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La Fuite des Cerveaux en Afrique: Ampleur et Déterminants. Abdeslam Marfouk Université Libre de Bruxelles (ULB) Papier Preparé pour la Conference des Recteurs, Vice Chanceliers et Présidents d’Universités africaines (COREVIP)
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La Fuite des Cerveaux en Afrique: Ampleur et Déterminants Abdeslam Marfouk Université Libre de Bruxelles (ULB) Papier Preparé pour la Conference des Recteurs, Vice Chanceliers et Présidents d’Universités africaines (COREVIP) “La Fuite des Cerveaux en Afrique : Gérer la Fuite en Collaboration avec la Diaspora” Tripoli (Libye), 21-25 Octobre 2007
Structure de l’exposé • Tendances des Migrations Internationales • Pourquoi nous connaissons très peu ou pas suffisamment sur le phénomène des migrations internationales? • Que savions-nous sur l’ampleur de la fuite des cerveaux de l’Afrique? • Nouvelle base de données unique et originale – Docquier et Marfouk (2006) • Qu’est-ce que nous avons fait et comment avons-nous procédé? • Choix méthodologiques • Emigration africaine à destination des pays de l’OCDE • Déterminants de l’émigration qualifiée africaine • Principales conclusions
Tendances des Migrations Internationales Source: Nations Unies
Pourquoi nous connaissons très peu ou pas suffisamment sur le phénomène des migrations internationales? • Il est bien connu que les statistiques d’émigration diffusées par les pays d’origine, s’elles existent, ne donnent qu’une image partielle et très peu précise des mouvements transfrontaliers • Les stocks d’émigrants ne peuvent être appréhendés qu’à travers les statistiques d’immigration au niveau des pays d’accueil • Des organisations internationales (Eurostat, UN,…) diffusent des statistiques sur les migrations internationales • Données ne livrent aucune information ou au mieux une information très partielle et non harmonisée sur les pays d’origines des migrants • Jusqu’à une date très récente le nombre d’émigrés africains résidant dans les pays de l’OCDE était inconnu • La disponibilité et la qualité des données est le premier obstacle auquel tout chercheur en migrations internationales se trouve confronté
Que savions-nous de la fuite des cerveaux de l’Afrique? • National Science Fondation US (2003): 55 300 diplômés en science et ingénierie (S&I) vivant aux USA sont originaires de l’Égypte et le Nigeria (6 600 titulaires-PhD) • Département of Homeland Security US (2002): * 7 847 travailleurs spécialisés (H1B) – 2% du total: (Afrique du Sud 49%, Nigeria 10%, Egypte 9%, Kenya 7%, Maroc 5%, Ghana 4%) * 381 travailleurs à capacités extraordinaires (01) – 2% du total: (44% Afrique du Sud, Egypte 12%, Ghana 6%, Kenya 4%, Maroc 4%, Nigeria 4%) • D’après un rapport de l’OMS, 30% seulement des 1200 médecins formés au Zimbabwe dans les années 90 exerçaient encore dans le pays en 2001 • Le PNUD soulignait dans un rapport (1992) que le Ghana a perdu 60% des médecins formés au cours des années 80
Que savions-nous de la fuite des cerveaux africains? • Ces exemples illustrent l’importance de la fuite des cerveaux au niveau de certains pays africains • Ces données ne livrent qu’une image partielle de la perte de capital humain encourue par ces pays • Ne permettent pas d’avoir une idée précise de la fuite des cerveaux de l’ensemble des pays africains et du continent dans son ensemble • Malgré les enjeux pour les pays d’origine, jusqu’à une date très récente, il n’existait aucune étude chiffrant l’exode des qualifiés «fuite des cerveaux» au niveau des 53 Etats africains
Travaux intérieurs • Carrington & Detragiache (1998, 1999): 1990 - 61 pays en développement/24 pays africains • Adams (2003): 2000 - 24 pays en développement/7pays africains Approche méthodologique: * Recensement US/Statistiques OCDE (-) * Concept-lieu de naissance/Critère-population étrangère(-) * Structure par qualification US extrapolée aux autres pays de l’OCDE (+)
Nouvelle base de donnée: Qu’est-ce que nous avons fait et comment avons-nous procédé? • Base de donnée unique qui livre pour tous les pays du monde, le stock des émigrés par niveaux d’études, en valeur absolue et en proportion de la population dans les pays d’origine • Méthodologie peut être décrite en deux étapes * Première étape: Collecter au niveau des 30 pays de l’OCDE le stock d’immigrés par niveaux d’études par pays d’origine * Deuxième étape: calculer les taux d’émigration par niveau d’étude (proportion des émigrés par rapport à la population résidente pour tous les pays du monde)
Nouvelle base de données: Choix méthodologiques • La base de donnée considère l’ensemble des pays de l’OCDE - deux périodes 1990-2000 • Trois niveaux d’éducation sont distingués sur la base des diplôme: primaire (non qualifiés), secondaire (moyennement qualifiés) et tertiaire (qualifiés) • Considérer les personnes âgées 25+ • Comparaison entre 1990 and 2000 (30 pays: 45% de la migration mondiale - 90% de sa composante qualifiée) • Immigration est principalement définit sur la base du concept lieu de naissance des individus (foreign-born) plutôt que le critère de nationalité
Nouvelle base de données: Choix méthodologiques • La terme «fuite des cerveaux» correspond à l’émigration des personnes ‘qualifiés’ • Calculer la «fuite des cerveaux» sous forme de taux est plus approprié pour mesurer la pression exercée par l’exode des personnes qualifiées sur les pays d’origine • La pression exercée par 150 000 émigrés qualifiés égyptiens (4,5% des qualifiés nationaux) est moins forte que celle résultant de l’émigration: 2 426 qualifiés du Seychelles (56% des qualifiés) 1 525 qualifiés de la Gambie (63% des qualifiés)
L’exode des qualifiés africains s’est intensifié entre 1990-2000 Source: Docquier et Marfouk (2006) et calculs de l’auteur
Destination des émigrants africains, par niveau d’éducation 2000 Source: Docquier et Marfouk (2006) et calculs de l’auteur
Emigration qualifiée africaine en pourcentage de l’émigration totale par destination, 2000 Source: Docquier et Marfouk (2006) et calculs de l’auteur
Proportion des diplômés du tertiaire dans l’émigration totale, par pays d’origine, en pourcentage, 2000 Source des données: Docquier et Marfouk (2006)
Exode des qualifiés (émigration qualifiée en proportion de la population qualifiée), 2000 Source: Docquier et Marfouk (2006) et calculs de l’auteur
Exode des qualifiés (émigration qualifiée en proportion de la population qualifiée nationale), 2000 Source des données: Docquier et Marfouk (2006)
Les pays africains les plus touches par l’exode des qualifiés Top 25, 2000 Source: Docquier et Marfouk (2006) et calculs de l’auteur
Déterminants de l’exode des africains qualifiés: Principaux résultats • une augmentation 10% du différentiel en termes de niveau de vie entre pays d’accueil et d’origine se traduit par une augmentation du taux d'émigration des personnes qualifiés de l’ordre de 6% • Le coefficient associé au revenu national brut par habitant des pays d’origine est positif alors que le coefficient correspondant au terme quadratique est négatif • Les résultats révèlent que la distance décourage la migration qualifiée: Une augmentation de 10% de la distance a pour résultat une diminution du taux d'émigration des qualifiés de 5%
Déterminants de l’exode des africains qualifiés: Principaux résultats • Lien positif entre opportunités économiques et perspectives d’emploi dans les pays d’accueil et la fuite des cerveaux des pays africains • Différence en termes de primes de qualification entre les pays d’origine et destination est un déterminant de l’émigration qualifiée africaine • Certaines caractéristiques géographiques affectent le taux d’émigration des personnes qualifiés (petites îles, pays enclavés) • les politiques d’immigration sélectives (Can, USA, Aus, Nz) favorisent la fuite des cerveaux africains
Conclusions • Il existe un large consensus autour du rôle du capital humain comme source de croissance et de développement des nations • Selon les données de l’UNESCO, environ 40% des personnes adultes en Afrique Sub-Saharienne sont illettrés, contre 1% seulement dans les pays développés • Aujourd’hui, le continent perd chaque année quelques 74 000 diplômés du tertiaire au profit des pays de l’OCDE • L’Afrique, dans son ensemble, avec ses 922 millions d’habitants (2005) compte moins de médecins que l’Allemagne ou l’Italie • Selon les données de l’OMS en 2004, 34 pays africains comptent moins de 2 médecins pour 10 000 habitants • Fuites des cerveaux amplifier déficit de l’Afrique en termes de capital humain
Conclusions • Exode des qualifiés africains risque de s’amplifier au cours des années avenir • Perspectives de vieillissement de la population active dans les pays riches • Mise en place de politiques d’immigration de plus en plus sélectives dans les pays de l’OCDE • Pénurie de main-d’œuvre qualifiée dans certains secteurs d’activité (ex. santé) dans ces pays • Enquête bureau régional de l’OMS pour l’Afrique (2004) fournit des signes annonciateurs de l’ampleur future de la fuite des cerveaux des pays en africains • Une proportion significative des professionnels de la santé interviewés envisagent d’émigrer vers les pays développés: 68% pour le Zimbabwe, 62% pour le Ghana, 58% pour l’Afrique du Sud
Conclusions • L’Afrique est la région du monde la plus sévèrement affectée par l’exode des cerveaux • Un grand nombre de pays africains connaissent des taux de fuite des cerveaux (émigration qualifiée en proportion des nationaux) alarmants • Malgré l’importance des enjeux pour ces économies, il n’existait aucune étude chiffrant l’exode des qualifiés au niveau des 53 Etats africains • L’absence de données exhaustives et fiables sur la fuite des cerveaux des pays en développement en général et africains en particuliers explique le manque d’analyses empiriques dans ce domaine • Etapes préalables pour la mise en place de mesures adéquates par les décideurs publics pour lutter contre cette perte en capital humain qui frappe sévèrement l’Afrique
Pays de l’OCDE pôle d’attraction majeur des étudiants africains • Les étudiants de l’enseignement supérieur originaires d’Afrique subsaharienne sont les plus mobiles au monde, UNESCO (2006): • un étudiant du supérieur sur 16 étudie à l’étranger • La taux de mobilité vers l’étranger (5,6%) représente 3 fois la moyenne mondiale • En 2004, 262 720 africains poursuivent leurs études dans l’enseignement tertiaire dans la zone OCDE - 78% des africains étudiants à l’étranger • Répartition par pays de destination: Fr 110 841 (33%) - USA 38 150 (11%) 26 696 UK (8%) - Can 14 662 (4%) - De 23 698 (7%) - Be 11 390 (3%) • 162 157 étudiants inscrit en doctorat en France (2003): étrangers 43 390 (27%) – africains 20 933 (48% étrangers) • 1400 docteurs en S&T qui ont obtenus un doctorat US en S&T (2000-2003): 68% envisagent de rester aux USA
Part des immigrés qualifiés dans l'immigration de la zone/pays (1990-2000) Source: Docquier et Marfouk (2006) et calculs de l’auteur
Gains et pertes de main d’oeuvre qualifiée des pays de l’OCDE • L’UE-15 35.7% de la population OCDE attire 32.6% des migrants et 20.9% des qualifiés • Part des qualifiés: 17.4% en 1990 - 20.9% en 2000 • La Commission européenne est préoccupée par la fuite des cerveaux au bénéfice des USA • Intra-UE: Pour six pays le bilan est positif (Allemagne, Belgique, France, Luxembourg, Royaume-Uni, Suède) • Bilans par rapport aux USA, Canada et Australie (préoccupant) • Compensation du déficit par entrées des pays non OCDE
Rôle de l’UE à la fuite des cerveau des pays africains Source: Docquier et Marfouk (2006)
Migration internationale en pourcentage de la population mondiale
Proportion des immigrés dans la population en pourcentage - 60 millions d’européens émigrent vers les Amériques entre 1820 et 1914, dont 1 million par an entre 1900 et 1913 - A la veille de la première guerre mondiale , les migrants représentaient au moins 5% de la population mondiale
Perspectives de vieillissement de la population active dans les riches