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Les infections utérines chez la vache.
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Les infections utérines chez la vache Prof. Ch. HanzenAnnée 2014-2015Université de LiègeFaculté de Médecine VétérinaireService de Thériogenologie des animaux de productionCourriel : Christian.hanzen@ulg.ac.beSite : http://www.therioruminant.ulg.ac.be/index.htmlPublications : http://orbi.ulg.ac.be/ Facebook : https://www.facebook.com/Theriogenologie
Objectif général du chapitre Le chapitre définit les divers types d’infections utérines ainsi que les avantages et inconvénients de leurs méthodes de diagnostic. Il commente largement les relations existantes entre les mécanismes de défense de l’utérus et les facteurs déterminants et prédisposants des infections utérines. Ces rappels sont indispensables pour comprendre la stratégie des thérapeutiques préventives ou curatives possibles. Prof. Ch. Hanzen - Les infections utérines chez la vache
Objectifs spécifiques de connaissance • Enoncer les 4 types d‘infections utérines chez la vache • Définir la métrite puerpérale • Décrire les caractéristiques cliniques de la métrite puerpérale • Décrire les caractéristiques de l'endométrite clinique • Citer les différentes méthodes de diagnostic des métrites • Enoncer des facteurs prédisposants des endométrites • Enoncer des facteurs déterminants des endométrites • Enoncer les 4 grands groupes de facteurs impliqués dans le mécanisme de défense de l'utérus • Enoncer les traitements hormonaux et antiinfectieux potentiels des endométrites Prof. Ch. Hanzen - Les infections utérines chez la vache
Objectifs spécifiques de compréhension • Comparer les caractéristiques des 4 types d’infections utérines • Comparer les avantages et inconvénients des diverses méthodes de diagnostic des métrites. • Interpréter le résultat d'un examen bactériologique d'un prélèvement vaginal ou utérin • Expliquer le rôle des facteurs prédisposants responsables de métrites • Expliquer le rôle des facteurs déterminants responsables de métrites • Expliquer le rôle de deux facteurs de défense de l’utérus. • Expliquer les conséquences des métrites sur les performances de reproduction • Comparer le traitement local et général des endométrites • Expliquer les stratégies curatives des endométrites la métrite puerpérale • Expliquer les mesures préventives des endométrites Prof. Ch. Hanzen - Les infections utérines chez la vache
Objectifs d’application • Quantifier la prévalence des endométrites cliniques dans un troupeau. • Mettre en pratique le traitement approprié d'une endométrite en tenant compte de l'examen clinique et de l'anamnèse Prof. Ch. Hanzen - Les infections utérines chez la vache
Définition et symptomatologie • Pas moins de 15 appellations identifiables dans la littérature • Adoption d’un consensus suite à la publication de Sheldon en 2006 (Sheldon IM, Lewis G, LeBlanc S, Gilbert RO. Defining postpartum uterine disease in cattle. Theriogenology, 2006, 65, 1516-1530). • La métrite puerpérale (ou aïgue) : < = 21 jours PP • L’endométrite clinique : > 21 jours • Le pyomètre • L’endométrite subclinique Prof. Ch. Hanzen - Les infections utérines chez la vache
PréambuleContamination = processus physiologique Infection = processus pathologique
La métrite puérpéale (ou aigue) • = lochiomètre, métrite septicémique, métrite toxique • au cours des 21 premiers jours du postpartum. • symptômes généraux : perte d'appétit, diminution de la production laitière, maintien ou l’augmentation de la température au-dessus de 39.4-39,5°C, acétonémie, arthrites, état de déshydratation, déplacement de la caillette, infection mammaire • symptômes locaux : écoulement brunâtre puis nettement purulent blanc jaunâtre, épais et malodorant (sanies), couleur lie de vin (métrite gangréneuse : Cl perfringens), persistance du fremitus utérin • caractère enzootique parfois • Impact sur la folliculogenèse (effet négatif de l’endotoxine colibacillaire sur la LH) Prof. Ch. Hanzen - Les infections utérines chez la vache
Métrite aigue : écoulements brunâtres ENVA Prof. Ch. Hanzen - Les infections utérines chez la vache
Effet de la métrite puerpérale sur l’ingestion alimentaire
Effet de la métrite puerpérale sur le temps d’ingestion alimentaire Prof. Ch. Hanzen - Les infections utérines chez la vache
Effet de la métrite puerpérale sur la production laitière N = 23 N = 27 N = 12 Prof. Ch. Hanzen - Les infections utérines chez la vache
Endométrite clinique • Absence habituelle de symptômes généraux • > 21 jours postpartum • involution utérine et cervicale complète ou non • écoulements purulents (3ème degré), mucopurulents (2ème degré) ou de flocons de pus voire de mucus trouble (1er degré). • Œdème et congestion de la muqueuse utérine • Anatomopathologie • importante infiltration leucocytaire • zones de desquamation • atteinte dégénérative des zones glandulaires • dilatation ou hypoplasie des glandes • fibrose périglandulaire • Impact sur le risque d’apparition de kystes, le raccourcissement du cycle, la mortalité embryonnaire (si IA of course) Prof. Ch. Hanzen - Les infections utérines chez la vache
L’endométrite clinique Williams E. J., Fischer D. P., Pfeiffer D. U., England G. C. W., Noakes D. E., Dobson H., Sheldon I. M. Clinical evaluation of postpartum vaginal mucus reflects uterine bacterial infection and the immune response in cattle. Theriogenology, 2005,63,102-117.
Métrite clinique : écoulement mucopurulent : degré 2 Prof. Ch. Hanzen - Les infections utérines chez la vache
Le pyomètre • = accumulation de pus dans la cavité utérine avec fermeture complète ou partielle du col utérin. • Association le plus souvent à un corps jaune • Apparition le plus souvent après la première ovulation • Distension progressive de l’utérus • Anoestrus pathologique : • suppression de la synthèse des PGF endométriales • Altération de leur transport vers le CJ • Effet excessif de la PGE • Parfois : effets sur l’état général (amaigrissement, péritonite) Prof. Ch. Hanzen - Les infections utérines chez la vache
Le pyomètre Persistance du corps jaune (Si présent) Lésions endométriales 23
L’endométrite subclinique • = état inflammatoire de l’endomètre en l’absence de sécrétions anormales dans le vagin • Apparition après l’involution histologique complète de l’utérus. • Présence d’une quantité minimale voire une absence d’exsudat dans la cavité utérine. • Etat inflammatoire de l’endomètre non macroscopiquement décelable • Diagnostic implique une analyse cytologique (neutrophiles) • J 21 à J 33 : > 18 % • J 34 à J 37 : > 10 % • J 28 à J 41 : > 8 % • J 40 à J 60 : > 5 % • Impact négatif sur la fertilité Prof. Ch. Hanzen - Les infections utérines chez la vache
Seuils de diagnostic d’une endométrite sublclinique Sens et Heuwieser J DairySci 2013, 96, 1-8
Le diagnostic Prof. Ch. Hanzen - Les infections utérines chez la vache
Le diagnostic : stratégies • Approche individuelle = sous-estimation • les seuls cas de rétention placentaire • les cas observés par l’éleveur • les repeat-breeders • Approche systématique = objectivation • Importance du choix d ’une méthode de diagnostic • Importance du choix d ’un moment de diagnostic : Inv utérine • Intérêt : précocité du diagnostic et donc du traitement Prof. Ch. Hanzen - Les infections utérines chez la vache
Le diagnostic : méthodes • L’anamnèse • L’examen général dont l’inspection visuelle • La palpation rectale • L’examen vaginal : manuel vs vaginoscopie • L'échographie • L'examen bactériologique • L’examen cytologique • L'examen anatomopathologique • L’examen biochimique Prof. Ch. Hanzen - Les infections utérines chez la vache
Un éleveur vous consulte pour une altération de l’état général voire de l’anoestrus ou de l’infertilité le raisonnement hypothético-déductif Métrite puerpérale Endométrite clinique • Générer les 4 hypothèses possibles en relation avec une endométrite Pyomètre Endométrite subclinique Date du vêlage Conditions du vêlage 2. Anamnèse Complications du vêlage Dates des chaleurs/IA Examen général Vaginoscopie 3. Examen clinique Metricheck Examen local 4. Examens complémentaires Palpation manuelle Lavage Echographie Bactériologie Hormonologie Biochimie Cytobrosse 5. Vérification de l’efficacité thérapeutique Biopsie
Divers signes Examen d’une vache suspecte d’endométrite Anamnèse Examen général Examen local Prise de la température : méthode peu exactePas de relations entre T°, persistante et élevée (> 39,7°C) et la charge bactérienne sauf Prevotella) (Sheldon et al. 2004) Hyperthermie Intérêt de la prise de température : stratégie thérapeutique • Examen si > 39,1 °C • Antibiothérapie si > 39,4°C pendant plus de deux jours (Kristula et al. 2001)
Examen d’une vache suspecte d’endométrite Anamnèse Examen général Examen local Inspection vulvaire Coaptation Pneumo/urovagin Conformation vulvaire - Ecoulement +/- - Nature écoulement
www.simcrotech.co.nz Vaginoscopie Metricheck Exploration manuelle Examen d’une vache suspecte d’endométrite Anamnèse Examen général Examen local Inspection vulvaire Pneumo/urovagin Lésions vaginales Présence d’écoulement Nature écoulement Muqueux Muco-sanguinolent Flocons de pus Mucopurulent Purulent Sanieux Intérêt du scoring des secrétions
Leutert et al. Evaluation of vaginoscopy for the diagnosis of clinical endometritis in dairy cows. J.Dairy Sci. 2012, 95, 206-212 • L’étude concerne 386 vaches laitières qui entre le 21ème et le 27ème jour du postpartum ont fait l’objet d’un examen transrectal pour évaluer l’utérus et d’un double examen vaginal à 10 minutes d’intervalle au moyen d’un vaginoscope par deux cliniciens expérimentés (investigator 1 et 2) et un étudiant non expérimenté (investigator 3) différents . Trois scores vaginaux ont été distingués : score 1 : présence de mucus det de flocons de pus, Score 2 : présence d’un écoulement renfermant moins de 50 % de pus et Score 3 : écoulement renfermant plus de 50 % de pus (Tableau 1). • Quelles ont été les principales observations de l’étude ? • La prévalence des endométrites cliniques a été de 42,6 % (34,8 à 46,8 selon les cliniciens et le numéro d’examen). • La palpation transrectale de l’utérus avant la vaginoscopie est sans effet sur la fréquence des endométrites cliniques ainsi détectée. • La fréquence des endométrites cliniques est indépendante de l’expérience des cliniciens. • L’examen est répétable puisque le même score a été avancé lors du 1er et du second examen dans 83,9 à 84,7 % des cas. • Le même score a été posé par les trois examinateurs lors du 1er et 2ème examen dans respectivement 65,5 % et 67,9 % des cas.
Pyomètre vs gestation Flasque, Ferme, Tonique Pyomètre vs gestation Stratégie thérapeutique Examen d’une vache suspecte d’endométrite Anamnèse Examen général Examen local Inspection vulvaire Vaginoscopie Metricheck Palpation manuelle Diamètre du col utérin > 6 cm Diamètre des cornes utérines >4 cm Consistance des cornes Lumière utérine Contenu utérin Structures ovariennes
Examen d’une vache suspecte d’endométrite Anamnèse Examen général Examen complémentaire Inspection vulvaire Vaginoscopie Metricheck Palpation manuelle Echographie Présence d’un contenu utérin Epaisseur de la paroi Aspect de la lumière utérine Diamètre de la lumière utérine Structures ovariennes
Examen échographique de l’endométrite (ENV Lyon)
Lavage Pipette de 50 à 60 cm de long Seringue de 20 ou 60 ml Solution stérile de chlorure de sodium à 9 % Réaspiration de quelques ml Centrifugation < 6 h pdt 5 à 15 min Etalement sur lame Coloration Giemsa Examen d’une vache suspecte d’endométrite Anamnèse Examen général Examen complémentaire Inspection vulvaire Vaginoscopie Metricheck Palpation manuelle Echographie Examens cytologiques Cytobrosse Montage sur un pistolet d’IA Passage transcervical Gaine plastique Chemise Rotation Etalement sur lame Coloration au Giemsa Comptage de 100 cellules Détermination du % de neutrophile (GNN) Détermination au moyen d’un multistix dans le liquide de drainage
La cytobrosse(http://www.be.fishersci.com/) (Deguillaume 2007)
Le diagnostic cytologique de l’endométrite subclinique (G. Hirsbrunner FMV Berne)Le cathéter de Folmer Nielsen pour le prélèvement et la détermination après coloration du nombre de neutrophiles
L’examen cytologique(Deguillaume 2007) Cellule épithéliale Erythrocyte Neutrophile (GNN) Prof. Ch. Hanzen - Les infections utérines chez la vache
Examen d’une vache suspecte d’endométrite Anamnèse Examen général Examen complémentaire Inspection vulvaire Vaginoscopie Metricheck Palpation manuelle Echographie Drainage Biopsie Cytobrosse Passage transcervical Plusieurs prélèvements Fixation au formol
Biopsie Prélèvements Sonde à trois voies Cuillère de Florent Examen d’une vache suspecte d’endométrite Anamnèse Examen général Examen complémentaire Inspection vulvaire Vaginoscopie Metricheck Palpation manuelle Echographie Drainage Biopsie Bactériologie Cytobrosse
Examen d’une vache suspecte d’endométrite Anamnèse Examen général Examen complémentaire Inspection vulvaire Vaginoscopie Metricheck Palpation manuelle Echographie Drainage Biopsie Cytobrosse Biochimie Hormonologie Collagène (glycine, hydroxyproline) Augmentation durant la 1ère semaine PP Témoin surtout de la qualité de l’involution utérine PGFM/PGEM : témoin de la qualité de l’involution utérine Haptoglobine (glycoprotéine hépatique) Peu de sensibilité pour identifier les endométrites (Humblet et al. 2006). Progestérone : choix d’une thérapeutique
Intérêt de la vaginoscopie • 9 % de faux négatifs (Kasamanickam et al. 2004) • Vaginoscopie (vs cytobrosse) (Drillich et al. 2004, Bartlund et al. 2008) • sensibilité : 12 à 53,9 • spécificité : 90 à 95,4 • Vaginoscopie / palpation (vs écho) : plus exacte (Mee et Daelemans 2007) • Vaginoscopie / inspection : meilleure sensibilité (LeBlanc et al. 2002) • Corrélation entre l’augmentation du score des secrétions et la présence de pathogènes reconnus (Sheldon et Dobson 2004) • Non diagnostic possible des endométrites sub-cliniques
Intérêt de la palpation manuelle • La moins sensible et la moins spécifique des méthodes de diagnostic (Miller et al. 1980, Bretzlaff 1987, Gilbert 1992, Youngquist et Shore 1997, Deguillaume 2007) • La méthode manque d’exactitude pour identifier les vaches infertiles pour cause d’endométrites (Miller et al. 1980, Kristula et Bartholomew 1998) • Si critère de diamètre considéré (> 7,5 cm) entre 20 et 40 jours PP : méthode plus spécifique (0,8 à 1) que sensible (0,17 à 0,21) (vs % de vaches gestantes à 120 jours) (Deguillaume 2007, Leblanc et al. 2002, Bonnett et al. 1993). • Facilite l’extériorisation des secrétions
Intérêt de l’échographie • Kasimanickam et al. 2004, Drillich et al. 2004 • Faible corrélation entre le diagnostic échographique et l’examen cytologique • Barlund et al. 2008 • Mesures échographiques de la lumière utérine (> 3 mm) et de l’épaisseur de la paroi (> 8 mm) (vs examen cytologique) faible sensibilité (3,9 à 30,8) et spécificité élevée (89,2 à 92,8) • Causes potentielles • Manque de reproductibilité des mesures ? • Réponses différentes des vaches à l’inflammation (réponse élevée mais peu de liquides vs réponse liquidienne élevée et donc dilution du nombre de cellules)
Intérêt de l’ examen cytologique (% de neutrophiles)Quantification de la fréquence des endométrites • Seuil de 5 % (cytobrosse) • 53 % entre J40 et J60 du PP (Gilbert et al. 2005) • 26 % entre J21 et J60 du PP (Deguillaume 2007). • Seuil de 8 % entre J28 et J41 • 15,8 % : liquide de drainage • 11, 8 % : cytobrosse (Barlund et al. 2008). • Seuil de 10 % entre J 20 et J 33 : 41 % (Kasimanickam et al. 2004). • Seuil de 18 % entre J 34 et J 47 : 45 % (Kasimanickam et al. 2004). Prof. Ch. Hanzen - Les infections utérines chez la vache