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La psychologie du contrôle : Besoin de contrôle et différences individuelles de croyances en matière de contrôle. Le contrôle, contrôle effectif et sentiment de contrôle = un besoin pour l’individu et lui est bénéfique.
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La psychologie du contrôle : Besoin de contrôle et différences individuelles de croyances en matière de contrôle • Le contrôle, contrôle effectif et sentiment de contrôle = un besoin pour l’individu et lui est bénéfique. • 2. l’étude des différences individuelles pour ce qui est des croyances en matière de contrôle. Présenté par Frédéric Martinez (G.R.E.P.S) Frederic.martinez@univ-lyon2.fr • Thèmes de recherche : • aspects sociocognitifs de la prise de décision et de la prise de risque • les biais de jugement • L’illusion de contrôle
Besoin de contrôle effectif Adler (1930) : Recherche de supériorité Hendrick (1943) : un instinct de maîtrise Théoriciens de l’attribution : Heider (1958) ; Jones et Davis (1965) ; Kelley (1967) et Ross (1977) Une attribution est une inférence ayant pour but d'expliquer pourquoi un événement a eu lieu ou encore qui essaie de déterminer les dispositions d'une personne (Harvey & Weary, 1981). Le but de l’analyse causale - sa fonction pour l’espèce comme pour l’individu- est le contrôle effectif…Les facteurs contrôlables auront une forte saillance comme candidats pour l’explication causale. Dans le cas d’ambiguïté ou de doute, l’analyse causale sera biaisée dans ses résultats en vue d’aboutir à des facteurs contrôlables… » (Kelley, 1971, p22-23).
Overmier et Seligman (1967) :« learned helplessness », impuissance apprisse résignation acquise - Premier jour: Deux groupes de chien (G1 et G2) sont soumis à 64 stimulus électriques (6 milliampères - modérément douloureux) de 5 secondes chacun G1 ne peut s'y soustraire (stimulus aversif incontrôlable) G2 peut s’y soustraire (stimulus aversif contrôlable) - Le second jour ils sont placés dans une boite à évitement. Les séquences de stimulus aversifs sont les suivantes : lumière 15 secondes et courant de 4,5 millA. Les trois groupes de chien ont la possibilité de sauter dans l'autre compartiment ce qui arrête le stimulus ou l'empêche d'apparaître. Dans la population témoin (non soumis à la phase 1) et dans G2 (stimulus aversif contrôlable) : 5% des chiens sont passifs (ne sautent pas dans l'autre compartiment pour éviter le courant). Dans la population expérimentale G1 (stimulus aversif incontrôlable) (150 chiens), 66% sont passifs.
Mise en évidence chez l’être humain : - des bruits désagréables incontrôlables (Hiroto et Seligman, 1975), des problèmes sans solution (Kofta et Sedek, 1989). Exposition à une situation incontrôlable = sentiment d'incontrôlabilité. Développement du syndrome de "learned helplessness« Syndrome proche de la dépression nerveuse : déficit affectif, cognitif et conatif généralisé. Deux types d’explications motivationnelles : - « négativité » (Wortman et Brehm, 1975 ; Seligman, 1975) rejet de l’expérience restauration du sentiment de contrôle - théorie « égotique » (Frankel et Snyder, 1978, Snyder, Smoller, Strenta et Frankel, 1981, Snyder et Frankel, 1989). une menace pour l’estime de soi et réduction d’investissement dans la tâche
explications cognitives : • « interférences cognitives » (Kuhl, 1981) : Réduction des ressources attentionnelles du sujet • - théorie « informationnelle » (Sedek et Kofta, 1990) : état d’épuisement cognitif, traitement heuristique de l’information entraînerait les baisses de performances observées - Conséquences bénéfiques entraînées par l’exposition à des stimulations contrôlables (Glass et Singer, 1972 ; Mineka et Henderson, 1985) - Bénéfices résultant de la maîtrise effective de renforcements positifs. Markowitz et Woodworth (1978) pour les animaux captifs Schulz (1976). Les personnes âgées ayant eu la possibilité de négocier (de contrôler) le rythme et l’horaire des visites = meilleure santé
Sentiment de contrôle - Tendance à établir des liens illusoires. 1. L’illusion de détermination (Wortman, 1976) : tendance à voir des rapports de cause à effet entre des événements complètement indépendant (ex: Ward et Jenkins, 1965 ; Wilson, 1968) - Négation de l’existence du hasard (Walster, 1967 ; Streufert et Streufert, 1969) - Auto-attribution des événements négatifs. « Apparemment les gens qui, dans leur vie, font l’expérience d’événements négatifs semblent préférer s’en attribuer la responsabilité plutôt que de voir l’intervention du hasard » (Wortman, 1976) Ex: Abrams et Finesinger, 1953 ; Chodof et al., 1964 ; Médéa et Thompson, 1974 ; Lifton, 1963 ; Corner et Laird, 1975
2. L’illusion de justice (Lerner, 1970 ; 1975) : « croyance selon laquelle chacun obtient ce qu’il mérite et ne mérite que ce qu’il obtient » • Les sujets jugèrent comme plus capable l’ouvrier qui avait été arbitrairement récompensé. • Les observateurs évaluent très négativement un sujet donnant de mauvaises réponses 3. L’illusion de contrôle Origine : Henslin (1967) ; Goffman (1967) Strickland, Lewicki et Katz (1967): Les sujets prennent plus de risque en misant plus quand ils parient avant plutôt qu’après le lancer, comme s’ils pouvaient contrôler le résultat du lancer. Langer (1975) : Illusion de contrôle = Une importante surestimation de la probabilité de succès personnel par rapport à la probabilité objective
Effet du choix sur l’illusion de contrôle (Langer, 1975) • Tâche : achat d’un billet de loterie, prix du billet 1$, gain 50$ - 2 conditions : choix versus non choix Sollicitation: revente du billet - Les participants revendent plus cher le billet de loterie lorsqu’ils ont choisi. Condition non choix : prix de revente 1,96$ avec refus de vente 19% Condition choix : prix de revente choix 8,97$avec refus de vente 37% Attribution d’une probabilité de gain plus élevée, et donc ils considèrent que dans leur choix est intervenu une habileté qui permet de contrôler l’incontrôlable, à savoir le hasard. Et c’est bien cela l’illusion de contrôle.
Surestimation du déterminisme personnologique Erreur fondamentale d’attribution ou biais de correspondance : Tendance à surestimer l’importance des causes personnelles au détriment des causes situationnelles dans l’explication du comportement d’autrui. - Expérience de Jones & Harris (1967) (1) Sujets américains lisent un essai soit pro Castro soit anti Castro qui leur est attribué aléatoirement (2) D’autres sujets doivent évaluer l’attitude véritable de lecteur envers Fidel Castro Les observateurs estiment que le texte lu par le sujet reflète ses opinions. biais de correspondance : inférence d’une correspondance entre le contenu (essai) et disposition (l’attitude) du lecteur (en négligeant les contraintes situationnelles)
Ross, Amabile et Steinmetz (1977) : En dépit du tirage au sort, le sujet qui jouait le rôle de testeur était jugeait plus cultivé que celui qui jouait le rôle du testé. • conséquences bénéfiques du sentiment de contrôle : Le seul fait de laisser croire aux individus qu’ils ont la possibilité de contrôler la situation suffit (Glass & Singer, 1972; Hiroto, 1974) Langer (1975) : Les malades et les personnes âgées à qui on offre la possibilité de choisir la forme de leur traitement ne pourront ressentir que des effets positifs d’une telle procédure. Langer et Rodin (1976) : L’état physique et psychologique des personnes ayant reçu la plante et devant s’en occuper s’est amélioré, en comparaison avec des personnes ayant reçu la plante mais dont le soin avait été confié au personnel hospitalier Alloy et Abronson (1979)
- conséquences négatives de l’illusion de contrôle - Une phase de gain conduit le joueur à croire en la possibilité de contrôler l’incontrôlable Il n’hésitera donc pas à jouer et à rejouer puisqu’il est « sûr de gagner », se précipitant ainsi dans le cercle vicieux du jeu excessif. - Delhomme (1991) : Les conducteurs sont persuadés qu’ils contrôlent mieux les situations de conduite que les autres Par exemple, plus les jeunes conducteurs pensent exercer du contrôle sur la conduite, plus ils accélèrent (Delhomme & Meyer, 1995) Delhomme (1995) suggèrent que l’une des voies possibles serait d’éviter de mettre sur l’accent dans ces campagnes publicitaire sur l’aspect insécuritaire de certains comportements mais plutôt de valoriser les comportements sécuritaires
Différences individuelles en matière de croyances de contrôle • Différences individuelles au niveau des anticipations que nous avons quant aux facteurs susceptibles de déterminer ce qui va nous arriver (en bien comme en mal) ou ce qui va arriver aux autres. • Théoriciens de l’apprentissage social (Lefcourt, 1966 ; Phares, 1968 ; Rotter, 1966) • 2 constations : • - aucun lien établi entre leurs comportements et ce qui leur arrivait d’heureux ou de malheureux • - aucun profit tiré des succès ou des échecs antérieurs • cas de Karl S., patient de Phares : • conséquences des sanctions ou des renforcements sur le comportement ne sont pas automatiques mais dépendent de la perception ou de la non-perception de l’existence d’un lien entre comportement et renforcement subséquent
Rotter (1966) : Locus of control ou LOC, le lieu où les gens situent le contrôle de l’obtention d’un renforcement • croyance en un contrôle externe : croyance que le renforcement n’est pas totalement déterminé par une certaine action de sa part - croyance en un contrôle interne : croyance que l’événement dépend de son propre comportement ou de ses caractéristiques personnelles relativement stables • Théorie de l’apprentissage social (Rotter) : • 3 variables explicatives des comportements : • Renforcement, Expectation, Situation Psychologique 6 postulats : • Seule la prise en compte simultanée des déterminants personnels et situationnels peut permettre l’étude des comportements.
Les comportements sociaux font l’objet d’apprentissage Il existe une unité de la personnalité Rôle conjugué des variables situationnelles et des variables dispositionnelles pour l’explication des comportements Les comportements humains sont toujours dirigés vers un but - Des comportements fonctionnellement équivalents sont des des comportements apparemment très différents réalisés dans des situations elles-mêmes très différentes, mais qui concourent au même but - Un renforcement est tout ce qui a un effet sur la production, la direction ou le type de comportement. • Incapacité des seuls renforcements à rendre compte des comportements Un autre déterminant essentiel = les expectations
Expectation = probabilité pour un individu qu’un renforcement particulier se produira à la suite d’un comportement spécifique de sa part, dans une ou des situations spécifique (Rotter,1954, p. 107) objet du sixième postulat = La probabilité de voir apparaître un comportement chez une personne donnée est déterminée non seulement par l’importance des buts ou des renforcements, mais aussi par l’anticipation ou l’expectation par la personne de l’atteinte de ces buts Rotter, Chance, Phares (1972) : BP x, s1, Ra = f (Ex,Ra, s1 et Rva,s1) BP : behavior potential S : situation R : renforcement E : expectation Rv : valeur du renforcement
- Deux catégories d’expectations : expectations spécifiques et expectations générales - Toute expectation d’un sujet face à une situation donnée dépend du jeu conjugué de ces deux composantes • Rotter (1966, 1975) : le LOC = • une variable générale de la personnalité • Plus précisément d’une croyance générale de contrôle indépendante donc d’une situation particulière • Il résulte de l’ensemble des séquences comportement-renforcement rencontrées • Il traduit le degré de représentation qu’a un individu du lien qui existe entre ses comportements et/ou caractéristiques personnelles et les renforcements positifs ou négatifs qu’il reçoit.
LOC ≠ Attribution causale • LOC = une attente a priori et attribution causale = un jugement porté a posteriori • LOC = lien entre un comportement et un renforcement et attribution causale = lieux de causalité LOC concerne les renforcements alors que le concept d’attribution causale concerne les comportements ou les états émotionnels des gens • Comment mesurer les différences individuelles sur le LOC ? • - Les questionnaires ou échelles de LOC • Kranpen (1982) = quatre types d’échelles • 2 critères de différenciation : • unidimensionnalité versus multidimensionnalité • échelles générales versus spécifiques
Échelles générales de conception unidimensionnelle (ex : Rotter, 1966, traduction française Salehi, 1981) Ex: Choix forcé entre • a) Nous tenons notre personnalité de nos parents et nous ne pouvons que l’accepter • b) Ce sont les expériences de la vie qui font de nous ce qui nous ce que nous sommes • Échelles spécifiques de conception unidimensionnelle (ex : Dubois, 1985) EX Si vous êtes dans la solitude, c’est parce que les circonstances vous l’imposent 0 1 2 3 • Échelles générales de conception multidimensionnelle (ex : Levenson, 1974) Échelles spécifiques de conception multidimensionnelle (ex : Lefcourt, 1981)
Différencier les internes des externes : • Effets de l’appartenance ethnique et du niveau socio-économique : les sujets des classes favorisées sont plus internes que ceux des classes défavorisées 3 types d’explication : • moins facilement accès aux connaissances • les différences de contrôle effectif que les individus expérimentent eux-mêmes dans leur vie quotidienne • Les différences constatées reflèteraient des rationalisations propres aux différentes positions sociales. • Effets du genre • grande hétérogénéité des travaux = résultats inconsistants • Tendance générale = les sujets de sexe féminin ont tendance à être plus externes que ceux de sexe masculin
deux types principaux d’explications : -lien des différences de croyance aux stéréotypes traditionnels masculins et féminins confirmation : Nowicki et Strickland (1973) - les différences de croyance de contrôle sont à rapporter à l’inégalité des rôles assignés à chaque sexe • Effets de l’âge : - une plus grande internalité des enfants les plus âgés. - tendance évolutive globale vers l’internalité jusqu’à l’adolescence - acquisition par paliers et par décrochages - Cette évolution n’est pas le fait du développement cognitif
- Internalité et pratiques éducatives : • même stratégie d’analyse : corrélation entre l’orientation du LOC et les caractéristiques des pratiques éducatives • diversité au niveau de l’âge des sujets étudiés • résultat : Les croyances en un contrôle internes des renforcements sont associées à des pratiques éducatives systématiquement opposées à celles que l’on retrouve reliées aux croyances en un contrôle externe • Internalité et réussite • Domaine scolaire • ceux qui obtiennent les scores d’internalité les plus élevés sont aussi ceux qui réussissent le mieux dans leurs études • interaction avec l’âge, le sexe, le type d’échelle de LOC et le type de mesure utilisée pour évaluer la réussite scolaire.
- orientation interne du LOC et réussite professionnelle Internalité et choix professionnel Les internes choisissent davantage que les externes des professions leur offrant la possibilité de prendre des initiatives et leur permettant d’utiliser au mieux leurs capacités (cf. O’Brien, 1984 pour revue) (ex : Kornhauser, 1965) Internalité et statut professionnel Les individus internes obtiennent souvent un statut professionnel supérieur à celui des externes et perçoivent des salaires plus élevés (Spector, 1982 ; O’Brien, 1982) Internalité et exécution dans les tâches Meilleure performance des internes (critères : qualité, temps de résolution
Internalité et motivation pour la réussite • le degré de motivation à réussir est un facteur important de la réussite : • les sujets à forte motivation pour la réussite ont une bonne estimation de leurs capacités (Weiner et al., 1971) • les individus présentant un degré élevé de motivation pour la réussite poursuivent leurs efforts même après un échec • les individus très motivés par la réussite tirent peu de satisfaction d’un succès obtenue à une tâche considérée par eux comme facile, alors que ceux peu motivés se réjouissent autant d’un succès obtenu facilement que d’un succès obtenu à l’arraché Résultat plausible mais loin d’être établi : -- les sujets internes, contrairement aux externes, devaient se caractériser par une plus grande motivation à réussir
Internalité et processus de traitement de l’information A/ Internalité, acquisition et rétention de l’information • les patients internes sont apparus mieux informés sur leur état que leurs homologues externes et se montrent plus désireux d’acquérir de nouvelles informations sur leur maladie (cf. pour revue, Wallston et Wallston, 1981) • Autre exemple David et Phares (1967) Explications : - les individus internes ont en général un meilleur niveau de connaissances - les sujets internes sont également plus attentifs, plus sensibles aux informations pertinentes que leur fournit la situation ou l’environnement (Wolk et Ducette, 1974)
B/ Internalité et utilisation de l’information - les sujets internes font un meilleur usage que les sujets externes des informations qu’ils détiennent - les sujets internes savent tirer profit des informations dont ils disposent. Les sujets externes, plus dépendants des instructions, ne savent pas utiliser les informations pour une autre raison que celle qui leur est indiquée (Wolk, ducett 1974) Internalité et réactions face aux événements - Les internes élèvent leur niveau d’aspiration après un succès et le baissent après un échec - les externes expriment des croyances de succès après une expérience malheureuse, la réussite les conduirait plutôt à craindre un échec ultérieur Deux explications : 1/ possibilité/impossibilité de tirer profit des expériences antérieures 2/ satisfaction/insatisfaction procurée par le succès et les échecs
Orientation LOC et comportement de réussite - les individus qui se caractérisent par une orientation interne de leur LOC sont aussi ceux qui : • réussissent le mieux à l’école, à l’université et dans leur métier • semblent être plutôt motivés par la réussite • témoignent d’une certaine efficacité dans le recueil et l’utilisation de l’information utilisent leurs expériences antérieures comme sources d’informations