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Bilan et mémoires de la Seconde Guerre mondiale. En 1945, la France est en ruine. Sur le plan humain, elle est loin d’être parmi les pays ayant le plus souffert de ce conflit.
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Bilan et mémoires de la Seconde Guerre mondiale En 1945, la France est en ruine. Sur le plan humain, elle est loin d’être parmi les pays ayant le plus souffert de ce conflit. Pour autant, la guerre a laissé des traces indélébiles dans la société française et dans les représentations qu’elle a de son passé. Le souvenir de cette guerre a pris selon les générations qui se sont succédées une signification fort différente. Quelle empreinte la 2nde GM a-t-elle laissée dans la mémoire collective? Comment la France a-t-elle affronté son passé?
I/ LA FRANCE EN 1945 entre CHAOS et RENOUVELLEMENT En 1945, la France est libérée mais meurtrie. A quels problèmes est-elle confrontée?
A. Un pays ravagé et meurtri • Le bilan humain est lourd -600 000 victimes (contre 1,4 million pour la 1ère GM) -France ne fait pas partie des pays les plus touchés -proportion élevée de victimes civiles (près de la ½) -La France connaît un déficit démographique: baisse de la natalité, surmortalité indirecte, migrations
A. Un pays ravagé et meurtri • Un pays traumatisé par la violence de la guerre -traumatisme lié aux massacres perpétrés lors du repli allemand -l’intensité des bombardements, l’utilisation de nouvelles armes -nombreuses familles touchées par la déportation, par le deuil -les gens sortent de plusieurs années de privation: situation matérielle difficile -poursuite du « système D » Vue intérieure de l’église d’Oradour
A. Un pays ravagé et meurtri • Des pertes matérielles énormes -de nombreuses villes ont subi des dégâts considérables -important effort des populations pour déblayer -réseau de transport gravement endommagé -capacité productive affaiblie → production agricole = 2/3 de celle d’avant guerre → production industrielle = 30 % de celle d’avant-guerre -problèmed’énergie: on manque de pétrole et surtout de charbon
B. La restauration de l’ Etat • De Gaulle à la tête du GPRF -juin 1944 = régime de Vichy s’effondre -général de Gaulle, très populaire, préside le GPRF et présente Vichy comme une parenthèse illégitime de l’histoire de France -il entend incarner la continuité et la garantie républicaine -il effectue une tournée en province afin de restaurer l’ordre
B. La restauration de l’ Etat • Le problème de l’épuration -l’épuration sauvage = répression spontanée illégale, prenant la forme d’arrestations, de violences physiques, parfois suivies d’une exécution après un simulacre de procès -exécutions sommaires estimées à environ 9 000 -miliciens, collaborateurs, femmes soupçonnées d’avoir eu des relations avec les Allemands http://crdp2.ac-besancon.fr/catalog/sites/france-en-guerre/films/film6_2.php
B. La restauration de l’ Etat • Le problème de l’épuration (suite) -l’épuration légale :mettre fin aux actes de vengeance spontanés et à leurs excès -épuration légale modérée qui frappe surtout les élites politiques et intellectuelles -sur 160 000 inculpés, près de la ½ ont été graciés, seulement 4% condamnés à mort -l’épuration laisse une impression de malaise
B. La restauration de l’ Etat • Restaurer le rôle de la France -De Gaulle réussit à faire reconnaître GPRF par URSS, Etats-Unis et Royaume-Uni -France intègre le camp des vainqueurs et obtient une zone d’occupation en Allemagne et en Autriche -place de membre permanent au Conseil de sécurité de l’ ONU
B. La restauration de l’ Etat • Restaurer le rôle de la France -France confrontéeà la montée du nationalisme dans ses colonies ex: en Indochine, Hô Chi Minh proclame la République démocratique du Vietnam 8 mai 1945 = manifestations de Sétif (Algérie), sévère répression -Refus de prendre la mesure de ces revendications: l’ Empire est une composante de la puissance
C. Une France nouvelle mais une société divisée • Un échiquier politique totalement recomposé -retour à la III° République inenvisageable -le rapport de force penche nettement à gauche -la droite traditionnelle est discréditée (souvenir du régime de Vichy) -les principales formations politiques: le Parti communiste français (forte audience) le Parti socialiste (SFIO) le MRP = mouvement républicain populaire, parti démocrate- chrétien fondé en 1944 -nouvelle élite politique constituée d’hommes issus de la Résistance
C. Une France nouvelle mais une société divisée • Un projet politique inédit = projet d’une démocratie sociale Projet qui s’appuie sur le programme du Conseil national de la Résistance (mars 1944) -droit de vote aux femmes -Etat interventionniste, devant corriger les inégalités et réguler l’économie (Etat-providence) création de la Sécu nationalisations
C. Une France nouvelle mais une société divisée • Un pays qui reste divisé -la pratique de l‘épuration sauvage révèle les tensions présentes dans la société française. On a pu parler de « guerre franco- française » = affrontement durant la guerre et à la libération entre les forces soutenant Vichy et celles de la Résistance -les comités locaux et départementaux de Libération (où les communistes sont majoritaires) acceptent difficilement de reconnaître l’autorité du GPRF: tensions entre partisans de De Gaulle et communistes
II/ Les Français et la 2nde Guerre mondiale: un « syndrome de Vichy » « syndrome de Vichy » = expression qui permet de caractériser l’ensemble des symptômes et des manifestations qui révèlent les conflits internes provoqués par le souvenir du régime de Vichy De quelle façon le souvenir des « années noires » révèle la difficile gestion de son passé et les fluctuations de la mémoire?
Le mythe d’une France unanimement résistante (1945 à la fin des années 60) Le mémorial de la France combattante Le général de Gaulle au mont Valérien (18 juin 1968) • la nation s’identifie à la Résistance • l’éclatement des mémoires
A. Le mythe d’une France unanimement résistante • Des plaies mal refermées -réapparition du mythe Pétain, certaine résurrection du pétainisme au début des 1950’s Pétain se serait sacrifié pour la France, il aurait pratiqué un double jeu pour faciliter la tâche des Alliés et protéger les Français Ses fidèles souhaitent défendre sa mémoire. -deux lois d’amnistie (au début des années 50’s) permettent à des hommes de Vichy de reprendre leur carrière -la question des « malgré-nous » révèle l’existence d’un « syndrome de Vichy »
A. Le mythe d’une France unanimement résistante • Le retour de la mémoire gaulliste = celle des Français unis contre l’occupant (le souvenir de Vichy est refoulé, la collaboration est réduite à quelques traîtres) -apogée de cette mémoire = transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon (18 et19 décembre 1964) → élevé au rang de martyr national, de héros emblématique de la Résistance; hommage rendu par des résistants de toutes tendances Extrait du discours prononcé par A. Malraux lors du transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon (19 déc. 1964) http://www.ina.fr/fresques/jalons/fresque/?periode=1994(vidéo du 19 décembre 1964)
B. Un autre regard sur Vichy et les « années noires » (depuis les années 70) • Vichy, un passé discuté -image d’une France unanimement résistante est mise à mal ; représentation plus nuancée et moins glorieuse de la France occupée Le Chagrin et la Pitiéfilm de M. Ophuls La France de Vichy livre de R. Paxton → réécriture des manuels d’histoire -réévaluation du passé au travers de révélations scandaleuses (affaires Touvier, Barbie, Papon…) → dénonciation des crimes de Vichy difficulté à exorciser le passé http://www.ina.fr/fresques/jalons/fiche-media/InaEdu01491/robert-paxton-historien-de-la-france-de-vichy.html
B. Un autre regard sur Vichyet les « années noires » • La responsabilité assumée -les gouvernements se sont longtemps refusés à reconnaître officiellement responsabilité de l’ Etat français -F. Mitterrand = 1er chef d’ Etat à assister à la cérémonie commémorant rafle du Vel d’hiv (1992) -J. Chirac reconnaît la responsabilité française (16 juillet 1995) -en 2000, une loi fait du 16 juillet un jour de commémoration des « crimes racistes et antisémites de l’ Etat fr. » Monument commémoratif de la rafle du Vel’ d’hiv’ (inauguration le 17 juillet 1994)
B. Un autre regard sur Vichyet les « années noires » • Une relecture de la Résistance -une nouvelle représentation de ce passé « difficile » s’élabore -après avoir sacralisé la face noble puis la face noire de l’attitude des Français, on renoue avec la Résistance comme fait historique → on admet mieux la diversité des parcours, les divisions internes → on comprend l’extraordinaire difficulté du choix et du combat des résistants « La France a encore mal à sa Seconde Guerre mondiale » mais elle a fait un lourd travail de mémoire pour assumer les crimes de Vichy et les divisions de la Résistance.
III. La mémoire du génocide Génocide = terme forgé en 1944 pour définir l’extermination systématique et planifiée, en totalité ou en partie, d’un groupe national, ethnique, racial ou religieux Comment après avoir longtemps rencontré l’indifférence, le souvenir de la Shoah s’est-il imposé comme un devoir de mémoire?
A. Un génocide peu reconnu (1945-1961) • La difficulté de témoigner -survivants juifs (à la Libération) éprouvent le besoin de témoigner: récits individuels, livres du souvenir, « mémoires d’outre-tombe »… -la société française (à l’image du reste du monde) est peu réceptive -la mémoire juive n’émerge pas dans la société: elle n’a pas pour objet de s’adresser à la nation
A. Un génocide peu reconnu (1945-1961) • Le problème des amalgames -l’image qui capte l’attention est celle des déportés résistants (victimes de la répression nazie): « héros nationaux » -l’extermination des déportés juifs est moins souvent évoquée que la « concentration » et son lot de privations et mauvais traitements -les Juifs sont assimilés à la masse indifférenciée des déportés -les survivants, eux-mêmes, ne souhaitent pas être distingués des autres victimes; certains ont du mal à s’identifier aux victimes passives du génocide -mémoire minoritaire: 75 000 Juifs sont déportés, seuls 2 500 sont rescapés (effectif faible par rapport aux 40 000 déportés de retour des camps
B. Le réveil de la mémoire juive (1961-1978) • Impact du contexte international -le procès Eichmann = un tournant En 1961, Adolf Eichmann, organisateur de la « solution finale » jugé à Jérusalem Parole donnée aux témoins, survivants. Mémoire juive sur le devant de la scène. Transmission du souvenir. -la guerre des Six Jours (1967) fait craindre la destruction de l’Etat d’Israël et ravive la mémoire du génocide qui devient constitutive de l’identité juive. La Shoah est revendiquée comme une singularité.
B. Le réveil de la mémoire juive (1961-1978) • Faire face aux remises en cause -mémoire juive attaquée par des thèses négationnistes Négationnisme = ensemble des thèses persistant à nier la réalité du génocide des Juifs et des Tsiganes Robert Faurisson « le prétendu gazage et le prétendu génocide ne sont qu’un seul et même mensonge historique » -renaissance de l’extrême droite autour de J.M. Le Pen ravive l’inquiétude des Français juifs
C. La victoire de la mémoire juive(1980 à nos jours) • Le génocide, objet d’une intense activité mémorielle -médiatisation du génocide: livres, films (Shoah en 1985, Au revoir les enfants en 1987), émissions TV, mémoriaux -création d’associations comme la FFDJF = fils et filles des déportés juifs de France (créée en 1979) → faire comprendre aux Français le sort particulier réservé aux Juifs; combattre antisémitisme et négationnisme; obtenir la reconnaissance des crimes de Vichy
C. La victoire de la mémoire juive(1980 à nos jours) • La reconnaissance officielle -jugement de responsables de la déportation juive -progressive reconnaissance de la responsabilité française dans la mise en œuvre du génocide -Eglise catholique reconnaît officiellement son « indifférence coupable » au sort réservé aux Juifs pendant l’ Occupation (repentance à Drancy en 1997) http://www.ina.fr/fresques/jalons/fresque/?periode=1994(les procès de Vichy 2 avril 1998)