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Mutation des sociétés. Etude : l’immigration et la société française au XXe siècle. Quelle est la place des immigrés dans une société française en mutation ?. Ce qu’il faut montrer : - Précocité et diversité de l’immigration
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Mutation des sociétés Etude : l’immigration et la société française au XXe siècle
Quelle est la place des immigrés dans une société française en mutation ? Ce qu’il faut montrer : - Précocité et diversité de l’immigration - Les phases (1ère moitié XXème siècle, Trente Glorieuses, depuis 1970); • Le rapport de la société française à l’immigration (mesures politiques nationales et européennes; la question sociale de l’accueil et de l’intégration). = Montrer la place croissante des immigrés dans la société française en soulignant la chronologie
Quelle est la place des immigrés dans cette société française en mutation ? • De la fin du XIXe à la Deuxième Guerre mondiale : une image attractive de République démocratique, presque seule terre d’immigration en Europe avec alternance d’ouverture/fermeture des frontières selon le contexte économique et social • Les Trente Glorieuses : une immigration plus diversifiée (plus ouverte au Maghreb) mais marginalisée • Depuis les années 1970 : Evolution de la perception de l’immigration, reflet d’une France en crise
Sujet d’étude : l’immigration polonaise dans le Nord-Pas-de-Calais (1920-1939) La région Nord-Pas-de-Calais, très marquée par l’industrialisation depuis 1850, est une région d’immigration. Les Polonais, en particulier, y sont très nombreux. Un grand flux d’entre-2-Guerres est organisé par l’Etat français et les entreprises pour les besoins des mines de charbon. Ces hommes sont pris en charge à partir de 1924 par la Société générale d’immigration (SGI), organisme chargé de recruter les travailleurs étrangers. Doc 1 : L’immigration polonaise, cadrage.
Doc 2a: Arrivée d'immigrants polonais en gare d'Oignies (Pas-de-Calais) pour travailler dans les mines d'Ostricourt, vers 1920 . Source : Cité nationale de l’immigration Doc 2b :Mineurs embauchés par la Compagnie des mines de Lens le 2 octobre 1928. Parmi eux, plusieurs Polonais . Source : Centre historique minier du Nord-Pas-de-Calais à Lewarde
Doc 3 : « La Pologne en France » Edouard Fiba est arrivé en France (Marles-les-Mines) en 1925 à l’âge d’un an et demi. Ici, on aurait dit la Pologne en France. Le boulanger, l’épicier, les tailleurs, c’était tous des Polonais. Même les Français, par la force des choses, ils apprenaient un peu de polonais, surtout les enfants. Mon père, lui, il parlait un peu parce qu’au travail , c’était sous commandement français, alors à la longue, il apprenait. Mais pour dire de mener une conversation… Dans la rue ici, il y avait trois familles françaises sur vingt numéros. L’église Saint-Stanislas, là au coin, est polonaise. A Marles, sans exagérer, autour de l’église, on avait quatorze ou quinze sociétés de toute sorte : les scouts, les chorales, les tireurs, le théâtre. C’était gai. (…) Dans les corons, y’ avait pas tant d’hostilité contre les Polonais, du fait qu’ils étaient majoritaires. Mais quand la crise s’est déclenchée, avec le chômage qui montait, je m’en souviens bien, en 1932, 33, 34, ils ont commencé à expulsé les Polonais qui leur plaisaient pas. Pour avoir fait grève, pour ceci ou cela. (…) A Marles, la polonité s’est estompée progressivement. La langue se perd à 90 %. Moi j’ai continué à prendre le journal polonais de Lens, Narodowiec, en espérant que mes enfants s’intéresseraient , mais aujourd’hui, ils sauraient pas mener une conversation. Témoignage recueilli par la Cité nationale de l’immigration, manuel Belin 1ere collection Côte, 2011.
Doc 4 : Expulsion de mineurs polonais travaillant dans les mines de l’Escarpelle suite à une grève en 1934. Source : Cité nationale de l’histoire de l’immigration En août 1934, 77 mineurs polonais sont expulsés de France parce qu'ils ont participé à une grève dans les mines de l'Escarpelle, à Leforest, dans le Nord-Pas-de-Calais. On les fait monter dans des trains spéciaux qui les emmènent jusqu'à la frontière polonaise. En 1939, malgré́ la crise, les législations restrictives et les rapatriements, 42 658 Polonais travaillent encore dans les houillères du Nord-Pas- de-Calais, soit plus d’un ouvrier sur quatre.
Raymond Kopa, de son vrai nom Raymond Kopaszewski, est un footballeur français, d'origine polonaise, né le 13 octobre 1931 à Nœux-les-Mines (Pas-de-Calais). Raymond Kopa est élu Ballon d'or en 1958. Il est le premier joueur Français à recevoir cette distinction. Questions: A quoi correspond la période de forte immigration polonaise en France et dans le Nord-Pas-de-Calais (doc 1)? Quelles en sont les raisons (doc. 1, 2a et 2b) ? Les Polonais sont-ils intégrés à la population locale (doc. 3)? Quelles sont les raisons qui expliquent les expulsions des années 1930 (doc. 3 et 4) ? Bilan : Rédiger un paragraphe sur l’immigration polonaise dans le Nord-Pas-de-Calais.
Une immigration massive prise en charge par l’Etat français, la société générale de l’immigration et les entreprises se met en place à l’entre-2-guerres. En 1931, près de 500 000 Polonais vivent en France dont 40 % dans la région du Nord-Pas-de-Calais. • La région du Nord-Pas-de-Calais est un bassin industriel. Les activités minières y sont en plein essor, ce qui nécessite une forte main d’œuvre. L’Etat français et l’Etat polonais liés par un accord, encouragent l’immigration temporaire de Polonais dans cette région. Les photos montrent ces familles de Polonais qui débarquent dans les gares des villes minières (doc 2a). Enfants comme adultes sont ensuite embauchés (doc 2b) dans les mines. • D’après le témoignage de Edouard Fiba, immigré polonais, la communauté polonaise était très importante (dans certaines rues, les familles françaises sont minoritaires). Les immigrés sont soucieux de conserver leur polonité (religion catholique, langue polonaise, lecture de journal polonais, associations de jeunesse polonaise). Les nouveaux venus s'intègrent le plus souvent très difficilement : on pense être en France provisoirement, en attendant que la situation s'améliore au pays d'origine, et on ignore le plus souvent le reste de la société française. Cette dernière ne fait d'ailleurs rien pour les “intégrer” : ils sont généralement isolés, regroupés à la périphérie des villes, relégués dans des quartiers misérables, voire des bidonvilles, que l’on appelle alors “gadouevilles”. • La crise marquée par une montée du chômage déclenche des vagues d’expulsion collective (« trains polonais »), expression de la méfiance des Français vis-à-vis de la communauté polonaise et d’une France en crise (économique et sociale).
Bilan du sujet d’étude La première vague d’immigration polonaise fut politique et liée à l’échec de l’insurrection de Varsovie en 1830 (soulèvement national polonais contre la Russie), la France étant considérée comme un bastion de la liberté en Europe. Elle comprend des personnages de l’élite tels que Frédéric Chopin, et plus tard Maria Sklodowska, qui épouse Pierre Curie. A partir de la Première Guerre mondiale, la France et la Pologne furent des alliés politiques et militaires, ce qui orienta la deuxième émigration polonaise, celle de la misère, massive celle-là, que le gouvernement prend en charge de l’arrivée au départ. Ils sont près de 500 000 en 1931 (doc 1), en majorité pour un séjour temporaire, premier exemple d’une immigration par contrat de travail (doc 1) qui aboutit à des départs forcés (doc 4) comme ceux des mineurs de l’Escarpelle en 1934. En 1939, malgré́ la crise, les législations restrictives et les rapatriements, 42 658 Polonais travaillent encore dans les houillères du Nord-Pas- de-Calais, soit plus d’un ouvrier sur quatre. Soucieux de conserver leur polonité, ces immigrés sont activement catholiques, ce qui renforce la méfiance de leurs compagnons de travail syndiqués et laïques ; de plus ils se marient souvent entre eux. Leur promotion sociale se fait difficilement, sauf dans le sport, avec l’exemple de Kopa.
Sujet d’étude : L’immigration maghrébine en France pendant les 30 Glorieuses Doc 2 : Ouvriers sur le chantier de construction de la tour Montparnasse en 1971. Doc 1 : Origine de la population étrangère en France
Doc 3 : Bidonville de Nanterre, 1957-1963. Photographies de Jean Pottier des années des Algériens de Nanterre. http://pottier.jean.free.fr/CommentBidonville.htm
Doc 4 : le gouvernement lance une politique d’immigration familiale.
Questions: Montrez qu’il y a une forte croissance de la population étrangère en France entre 1946 et 1975. Quelle est l’évolution de la part de Maghrébins par rapport au nombre d’étrangers (doc 1) ? Qu’est-ce qui explique l’accélération de l’immigration entre 1946 et 1975 (doc. 1 et 2) ? Quel type de travail est le plus souvent effectué par les immigrés maghrébins (doc 2) ? Montrez que l’arrivée en France est difficile (doc 3). Quelles sont les conditions posées au regroupement familial (doc 4) ? Comment l’auteur justifie-t-il la politique du gouvernement ?
1. Après la Seconde guerre mondiale, le nombre d’étrangers double, passant de 1,7 million en 1946 à 3,4 millions en 1975. Jusqu’en 1968, les Italiens demeurent les plus nombreux, dépassés ensuite par les Espagnols, puis par les Portugais (première nationalité avec 760 000 en 1975). L’immigration des pays du Maghreb et de l’Afrique subsaharienne s’impose après les décolonisations, dominée par les Algériens (les accords d’Evian sur l’indépendance de l’Algérie en 1962 leur garantissent la libre circulation). 2. Les besoins de main-d’œuvre sont considérables. La France des 30 Glorieuses fait venir massivement des O. S. (ouvriers spécialisés) pour les chantiers ou les grandes industries comme l’automobile. « La croissance économique demande alors des bras, pas des familles qu’on ne sait où loger » (Marie-Claude Blanc-Chaléard). 3. Les travailleurs immigrés et leurs familles venues d'Algérie au moment des Trente Glorieuses ont été « logés » dans des bidonvilles, nombreux, aux portes mêmes de la capitale (6 km de Paris). Le bidonville est apparu au début des années cinquante afin d'abriter quelques centaines de travailleurs pour lesquels il n'y avait plus de place dans les hôtels meublés voisins. Il devint vite surpeuplé : 8 300 personnes y vivaient en 1955, 23 000 en 1967, essentiellement des Algériens. Ceux-ci, occupant des terrains provisoirement vacants non loin des usines et des grands chantiers de construction de la région parisienne, ont bâti sommairement, sans souci de sécurité, des logis de tôle, de bois ou de parpaing pour y accueillir parfois leurs familles. 4. Après avoir suspendu l’immigration de main-d’œuvre, politique de regroupement familial pour améliorer les conditions de vie des immigrés déjà présents et favoriser leur intégration.
Bilan : Après la Seconde guerre mondiale, les besoins de main-d’œuvre sont considérables. La France des 30 Glorieuses fait venir massivement des O. S. (ouvriers spécialisés) pour les chantiers ou les grandes industries comme l’automobile. « La croissance économique demande alors des bras, pas des familles qu’on ne sait où loger » (Marie-Claude Blanc-Chaléard). Jusqu’en 1968, les Italiens demeurent les plus nombreux, dépassés ensuite par les Espagnols, puis par les Portugais (première nationalité avec 760 000 en 1975). L’immigration des pays du Maghreb et de l’Afrique subsaharienne s’impose après les décolonisations, dominée par les Algériens (les accords d’Evian sur l’indépendance de l’Algérie en 1962 leur garantissent la libre circulation). Une véritable obsession s’empare des responsables politiques français qui s’efforcent de signer des accords de limitation avec le gouvernement algérien. Très démunis, les migrants africains vivent dans des conditions très précaires (voir photo bidonville Nanterre). L’un des traits marquants des 30 Glorieuses est d’ailleurs l’ampleur inédite des inégalités sociales entre les immigrés et les Français. A partir de 1974, dans un contexte de fin du plein-emploi et de retour de l’incertitude face à l’avenir, l’immigration est suspendue mais les entrées se poursuivent notamment au titre du regroupement familial
Immigration et intégration depuis les années 1980 Doc 2 : La France Black-Blanc-Beur de la Coupe du Monde de football en 1998. Source : manuel Hatier 1ere, 2011. Doc 1 : Evolution du nombre de naissances mixtes. Comparaison entre pères portugais et pères algériens.
Immigration et intégration depuis les années 1980 Doc 3 : Evacuation d’un camp de Roms par les CRS, le 6 juillet 2010, au campement du Hamul à Saint-Denis (IDF). Source : manuel 1ere Hatier, 2001. Doc 4 : L'affiche de campagne du FN Paca pour les élections régionales . Source : lexpress.fr, 25/02/2010 Questions : Quels éléments montrent que le modèle français est intégrateur (docs 1 et 2) ? Comment peut-on nuancer les propos de Jean Daniel ? Que se passe-t-il dans la photo du doc 3 ? Comment la communauté internationale a-t-elle réagi ? Décrire l’affiche. Qui est l’auteur ? Quel est le discours ? (doc 4) Bilan : Comment évolue le débat depuis les années 1980 ?
Le doc 1 montre une augmentation des naissances mixtes (franco-portugais et franco-algériens) entre 1975 et 1990 et donc une plus grande mixité indicateur d’une bonne intégration. La victoire de la France « Black-blanc-beur » en coupe du monde de foot en 1998 symbolise la victoire d'un Etat-nation, d'un modèle d'intégration et pas seulement d'une équipe. Une équipe perçue comme le reflet de la diversité. Les grands sports, surtout le football, peuvent générer des mouvements collectifs très forts, mais temporaires.Le succès joue un grand rôle dans ce sentiment, également. Cette victoire a duré le temps d’un été… • La photo montre l’évacuation d’un camp occupé par des Roms en juillet 2010. Le démantèlement de ces camps était devenue une « priorité » pour l’Etat français. Les autorités françaises ont été sous le feu des critiques. La vice-présidente de la Commission européenne, Viviane Reding avait lancé la polémique en établissant un parallèle entre l’expulsion des Roms et les rafles de Juifs pendant la Seconde guerre mondiale. En Grande-Bretagne, le Guardian titrait « la honte d’un continent », d’autres pays comme les EU ou encore l’Espagne d’étaient interrogées si la France n’était pas un pays raciste (journal La Vanguardiaen Catalogne, New York Times) • Marquée du slogan "Non à l'islamisme!", l’affiche du Front national dénonce un thème de campagne cher au parti extrémiste: « la dérive communautariste pro-islamiste actuelle ». En illustration, on y voit une femme en niqab se tenant à côté d'une carte de France sous les couleurs du drapeau algérien, flanquée de minarets en forme de missiles.
Bilan Certains indicateurs montrent la réussite du modèle français d’intégration (mariages et naissances mixtes en augmentation, intégration par le sport). Cependant, le creusement des inégalités depuis les années 1980 renforce la crise xénophobe qui touche la société française symbolisée par la poussée de l’extrême droite (qui rend les populations d’origine étrangère responsable de la crise). Les quartiers urbanisés souvent situés en banlieue qui restent marginalisés, sont le théâtre de violences multiples (émeutes de novembre 2005). Le débat sur l’identité nationale ou encore les évacuations des camps de Roms en 2010 n’ont pas apaisé les polémiques.