus en plus de métaux (10 fois plus de métaux par kWh/renouvelable que par kWh/thermique)

  21. Etat des ressources: l’eau • Eau bleue (lacs, rivières, aquifères) et eau verte (pluie et percolation sol) • Eau bleue : 70 % irrigation, 20 % industrie et 10 % usage domestique • Triplement demande eau douce depuis 50 ans • Epuisement des aquifères : l’humanité prélève 40 % d’eau en trop pour usage durable des aquifères • Le Colorado, le Fleuve Jaune et l’Amou Daria n’atteignent plus la mer • Conso. soustractive d’eau bleue ne devrait pas dépasser 4000 km3/an ; actuellement à 2600 (attention chiffre global) ; entre 4000 et 4400 en 2050

  22. Eau douce

  23. MER D’ARAL

  24. Etat des ressources:le cas des ressources halieutiques Nous avons en réalité vidé les mers : En trente ans, le poids moyen des poissons pêchés dans l’Atlantique Nord Ouest est passé de 800 à moins de 200 grammes La biomasse des poissons prédateurs (dont les requins) a été réduite de 80 %, celle des espèces pêchées de 90 % La morue de l’Atlantique Nord qui a été pêchée durant des siècles a quasiment disparu depuis 1992 Il y a autant de thons rouges conservés à – 60 degrés au Japon que dans les mers

  25. Ressources alimentaires • Une production mondiale de céréales qui croit moins vite que la population (depuis 1985) ; or, selon la FAO, il faudra augmenter la production agricole de 70% d’ici 2050 ; 0,23 h/pers. • des pays émergents qui changent leurs modes alimentaires (près de la moitié de la production mondiale de céréales sert à produire de la nourriture pour animaux, et la consommation de viande devrait passer, de 37,4 kg par personne et par an en 2000, à plus de 52 kg en 2050, de sorte qu’au milieu du 21ème siècle, 50 % de la production mondiale de céréales pourraient être destinés à accroître la production de viande) ;

  26. Ressources alimentaires

  27. Menaces sur nos capacités de production alimentaire • Climat (sécheresses 2003- 2012 : de - 20 à – 40 % par région touchée) • Basculement des écosystèmes • Déforestation Amazonie/menace sur régime mondial des pluies • Appauvrissement génétique des populations • Disparition, salinisation et dégradation des sols (2,5 cm = 500 ans ; en 40 ans: disparition 30 % terres arables) • Disponibilité eau douce • Phosphate (pic proche : 20 ans) • Energies fossiles (engrais azotés) • Retrait du trait de côte

  28. Les 9 limites globales à nos activitésROCKSTRÖM J. et alii, « A safe operating space for humanity », Nature, vol. 461/24 September 2009 • le changement climatique, • le taux d’érosion de la biodiversité (appauvrissement génétique des populations ; taux de disparition des espèces : fois 1000) • l’interférence de nos activités avec les cycles de l’azote et du phosphore • la déplétion de l’ozone stratosphérique • l’acidification des océans • l’usage de l’eau douce • l’usage des sols • la quantité et la qualité de la pollution chimique • l’impact des aérosols atmosphériques

  29. Les 9 limites • Le cas de l’acidité des océans : elle a crû de 30 % en raison de l’augmentation de la teneur en CO2 de l’atmosphère. Les chercheurs fixent à 430 ppm la barre à ne pas dépasser en matière de concentration atmosphérique de CO2, afin de ne pas mettre en danger, avec des eaux trop acides, toute la chaîne trophique marine • En matière de climat (350 ppm), de biodiversité et d’interférence avec le cycle de l’azote, nous avons d’ores et déjà franchi le seuil de dangerosité

  30. L’enjeu majeur « Dans un monde de plus 4°, écrit par exemple R. Warren, les limites à l’adaptation humaine sont probablement dépassées dans de nombreuses parties du monde, alors que celles propres aux systèmes naturels sont largement dépassées dans le monde entier. En conséquence, les services écosystémiques dont dépendent les modes de vie humains ne pourraient être préservés. Même si des études ont suggéré que l’adaptation devrait être possible dans quelques aires pour les systèmes humains, de telles études n’ont généralement pas pris en compte la perte des services écosystémiques. » (R. Warren« The Role of Interactions in a World Implementing Adaptation and Mitigation Solutions to Climate Change », in dossier « Four Degrees and Beyond : The Potential for a Global Tempe- rature Increase of Four Degrees and its Implications », Philosophical Transactions of the Royal Society A, January 13, 2011 ). Sécheresses Australie 2008, Russie 2010, USA 2012 : pertes de 20 à 40 % en grains et céréales

  31. L’enjeu majeur • « Ici nous récapitulons les preuves selon lesquelles des transitions critiques à une échelle planétaire se sont déjà produites au sein de la biosphère, quoique rarement, et que désormais les hommes sont en train de provoquer une transition comparable, qui pourrait faire basculer rapidement et de manière irréversible la Terre vers un état jamais expérimenté par le genre humain. » • BARNOSKY A. D. et al., « Approaching a State Shift in Earth’s Biosphere », Nature, 7 June 2012, Vol. 486

  32. Le développement durable :un échec Raisons de cet échec : - échec avec le découplage d’une réponse purement technique et économique - les technologies ne peuvent seules nous sauver Que Faire ? - réduire les flux de matières et d’énergie - changer nos modes de vie - revenir à la pluralité de nos valeurs Des signes encourageants : • Une multitude d’initiative de petits collectifs • Des entreprises qui changent

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