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Nouvelles pratiques de rencontre des jeunes usagers et de leurs entourages dans une société addictogène. Mardi 3 décembre 2013 Réseau Ado 66. Société addictogène. Extension du domaine des addictions…. La société du malaise…. 4 évolutions banalisent l’ expérience addictive :
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Nouvelles pratiques de rencontre des jeunes usagers et de leurs entourages dans une société addictogène Mardi 3 décembre 2013 Réseau Ado 66
Société addictogène Extension du domaine des addictions…
La société du malaise… • 4 évolutions banalisent l’expérience addictive : • Dérégulation des cadres et contrôles collectifs ; • Intensification sensorielle et accélération ; • Culte de la performance et de l’excès • Crise économique, précarisation/vulnérabilité • 2 mécanismes en compliquent la gestion : • Découplageentrecontrôles politique ou juridique, pris de vitesse par les changement de la science, de l’économie et des techniques, les comportements sont hors contrôle face à l’hégémonie de la sphère marchande, d’une culture de la consommation. • Substitution de la réponse éducative par la réponse chimique et technologique.
1-Dérégulation des cadres et contrôles collectifs • 1er banalisation : déconstruction du vivre ensemble et du contrôle de soi, régulateur et niche écologique du comportement… • La mutation « sociétale » modifie en même temps le cadre : • du vivre ensemble : l’individualisme et l’individuation, l’appartenance sociale… • de lafamille : de la famille à la parentalité, la crise de la transmission… • technologique, l’Internet et le virtuel : le sans limite, le sans fin… • Effet centré sur soi plus que sur la communauté/grégaire, communautarisme… Dubet F., Lapeyronnie D. (1992), Les quartiers d’exil, De Singly F., Carr N.
2-Plus vite, plus fort, plus souvent… • La 2ème banalisation :culture consumériste « ne concerne pas la satisfaction des désirs, mais l’excitation du désir, de toujours plus de désir »Bauman Z. (2006), La vie liquide. «Moment de l’hyperconsommation… est celui de la banalisation du recours aux stupéfiants» Lipovetsky G. (2006), Le bonheur paradoxal. • L’INTENSITE: consommation«positionnelle»/accoutumance, (H.D. Frank) ; « émotionnelle »/obsolescence des produits et standards ; de l’offre 375 articles (1950), 45 000 (2000), Internet et 24 millions de livres jour et nuit en ligne! SheenaIyengar (2010), The art of choosing; la fête foraine, le cinéma,intensité du sport moderne, l’excès dans la fête… contradictoire avec la santé, vivre longtemps/vivre plus intensément…. la recherche de sensations Shulgin A (1991), Phikal (Phenilethylamines I Have Known and Loved) A Chemical Love story, version html://www.hyperreal.ncom/drugs/pihkal/index.html • L’INSTANTANEITE : Modifications du vécu partagé passé/présent/avenir, réponse instantané en cycle « court », la Vitesse et la distance, la planète comme sphère où tout se « touche » (P. Sloterdijk), « usure » rapide des objets jetables, carrières fulgurantes hors apprentissage. Durer n’est plus essentielle, c’est « l’accès »qui s’impose. (J. Rifkin. (2005), L'âge de l'accès : La nouvelle culture du capitalisme) • ADAPTABLE/ÉPHÉMÈRE : un soi durable, résultant d’une formation/un soi «de l’instant », qui passe d’un univers à un autre, du festif au travail, « l’homme sans gravité » Melman, Rosa H. (2010), Accélération : Une critique sociale du temps… • Effet intense, rapide et peu durable, mais renouvelable…
3 - Performance et excès • La 3eme banalisation, la modification de soi : le dépassement de soi par l’effort ou la grâce, est remplacé par la pharmaco ou la technico - assistance, accroissement mécanique de prothèses chimiques ou technologique? • Améliorer ou substituer des compétences? Les « technologies de soi » fabriquent un « individu hyper - performant » et moins contrôlé.. Nouvel P. (2008), Histoire des amphétamines. • Automédication, des substances/expériences qui ne guérissent pas (rétablir un état normal), mais substituent un état à un autre, triste/heureux; fatigué/stimulé…, • boissons énergisantes, alcool pour « tenir le coup », consommation médicamenteuse, compléments vitaminés, cocaïne ou autres produits illégaux. Fontaine A. (2006), Double vie, les drogues et le travail ; Reynaud-Maurupt C., Hoareau E. (2011), « Les carrières de consommation de cocaïne chez les usagers « cachés» - Dynamique de l'usage, conséquences de la pratique et stratégie de contrôle chez des consommateurs de cocaïne non connus du système de prise en charge social et sanitaire et des institutions répressives », OFDT, p. 273. ; Hautefeuille M. (2009), Dopage et vie quotidienne. • être plus performant, rester dans « la course », jeune, n'est pas condamnable..
4 - Inégalités et précarités sociales • La 4eme banalisation, celle de l’économie… • Les populations exclues sont dans le même bain culturel, avec les mêmes envies, et la double emprise produit/mode de vie est encore plus prégnante quand s’y adjoint précarité et exclusion économique. Des pathologies comme anxiété, obésité, maternités précoces, violence, troubles mentaux et usages de drogues, augmentent en même temps que les inégalités économiques. • L’hypothèse insertion recule : le binôme usagers/trafiquants s’est « professionnalisé » dans les années 90, un système de redistribution économique de substitution dans un contexte d’emploi fermé. • Evolution marquée par une violence croissante des uns, une paupérisation des autres, qui indique la montée en puissance des intérêts économiques. • être exclu, donc être sans lien… Jamoulle P. (2008), Des hommes sur le fil, la construction de l’identité masculine en milieux précaires. Fernandez F (2010)., Emprises. Drogues, errance, prison : figures d’une expériences totale ; Kokoreff M. (2010), La Drogue est-elle un problème ? Usages, trafics et politiques publiques ; Bouhnik P. (2007), Toxicos, Le goût et la peine ; R. Wilkinson et K. Pickett, épidémiologistes anglais, The Spirit Level – WhyEqualityisBetter for Every One, (2010 L’égalité c’est la santé)
Consommations des jeunes 17-25 • Les motivations sont variées, de l’anthropologie (ancrage culturel du boire, rite de passage de l’adolescent à l’adulte), à la psychologie (mal-être et désir de transgression liés à l’adolescence) ou à la sociologie (baisse de l’influence des parents, pression scolaire qui justifierait des périodes récurrentes de « lâcher prise », influence du milieu de vie). • la précocité des usages, avec les années collèges et le début du processus d’autonomisation • recours presque « naturel » à la solution produit pour contourner les difficultés du processus d’individuation, éviter tout ou partie du travail de mise en représentation… Drogues et addictions, enquêtes nationales (ESCAPAD) et européennes (ESPAD): consommation Q d’alcool rare mais en légère augmentation (10,5 % des 17 ans en 2011 contre 8,9 % en 2008), L’alcoolisation ponctuelle importante (API) (5 verres et +en 1 occasion) en hausse : 53,2 %des 17 à 25 ans au moins 1API/mois en 2011 contre 45,8 % en 2005. les filles des familles de cadres boivent « plus » que celles des familles d’ouvriers alors que c’est le contraire pour les garçons. Lien milieu social et usage s’inverse suivant le niveau de consommation : Les jeunes de milieux favorisés (cadres et professions intellectuelles supérieures) plus d’ expérimentations ou d’usages modérés d’alcool, de cannabiset autant d’expérimentations de tabac que ceux des milieux modestes. Les jeunes de milieux modestes, plus d’usages très fréquents ou intensifs d’alcool, quotidiens de tabac, ou problématiques de cannabis (Legleye et coll., 2011a, 2012 et 2013). - Et aussi le tabac 15% à 20% des garçons sont fumeurs Q… les écrans….
La France en tête du tableau européen Usage de cannabis dans l’année chez les jeunes adultes (15-34 ans) (dernière enquête pour chaque pays*) Expérimentation de cannabis chez les jeunes adultes (15-34 ans) (dernière enquête pour chaque pays*) *Source : données nationales centralisées par l’OEDT (www.emcdda.europa.eu)
Structure du public d’usagers des CJC • 27 000 personnes reçues la 1ère année (55% de consommateurs, 44% de familles) • Une majorité de jeunes (75% du public est âgé de 14 à 25 ans) • Une prédominance masculine dans le public (81% d’hommes, 19% de femmes) Source : Enquête 2007 sur le public accueilli en CJC, OFDT
Le public reçu (2)Des motifs de recours aux CJC différenciés par sexe Source : Enquête 2007 sur le public accueilli en CJC, OFDT
Le public reçu (3)Des motifs de recours aux CJC différenciés par âge Source : Enquête 2007 sur le public accueilli en CJC, OFDT
Le public reçu (4)Structure du public par profils d’usage de cannabis Source : Enquête 2007 sur le public accueilli en CJC, OFDT
Nouvelles pratiques de rencontres Le PAACT dans les CJC
Processus Accompagnement et d’Alliance pour le Changement Thérapeutique Formalisation par Jean-Pierre Couteron, Muriel Lascaux Olivier Phan,
PREMIERE PHASEPasser d’une demande « externe » à l’alliance thérapeutique 1er décalage Evaluation divergences Parents/ado 3e décalage Reformulation des préoccupations personnelles de l’ado 2e décalage Reformulation d’une cible thérapeutique Envisager le changement
Une « double » non demande d’aide • 1) L’usage est une solution, pas un problème, les inconvénients et risques sont relativisés…… donc je gère, tout le monde le fait, j’arrêterai quand je veux…. • 2) A l’adolescence, les paradoxes du lien à l’adulte, crainte de le perdre s’il y a éloignement ou d’être envahi par luis’il y a rapprochement, fantasmes d’humiliation. • La demande est • celle d’un autre, parents, enseignant, juge… • centrée sur l’objectif de cet autre : l’arrêt de la consommation
L’alliance thérapeutique… • L’alliance thérapeutique a souvent lieu dans un moment de crise et sous-contrainte. • L’alliance thérapeutique articule trois éléments : des objectifs communs, un accord sur les modalités du travail et le développement d’un lien de confiance approprié aux objectifs. • Elle n’est pas acquise d’emblée et se construit avec le tempssur trois décalages…
1er décalage évaluer et organiser les divergences adulte/adolescent • L’usage est au centre de la prise de rdv, son évaluation permet d’en identifier la précocité et les facteurs de risque, elle reprend en partie les effets indésirables qui font réagir les adultes et légitime leur mobilisation… • Cette évaluation inclus aussi les effetspositifs recherchés par l’adolescent, la revendication d’un « mieux être », sans réduire l’usage au pathologique, au risque… afin de construire un point de vue partagé parents/adolescent. • 1er décalage : confrontation constructive des points de vue adulte/adolescent, sortir du « tu es toxico/je gère », »il fait son expérience/je contrôle »….
2eme décalage questionner la consommation-solutionet valider la recherche de mieux – être • La prise en charge ne se résume plus à« arrêter l’usage » mais concerne «un mieux-être» dont on explicite la divergence des temps… • AU PRESENT pour l’ado, recherche immédiateet obsédante, à la hauteur de l’intensité des angoisses liées à l’adolescence « être bienavec mes copains, sans qu’on me prenne la tête ». • DANS L’AVENIR pour l’adulte, ne pas hypothéquer la vie, la notion de projet…
2eme décalagequestionner la consommation-solutionet valider la recherche de mieux –être • Dépasser la discordance présent/avenir: • Laisser l’ado. exprimer ses objectifs, leur légitimité, valider la recherche du plaisir, du mieux être et ses choix, son monde, sa crainte de perdre «ce que le produit apporte» = défendre la consommation malgré ses conséquences négatives, la solution présente/l’envie d’avancer = possibilité d’abandonner l’usage, l’hypothétique avenir… • Alors que l’adulte souligne les effets contradictoires, les risques, les problèmes ajoutés que bien souvent l’ado peut aussi confirmer… • 2eme décalage : usagereconnu comme problème autant que solution, prise en compte des objectif mieux être par d’autres moyens, accompagner et soutenir la solution « avenir »
3eme décalagedes contradictions de la consommation/solution aux paradoxes de l’adolescence • Les paradoxes dont le dépassement est indispensable au processus d’individuation émergent: envie de grandir/nostalgie de l’enfance, besoin de s’affirmer/peur de se confronter, opposition aux adultes/besoin d’eux pour s’autonomiser. • Ces paradoxes sont appréhendés en termes d’effets contradictoires de la consommation, ce qu’elle apporte/ce qu’elle empêche, exprimer une insatisfaction… • La confrontation à ces paradoxes et l’insatisfaction souligne les liens entre les difficultés de la réalisation de ses projets et le comportement d’usage, mais aussi les tensions spécifiques de l’adolescence…
3eme décalage des contradictions de la consommation/solution aux paradoxes de l’adolescence • «le cannabis te permet de te sentir libre, le fait de fumer inquiète tes parents qui t’interdisent de sortir. Ce qui renforce l’envie d’être libre puisque t’es enfermé chez toi ! » • La reformulation s’appuie sur l’ici et le maintenant, sur les envies et ressentis, en respectant le comportement/tentative de solution. L’adolescent est écouté, individualisé et non simplement remis en question et dysqualifié. • 3eme décalage : expression d’une demande d’être aidé à trouver une solution à des problèmes d’autonomisation dans une famille. Elle ouvre sur un changement possible dans l’usage dont l’effet contradictoire est maintenant accepté, objet de la phase 2.
DEUXIEME PHASEEquilibrer déconstruction de l’usage et construction de l’autonomie, éviter une rupture de l’alliance augmenter le regard critique sur la place substitutive de l’usage atténuer les manques ressentis en se dégageant des usages. Reconstruction de l’autonomie alternance phases de vulnérabilité et d’ajustement, bénéfices et difficultés dans l’acquisition de l’autonomie = accompagnement sur différents registres pour atténuer ces tensions ABANDONNER LA FONCTION DE TAMIS DU CANNABIS : l’abandon de l’usage et/ou une consommation inférieure relancent la confrontation aux émotions et l’appropriation de solutions cognitives nouvelles… • Déconstruction de l’usage • Tensions internes entre motivation au changement et difficultés qu’il dévoile : l’usager perçoit un manque qui n’est pas que biologique. • Tensions externes entre l’usager et son entourage... les 1ères évolutions = satisfaction mais les 1ères difficultés = c’était mieux avant
Déconstruction de l’usage • Partager le décor quotidien des usages, leur fonction pratique dans la recherche du bien-être, une auto-évaluation, rythme, visibilité, fonctions (gérer le temps/accentuer une fête)… • Objectiver le scénario des usages, en assumer la complexité au-delà des formules : les effets positifs (soulager une souffrance/lever une inhibition) et les effets négatifs (performance/mémoire/santé) qu’il repère, les réactions des environnements (complicité/conflits), la dimension émotionnelle et qualitative… • Approcher l’intrigue, les problématiques sous-jacentes, dépression, trouble anxieux, trauma, personnalité pré-psychose..
Construction de l’autonomie • 1) Hiérarchiser les objectifs, contourner les pièges de « la volonté »ou de l’ile déserte « arrêter= s’arrêter de vivre », etc… le sentiment d’efficacité personnelle, le plaisir de fonctionner… « éloge du carburateur »… • 2) Accompagner et soutenir l’acquisition des compétences psycho-sociales nécessaires…, individuellement ou en groupe, les « ateliers », le réseau social qui s’ouvre, démonter la fonction « substitution » de l’usage… • 3) Tester les défenses psychiques, la fragilisation de l’estime de soi et le deuil de l’enfance, la construction de l’identité…