Mardi 15 avril 2014 Université Lille 3

1. Les significations associées aux mini-entreprises par les différents acteursSylvain StarckAnimatrice: Dagmara Gut Mardi 15 avril 2014 Université Lille 3

2. Plan de la communication • Caractériser la ME comme projet • Caractériser le type de projet que constitue la ME • Le faisceau des significations que les acteurs associent à la ME

3. Extrait de : Boutinet J.-P., (1990), Anthropologie du projet, Presses Universitaires de France. La ME entendue comme projet • Extrait de : Boutinet J.-P., (1990), Anthropologie du projet, Presses Universitaires de France.

4. Quel type de projet? • Extrait de : Boutinet J.-P., (1990), Anthropologie du projet, Presses Universitaires de France.

5. Projet d’orientation • Pour les enseignants Paul Q : qu’est ce que ça peut vous apporter de mettre en place une mini-entreprise ? R : L’ouverture sur le monde du travail, sur les métiers. C’est à des fins personnelles, pour les jeunes, très formateur, parce que certains découvrent, grâce à ça, ce qu’ils aimeraient faire plus tard. Parce qu’il y a toujours des élèves – et là c’est le prof principal qui parle – qui en fin d’année disent : « je ne sais pas ce que je vais faire ». Maintenant, grâce à la DP3, grâce à la mini-entreprise, c’est vrai que ça permet de balayer plein de profils, les métiers, on va regarder les fiches-postes, les fiches de l’ONISEP, on y va régulièrement et ça devient une habitude. Et ça, ça permet peut-être aux jeunes de finaliser plus facilement leur orientation. C’est vraiment intéressant pour ça. (anticiper) • Pour les élèves: • Thomas et son projet d’ouvrir une entreprise d’électricité; • Marie et sa critique de l’entreprenariat; • Inscrire l’expérience dans le CV • Limites: l’attribution des rôles, fixer les identités (limiter les possibles);

6. Projet vocationnel de l’adulte • Modification enseignement. Apprendre au contact des parrains et d’EPA, ou des autres professionnels rencontrés : communiquer, mettre en avant son action dans l’établissement, mettre en avant ses élèves. • Développement compétences liées à projet: en regard de projets institutionnels trop institutionnalisés. • Espace de créativité (Leila) « C’est vraiment eux qui font, et si je suis d’accord, je suis. Bien sûr, je suis là pour recadrer les choses, je ne dis pas le contraire, mais je me vois comme une accompagnante. Q : et vous en pensez quoi de ce rôle d’accompagnant ? R : Je trouve ça vraiment très intéressant. On n’est plus dans un cadre scolaire. C’est intéressant. J’ai plus un rôle pour les guider, je ne leur dis pas « voilà, il faut faire ça, ça, ça et ça ». Si vraiment il le faut, je le fais. Mais bon, rôle de conseil. S’ils me demandent un conseil, je suis là pour conseiller. Je n’ai pas ce rôle de leur apprendre. » • Retrouver un certain enthousiasme en accord avec l’enthousiasme des mini-entrepreneurs «  Ça m’offre quelque chose de stimulant, jusqu’au stress. Vous ne le sentez peut-être pas aujourd’hui, mais on approche du concours, du dossier, alors ça, ça fait monter la tension de tout le monde, et des professeurs, et des professionnels aussi d’ailleurs !, pas que des élèves ! » (Marc) • Limites: être garant de l’aboutissement du projet, ne pas être suffisamment porteur du projet

7. Projet de formation • Apporter aux mini-entrepreneurs ce qui leur fait le plus défaut: l’expérience • Les ME pour Apprendre Le questionnaire met en évidence que pour les enseignants -dans la limite des choix multiples qui leur étaient proposés – les ME visent à remplir 2 missions principales : - Apprendre à travailler collectivement - Apprendre à travailler de façon autonome. Les finalités les moins citées pour ce dispositif sont d’aider les élèves à faire face aux problèmes de l’emploi ou d’appuyer leur orientation professionnelle. Les ME sont donc avant tout pour les enseignants un espace pour apprendre à travailler. Catherine (enseignante) : « (...) Mais c’est ça aussi qu’on apprend dans l’entreprise, ils savent aussi que je le fais pour l’entreprise, et eux aussi vont faire des concessions. Je trouve ça difficile de leur demander de rentrer dans un projet, de faire des concessions ou des compromis entre eux, et moi, de garder une position extérieure. Je trouve que l’exemple passe par là aussi. Et toutes les discussions qu’on a dans l’entreprise, c’est ça aussi, quand je considère que moi j’ai trop donné et que eux ne me donnent pas trop en échange, je vais le dire. » (apprendre à passer du jeu libre au jeu réglé) Marc : « Qu’est-ce qui est éducatif ? tout finalement, à l’intérieur d’un projet comme ça, tout. Parce qu’on n’est pas seulement en train de faire des opérations, on est en train d’essayer de se dépatouiller avec ce dont demain ils pourraient avoir besoin, et c’est en ça que c’est éducatif. Passer un coup de fil, s’adresser aux gens, savoir monter un projet, s’organiser, prendre des décisions ensemble, prendre des décisions tout court, les prendre ensemble parfois. Pour moi, tout ça s’est éducatif. C’est largement contribué dans le cadre des mini-entreprises, ça c’est un fabuleux outil de développement éducatif. »

8. Projet de formation • Découvrir le fonctionnement d’une entreprise Catherine (enseignante) : «pour moi, tel que je l’ai vécu, c’est faire semblant mais en faisant pour de vrai. Ils savent qu’ils ne sont pas adultes, mais ils savent qu’ils passent par toutes les étapes en accéléré, en pédagogie, etc. d’une entreprise. Une mini-entreprise, c’est un projet réaliste, pédagogique. Ça a assez de réalisme pour que eux, y croient. Et nous aussi, on est pris dans la réalité du projet. Je ne sais pas comment définir, c’est compliqué. C’est une fausse entreprise, je ne sais pas ! c’est un travail de groupe qui a un sens, où il n’y a rien au début, où tout est créé, qui a une finalité et qui se rapproche quand même avec le modèle de l’entreprise. ».

9. Projet de formation • Découvrir ses élèves, les faire se découvrir Lisa : On a un regard complètement différent sur eux et eux aussi ont un regard sur nous et ça c'est important parce que vous arrivez à remettre des élèves en confiance par rapport à eux parce qu'ils voient, ils osent par exemple faire des choses que d'autres qui vont être très bons à l'école, en classe… enfin, en classe sur des matières traditionnelles, vont pas oser aller décrocher le téléphone ou… ils vont pas oser faire cette démarche alors qu'il y en a, bon… ok, ils sont peut-être pas bons en maths ou tout ce qu'on veut mais alors sur le terrain… faut les voir ! • Limites: être pris par l’action sans pouvoir y faire retour. « Par exemple la semaine dernière, moi, je voulais suivre un élève qui devait faire un devis, il faut un temps fou quoi, c'est un élève qui est lent, bon bah c'est tout ! C'est important pour lui d'apprendre à s'exprimer, comment on envoie un mail… parce qu'ils font souvent n'importe quoi. Il arrive souvent... ils n'ont aucune idée… alors téléphoner… mais au téléphone, ils ne se présentent même pas, ils savent pas aligner trois mots. Bons alors, on essaye de faire de l'entraînement, des petits oraux, des choses comme ça mais ça demande un temps fou… » Lise

10. Projet d’entreprise • Conjuguer le développement des hommes avec l’efficacité de l’entreprise. Vision du gouvernement participatif de l’entreprise: acteurs rassemblés dans une même culture d’entreprise. Les nouvelles identités privilégient les relations horizontales en réduisant le poids des relations hiérarchiques. ME: solution pour apprendre à travailler en entreprise selon des modalités plus éloignées de la forme scolaire? • Dimensions culturelles associées à ce projet: « C'est une bonne idée parce que, tant que je ne faisais pas ça en cours de SES - donc quand on aborde l'entreprise, l'emploi etc. - je me rendais compte que les élèves avaient - surtout ici à Tourcoing avec toutes les difficultés économiques qu'il y a, ben quasiment tous les élèves connaissaient évidemment une situation de chômage pour un de leurs parents - et donc que, quand on parlait d'entreprise, pour eux c'était le patron, le salaud qui licencie et donc l'entreprise pour eux c'était le chômage. Je veux dire, il faut sortir de cette image… » (Lisa, enseignante d’économie-gestion) • Limites: développer des représentations en décalage des réalités de l’entreprise (aspect ludiques, la question de l’argent éludée)

11. Projet de société • « À la spécialisation, la prévisibilité, la continuité, la stabilité qui constituent la pierre angulaire du mode de fonctionnement de l’économie managériale s’oppose la diversité, l’incertitude, le changement, la turbulence qui caractérisent l’économie entrepreneuriale. » (Capron, 2009) • Société de plein emploi vers une société où l’emploi devient une ressource limitée: développement de la capacité à créer sa propre activité, capacité à être proactif dans son insertion professionnelle • Limites: quelle légitimité aux prospectives d’une société entrepreneuriale?

12. Détourner/ se détourner du projet • Elèves: Se replier sur son identité d’élève (par exemple, percevoir essentiellement la ME comme le moyen d’obtenir des points au brevet.) Devenir mini-entrepreneurs par processus et non inscription • Elève: Privilégier les moments ludiques (les ventes, le concours, les activités brise glace, la réalisation de vidéos…) • Enseignants: Revenir sur un modèle plus traditionnel et une forme plus institutionnalisée de l’action Marc : « Mon rôle d’enseignant dans tout ça a évolué en fonction des projets, des jeunes et de leur âge évidemment. (…) en complément de tout ça, un partenariat avec EPA qui peuvent aussi – ce n’est pas politiquement correct, mais bon, je le dis – faire classe sans le faire quand même. Voilà quelque chose qui m’intéressait dans le projet. Ça va permettre à des jeunes qui sont un peu plus âgés dont les difficultés sont peut-être un peu plus importantes sur un aspect scolaire « pur », de faire de l’écrit, des lettres, des calculs de budget, sans en avoir l’air entre guillemets. » Fabien: « Le fonctionnement a encore été trop encadré par les enseignants, je pense. Les élèves n’ont pas été totalement en autonomie dans la chose, on devait les guider, c’est normal, ce sont des élèves. »

13. Caractériser la ME du point de vue de ses significations • Un dispositif peu institutionnalisé Un faisceau de significations Une liberté d’action • Des dynamiques variées, des expériences ouvertes: un monde de possibles et de contraintes encore peu stabilisés