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COURS 8 ÉCHEC ET RÉPRESSION Quel est l’alignement des forces en 1837-1838 ?Quels objectifs poursuit la déclaration d’indépendance de 1838 ?Quel est le plan d’attaque des Frères chasseurs en 1838 ?Quelle est l’ampleur de la répression?Que propose lord Durham ?Quelle place occupe Durham pour les historiens ?Au fait, s’agissait-il d’une lutte sociale, politique ou ethnique ?Était-ce une guerre entre Français et Anglais ?Pourquoi le vieux de ‘37 fait-il encore si peur ?
? Quel est l’alignement des forces en 1837-1838 ?
1827 Union sacrée contre Dalhousie durant la guerre des subsides Le partide Québec Seigneursfrancophones Loyalistes campagnards Américains de l’Estrie Marchands anglophones Anglophones libéraux Coalition loyale Parti patriote PBCF Irlandais catholiques Bourgeois francophones Bureaucrates de Qc Censitaires Une part du clergé
1834 Les 92 Résolutions Mai1837 Appels à la désobéissance civile 1829 Loi scolaire de l’Assemblée et bill des tenures Le partide Québec Seigneursfrancophones Loyalistes campagnards Américains de l’Estrie Marchands anglophones Anglophones libéraux Coalition loyale Parti patriote PBCF Irlandais catholiques Bourgeois francophones Bureaucrates de Qc Censitaires Une part du clergé
? Quels objectifs poursuit la déclaration d’indépendance de 1838 ?
DÉCLARONS SOLENNELEMENT : 1. Qu'à compter de ce jour, le Peuple du Bas-Canada est ABSOUS de toute allégeance à la Grande-Bretagne, et que toute connexion politique entre cette puissance et le Bas-Canada CESSE dès ce jour. 2. Que le Bas-Canada doit prendre la forme d'un Gouvernement RÉPUBLICAIN et se déclare maintenant, de fait, RÉPUBLIQUE. 3. Que sous le Gouvernement libre du Bas-Canada, tous les citoyens auront les mêmes droits : les Sauvages cesseront d'être sujets à aucune disqualification civile quelconque, et jouiront des mêmes droits que les autres citoyens de l'État du Bas-Canada. 4. Que toute union entre l'Église et l'État est déclarée abolie, et toute personne a le droit d'exercer librement la religion et la croyance que lui dicte sa conscience. 5. Que la Tenure Féodale ou Seigneuriale, est, de fait, abolie, comme si elle n'eut jamais existée en ce pays. 6. Que toute personne qui porte ou portera les armes, ou fournira des moyens d'assistance au Peuple Canadien dans sa lutte d'émancipation, est déchargée de toute dettes ou obligations réelles ou supposées, envers les Seigneurs, pour arrérages en vertu de Droits Seigneuriaux ci-devant existants. 7. Que le douaire Coutumier, est, à l'avenir, entièrement aboli et prohibé. 8. Que l'emprisonnement pour dettes n'existera plus, sauf le cas de fraude évidente, que l'on spécifiera dans un acte de la Législature du Bas-Canada à cet effet. 9. Que la peine de mort ne sera prononcée que dans le cas de meurtre seulement et pas autrement. 10. Que toute Hypothèque sur Biens fonds, devra être spéciale, et pour être valide, devra être enregistrée dans des Bureaux créés à cet effet par un Acte de la Législature du Bas-Canada. . 11. Qu'il y aura liberté pleine et entière de la Presse dans toutes les matières et affaires publiques. 12. Que le PROCÈS PAR JURY est garanti au Peuple de l'État dans son entendue la plus libérale dans les procès criminels, et dans les affaires civiles au montant d'une certaine somme à être déterminée par la Législature de l'État du Bas-Canada. 13. Que comme nécessité et un devoir du Gouvernement envers le Peuple, l'Éducation publique et générale sera mise en opération et encouragée d'une manière spéciale, aussitôt que les circonstances pourront le permettre. 14. Que pour assurer la franchise et la liberté élective, toute élection se fera par le moyen du ballot. 15. Qu'aussitôt que les circonstances pourront le permettre, le Peuple choisira des Délégués suivant la division actuelle du pays dans les Villes, Bourgs et Comtés, qui constitueront une Convention ou Corps législatif, afin de baser et d'établir une constitution, selon les besoins du pays, et conformément aux dispositions de cette Déclaration, sujette à être modifiée suivant la volonté du Peuple. 16. Que toute personne mâle au-dessus de l'âge de vingt-un aura le droit de voter ainsi que pourvu ci-dessus, pour l'élection des délégués sus-nommés. 17. Que les Terres dites de la Couronne, ainsi que celles appelées, réserves de clergé et celles qui sont nominalement en possession d'une certaine compagnie de spéculateurs en Angleterre, appelée "Compagnie des Terres de l'Amérique Britannique du Nord", deviennent de plein droit, la propriété de l'État du Bas-Canada, sauf telles portions de terres, qui peuvent être en possession de cultivateurs, qui les tiennent de bonne foi, pour les quelles nous garantissons des titres en vertu d'une loi qui sera passée afin de légaliser la possession de tels lots de terres, situés dans les Townships, qui sont maintenant en culture. 18. Qu'on se servira des langues Françaises et Anglaises dans toute matière publique. ET pour le support de CETTE DÉCLARATION, et le succès de la cause Patriotique, que nous soutenons, NOUS, confiants en la protection du Tout Puissant et la justice de notre ligne de conduite, engageons par ces présentes, mutuellement et solennellement les uns envers les autres, notre vie, nos fortunes et notre honneur le plus sacré. Par ordre du Gouvernement Provisoir, Robert Nelson, Président
? Quel est le plan d’attaque des Frères chasseurs en 1838 ?
? Quelle est l’ampleur de la répression?
371 prisonniers en 1837 875 prisonniers en 1838 1246 prisonniers (eq à 16 000 personnes en 2011) 99 condamnés à mort 12 pendus 8 exilés aux Bermudes 58 exilés en Australie 1800 aux États-Unis 5 villages dévastés (Acadie, StBenoît, StEustache, Napierville, StDenis) La plus grosse opération policière de l’histoire du Canada… 1837-1838 La répression
5 déc. 1837 Loi martiale dans le district de Montréal 27 mar. 1838 Abolition de l’Acte constitutionnel 27 nov. 1838 Cour martiale pour juger 108 accusés. 11 fév. 1839 Rapport Durham 14 fév. 1840 Un Conseil spécial vote l’Acte d’Union 23 juil. 1840 Sanction de l’Acte d’Union par l’Angleterre. La capitale est Kingston Avril 1841 Levée progressive de la loi martiale Oct. 1841 Premières élections du Canada Uni. 1837-1838 La répression
? Que propose lord Durham ?
« Je n'entretiens aucun doute sur le caractère national qui doit être donné au Bas-Canada ; ce doit être celui de l'Empire britannique, celui de la majorité de la population de l'Amérique britannique, celui de la race supérieure qui doit à une époque prochaine dominer sur tout le continent de l'Amérique du Nord. »
« C'est pour les tirer de leur infériorité que je veux donner aux Canadiens notre caractère anglais. » • « Je le désire pour l'avantage des jeunes instruits que la différence du langage et des usages sépare du vaste Empire auquel elles appartiennent. » « Je désire plus encore l'assimilation pour l'avantage des classes inférieures. S'ils essaient d'améliorer leur condition, en rayonnant aux alentours, ces gens se trouveront nécessairement de plus en plus mêlés à une population anglaise ; s'ils préfèrent demeurer sur place, la plupart devront servir d'hommes de peine aux industriels anglais. »
? Quelle place occupe Durham pour les historiens ?
? Au fait, s’agissait-il d’une lutte sociale, politique ou ethnique ?
Durham, 1839 La tranquillité de chacune des provinces de l’Amérique du Nord, à cause des conflits entre l’Exécutif et les représentants du peuple, était sujette aux discordes continuelles. Les Constitutions de ces colonies, le caractère officiel et la position des rivaux, l’objet avoué de leurs querelles, les principes soutenus de part et d’autre, tout cela était si semblable que je dus adopter l’opinion commune que la querelle généralisée était la conséquence de quelque défaut identique de ces provinces. Je la regardai comme une de ces querelles auxquelles nous ont habitués l’histoire de l’Europe et la connaissance des hommes : une querelle entre un peuple qui demande un accroissement des privilèges populaires d’un côté, de l’autre, un Exécutif qui défend les prérogatives qu’il estime nécessaires au maintien de l’ordre. […] Par suite des circonstances spéciales où je me trouvai, j’ai pu faire un examen assez juste pour me convaincre qu’il y avait eu dans la Constitution de la province, dans l’équilibre des pouvoirs politiques, dans l’esprit et dans la pratique administrative de chaque service du Gouvernement, des défauts très suffisants pour expliquer en grande partie la mauvaise administration et le mécontentement. Mais aussi j’ai été convaincu qu’il existait une cause beaucoup plus profonde et plus ra dicale des dissensions particulières et désastreuses dans la province – une cause qui surgissait du fond des institutions politiques à la surface de l’ordre social –, une cause que ne pourraient corriger ni des réformes constitutionnelles ni des lois qui ne changeraient en rien les éléments de la société. Cette cause, il faut la faire disparaître avant d’attendre le succès de toute autre tentative capable de porter remède aux maux de la malheureuse province. Je m’attendais à trouver un conflit entre un gouvernement et un peuple ; je trouvai deux nations en guerre au sein d’un même État ; je trouvai en lutte, non des principes, mais des races. Je m’en aperçus : il serait vain de vouloir améliorer les lois et les institutions avant que d’avoir réussi à exterminer la haine mortelle qui maintenant divise les habitants du Bas-Canada en deux groupes hostiles : Français et Anglais.»
Car, quant à la justice de leur cause, ils avaient infiniment plus de droit de renverser leur gouvernement que n’en avaient l’Angleterre elle-même en 16881, et les États-Unis en 1775, parce que c’est contre leur nationalité, cette propriété la plus sacrée d’un peuple, que le bureau colonial dirigeait ses coups. François-Xavier Garneau, 1845
The time will come when the memories of Canada’s rebel dead of 1837 and 1838 will be revered and held sacred in every British Colony, distant or near, as the fathers of colonial responsiblegovernment. John Fraser, 1890
« La révolte de 1837 est, en réalité, un double soulèvement : soulèvement des Britanniques du Bas-Canada contre la menace d’une république canadienne-française, soulèvement de la section la plus avancée des nationalistes canadiens-français contre la domination anglaise.» Maurice Séguin, 1968
Les insurrections de 1837-38 peuvent être définies d’abord comme un mouvement d’in dépendance nationale dirigé par les classes moyennes canadiennes-françaises et à leur profit […] Cette élite révolutionnaire voit l’avenir en fonction d’une économie agricole et de la survivance de l’ancien régime social. L’indépendance, en brisant les deux secteurs les plus dynamiques de l’économie : le commerce du bois et le trafic des céréales avec l’ouest, aurait enraciné le sous-développement pendant plusieurs décennies et renforcé les seigneurs et le clergé. C’est en fonction de ces vues et de ces objectifs que les nationalistes font appel à la masse et la mobilisent en 1837-38. Fernand Ouellet, 1976
« Un élément qui illustre bien qu’il serait abusif de réduire les événements des années 1830 à la confrontation de deux ethnies est la présence d’anglophones dans le Parti patriote. On les retrouve dans des rôles les plus divers : députés, candidats, tribuns, membres des appareils de soutien. Des noms tels ceux de John Neilson, des deux frères Nelson, de O’Callaghan, de T. S. Brown, de Daniel Tracey, de W. H. Scott viennent immédiatement à l’esprit. L’adhésion de ces individus au parti semble se faire sur une base idéologique et sur la convergence d’intérêts de classe. Le clivage ethnique n’est pas assez puissant pour masquer la communauté de ces intérêts. Les représentants anglophones au sein de la direction du parti sont en effet issus des mêmes couches sociales que les patriotes francophones, soit les divers éléments constitutifs de la petite bourgeoisie.» Gérald Bernier, 1981
« Les Rébellions dans la colonie du Bas-Canada apparaissent ainsi comme une crise sociale généralisée, qui concerne à la fois le développement des institutions politiques, les orientations et les profits à tirer du développement économique et le développement de l’identité coloniale. » Jean-Paul Bernard, 1986 Inégalités sociales Crise de confiance ds les institutions Réponse identitaire +
Était-ce une guerre entre Français et Anglais ? « Ce n'est pas tant le sentiment des affronts et des injustices subis que le vieil instinct de haines traditionnelles de races qui se réveillait en nous; nous combattions bien le despote, mais c'était surtout l'Anglais que nous aimions coucher en joue ! » « Je ne sais pas combien j'en ai tué; mais (...) je tirais certainement sans remords. » Philippe-Napoléon Pacaud
Qu’en pense les Anglais ? « Nous croyions que les rebelles arrivaient pour nous tuer, et serrée dans les bras de Tina, je m’efforçais de reprendre mes esprits quand Mr. Parker se fraya un chemin dans la foule pour nous dire que dans nous n’avions rien à craindre… ils ne s’attendaient pas à nous trouver vivants. Nous regardâmes le village en flammes jusqu’à 4 heures ; une vision terrible mais très belle. » Lady Jane Ellice, Journal, Beauharnois, 7 nov 1838
? Pourquoi le vieux de ‘37 fait-il encore si peur ?
« Le vieux Patriote se bat mais surtout il se souvient. Son arme première, c`est la mémoire et sa mission : instruire les générations à venir. » Marianne Thibeault,historienne