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Exemple du projet réalisé au collège de Béthusy Lausanne. « Activités physiques et élèves en surpoids ». Dimitri Grandjean novembre 2007. Objectif s de cet atelier. P résenter un exemple concret de ce qui ce fait dans un établissement scolaire afin d’ aider des élèves en surpoids.
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Exemple du projet réalisé au collège de Béthusy Lausanne « Activités physiques et élèves en surpoids » Dimitri Grandjean novembre 2007
Objectifs de cet atelier • Présenter un exemple concret de ce qui ce fait dans un établissement scolaire afin d’ aider des élèves en surpoids. • Présenter en quelques mots la problématique du surpoids, pour mieux en comprendre les enjeux. • Vous faire vivre sur le terrain quelques activités que je propose à mes élèves en surpoids. • Essayer de vous donner quelques pistes pour que vous inventiez d’autres activités.
Plan • Naissance du projet • Organisation • Les objectifs • Les difficultés à impliquer la famille • Encrages scientifiques: pour mieux comprendre le phénomène • Quelques chiffres • Critères diagnostics • Les causes principales du surpoids • Caractéristiques des élèves en surpoids • Les problèmes de santé associés • Quel type d’activités physiques choisir : intenses ou modérées ? • Conseils alimentaires de base • Bilan de l’expérience • Bibliographie • Exemples de thèmes abordés pendant les séances
Ce programme,c’est quoi ? • Deux midis par semaine, les élèves en surpoids ont la possibilité de venir faire une heure d’activités physiques en plus des leçons de gymnastique. • A chaque leçon, une dizaine de minutes est prévue pour un moment de discussion. On y parle de problèmes quotidiens, de « trucs et astuces » en alimentation, mais aussi de grands thèmes comme les régimes, les fast-food, les risques pour la santé liés au surpoids. • L’année passée, 35 élèves étaient inscrits, cette année,ils sont 48. (de la 5ème à la 9ème année)
Concrètement • Une fois informé et d’accord de participer au programme, l’enfant est tenu de participer au moins une fois par semaine à l’un des deux cours proposés. Cette année, une dizaine d’élèves participent aux deux séances hebdomadaire. • En plus de l’espace commun de discussion en fin de leçon, chaque enfant peut prendre un rendez-vous pour une discussion plus personnelle (il s’agit plutôt là des élèves les plus âgés, 8-9èmes).
A qui s’adresse ces cours? • A tous les élèves en surpoids jusqu’aux situationsd’obésité modérée. Plus le surpoids est léger (sans jeux de mots), meilleurs sont les résultats... • Les quelques cas de réelle obésité avancée que nous avons eu n’ont pas donné de bons résultats. Pour cette catégorie d’enfant, il faudrait une prise en charge médicale. Nous les dirigeons donc vers le service de santé de Lausanne. • Pour l’instant, ces cas « extrêmes » sont encore heureusement rares dans nos classes.
L’avantage principal de ce type de prise en charge? • L’élève en surpoids est mis dans un groupe plus homogène que sa classe de tous les jours. Il se retrouve avec des copains qui vivent les mêmes problèmes. • Ce n’est plus le « gros » de la classe, le dernier choisi pour les équipes, celui qui fait perdre l’estafette, celui qui n’arrive jamais à faire comme les autres en agrès…
Comment est né le projet? • Intérêts pour ce problème déjà durant mes études à l’université (licence en sciences du sport et en psychologie) • Vécu personnel avec mes classes : l’augmentation inquiétante des élèves en surpoids d’année en année, leurs difficultés et leurs souffrances. Souvent, les élèves en surpoids vivent très mal les cours d’éducation physique avec le reste de la classe. Ils semblent tristes, grincheux, ou alors font le clown.
« Dépistage » • Mes collègues maîtres de sport Rem: le 1er thème en début d’année, pour les 5-6èmes, est l’ENDURANCE, ce qui facilite le « dépistage ». • L’infirmière (théoriquement) • La secrétaire et de plus en plus, certains maîtres de classe • Certains élèves eux-mêmes
Information aux parents • Exemple de lettre: Chers parents, Cette année encore, l'Établissement secondaire de Béthusy propose un programme d'activités physiques adaptées au problème de surcharge pondérale chez nos élèves, ainsi que des cours de nutrition. La problématique du surpoids est un sujet délicat, qu’il s’agit d’aborder avec tact et compréhension, surtout à cette période particulière que constitue la puberté. Néanmoins, il semble important de tenter d’aider les élèves qui sentent le besoin de perdre du poids. La volonté doit évidemment provenir de leur part et il est clair que ce programme ne peut se réaliser qu’avec votre accord et celui de votre enfant. Nous porterons une grande attention à leur écoute, tout en abordant des aspects pratiques concernant l'alimentation et l'utilité de l'activité physique au quotidien.
En leçon classique d’éducation physique, il est difficile de prévoir un contenu spécialement pour ce type de problème. Ce programme aura donc pour but, au travers d’une séance supplémentaire et hebdomadaire d’activités physiques spécifiques, d’inciter votre enfant à prendre goût à un genre d’exercices conçus particulièrement pour lui. L’objectif sera également de lui donner les moyens de se rendre autonome dans sa tentative de perdre du poids. Parallèlement, vous serez peut-être contactés par le médecin des écoles afin de compléter l’aspect « activités physiques » par des conseils en nutrition touchant les habitudes alimentaires. Cette offre est bien évidemment facultative. Nous vous souhaitons bonne réception de la présente, et vous prions de nous retourner le coupon ci-joint (au secrétariat C de Béthusy). Dans cette attente nous vous présentons, Chers parents, nos salutations les meilleures. Le responsable du projet : Le Directeur : D. Grandjean B. Richard
Les difficultés à impliquer la famille • Malgré la médiatisation de la problématique du surpoids chez l’enfant, la mobilisation des familles reste difficile à mettre en place concrètement et demande aux intervenants beaucoup d’empathie et de diplomatie. En effet, la représentation sociale du surpoids reste très péjorative et aucun parent ne souhaite voir ce qualificatif attribué à son enfant.
De plus, la dimension alimentaire et la connotation affective qui s’y rapportent rendent toute intervention dans les familles très délicate. C’est en quelque sorte remettre en question le rôle même des mères dans leur fonction « nourricière » et le contexte éducatif familial. • Savoir accompagner ces familles, c’est d’abord ne pas juger et ne pas moraliser, c’est plutôt suggérer une démarche et proposer un soutien.
Cette faible implication des parents est le gros point noir de notre projet. • Cette année par exemple, le médecin qui participe avec nous a envoyé une lettre à chaque famille, pour s’inscrire à une soirée de discussion et de conseils autour de l’alimentation: aucune réponse reçue… • Comment impliquer davantage les familles? Nous sommes à la recherches de solutions…
Collaboration avec le service de santé de Lausanne • Programme du Dr. Woringer à propos de l’alimentation. • 8 séances en salle de classe pour les enfants • 5 séances d’information pour les parents
Mesure du Dr. Woringer • En début et en fin d’année: mesure de la taille et du poids (donc du BMI)
Cette année, un étudiant en sciences du sport réalise une étude sur l’impacte physiologique de notre programme chez certains participants. • 10 élèves de 5ème année ont donc passé un test erométrique (sur un vélo) au mois d’octobre. Ils le repasseront au mois de mai.
Particularité de l’organisation à Béthusy • Je travaille à la permanence SIOP (structure d’intervention et d’orientation pédagogique). Cela me permet d’avoir plus de temps, en début d’année, pour m’entretenir avec chaque élève. • Un collègue maître de sport donne également les cours (M. Alvarez). • La secrétaire (Mme Werro) participe activement (et gratuitement) au projet, tant administrativement que concrètement lors des leçons.
Nos objectifs • Objectifs principaux : • Donner ou redonner l’envie et le goût de la pratique sportive, de l’effort, du jeu. C’est un objectif élevé mais réaliste, surtout avec les élèves les plus jeunes. • Proposer un programme spécifique pour des enfants de 12-15 ans environ, pas pour des adultes en surpoids!
Objectifs, suite • Objectifs psychosociaux : • Améliorer l’estime de soi, augmenter la confiance en soi en général et en particulier dans le rapport au corps et au mouvement • mieux accepter le regard sur soi. • Modifier les représentations qu’ont les élèves en surpoids concernant l’EPS et l’activité physique en générale .
Objectifs, suite • Objectifs physiques: • Augmenter la mobilité, la force et la tenue du corps. • Augmenter le métabolisme de base en augmentant la masse musculaire (on en reparlera). • Augmenter la dépense énergétique du jour avec un moment d’activité physique en plus.
Objectifs éducationnels : • Permettre à l’élève d’apprendre à mieux se connaître dans la pratique physique (connaissance de ses limites, de son potentiel, de ses fragilités musculaires, articulaires). • Modifier certains comportements alimentaires de base. • Sensibiliser les participants à quelques thèmes pouvant les intéresser de près (les régimes, les fast-food, le métabolisme, l’hérédité). • Donner les moyens de se rendre autonome dans sa tentative de perdre du poids.
Pour que ça marche… • L’aspect relationnel, affectif est primordial. • Je quitte mon étiquette de maître d’éducation physique pour devenir un animateur, un motivateur. • L’humour est omniprésent, un climat de confiance est recherché. • L’atmosphère et l’ambiance du groupe est essentiel (d’où l’organisation de pic-niques communs, de sortie, etc…) • Amener le plus possible les activités proposées sous une forme ludique.
Nous allons maintenant aborder la partie plus théorique de cet atelier. • Pourquoi des notions théoriques me semblent-elles indispensables? • Pour mener de manière crédible un tel projet dans un établissement, il me semble clair qu’il est indispensable d’acquérir une base théorique solide dans le domaine: • Pour répondre aux nombreuses questions, souvent pertinentes et pointues des enfants eux-mêmes. • Pour répondre aux interrogations et parfois aux angoisses des parents. • Pour répondre également aux questions et parfois aux critiques des collègues enseignants.
Mais avant cela, allons bouger un peu avec: - une activité typique d’une première leçon avec des élèves en surpoids: le chat et la souris - une activité parfaite pour un échauffement: course sur tapis - un jeu connu mais dont le rendement a été augmenté: balle à deux camps
Encrages scientifiques: pour mieux comprendre le phénomène du surpoids • Quelques chiffres: • En 1960, 3-5% d’enfants en surpoids en Europe • En 2006, ils sont 10 à 20% • L’obésité a triplé en 20 ans dans les pays européens • En Amérique du Nord, 68% des adultes présentaient un surpoids, en 2000. On comptait 15 à 20% d’obèses chez les 12 à 19 ans et 10% déjà chez les moins de 10 ans. • En France, 1 adolescent sur 4 est en surpoids • Chez le nourrisson, la prévalence augmente également de manière très inquiétante • En Suisse, on comptait 20% de jeunes corpulents et plus de 5% d’obèses, en 1999.
D'autre part, plusieurs études ont montré que l'augmentation des obésités sévères était plus rapide que celles des obésités modérées. • Actuellement, les chercheurs estiment qu’un adolescent obèse a un risque cardio-vasculaire à 40 ans multiplié par 7. (Campagne de collecte de familles pour étudier l'Obésité chez l'Enfant,unité UMR 8090 du CNRS, Professeur BJORNTORPE , 2005, / Promotion santé Suisse, Dr Schopper et al., 2005)
Critères diagnostics • Il existe la tabelle de BMI (body mass index) ou « Indice de Masse Corporelle. • IMC = poids en kilogrammes / (taille en mètre)2 • Par exemple : une femme mesurant 1,70 m et pesant 90 kg a un IMC de: 90 kg / (1,7m)2 = 31,1
L’utilisation de la classification de l’OMS (1998): - poids inférieur à la norme: IMC <18.5 - poids normal: IMC 18.5–24.9 - surpoids: IMC 25–29.9 - obésité: IMC ≥ 30
Rem: Il existe une tabelle spécifique pour les enfants jusqu’à 18 ans, utilisant le principe du BMI. Dans notre programme, le critère de « recrutement » ne se fait pas en fonction de cette tabelle. Cependant, le médecin des écoles qui supervise notre programme vient deux fois par année prendre ces mesures.
Voici les indices de masse corporelle, en fonction de l’âge et du sexe, à partir desquels les spécilistes parlent de surpoids: (Promotion Santé Suisse,bases scientifiques en vue de l’élaboration d’une stratégie pour la Suisse, 2005)
Les causes principales du surpoids • Pourquoi en parler ici? (rappel) Avoir un minimum de connaissances sur le phénomène du surpoids me paraît indispensable: • Pour répondre à certaines questions pertinentes et parfois pointues d’élèves qui s’informent et qui veulent comprendre les raisons et les mécanismes de leur surpoids. Je pense que l’on n’a pas le droit d’improviser une réponse approximative. • Pour répondre à quelques parents qui demandent des entretiens (que j’aimerais plus nombreux).
Trois types de facteurs: - Les facteurs environnementaux • la dépense énergétique et la sédentarité • les comportements alimentaires • un changement global de mode de vie • Les facteurs génétiques • les maladies génétiques • l’hérédité • Les facteurs psychologiques
Les facteurs environnementaux • La dépense énergétique et la sédentarité - Selon l’OMS, la dépense énergétique liée à l'activité physique devrait représenter au moins 25 % de la dépense calorique totale chez les enfants (thermogenèse 10% et métabolisme de base 65%). - Or, les études montrent qu'elle est devenue en moyenne inférieure de 10 à 12 %.
Ce que les dernières recherches ont montré: • Entre l'âge de 6 et 11 ans, le temps passé devant le petit écran est tout à fait prédictif du risque d'obésité. • Parmi les autres loisirs sédentaires, la lecture ou l'utilisation intense de l'ordinateur ne sont pas aussi lourds de conséquence. En effet, plus actifs sur le plan intellectuel, les enfants grignotent moins que devant la télévision.
Chez l’enfant occidental, le surpoids est clairement lié: • à une diminution globale d’activité physique • au temps passé à être inactif • Peu à peu, le surpoids devient tout à la fois cause et conséquence de la diminution de l’activité physique. • Le niveau de sommeil est directement lié aux problèmes de surpoids. Moins l’enfant dort, plus il augmente les risques de souffrir de surpoids.
Parmi des enfants de même âge et de même corpulence, le principal élément de la dépense énergétique qui diffère d’un enfant à l’autre est très clairement la dépense liée à l’activité physique au sens général. • Contrairement à ce que certains veulent nous faire croire, ce ne sont donc pas essentiellement des différences de métabolisme de base qui sont significatives.
Les facteurs environnementaux (suite) • Les comportements alimentaires sont le facteur prépondérant concernant la survenue de l’obésité. C’est sur lui également qu’il est possible d’agir en priorité.
Ce que nous disent les spécialistes: • Sauter des repas ne sert à rien, au contraire. Car privé de nourriture, l’organisme s’adapte et réduit son métabolisme de base durant la journée. Le fait de digérer plusieurs fois brûle des calories. Il est donc mauvais de ne manger que deux fois, en grande quantité. • Les aliments à indice glycémique élevé poussent à une consommation excessive.
La consommation quotidienne de boissons sucrées est également néfaste. Ces boissons sont très riches en énergie mais ne provoquent pas de sensation de satiété.
Autre responsable: le changement de mode de vie • En raison du mode de vie moderne, il devient de plus en plus difficile pour les parents de surveiller la consommation des enfants : L’horaire de travail des parents faisant qu'ils sont moins disponibles. • L’éloignement des grands-parents pour des raisons professionnelles: ceux-ci ne peuvent pas garder les enfants au retour de l'école et leur transmettre une « culture culinaire ».
Les facteurs génétiques • Moins de 2% des cas d’obésité sont dus à des maladies, comme l’hyothyroïdie, le syndrome de Cushing et la dépression. Encore plus rare, une lésion de l’hypothalamus peut causer une forte prise de poids. • La consommation de certains médicaments comme les stéroïdes et les antidépresseurs favorisent également une prise de poids.
On dit souvent que si les deux parents sont de poids normal ou maigres, le risque d'être obèse à l'âge adulte est inférieur à 10 %. • Si l'un des parents est obèse, le risque grimpe à 40% et si les deux le sont, à 80%. Maisattention, ces chiffres ne parlent pas forcément d’hérédité, pourtant c’est ce que certains (notamment les médias) veulent leur faire dire. Le racourcis est malheuresement fréquent.
Pour 98 % des individus, le surpoids et l’obésité ne sont donc pas déterminés génétiquement. Il n’y a pas de fatalité. • Tout au plus, il semble exister chez certains une prédisposition génétique qui facilite la prise de masse grasse, mais uniquement lorsqu’il existe en plus un déséquilibre entre nutrition et activités physique.
Si l’hérédité (répartition des graisses, métabolisme de base) semble intervenir dans une certaine mesure, son interaction avec l’environnement (dont les comportements alimentaires et le mode de vie) rend difficile à quantifier son importance.
Voilà ce que les spécialistes expliquent aujourd’hui: La recherche n’a pas réussi à trouver un ou des gènes responsables de l’obésité. Il semble qu’une multitude de gènes soient responsables de la régulation de l’appétit, de la dépense énergétique, du stockage de l’énergie.
On a découvert que les personnes obèses avaient un plus grand nombre de cellules adipeuses que la moyenne. Lorsqu’il y a perte de poids, les cellules adipeuses diminuent en taille mais non en nombre, ce qui favoriserait une reprise de poids rapide. • Il semblerait aussi que les obèses aient un métabolisme de base plus bas. Mais est-ce dû au fait qu’ils sont moins musclés ?
Il semble que le rendement métabolique des personnes obèses est fait de sorte que l’organisme parvient à fabriquer de la graisse avec un minimum de nourriture, puis économise ses réserves. Sans doute que cette caractéristique génétique avait un avantage pour nos aïeux… • Pourtant toutes ces études observent une population de personnes obèses, et dans chacun des cas, il est difficile de distinguer une cause ou une conséquence de l’obésité. • Toutes les différences de métablolismes pourraient ne pas être la cause première mais bien une des conséquences du surpoids.
En conclusion Même si la recherche génétique concernant l’obésité investit d’énormes moyens, il est peu probable que l’on bénéficie d’une thérapie génique avant longtemps… Surtout parce que l’obésité est clairement un problème multifactoriel. Tous les facteurs, qu’ils soient génétiques, environnementaux, sociaux ou psychologiques, s’additionnent ou se multiplient entre eux.