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LES PRATIQUES SOCIALES NÉFASTES A LA SANTÉ DES ENFANTS DE 0 A 18 ANS. COALITION MALIENNE DES DROITS DE L’ENFANT (COMADE) GAOUSSOU TRAORÉ Secrétaire Général.
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LES PRATIQUES SOCIALES NÉFASTES A LA SANTÉ DES ENFANTS DE 0 A 18 ANS COALITION MALIENNE DES DROITS DE L’ENFANT (COMADE) GAOUSSOU TRAORÉ Secrétaire Général
Au Mali seize (16) pratiques néfastes à la santé de la femme, de l’enfant et de la famille ont été identifiées • L’excision • Les mariages précoces et/ou forcés • Le lévirat/sororat • Le gavage • Les violences : physiques, psychologiques, sexuelles • La dépigmentation • L’utilisation des produits aphrodisiaques • Les tabous nutritionnels • La diète excessive • L’infanticide des orphelins et enfants nés hors mariage • Les scarifications • Les tatouages • Les saignées • Les pratiques humiliantes des femmes en difficultés d’accouchement • L’ablation de la luette • Le limage des dents.
Quelques définitions • Excision : toutes interventions aboutissant à une ablation partielle ou totale d’organes génitaux externes de la femme pratiquées dans un but autre que thérapeutique. • Lévirat : système matrimonial consistant à faire épouser une veuve par un frère de son mari décédé. • Sororat : système matrimonial consistant à faire épouser par un veuf une sœur de son épouse décédée. • Gavage : alimenter de force une fille pour la faire grossir en vue d’un mariage • Diète excessive : restriction alimentaire prolongée d’une jeune fille pour l’affaiblir en vue de la consommation d’un mariage • Parmi toutes ces pratiques sociales néfastes identifiées, celle qui pose le plus de défis aujourd’hui est l’excision pour les raisons ci-après :
Sa forte prévalence : 85% chez les femmes de 15 à 49 ans selon EDSM IV en 2006 ; 84% chez les filles de 0 à 14 ans selon l’enquête nationale sur l’excision en 2009. • Sa pratique sur l’ensemble du territoire national, mais à des taux variés pour les filles de 0 à 14 ans 87% en milieu urbain ; 84% en milieu rural 96 dans la région de Kayes 81% dans le district de Bamako 78% dans la région de Sikasso 70% dans la zone lacustre Ségou et Mopti 44% dans la région de Tombouctou 1,8% dans la région de Gao 0,9% dans la région de Kidal
Ses acteurs et conditions d’application Les exciseuses traditionnelles sont en général des femmes de caste (forgeronnes) sans connaissances de mesures d’hygiène, d’asepsie et d’antisepsie ; Les assistantes (« gardiennes des filles ») chargées des soins post opératoires ignorent les mesures élémentaires en soins infirmiers Les mères et grand-mères à la maison prodiguent des soins individuels sans connaissances médicales Le personnel médical s’implique de plus en plus dans la pratique dans des services de santé (50% du personnel du service social, 39% du personnel de la gynécologie, 33% du personnel de la pédiatrie), notamment à Bamako et dans la région de Sikasso, en dépit d’une Lettre-circulaire du Ministre de la Santé. Les devins, surtout en milieu traditionnel bambara, malinké et sénoufo, préparent l’opération et prédisent l’avenir des filles.
Son fondement culturel et religieux Elle est pratiquée par tous les groupes religieux : musulmans, chrétiens, protestants et animistes Elle est fondée sur la tradition dans tous les groupes ethniques, avec comme logiques : La maîtrise de la sexualité féminine La pureté de la femme (selon les musulmans) L’hygiène La différenciation sexuelle marquée Les représentations du clitoris maléfique ou hypertrophié La pression de la norme sociale : éviter la marginalisation et la stigmatisation.
Les attitudes favorables à son maintien 55% des populations enquêtées en 2009 se sont prononcés pour le maintien de la pratique de l’excision ; 28,7% se sont prononcés pour son abandon, mais le pratiquent quand même. Ce qui indique qu’ils le font contre leur gré. • Des mécanismes forts de prise de décision Dans les villes, l’excision s’organise de façon individuelle. Les décisions sont prises au sein des familles, généralement par les femmes : belles-mères, tantes ou grands-mères. En milieu rural, où l’excision s’organise de façon collective, la décision se prend le plus souvent par des leaders communautaires ou entre plusieurs familles, pour des raisons pragmatiques. Ainsi se constituent des groupes d’âges dont les mariages se feront en même temps.
ANALYSE DU BILAN DES ACTIVITÉS • Au plan institutionnel Depuis l’indépendance, un nombre croissant d’acteurs ont œuvré et continuent d’œuvrer pour son abandon. De nombreuses associations et ONG nationales et internationales sont aujourd’hui fortement impliquées dans cette lutte, avec des méthodes variées. L’engagement des pouvoirs publics s’est concrétisé de plusieurs manières : 1996 : ébauche d’avant-projet d’un Plan quinquennal d’action par le Comité National d’Eradication pour l’Abandon des Pratiques Néfastes à la santé de la femme et de l’enfant ; 1999 : Lettre-circulaire n° 0019/MSPAS-SG du 16 février interdisant la pratique de l’excision dans les services de santé, mais sans aucune sanction en cas de transgression ;
1999 : création d’un nouveau Comité National d’Action pour l’Abandon des Pratiques Néfastes à la santé de la femme et de l’enfant par Décret n° 99/PM-RM du 16 juin auprès du Ministère de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille. Ce Comité est présidé par le Ministre et doté d’un secrétariat Exécutif. Il a des démembrements régionaux et comprend des OSC; 2002 : création du Programme National de Lutte contre l’Excision par Ordonnance n° 053-P-RM du 4 juin. Il est rattaché au Ministère de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, avec rang de service central.
Au plan des activités • Domaine du plaidoyer Des actions de plaidoyer sont menées en direction des décideurs politiques et administratifs, des leaders traditionnels, religieux, communautaires et d’opinion pour qu’ils s’affichent davantage en faveur de l’abandon de l’excision : formation et ou sensibilisation de groupes stratégiques sur la problématique de l’excision, avec les conséquences psychosociales, médicales, économiques, juridiques, etc. signatures d’actes d’engagement par les autorités socio-sanitaires pour la non-médicalisation de la pratique de l’excision dans les établissements sanitaires des huit régions et le district de Bamako.
Domaine de la législation Il n’existe pas une législation formelle interdisant l’excision au Mali. Les pouvoirs publics ont opté pour une démarche d’information et de sensibilisation des populations, au regard de l’expérience de pays ayant légiféré et dans lesquels la pratique est entrée dans la clandestinité, avec des conséquences plus dramatiques. • Domaine du cadre de concertation Les caractéristiques multiformes et multidimensionnelles de la lutte contre l’excision ont amené les intervenants à la nécessité de mettre en place un cadre de concertation entre les acteurs (intervenants étatiques, OSC, PTF) dans un cadre partenarial dynamique. Ce cadre permet d’initier, d’animer des espaces, d’échanger des expériences et de mobiliser les ressources ponctuelles ou pérennes. Ce cadre a permis d’élaborer des outils de travail opérationnels tant dans la planification que dans la collecte des résultats. Les PTF s’engagent de plus en plus auprès des services publics et des OSC dans les différents programmes et projets.
Domaine du renforcement des capacités Il a constitué une part importante dans les activités réalisées par les acteurs. De nombreux ateliers ont été organisés et ont permis de mettre à profit les expériences des groupes cibles qui constituent un vivier dans le processus. La formation et le recyclage a concerné essentiellement les décideurs politiques et administratifs, les agents socio-sanitaires, les élus communaux, les enseignants, les membres des organisations communautaires de base, les accoucheuses traditionnelles, les communicateurs traditionnels et modernes, les relais communautaires, les artistes, les leaders communautaires et ceux religieux, etc.
Domaine de la sensibilisation Production de supports : boîtes à images ; outils de collectes des données ; supports didactiques de communication (dépliants, guides pratiques, etc .) ; spots radio et télé, messages par des artistes et sportifs. Sensibilisation de masse : campagnes médiatiques nationales avec affiches, dépliants, spots, films, spectacles dont le festival Tam-tam de Birgo sur l’excision, Journée internationale du 6 février ‘’Tolérance zéro aux MGF’’. • Domaine des études et recherches action une dizaine d’enquêtes CACP sur la pratique de l’excision ont été réalisées avec l’appui technique et financier de PTF comme UNICEF, Helvetas, GTZ, PDHEG, etc. Ces enquêtes ont permis de suivre l’effet des campagnes et aussi d’identifier des complications liées à l’excision et de référer ces cas sur les structures de prise en charge. Elles ont permis aussi d’améliorer les plateaux techniques des structures de prise en charge : Centres d’écoute, d’Animation et d’Orientation, Centres de Santé de référence, Hôpitaux et autres structures de prise en charge.
Domaine du Suivi-évaluation Une revue semestrielle du Plan d’Action annuel du PNLE et l’évaluation de quelques activités des acteurs sont organisées, les résultats sont diffusés sur différents supports et par les médias. JE VOUS REMERCIE