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Calcul et métaphysique dans la geometria sublimior de la première moitié du 18 e siècle. Jeanne Peiffer (CNRS) Luminy, le 17 avril 2007. Introduction. Contribution modeste au débat de cette rencontre : qu’est-ce que la géométrie dans la première moitié du 18 e siècle ?
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Calcul et métaphysique dans la geometria sublimiorde la première moitié du 18e siècle Jeanne Peiffer (CNRS) Luminy, le 17 avril 2007
Introduction • Contribution modeste au débat de cette rencontre : qu’est-ce que la géométrie dans la première moitié du 18e siècle ? • Présentation de quelques documents programmatiques, peu voire pas connus pour certains, de Johann Bernoulli à Jean le Rond d’Alembert • Histoire de la géométrie par quelques protagonistes
Jacob Hermann à l’Académie de Pétersbourg 1726 • Contexte : inauguration (plusieurs fois reportée) de l’Académie, le 12 août 1726 • En présence de Catherine II, de représentants de la famille impériale, du Sénat, du Saint Synode, de la Cour et des ambassadeurs des puissances étrangères • Adresse en latin sur l’origine et le progrès de la géométrie, publiée dans Sermones in secundo solenni Academiae Scientiarum Imperialis …, éd. Pierre Louis Le Roy, s.d. [1735]
Progrès de la géométrie de l’Antiquité au 18e siècle • Pourquoi la géométrie ? Est de toutes les autres parties des mathématiques la plus fondamentale • Récit historique entendu comme une contribution à la recherche : la connaissance de l’histoire permet de repérer des lacunes et de formuler de nouveaux programmes de recherche
Périodisation : 3 étapes • La géométrie des anciens de Thalès à Euclide, Archimède et Apollonius • Hiatus, où la géométrie a stagné • La géométrie d’âge moyen, dominée par Descartes • La geometria sublimior préparée par les travaux de Fermat, Wallis et Barrow et inaugurée par la Nova methodus de Leibniz.
La maturité de la géométrie : la geometria sublimior • Inventions de Leibniz et Newton • Hommage rendu aux Principia, mais Hermann rappelle qu’on n’y trouve guère de calcul des fluxions rendu public en 1704 seulement • Leibniz a le mérite, en publiant son calcul, d’avoir rendu possible le développement de ses méthodes • Résultats des frères Bernoulli détaillés • L’Analyse des infiniment petits de l’Hôpital qualifiée d’élégant • Querelle de priorité minimisée
La méthode de la Phoronomia • Application de la géométrie à la mécanique • Qualifie la méthode qu’il a utilisée d’analyse géométrique : “… Geometricam Analysin sine calculo ex sola figurarum contemplatione assecutus sim” • Rejette l’idée que toute méthode qui n’utilise pas le calcul soit dite synthétique. • On peut recourir à la méthode analytique en utilisant, ou non, un calcul • De même on peut recourir à la synthèse tout en utilisant un calcul.
Hermann 1726 (1735), p.90: • “Si quaestionem aliquam ut iam factam consideremus, et deinceps per consequentias usque ad prima principia descendamus, tunc sane methodo Analytica utimur, sive calculus interveniat, sive minus ; sin vero a primis principiis, aliisque certo notis fundamentis pergamus ad conclusiones magis compositas, methodo Synthetica utimur tunc etiam, cum Algebraicum Calculum in auxilium vocamus”.
Perception d’Euler, Mechanica, 1736,de la méthode de Hermann • Rédigé à Pétersbourg, alors que Hermann était déjà retourné à Bâle • Décrit, dans la Préface, la genèse de cet ouvrage. • Critique de la Phoronomia et des Principia de Newton qu’il a eu du mal à comprendre à cause de la méthode synthétique qu’ils mettent en œuvre. • Parlant de Hermann : “omnia more veterum synthetice geometricis demonstrationibus est persecutus, atque analysin, qua ad completam harum rerum cognitione pervenitur, celavit”.
Genèse de la Mechanica • Euler a traduit analytiquement leurs propositions et sa compréhension s’en est trouvé améliorée : • “Illo igitur tam tempore, quantum potui, conatus sum analysin ex synthetica illa methodo elicere, easdemque propositiones ad meam utilitatem analytice pertractare, quo negotio insigne cognitionis meae augmentum percepi” (Préface). • Y a ajouté nombre de méthodes particulières qui ont beaucoup étendu la mécanique et même l’analyse
Analyse hermanienne versus analyse eulérienne • Analyse, en tant que méthode géométrique, s’oppose à synthèse chez Hermann • Ce que Hermann appelle geometria sublimior n’est pour Euler rien d’autre que l’analyse, c’est-à-dire le calcul différentiel et intégral, dans sa version leibnizienne • Pour Euler, l’analyse se détache de la géométrie et commence à désigner une discipline mathématique nouvelle dont il va écrire en 1748 l’Introductio in Analysin infinitorum.
Eloge de Jean Bernoulli par D’Alembert 1748 • Comment d’Alembert rend-il compte des travaux effectués dans la première moitié du 18e siècle ? Et notamment de ceux qui prolongent et développent les méthodes leibniziennes ? • Dans son éloge historique de Jean Bernoulli, paru dans le Mercure de France 1748, il n’est question que de géométrie, de “géométrie des infiniment petits” et de “géométrie sublime”. • La géométrie des infiniment petits semble désigner le calcul différentiel leibnizien qui est par ailleurs qualifié de “nouvelle analyse”. • Dans une version ultérieure, de 1753, géométrie remplacé par mathématique
Calcul et métaphysique • Dans cet éloge, large place accordée au problème de la brachystochrone que d’Alembert analyse en termes de calcul et de métaphysique • Deux points étant donnés, lesquels soient dans un plan vertical, & ne soient cependant ni dans la même ligne horisontale, ni dans la même ligne verticale, trouver une courbe qui passe par ces deux points, & dont la propriété soit telle qu’un corps pesant descendant le long de sa concavité, mettroit moins de tems à la parcourir qu’il n’en mettroit à parcourir toute autre ligne droite ou courbe, passant par les mêmes points
Métaphysique versus calcul • La courbe cherchée n’est pas la droite. D’Alembert entreprend, alors qu’il s’en défend, d’en donner “la raison métaphysique”. • Ce n’est qu’à l’aide d’un calcul très subtil qu’on peut démontrer cette vérité. Tout ce qui est susceptible d’idées précises, n’en souffre point d’autres; présenter des notions vagues pour des démonstrations exactes, c’est substituer de fausses lueurs à la lumière, c’est retarder les progrès de l’esprit en voulant l’éclairer…
Calcul comme guide • … mais ce n’est pas assés d’entrevoir une vérité géométrique dans l’éloignement, il faut pour ainsi dire,nous assurer d’elle en la reconnaissant de plus près, & franchir l’intervalle qui nous en sépare ; or le calcul est le seul guide qui puisse conduire dans cette route, faire éviter les obstacles qui s’y rencontrent, ou avertir qu’ils sont insurmontables” • Comparer les deux temps de chute le long de la droite et de la courbe • Cadre de la géométrie appliquée à la physique.
Article “géométrie” dans l’Encyclopédie • Histoire abrégée de la géométrie • Objet de la géométrie (corps géométrique portion d’étendue terminée en tout sens) • Division de la géométrie
Histoire abrégée de la Géométrie • Fait remonter sa naissance en Égypte. • De là elle passe en Grèce • Rome ignorante des mathématiques • Siècles d’ignorance chez les Chrétiens • Siècles de lumière & de savoir chez les Arabes à qui on doit l’Algèbre • La Géométrie de Descartes • L’application de l’algèbre à la géométrie = le plus grand pas que la géométrie eût fait depuis Archimède • Application de la géométrie à la physique
Histoire abrégée de la géométrie • Préparation de la Géométrie de l’infini, qui à l’aide de l’Analyse, devoit faire dans la suite de si grands progrès : Cavalieri, Grégoire de Saint-Vincent, Pascal, Fermat, Barrow • Arithmétique des infinis • Wallis, Mercator, Gregory, Huygens • Invention du calcul différentiel : Leibniz, Newton • Calcul intégral • Application de la Géométrie à la physique : Newton
Divisions de la géométrie • En élémentaire & en transcendante • La Géométrie élémentaire considère les propriétés des droites, des cercles, des solides les plus simples • La Géométrie transcendante a pour objet toutes les courbes différentes du cercle • La partie de la Géométrie transcendante qui applique le calcul différentiel & intégral à la recherche des propriétés des courbes … pourroit s’appeler Géométrie sublime
Géométrie ancienne et moderne • Géométrie ancienne, celle qui n’emploie point le calcul analytique, ou celle qui emploie le calcul analytique ordinaire, sans se servir des calculs différentiel & intégral • Géométrie moderne, celle qui emploie l’analyse de Descartes dans la recherche des propriétés des courbes, ou celle qui se sert des nouveaux calculs
Article analyse • Très bref • La méthode de résoudre les problèmes mathématiques, en les réduisant à des équations • Le grand avantage des Mathématiciens modernes sur les anciens, vient principalement de l’usage qu’ils font de l’Analyse.
Pour conclure • Que conclure de ce farrago de textes que je verse au dossier de la question : Qu’est-ce que la géométrie ? • Géométrie semble encore se confondre avec mathématiques • Le champ de la géométrie sublime (ou transcendante), celle qui utilise le calcul différentiel et intégral, ne semble pas se distinguer de celui de l’analyse elle-même instituée par Euler