E N D
1. Le pouvoir thérapeutique des contes Les contes pour exprimer l’indicible
2. Le conte
Il était une fois, il y a fort longtemps, dans un pays lointain....
3. parole plaisir, parole qui prend le temps, parole curative Des brèches pour des fuites, l'occasion de voyages mentaux, de possibles identifications, de solutions pertinentes
4. DEFINITION DU CONTE
La citation de Péju (1988) retient notre attention, car pour cet auteur, le conte est "une histoire assez courte qui se termine bien. Il peut s'y passer des événements merveilleux (surnaturels), mais aussi des bizarres ou fantastiques, et surtout les références historiques en sont absentes ("en ce temps-là") comme les données géographiques, sur un fil narratif marchent des personnages qui restent plutôt schématiques, et la plupart du temps les héros se transforment au cours du récit (socialement, économiquement et même psychiquement)."(p.21)
5. CARACTERISTIQUES l'intemporalité
La structure
Les personnages
L'universalité
Le langage symbolique
6. Le langage symbolique C’est tout particulièrement cet aspect du conte qui nous intéressera dans le cadre de cette conférence. Car les sujets abusés ou maltraités peuvent symboliquement retrouver des éléments proches de leur propre vécu dans les histoires qui leur sont contées. Ils peuvent aussi y découvrir des solutions appropriées pour tenter d'échapper aux effets néfastes des maltraitances. (ex. La gardeuse d’oies de Grimm)
7. Définition de la violence La violence se caractérise par des actes ou des omissions mettant en danger la vie d’un individu, son intégrité physique et psychique, sa liberté, son développement personnel.
Elle peut prendre plusieurs formes et débouché sur différentes formes de maltraitances :
physique (coups de poings)
Psychique (agressions verbales)
Sexuelle (viols, attouchements)
Médicamenteuse (abus de médicaments)
Aujourd’hui nous nous pencherons plus particulièrement sur les abus sexuels sans pour autant oublier l’impact psychologique des autres maltraitances. De plus il ne faut pas ignorer que presque toujours il y a cumul des divers types de mauvais traitements.
8. Conséquences des maltraitances Les conséquences sont multiples :
troubles de la croissance et du développement
Troubles du développement cognitif, émotionnel et social
Atteinte au sentiment d’estime de soi
Troubles du comportement
Anxiété, dépression
Troubles de l’alimentation et du sommeil
Agressivité envers soi ou envers les autres (plus souvent à l’adolescence)
Chez l’adulte, augmentation de la probabilité de reproduire en tant que parents, les comportements violents subis durant l’enfance.
9. Qui exerce la violence De nombreuses instances sont susceptibles d’exercer de la violence :
Les institutions
Les individus
La société
Les facteurs de risques sont nombreux :
La famille
Les pairs
L’individu
Les valeurs
L’école
10. Comment réagir face aux situations de maltraitance Si un enfant vous dévoile une situation de maltraitance, cela n’est pas le fruit du hasard, et sachez que votre réaction immédiate aura une grande importance pour l’enfant.
La maltraitance est un phénomène complexe et il est nécessaire de vous tourner vers des professionnels de l’enfance qui vont vous aider à analyser la situation , vous informer sur les démarches à suivre, voire même vous accompagner.
Si un jour vous êtes confronté à une situation de maltraitance, suivez ces recommandations :
Sentez-vous concerné par la confidence
Ne fuyez pas
Écoutez et prenez l’enfant au sérieux
Faites vous une conviction personnelle de la réalité des faits et du danger. Notez les mots employés par l’enfant.
Ne posez que les questions nécessaires
Ne croyez pas que c’est à vous d’établir les faits, la justice s’en chargera
11. Le signalement Tout citoyen est concerné par le signalement et a le devoir d’informer les autorités judiciaires ou administratives des faits qui lui font penser qu’un enfant est en danger ou victime de maltraitances. Même en cas de doutes, il faut signaler, ce sera à la justice d’amener les preuves.
Je pense qu’en tant que conteur du MDA, vous aurez à vous tourner en premier lieu vers les autorités de ce mouvement ou alors au service de protection de la jeunesse de votre canton.
La LAVI (loi d’aide aux victimes) présente dans chaque canton est également une ressource possible. Elle édite souvent une brochure informative récapitulant le rôle d’un personne dépositaire d’une histoire d’abus ou de maltraitance.
12. Rôle du conteur Je pense que votre rôle de conteur vous situera le plus souvent en aval des situations présentées précédemment. C’est plutôt dans les institutions où vous allez conter que vous aurez peut-être l’occasion de rencontrer des victimes. C’est à travers leurs réactions à la narration ce certains contes que vous pourrez supposer que cette histoire éveille des souvenirs, des réminiscences chez le sujet. Si un enfant vous paraît fortement touché par un conte, tentez d’intégrer dans votre narration, ses émotions, son ressenti, ne le grondez pas, ne le faites pas sortir de la salle. Ayez à l’esprit que s’il réagit si fortement c’est que ce qu’il entend le touche au tréfonds de lui même. Il vit totalement la situation du héros, s’y identifie, s’y reconnaît. Laissez le poursuivre avec vous, même s’il trouble parfois par son comportement, car peut-être que votre histoire lui apportera un mieux être, un apaisement, voire même une solution acceptable qu’il pourra utiliser ultérieurement.
(Ex. l’homme à la peau d’ours à Noël au Tremplin)
13. L'ART DE CONTER Pour Clarissa Pinkola Estès le conte dans sa fonction de "guérir" ne peut être transmis d'une quelconque façon. Transmettre un conte est une véritable responsabilité spirituelle transmise de maître à élève. L'apprentissage du conteur est un travail difficile et laborieux, il faut être prêt à faire le sacrifice d'une part de soi-même.
14. Les fonctions du conte dans la vie de l’enfant La fonction de ravissement
Tout conte a une fonction de ravissement. Mais « le plaisir n’est pas seulement l’effet visé par les contes, il est également la condition de sa perpétuation ». (Flahault, (1988, p.30-31) Le conte si l’enchantement joue, a une valeur de prévention et d’atténuation des troubles psychologiques liés à un appauvrissement de la vie imaginaire par maladie mentale ou à cause d’exigences trop exclusives et défensives de la société de consommation.
Mais éprouver du plaisir en écoutant un conte n’empêche pas celui-ci de contenir une morale ou la description d’une morale ou d’un usage propre à la société dans laquelle il est raconté.
15. La fonction pédagogique
Il a un rôle initiateur de la créativité des enfants, des adolescents et des grandes personnes. Tant au niveau des activités de lecture, que de l’écriture et des expressions plastiques. Les contes instruisent.
A l’audition des contes, les enfants découvrent certains types de modes et de temps verbaux comme l’imparfait, le présent, le passé simple.
Il peut aussi apprendre à ne pas confondre le monde dans lequel il vit avec sa chair, son intelligence « le monde commenté » et « le monde raconté » c’est à dire le monde fictionnel où se déploie sa vie imaginaire.
16.
- Le goût de la lecture, le sens et le désir de l’écriture peuvent naître chez un enfant plus âgé.
La maîtrise du langage par l’apport d’outils facilitant l’acquisition et la pratique de la langue.
Mais aussi l’apport de normes de comportements admises ou refusées, de limites à ne pas franchir.
Ils développent aussi la faculté d’écoute et de mémorisation en offrant à l’enfant des modèles de phrases correctes qui développent les enchaînements logiques et les structures discursives. C’est une véritable grammaire en histoires d’autant plus efficace qu’elle ne se donne pas pour telle.
Le conte va au-delà d’une vision utilitaire des mots et d’un usage stricte du langage, il débloque l’imaginaire, il n’est pas qu’une contrainte reçue de l’extérieur mais aussi un matériau à jouer, à rêver, a rire à tourner et à retourner.
Il permet aussi la construction de la relation au temps et qu’il peut y avoir diverses conceptions du temps « Il était une fois… » et nous voilà dans un temps « hors temps ».
Il permet aussi l’accès à divers espaces qui sont souvent en opposition. connu/inconnu, culture/nature.
17. La fonction thérapeutique C’est tout particulièrement cet aspect qui va être traité dans cette journée. De nos jours, le pouvoir thérapeutique des contes est reconnu, ceux-ci font partie de la catégorie des art thérapies, ces thérapies ayant pour objectif la guérison par réunification des deux hémisphères par un travail qui active la créativité, l’imagination c’est à dire tout l’hémisphère droit. En effet, dans notre société une surestimation unilatérale de l’intellect, rend notre société malade.
Dans l’art thérapie, l’intellect n’est pas sollicité, le thérapeute offre un espace de création, d’imagination, par sa façon d’être et par ce qu’il apporte sur le plan matériel. (peinture, poterie, marionnette, danse, théâtre, contes peuvent être des moyens de donner forme aux images, aussi bien de notre inconscient individuel que de l’inconscient collectif.
C’est souvent associé à d’autres activités telles, le dessin, le mime, la terre que l’on pourra encore accentuer les bienfaits du conte sur le sujet.
18. Selon Tappolet, c’est une thérapie où l’intellect n’est pas sollicité, elle utilise la peinture, la poterie, le conte, la sculpture, les marionnettes, elle offre un espace de création, d’imagination et permet au sujet d’apprendre à écouter ses rêves, à vivre sa créativité. Souvent elle leur apporte un élément qui manquait à leur équilibre. Le conte peut permettre de libérer des peurs, de vaincre des angoisses. Cette thérapie ne se limite pas aux enfants mais convient également fort bien aux adultes.
19. 1. Développement de la personnalité et structuration du psychisme1. l’utilisation des symboles permet d’établir un meilleur contact entre la partie consciente de l’homme et l’immense réservoir fantasmatique que constitue l’inconscient
Pour Bettelheim (1976) Les contes de fées tout en divertissant l’enfant, l’éclairent sur lui-même et favorisent le développement de sa personnalité.
Par l’identification aux différents personnages du récit, soit pour se rassurer, se donner du courage pour affronter les difficultés de l’existence, soit nous mettre en garde.
20. 2. Ouverture sur le monde et fonction de regroupement
Selon Hochman, le conte n’a pas seulement pour but d’aider l’enfant, en proie à des tourments pulsionnels, à y voir clair et à s’orienter pour acquérir une sexualité adulte et une personnalité épanouie.
En élargissant son monde du champ familial vers un champ social plus large, l’enfant apprend à travers le conte une fonction de regroupement et de transmission d’un message social. Il apprend les règles de comportements et les valeurs sociales nécessaires pour une vie en communauté. Le conte rassemble, il n’isole pas. De nos jours, nous retrouvons les contes dans les interventions en classe et dans les thérapies de groupes (LAVI).
21. 3. Offrir des solutions et affronter les épreuves de la vie Un autre message du conte est que la lutte contre les graves difficultés de la vie est inévitable et fait partie de l’existence humaine, mais il faut apprendre à affronter les épreuves que l’on rencontre sur son passage, même si ces épreuves nous paraissent souvent injustes et insurmontables. Ceci est particulièrement vrai pour les enfants maltraités. En tant que conteur, il peut arriver qu'à travers notre art et les contes que nous narrons, nous éveillions chez nos auditeurs, des prises de conscience, des souvenirs.
Le conte ouvre à ses valeurs que sont l’amour, l’amitié et la solidarité capables de donner un sens à la vie. Des valeurs d’espoir pour les enfants blessés
A travers les symboles véhiculés par les histoires, les auditeurs parviennent parfois à mieux affronter leurs peurs, à se rassurer voire même à affronter les
difficultés de l'existence.
22. Atelier de contes thérapeutiques Idéalement, un conteur pourrait co-animer un atelier thérapeutique avec un psychologue, un pédopsychiatre, car souvent ces professionnels ont les compétences thérapeutiques mais ils ne sont pas conteurs et je pense qu’il est essentiel de savoir que le pouvoir thérapeutique des contes tient aussi, en grande partie, à la qualité narrative de la personne face à son public.
Ne s’improvise pas conteur qui veut, ce sont des années de travail, de recherches, d’expériences diverses qui vont permettre aux conteurs de captiver les personnes qui les écoutent et tout particulièrement face à des personnes en difficultés, cette compétence est une absolue nécessité.
La seule lecture d’un conte, aussi beau soit-il, n’apportera jamais les mêmes effets, l’histoire qui est contée par une personne qui y met tout son talent, son savoir, sa sensibilité voilà déjà le début de l’aspect thérapeutique des contes. Savoir raconter c'est savoir souligner de la voix, intensifier, amplifier ou au contraire épurer certaines images et ceci en étant porté par les réactions du public.
23. CONTES ET TROUBLES PSYCHOLOGIQUES Contes en fonction du type d'enfant (Boyes)
Les contes de fées ont le don de mettre en scène des personnages correspondant à chaque type d’enfants, ce qui explique l’enthousiasme des jeunes lecteurs pour le genre d’histoire qui incarne leur propre cas, leurs tendances et leurs problèmes. Les contes aident les enfants à mieux comprendre et à équilibrer leur personnalité grâce à plusieurs facteurs :
a) Le contexte du conte permet à l’enfant d’objectiver ses problèmes, d’en prendre conscience plus facilement et ainsi de s’en dégager.
b) Le situations décrites le guident dans la recherche de sa voie, de la solution appropriée à ses ennuis personnels.
c) La sympathie que les personnages bienfaisants éveillent en lui le conduit à s’aimer lui-même et à s’apprivoiser, alors que l’antipathie que lui inspirent les sujets maléfiques le protège contre un contact prématuré avec les forces négatives de son être.
d) Les images des contes agissent sur son inconscient et y effectuent une action curative.
24.
Le conte ouvre aux valeurs générales que sont l’amour, l’amitié et la solidarité, mais par contre tous les contes ne conviennent pas de la même manière à tous les enfants. En effet, en fonction de la personnalité de l’enfant certains contes conviennent mieux que d’autres (Boyes, 1988).
Les contes ont le don de mettre en scène des personnages correspondant à chaque type d’enfants, ce qui explique l’enthousiasme des jeunes auditeurs et lecteurs pour le genre d’histoires qui incarne leur propre cas, leurs tendances et leurs problèmes.
25. L’enfant maladroit et destructeur Toute l’énergie de ces enfants s’exprime exagérément dans leur vie pratique et à travers leurs sens ce qui laisse peu de place aux échanges verbaux et à l’observation. Le spectacle des combats de géants, s’entre-tuant par maladresse, leur apprend à voir les effets négatifs de leur comportement et à s’en éloigner.
Des contes tels que le Vaillant Petit Tailleur, Jean de l’Ours (Grimm) ou encore Soslan (Tradition orale) sont ceux qui conviennent le mieux à ces enfants. Ils doivent leur être racontés de nombreuses fois sans omettre parfois d’amplifier, en cours de narration, les effets néfastes et leurs conséquences.
26. L’enfant rêveur et paresseux
Il ne faut donc pas croire que ce type d’enfant ait besoin d’entendre des contes où l’on dépeint des individus vifs et dynamiques. Au contraire, ce genre d’histoires ne pourraient que le décourager davantage et l’enfermer dans son état.
Les histoires recommandées dans une telle situation sont des contes tels que le Chat Botté, les Pommes de l’Arbre de Vie ou encore les Trois Plumes (Grimm).
27. L’enfant introverti Dans les contes, c’est la princesse endormie à la suite d’une piqûre d’épine au doigt, celle enfermée dans une maison verrouillée au fond des montagnes, celle qui joue seule, ou encore celle séquestrée dans une tour qui éveillera l’intérêt de ce type d’enfant. Dans tous ces cas, seul le baiser et l’amour du prince, c’est-à-dire l’acceptation du contact, auront le pouvoir de libérer la princesse de sa solitude et de l’éveiller au monde sensoriel.
Inconsciemment ou non, l’enfant introverti tire une leçon salutaire de ces contes et, comme la princesse qui jouait seule au jardin, il puise la force de surmonter son dégoût des relations humaines. Comme la princesse le fera avec la grenouille qui se transforme en un beau prince, l’enfant se réjouira enfin de la compagnie d’autrui. La princesse ne voulait pas non plus que la grenouille mange à sa table ou dorme dans son lit, mais elle y consentira finalement. Tous ces événements s’insinuent dans l’inconscient de l’enfant et l’éveillent à la nécessité de s’ouvrir à l’autre.
Les contes que nous pouvons recommander pour ces enfants sont la Belle au Bois Dormant, le Roi Grenouille, Raiponce (Grimm).
28. L’enfant intellectuel Pour les enfants qui présentent cette personnalité, seule l’abstraction de concepts dépourvus de vie, de chaleur et de sensation les attire. Ils ont de grandes difficultés à faire le lien entre la pensée et le sentiment. Tout ce qui est manuel les rebute car ils préfèrent vivre de mots, d’idées, d’études, qui leur semblent bien supérieurs. Il en est de même pour l’expression émotionnelle qui leur paraît inutile voire absurde.
Pour ces enfants, l’archétype est le roi, assis sur son trône qui n’agit jamais physiquement mais se contente de parler, de donner des ordres et d’émettre des opinions. Pourtant arrive un jour où ce roi tombe malade, dépérit et risque la mort à moins qu’un de ses fils ne le sauve en revenant vainqueur de diverses épreuves et possesseur du remède qui guérira son père. C’est uniquement à ce moment-là que ce type d’enfant comprend, plus ou moins inconsciemment, que c’est l’amour éprouvé par le prince qui guérit le roi de sa rationalisation constante et qu’il lui fait découvrir que les mots et les idées ne sont pas supérieurs à la vie, aux sentiments et à l’action.
Les contes les plus appropriés sont Les trois plumes (Grimm), le Tsar Yvan, l’Oiseau d’Or (Afanassieff).
29. L’enfant « méchant »
Cet enfant, si personne ne lui vient en aide, risque de devenir à la longue cruel, envieux et méchant. Il est donc primordial de raconter à ces enfants des contes qui leur montrent le sort tragique des méchants et leur font prendre conscience des conséquences néfastes de tels comportements. Ils en tireront peut-être bénéfice car c’est souvent chez les autres que l’on remarque le mieux la laideur de l’envie, de la méchanceté et même de la cruauté.
C’est donc en leur donnant à voir le mal et ses conséquences, que ce type d’enfant peut prendre conscience de la nécessité de diminuer, voire d’éliminer les comportements nuisibles à sa socialisation et à sa vie en général.
Des contes tels que le Lama et le Charpentier (Conte du Tibet), le Puits Comblé (Conte arabe), les Sept Corbeaux et la Gardeuse d’Oies (Grimm) sont des histoires pertinentes pour aider ces enfants.
30. L’enfant anxieux Aussi surprenant que cela puisse paraître, c’est à travers les personnages victimes de la peur que l’enfant anxieux pourra le mieux exorciser ses propres angoisses. En effet, dans tous les contes traditionnels les héros sortent victorieux, la victoire qu’ils remportent face au loup, au dragon ou à la sorcière montre aux enfants anxieux que, s’ils arrivent à surmonter leurs propres peurs, ils pourront eux aussi triompher. Il n’est donc pas surprenant de constater que plus un enfant a de peurs et plus il demandera des contes terribles. Ceci pour se convaincre que comme les héros faisant preuve de courage et d’audace, il pourra anéantir ses peurs, ses angoisses.
La plupart des contes répondent aux critères nécessaires pour aider les enfants anxieux, mais nous vous en proposons quand même quelques uns qui nous semblent particulièrement propices, le Loup et les Sept Chevreaux, Hansel et Gretel, le Petit Poucet, Celui qui partit en Quête de la Peur, le Chasseur Accompli (Grimm), Jean de Trop (Tradition orale) et la Soie Miraculeuse (Conte de Bohème).
31. L’enfant triste
Les enfants mélancoliques aiment entendre des histoires tristes, ils sont touchés par les malheurs de Cendrillon, ils comprennent son désarroi et ils ressentent profondément les souffrances des personnages. Cette compréhension du vécu des héros les incite à vouloir dépasser leurs peurs.
Au travers de la narration, on tentera d’éveiller leur compassion pour le héros et son sort misérable. La certitude acquise qu’ils ne sont pas les seuls dans cette situation permet aux enfants tristes de se consoler et de croire que pour eux aussi la réussite, la joie existent et c’est ainsi que leur courage sera stimulé.
Ce n’est donc pas en voulant pousser les enfants mélancoliques ou en les forçant à aller de l’avant que l’on pourra les aider à sortir de leur tristesse car c’est au-dessus de leurs forces. On peut même dire qu’à trop les stimuler on pourrait amener à une aggravation de leur situation. Les contes les plus appropriés sont Cendrillon, Toutes-Fourrures, La Belle au Bois Dormant, l’Homme à la Peau d’Ours, la Gardeuse d’Oies (Grimm).
32. L’enfant rusé L’enfant rusé fait souvent preuve de précocité, utilisant son intelligence à mauvais escient, il aura tendance à manipuler les relations et les gens. On peut dire que ce sont les contes dans lesquels le héros utilise son intelligence et sa ruse à des fins altruistes qui seront les histoires à lui conter. Ainsi on peut espérer que ces modèles d’utilisation positive de la ruse lui permettront de changer sa manière de faire et de l’utiliser en faveur de comportements fructueux pour lui et la communauté.
Quelques contes, souvent amoraux, seront indiqués pour ce type d’enfant, comme le Vaillant Petit Tailleur, le Maître Voleur, le Paysan et le Diable, le Chat Botté (Grimm).
33. L’enfant coléreux Ce type d’enfant a besoin d’admirer, de respecter, d’où la nécessité de lui conter des histoires qui le poussent à s’extasier face à celui qui combat le dragon, à s’identifier au chevalier courageux qui franchit tous les obstacles ou au prince qui sauve la princesse.
Cet enfant aime les histoires courtes car il s’impatiente vite face aux histoires longues et tristes. Si le narrateur respecte les critères indiqués ci-dessus il permet de canaliser l’énergie dans une bonne direction et d’éviter ainsi qu’elle ne devienne destructrice, ce qui est toujours le risque avec ce type de comportement.
Un enfant coléreux peut véritablement se calmer s’il a été nourri de contes tels que le Chasseur Accompli (Grimm), Soslan (Tradition orale) ou encore Ne Juge point sous l’Emprise de la Colère (Conte arabe).
34. LE CONTE COMME TRAITEMENT CULTUREL CHEZ DES ENFANTS ET DES ADOLESCENTS Costantantino et Malgady utilisent les contes avec des enfants de culture hispanique et plus particulièrement portoricains, pour ce faire ils utilisent des contes comme modèles (Bandura) ce qui permettra à l’enfant de structurer sa personnalité en fonction des modèles proposés. Les contes utilisés en thérapie proposent une version traditionnelle d’un conte et ensuite une version adaptée qui reflète les expériences d’un portoricain aux USA.
Après la narration des contes, des discussions sur les différents thèmes de l’histoire, les caractères des personnages et de la morale sont menées afin de mieux comprendre les comportements et ainsi pouvoir les intégrer.
35. FONCTIONS POUR L'ADULTE
1. Réactiver l’enfance et s’en alimenter
2. Prise de conscience et meilleure compréhension de nous-même à travers le miroir du conte
3. Moments de paix et de plénitude
4. Lutte contre les représentations dévalorisantes du vieillissement
36. Conclusion Comme on peut le voir, les contes permettent à l’enfant d’objectiver ses problèmes, d’en prendre conscience plus facilement et ainsi de s’en dégager. L’enfant est guidé dans la recherche de la solution appropriée pour tenter de surmonter ses peurs, ses doutes et mettre de l’ordre dans ses émotions. La sympathie que les personnages bienfaisants éveillent en lui le conduit à s’aimer lui-même et à s’apprivoiser, alors que l’antipathie que lui inspirent les sujets maléfiques va tenter de le protéger contre les forces négatives qui pourraient l’habiter.
Les contes peuvent également être racontés à des enfants pour initier un dessin-conte mais ils peuvent aussi servir de support à des activités créatives. Le conteur (surtout dans un contexte thérapeutique) peut par exemple débuter la narration d’une histoire et à un moment donné, en général une partie palpitante, marquer une pause et proposer aux enfants d'inventer la suite du conte, qu’ils vont ensuite raconter à leurs parents. Après la narration, ces derniers demandent aux enfants comment ils sont parvenus à une telle histoire, quelles sont les difficultés qu'ils rencontrées ou encore comment ils se sentent.
Nous considérons ainsi que la richesse symbolique de ces histoires facilitera l’alphabétisation émotionnelle des enfants, particulièrement s’ils ont la chance de pouvoir bénéficier d’une narration adéquate et chaleureuse de la part du conteur. Dans le cas des enfants traumatisé, ils se sentiront moins seuls car souvent les héros des histoires vivent des souffrances proches de celles des enfants maltraités, ils se consolent de savoir que d’autres sont passés par là et on ou s’en sortir.
37. CHARDONNENS, E., BROUZE
C., BONNET-BURGENER, C.
(2007)
La prévention de la violence chez les jeunes. Alphabétisation émotionnelle : outils concrets pour développer les compétences relationnelles.
Editions Favre : Lausanne & Paris
38. Formation
L’association Alphae est en train de promouvoir des formations conciliant les contes et le développement des compétences relationnelles au moyen de l’alphabétisation émotionnelle.
Informations : Evelyne.Chardonnens@unil.ch
Natel ; 078 764 63 30