610 likes | 1.47k Views
Les pathologies du cannabis. Dr. Xavier LAQUEILLE Chef du service d'Addictologie Centre Hospitalier Sainte-Anne 75014 PARIS. Docteur Amine Benyamina Centre d'Etude, de Recherche et de Traitement des Addictions. Hôpital Universitaire Paul Brousse - Inserm U669. RAPPEL HISTORIQUE.
E N D
Les pathologies du cannabis Dr. Xavier LAQUEILLE Chef du service d'Addictologie Centre Hospitalier Sainte-Anne 75014 PARIS Docteur Amine Benyamina Centre d'Etude, de Recherche et de Traitement des Addictions Hôpital Universitaire Paul Brousse - Inserm U669
RAPPEL HISTORIQUE • Cultivé sur les pentes himalayennes 5000 ans avant notre ère. • Au XVIème siècle, l ’Europe redécouvre le cannabis • Carl VON LINNE en 1753 baptise le chanvre : Cannabis sativa • Jacques Joseph MOREAU DE TOURS, aliéniste à Bicêtre • Traité : « Du haschich et de l ’aliénation mentale » (1840) • Introducteur et zélateur de l ’usage du cannabis
LES CONSOMMATIONS DES JEUNES Fréquence de l’expérimentation de produits psychoactifs chez les jeunes à 18 ans, en 2001 Source : ESCAPAD 2001 (OFDT) n=12 512 * Intitulé utilisé dans le questionnaire : « médicaments pour les nerfs, pour dormir »
Pourcentage d’étudiants ayant fumé du cannabis durant le dernier mois ESPAD ; CAN - GP Figure 51a. Proportion of all students who have used marijuana or hashish during the last 30 days - 1999
Sources : INSERM 1993; CADIS-OFDT 1997 (usage au cours de l’année); ESPAD 1999 INSERM-OFDT-MENRT; ESCAPAD 2000, OFDT; ESCAPAD 2002, OFDT
EVOLUTION DES EXPÉRIMENTATIONS Expérimentation du cannabis à 17 ans Sources : INSERM 1993; CADIS-OFDT 1997; ESPAD 1999 INSERM-OFDT-MENRT; ESCAPAD 2000, OFDT; ESCAPAD 2002-2003, OFDT
PHARMACOLOGIE • La résine de cannabis : 400 composants, un seul est à l ’origine des effets psychotropes, le trans-delta-9-tetrahydrocannabinol (9THC) • La teneur en THC varie en fonction de la provenance • Substance liquide, instable, huileuse, insoluble dans l ’eau, soluble dans l ’alcool • Le caractère liposoluble explique le métabolisme du THC
LES TROUBLES PSYCHIATRIQUES LIES A L ’USAGE DE CANNABIS Les classifications internationales définissent les troubles liés au cannabis : ivresse ou intoxication, usage nocif ou abusif et dépendance, les troubles induitspar le cannabis : anxieux , psychotiques, confuso-oniriques et syndrome amotivationnel. Les comorbidités psychiatriques du cannabis sont l ’association de troubles sans causalité affirmée.
LES TROUBLES LIES A L’USAGE DE CANNABIS
L ’INTOXICATION OU IVRESSE CANNABIQUE (1) Elle survient dans les 2 heures qui suivent la prise. Les effets psychosensoriels durent 3 à 8 heures, les perturbations cognitives 24 heures.
L ’INTOXICATION OU IVRESSE CANNABIQUE (2) • Un vécu affectif de bien être avec euphorie • Des modifications sensorielles inconstantes à faible dose • Perception visuelle, tactile, auditive • Illusion perceptive, hallucinations • Sentiment de ralentissement du temps • Perturbations cognitives : mémoire de fixation • Augmentation du temps de réaction • Troubles de la coordination motrice • Difficultés à effectuer des tâches complexes
LE SYNDROME DE SEVRAGE • Début après 24h d’abstinence • Maximum après 2 à 4 jours • Diminue après 7 jours • Les symptômes : agitation, perte d’appétit, nausées, perturbation du sommeil, irritabilité ou hyperactivité, augmentation de la température du corps (rare) (Haney et coll. 1997)
Les critères diagnostique de l’abus A- Utilisation d’une substance, altération du fonctionnement et souffrance clinique incapacité professionnelle majeure situations physiques dangereuses problèmes judiciaires répétés problèmes interpersonnels et sociaux B- Sans atteindre le niveau de dépendance
Abus ou usage nocif • Relation pathologique au produit sans atteindre le niveau de dépendance • Sous estimation et sous verbalisation • Banalisation et prosélytisme • Absence de corrélation avec la quantité consommée - L’usage à risque • Les usages non pathologiques
DEPENDANCE • Dans la représentation sociale, la dépendance fait la « drogue » • Cette dépendance est niée par les tenants de la dépénalisation, ou exagérée par les tenants de la politique sécuritaire « fumer du haschich mène à la toxicomanie »
Les critères diagnostiques de la dépendance Utilisation d’une substance , altération du fonctionnement et souffrance clinique, 3 critères sur 7 : 1- tolérance 2- syndrome de sevrage 3- quantité ou durée plus importante que prévue 4- désir ou effort pour diminuer ou contrôler 5- beaucoup de temps passé 6- abandon des activités professionnelles 7- critères de l’abus Avec ou sans dépendance physique, rémission, précoce ou prolongée, traitement de la substitution.
La dépendance - Psychopathologie évolutive installation post-adolescence – adulte jeune 1ères demandes de soins tardives trouble au long cours rechutes - L’attrait des produits et l’ambivalence face à l’abstinence - Polydépendance - Les renforcements positifs et négatifs - Les toxiques : une nécessité psychopathologique identité économie libidinale
Les Co-dépendances du cannabis • Tabac • Alcool et recherche de l’ivresse • Usage répété : le cannabis et alcool stimulants 26 % à 18 ans champignon 24 % solvant 30 % • L’escalade ou non les facteurs de vulnérabilité
ELEMENTS DE NEUROBIOLOGIE Système de récompense et dépendance : la voie dopaminergique d'adaptation • Toutes les substances susceptibles d'induire une dépendance : • activent les circuits dopaminergiques mésolimbiques, • systèmes de récompense • augmentent la concentration de dopamine dans le noyau accumbens (Di Chiara)
ELEMENTS DE NEUROBIOLOGIE (2) • La consommation de cannabis, comme celle des autres drogues, entraîne une stimulation de la voie dopaminergique mésocorticolimbique, qui intervient dans le «système de récompense » • une prédisposition biochimique au comportement abusif se mettrait en place dès les premiers contacts avec la drogue. Cette vulnérabilité pourrait être régulée par des facteurs génétiques, psychoaffectifs et d ’environnement socio-culturels.
LES TROUBLES INDUITS
LES TROUBLES ANXIEUX Ce sont les troubles les plus fréquents. • L ’attaque de panique (bad trip) • Syndrome de dépersonnalisation, immédiat, peut durer quelques semaines : angoisse chronique, déréalisation, insomnie, fatigue, sentiment d ’étrangeté, déjà vu, humeur dépressive, asthénie, perturbations cognitives
LE SYNDROME AMOTIVATIONNEL Mal référencé dans la littérature internationale : • Déficit de l ’activité • Asthénie intellectuelle et physique • Perturbations cognitives • Pensée abstraite et floue • Difficultés de concentration et mnésiques • Rétrécissement de la vie relationnelle Pose le diagnostic différentiel de certaines formes schizophréniques ou de détérioration mentale
LES TROUBLES PSYCHOTIQUES Ils existent de manière indiscutable dans la littérature et sont à distinguer des troubles schizophréniques. • Bouffées délirantes aiguës : facteurs psychologiques précipitants, forte dose • Hallucinations visuelles plutôt qu ’auditives • La résolution sous traitement neuroleptique est rapide avec prise de conscience du caractère délirant de l ’épisode.
LES TROUBLES PSYCHOTIQUES Deux autres troubles psychotiques sont à distinguer : • Les sentiments persécutifs diffus ou effet parano • Le flash-back ou rémanences spontanées
LES ÉTATS CONFUSO-ONIRIQUES • Exceptionnels • la désorientation temporo-spatiale au premier plan • l ’hospitalisation est habituellement nécessaire
LES TROUBLES COGNITIFS • Contemporains de l ’intoxication et persistent tant que celle-ci dure • Régressent dans le mois qui suit l ’arrêt
LES TROUBLES COGNITIFS Lambros Messinis et coll. (Neurology 2006) Consommateurs significatifs (4 joints ou plus/semaine) • Sujets N1 = 20 > 10 ans de consommation • Sujets N2 = 20 > 5 < 10 ans de consommation • Témoins N3 =24 Plus l’usage de la marijuana est ancien, plus les capacités cognitives sont détériorées. Chez les sujets témoins, capacités intactes
Les effets somatiques du Cannabis • Les effets somatiques : hypo TA orthostatique hyperhémie conjonctivale et mydriase sécheresse buccale troubles du transit et hyperorexie irritation bronchique pas de risque letahl • Biologie forte lipophillie élimination urinaire : 8 jours en prise unique, 1 mois lors de prise régulière taux sanguins par chomatographie salive, cheveux
Les complications somatiques du Cannabis • Cancers voies aéro-pulmonaires • Pathologies vasculaires • Diminution sécrétions hormonales sexuelles et hypofertilité • Absence d’effet tératogène ou cancérogène du nouveau-né mais hypotrophie et hyperexcitabilité
LES COMORBIDITES PSYCHIATRIQUES ASSOCIEES
Les comorbidités sont des associations nosographiques sans lien de causalité affirmée. Une co-occurrence trop fréquente pose des questions étiopathogéniques en particulier pour le trouble schizophrénique.
SCHIZOPHRÉNIE ET CANNABIS L ’abus et la dépendance au cannabis sont fréquents en population schizophrène, entre 15 à 40 % ; pour 5,6 à 7,7 % de la population générale. La fréquence élevée renvoie à plusieurs hypothèses
SCHIZOPHRÉNIE ET CANNABIS • Hypothèse de l ’automédication : 1/3 des patients • Hypothèse pharmacopsychotique : le produit induit des troubles psychotiques et syndrome amotivationnel proche des symptômes schizophréniques • Vulnérabilitécommune entre schizophrénie et dépendance au cannabis : interaction entre système cannabinoïde et dopaminergique
ETUDE PIONNIÈRE Andreasson et all 1987 : augmentation de la fréquence de la schizophrénie chez des sujets sans pathologie psychiatrique et ayant consommé du cannabis
4 ETUDES LONGITUDINALES • Zammit et coll(BMJ 2002) • Van Os et coll (Am J Epidemiol 2002) • Arseneault et coll (BMJ 2002) • Henquet et coll (BMJ 2005)
LIMITATIONS MÉTHODOLOGIQUES • L ’existence d ’une polytoxicomanie • Taille des populations étudiées • Critères du diagnostic de la psychose peu stricte • Niveau de consommation peu pris en compte • Difficultés du diagnostic entre psychose induite et schizophrénie, difficulté d ’observation après sevrage • L ’absence de prise en compte d ’autres pathologies (dépression : Bovasson et coll2001, Patton et coll 2002)
LIENS COMPLEXES • Survenue de symptômes psychotiques positifs chez les sujets sans psychose clinique avec niveau de symptômes négatifs plus hauts (Verdoux, 2003) • Le risque de survenue de schizophrénie reste élevé même après l ’exclusion d ’autres drogues hormis le cannabis (Zammit, Arseneault, 2002) • Spécificité du cannabis dans l ’émergence de la schizophrénie • Existence d’un facteur dose et âge dépendant (Zammit, 2002)
LES VOIES A EXPLORER • La vulnérabilité individuelle : toute personne exposée au cannabis ne deviendra pas schizophrène • Exploration des facteurs génétiques ; polymorphisme des récepteurs CB1 • Les mécanismes biologiques en cause • Maturation cérébrale à l ’adolescence • Interaction entre les systèmes endocannabinoïdes et dopaminergiques
LES TROUBLES DE L ’HUMEUR 30 à 50 % des consommateurs de cannabis • Etat dépressif majeur : nécessité de chimiothérapie anti-dépressive • Réactions dépressives aiguës : peu sensible aux AD, mieux avec les anxiolytiques ou antipsychotiques déshinibiteurs • Les structurations dépressives de la personnalité : borderline, abandonnique, narcissique : nécessité de suivi psychothérapique
LES TROUBLES DES COMPORTEMENTS ALIMENTAIRES • Fréquemment associées à la boulimie • Les boulimiques cannabinophiles ont un trouble plus sévère, plus recours aux laxatifs, plus de TS, plus d ’hospitalisations, de décompensation anxieuse ou dépressive que les non cannabinophiles.
CANNABIS ET SUICIDE • La gravité des TS est corellée à l ’importance de la conduite toxicophilique • Les abuseurs et dépendants de cannabis ont fait significativement plus de TS que les patients vierges (26 % versus 6 %).
CANNABIS ET COMPORTEMENTS SEXUELS • Augmentation de la stimulation sexuelle : désir et plaisir • Substances retrouvées après l ’alcool chez les agresseurs sexuels • Probable effet désinhibiteur et favorisant le passage à l ’acte
AU TOTAL • Les troubles psychiatriques du cannabis sont fréquents et divers • L ’usage du cannabis est un facteur d ’aggravation de toutes les pathologies • La fréquence de l ’association abus de cannabis/troubles schizophréniques pose des questions spécifiques • Sa consommation est problématique chez les sujets vulnérables : adolescents,sujets développant des troubles mentaux