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Les créoles français : des langues en péril ? . Marie-Christine Hazaël-Massieux Université de Provence hazael@up.univ-mrs.fr http://creoles.free.fr/Cours. Plan. 1) Une définition (socio-historique). 2) Situations de diglossie diverses pour les créoles français.
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Les créoles français : des langues en péril ? Marie-Christine Hazaël-Massieux Université de Provence hazael@up.univ-mrs.fr http://creoles.free.fr/Cours
Plan 1) Une définition (socio-historique) 2) Situations de diglossie diverses pour les créoles français 3) Statuts des créoles et risques de disparition 4) Quelques circonstances qui peuvent entraîner la disparition ou la promotion des langues 5) Peut-on sauver les créoles… et comment ?
1) Définition socio-historique Les créoles à base française sont nés dans diverses zones de la colonisation française au cours des XVIIe et XVIIIe siècles, à partir de formes régionales et populaires du français, utilisées dans le contexte des contacts de populations au cours de l’esclavage (sociétés d’habitation puis sociétés de plantation) …/…
sans doute avec l’influence deslangues des locuteurs • langues africaines diverses, • malgache, • voire créole déjà constitué… • selon les lieux, • dans le cadre d’un usage strictement oral du medium de communication.
Il sera ici question des créoles français, • c’est-à-dire des créoles qui sont parlés • dans des zones issues de la colonisation • française : tant dans la zone américano- • caraïbe que dans l’Océan Indien.
2) Les situations de diglossie diverses pour les créoles français Quelques données géographiques et sociologiques sont indispensables pour comprendre les risques encourus par les créoles…
Antilles OcéanIndien
Dans tous ces pays, le créole fonctionne en alternance avec une langue européenne, le français et/ou l’anglais, dans des situations qui sont proches des classiques situations de diglossie..
Pourtant bien des « nuances » méritent d’être apportées à la définition stricte de la diglossie (selon Ferguson).
On connaît la définition de Ferguson (« Diglossia », in Word, vol. 15, 1959, pour qui dans la diglossie sont en présence deux variétés d’une même langue : - D’une part, il semble difficile de dire que créole et français sont des variétés d’une même langue (la définition de ce fait a été revue), mais dans certains lieux la langue « haute » est l’anglais, la langue « basse » un créole français.
- D’autre part, bien rares sont les pays où règne une « diglossie stricte » (conforme à la définition de Ferguson) : • En Haïti, 85 à 90 % de la population est unilingue créole • La complémentarité stricte entre créole et français qui ferait que ce qui se dit en créole ne peut se dire en français et ce qui se dit en français ne peut se dire en créole n’est pas (plus ?) très exacte : en route vers le bilinguisme ?
En outre on voit parfois se développer des « interlangues » où sont mêlés à tout moment français et créole : les « règles » de ces mélanges (s’il y en a) sont difficiles à établir !
On peut essayer de décrire ces situations de diglossie (de fait, diverses), qui varient selon les pays, et surtout selon les groupes sociaux, au moyen des schémas suivants : B H français créole Diglossie stricte
B H français créole Bilinguisme idéal B H français créole Un exemple de diglossie « réelle »
3) Statuts des créoles et risques de disparition Que dire de ces situations de diglossie quant aux « menaces » qui pèsent sur les créoles ? Les créoles sont-ils - et à quel niveau - des « langues en péril » ?
Utiles distinctions: • Définition linguistique d’une langue • Définition politique • Du point de vue linguistique, les créoles sont des langues à part entière… mais ce sont des langues essentiellement orales ; leur aménagement écrit entraîne nécessairement des modifications structurelles.
Utiles distinctions encore : • langues nationales, • langues officielles, • langues « régionales », • (sans oublier la notion de « langues véhiculaires », « langues vernaculaires »…) • Les créoles ont des statuts divers selon les pays ! Les conséquences de ces statuts sont importantes.
Le statut des créoles, leur « vitalité », leurs perspectives de développement… ne sont pas indépendants de ces données linguistiques et politiques.
4) Quelques circonstances qui peuvent entraîner la disparition ou la promotion des langues • Langues minoritaires / Langues minorées • Langues orales / langues écrites • Les contacts de langues. De la diglossie au bilinguisme : les risques encourus • Qu’en est-il des situations de monolinguisme ? Problèmes économiques
Quels sont les créoles les plus menacés à l’heure actuelle ? A examiner : • La situation du louisianais et des créoles de Trinidad, St-Thomas ? • Les créoles des DOM ? • Le statut du créole à la Dominique et à Ste Lucie ? • Le statut du créole à Maurice ? • Le statut du créole aux Seychelles ? • Le statut du créole en Haïti ?
5) Peut-on sauver les créoles… et comment ? Etude et description des créoles : de vraies langues ! L’écriture des créoles La presse, la littérature… Le rôle de l’école • Importance de l’instrumentalisation des langues !
Mais sans l’intérêt des locuteurs, sans une évolution des mentalités, sans changement des comportements culturels et sociaux, l’instrumentalisation, même réussie n’est rien… « Le linguiste propose, le locuteur dispose… » • Ne pas oublier qu’une langue qui ne se développe pas meurt, et que sans apprentissage formel, un locuteur ne peut accéder à la totalité d’une langue, surtout s’il en maîtrise une autre acquise formellement !
Nécessité d’apprendre/enseigner les créoles ! Nécessité de veiller à leur statut politique : ne pas se complaire dans une dévalorisation imméritée Veiller à leur usage et leur développement dans tous les domaines des activités modernes : pas de folklorisation, pas de cantonnement dans le domaine du privé, du personnel, de l’affectif, non plus que du passé !
Pour aller plus loin : Cf. Marie-Christine Hazaël-Massieux, 1999 : Les créoles : l’indispensable survie, Editions Entente, 310 p.