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Introduction à la philosophie – Qu’est-ce que la rationalité ?. L’art de l’argumentation. 1° Jugement. Un jugement est un acte mental par lequel on affirme ou on nie le rapport entre des concepts. L'expression orale ou écrite d'un jugement s'appelle PROPOSITION.
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Introduction à la philosophie – Qu’est-ce que la rationalité ? L’art de l’argumentation
1° Jugement • Un jugement est un acte mental par lequel on affirme ou on nie le rapport entre des concepts. L'expression orale ou écrite d'un jugement s'appelle PROPOSITION. • Il existe diverses sortes de jugements : • de préférence : décrivent un goût personnel • de fait : décrivent une réalité objective • de valeur : prescrivent ce qui est désirable ou non
Jugement de préférence • Le jugement de préférence ou de goût est essentiellement subjectif et vise à informer les autres d'une attitude personnelle (de goût ou de dégoût) à l'égard de quelque chose. • Ce type de jugement ne vous renseigne en rien sur l'objet du jugement et n'a aucune valeur argumentative. Comme le dit l'adage « des goûts et des couleurs, on ne discute pas »! • Une exception : le jugement esthétique sur une production artistique (beaux-arts, musique, danse, poésie, etc.). Ce jugement, fait par des «experts», repose en partie sur le goût et sur les caractéristiques de l'objet.
Jugement de fait • Un jugement de fait porte sur une réalité que l'on constate, que l'on veut décrire de façon objective, en excluant toute appréciation personnelle ou subjective. C'est un constat vérifiable (susceptible d'être trouvés vrai ou faux) en principe. Même faux, un jugement de fait n'en est pas moins un jugement de fait. • En général, il est facile d'avoir un consensus autour d'un tel jugement, car il se présente comme valable (vrai ou faux) pour toutes les personnes raisonnables capables de comprendre la réalité. Il arrive cependant que des jugements de fait démontrés ne soient pas acceptés par certaines personnes et certains groupes à cause de préjugés, croyances ou valeurs incompatibles.
Validité du jugement de fait • La validité d'un jugement de fait repose sur sa vérité. S'il consiste en une hypothèse, vous devez vérifier le sérieux de cette hypothèse. Si c'est une généralisation, vous devez vous assurer de son bien-fondé. • Un jugement de fait doit donc respecter un des deux critères suivants : • Vérité • Hypothèse sérieuse
Jugement de valeur • Il prescrit ce qu’« il faut », « on doit », « il ne faudrait pas », à partir d'une conception de ce qui est bien ou mal, important ou futile. • Même s'il comporte une dimension subjective, un jugement de valeur se présente comme valable universellement pour tout être raisonnable. Il se prête à l'argumentation dans la mesure où des raisons peuvent le justifier.
Validité du jugement de valeur • Pour être admis dans une argumentation philosophique, un jugement de valeur doit avoir une portée qui peut le rendre acceptable par toute personne raisonnable. • En d’autres mots, il doit être UNIVERSEL et ne faire appel qu’à la raison.
Différents types de jugements • La somme des angles d'un triangle est égale à 180 degrés. • Je ne serais pas capable de manger du chat ! • Il ne faut pas faire à autrui ce qu’on ne voudrait pas qu’il nous fasse.
2° Raisonnement • Un raisonnement est le processus intellectuel qui permet d'inférer une idée (ou thèse) à partir d'arguments (ou prémisses). • Pour se prononcer sur des questions philosophiques fondamentales, il est nécessaire de raisonner, c'est-à-dire d'examiner de façon critique diverses thèses et d'en évaluer les arguments respectifs. • Il existe deux sortes de raisonnements : • le raisonnement inductif • le raisonnement déductif
Composantes d'un raisonnement (1) • La proposition qui constitue le point d’arrivée d’un raisonnement s’appelle CONCLUSION ou THÈSE. C'est l'idée principale du raisonnement, ce qu'on veut démontrer. Elle est parfois précédée de conjonctions comme donc, alors, ainsi, c’est pourquoi, il s’ensuit, ce qui implique… • Les propositions ou faits sur lesquels repose le raisonnement s’appellent PRÉMISSES ou ARGUMENTS. Ce sont les raisons qui permettent de déduire ou d’induire une idée (thèse ou conclusion). Dans un texte ou un discours, les prémisses sont souvent précédées de conjonctions comme car, or, puisque, en effet, parce que, vu que, etc.
Composantes d'un raisonnement (2) • (1) Ce tableau n’est pas un Monet (2) parce que les Monet sont très chers (3) et que ce tableau ne coûte que 475 euros. • (1)Vous n’avez pas compris la théorie, (2) vous n’êtes donc pas capable de réussir cet exercice. (3) En effet, seuls ceux qui comprennent bien la théorie peuvent réussir cet exercice.
Induction (raisonnement inductif) • L’induction (ou raisonnement inductif) est un type de raisonnement qui, à partir de prémisses particulières, formule une conclusion générale. • La fiabilité de la conclusion de ce type de raisonnement augmente avec la proportion de cas particuliers couverts par les prémisses et leur représentativité par rapport à l'ensemble dont il est question.
Déduction • La déduction, aussi appelée syllogisme, est une forme de raisonnement que vous faites lorsque vous partez de prémisses (dont la plus importante est très générale) et que vous en tirez une conclusion logique portant sur une réalité plus particulière. • Ce raisonnement s'appuie sur la logique plutôt que sur des observations. Il va du général vers le particulier.
Induction ou déduction ? • Une étude dans quelques grandes écoles a démontré que les étudiants ayant un emploi exigeant plus de quinze heures par semaine connaissaient plus de difficultés scolaires que les autres. On peut donc affirmer que le travail à temps partiel, passé un certain seuil, affecte les études.
Induction ou déduction ? • La consommation excessive de sel est néfaste pour les personnes atteintes d’hypertension. Or ma sœur, qui est stressée, rajoute toujours du sel dans ses aliments. Cette habitude va certainement lui donner des problèmes de santé.
Induction ou déduction ? • Trois professeurs de philosophie ont remarqué que les filles réussissaient en moyenne 15% mieux que les garçons dans leurs classes. Ils sont donc tentés de croire qu'il en va de même dans les groupes des autres professeurs qui enseignent la même matière.
Induction ou déduction ? • Étant donné que le développement économique et social va de pair avec un niveau moyen d’éducation élevé, il faut s’opposer à tout ce qui vise à réduire la qualité de l’éducation en France.
Condition d'un bon raisonnement • Un raisonnement, rappelons-le, est un enchaînement d'arguments (prémisses) à l'appui d'une thèse (conclusion). Un bon raisonnement exige le respect de deux conditions : • Validité des prémisses • Lien suffisant entre les prémisses et la conclusion
Validité des prémisses • Dans une argumentation philosophique, les prémisses doivent être : • soit des jugements de fait • soit des jugements de valeur.
Lien suffisant entre les prémisses et la conclusion • Une argumentation logique exige que l'ensemble des prémisses soutienne bien la conclusion, c'est-à-dire que cette dernière soit cohérente avec l'ensemble des prémisses (arguments) qui l'appuient (non-contradictoires) et que les prémisses (arguments) soient pertinentes à la conclusion.
Exemple d'un raisonnement incohérent • Je crois que le suicide assisté devrait être permis pour un malade en phase terminale qui souffre énormément et qui veut mourir. Je pense cependant que personne ne devrait aider un tel malade à mourir.
Exemple d'un raisonnement impertinent • Dieu existe. D'ailleurs, un grand savant comme Einstein y croyait.
Exemple d'un raisonnement pertinent • Dieu existe sûrement, car la disposition des choses dans l'univers est tellement complexe qu'il faut un esprit pour y avoir pensé.
4° Sophismes • Les sophismes sont des raisonnements trompeurs très fréquents qui n'ont qu'une apparence de logique. Certains sont fautifs à cause du caractère faux, douteux ou insuffisant de leurs prémisses, d'autres à cause de l'absence de pertinence des prémisses vis-à-vis la conclusion.
A) Sophismes par invalidité des prémisses • Les sophismes présentés ci-dessous sont des conclusions fondées sur des prémisses invalides (propositions fausses, douteuses, insuffisantes) ou sont des conclusions qui n’ont aucune prémisse. • Appel à l'autorité • Appel à la tradition • Appel à la nouveauté • Appel à la majorité • Procès d'intention • Pétition de principe • Faux dilemme • Pente fatale • Généralisation hâtive
a. Sophisme de l’appel à l'autorité • L'appel à l'autorité invoque, à l'appui d'une conclusion, le fait qu'elle soit partagée par une personne ou une institution qui jouit d'une position d'autorité. • Bien sûr, s'il s'agit d'une autorité crédible qui se prononce dans son domaine, elle peut être utilisée dans une argumentation, mais soyez prudent : une autorité peut aussi se tromper… • « Cette affirmation est vraie, mon prof l'a dit! »
b. Sophisme de l’appel à la tradition • L'appel à la tradition invoque le prestige du passé pour justifier une idée ou une action. Ce sophisme laisse entendre que ce qui a toujours été est ce qu'il y a de meilleur. • Aussi loin qu'on remonte dans l'histoire, ce sont toujours les femmes qui se sont occupées des enfants. Il est donc normal de considérer que la place des femmes est à la maison, avec leurs enfants.
c. Sophisme de l’appel à la nouveauté • L'appel à la nouveauté invoque que plus une chose est moderne, récente, meilleure elle est. Pourtant tout ce qui est nouveau n'est pas nécessairement bon. • La voiture X est la meilleure, car elle incorpore les toutes dernières nouveautés technologiques. • L'existentialisme est une philosophie dépassée, aujourd'hui il faut être post-moderne.
d. Sophisme de l’appel à la majorité • L'appel à la majorité laisse entendre qu'une position est juste parce qu'elle est partagée par la plupart des personnes. Pourtant, la majorité n'a pas toujours raison. • Les immigrants volent nos jobs. Tous les Français le pensent. • Un piéton peut traverser une rue même si le feu est rouge, puisque tout le monde le fait. • On devrait enlever les cours de philo, car la plupart des élèves trouve cela inutile.
e. Sophisme du procès d'intention • Le procès d'intention consiste à rejeter les idées de quelqu'un sous prétexte qu'elles dissimulent d'autres idées (ou intentions) inavouables. La prémisse présente une supposition comme un fait sans en faire la preuve. • Les étudiants ont voté en faveur de la grève pour s'opposer à l'augmentation des frais de scolarité, mais tout ce qu'ils voulaient, c'était une journée de congé! • Ce riche entrepreneur a financé cette œuvre, non pas par charité, mais pour améliorer son image auprès de la population.
f. Sophisme de la pétition de principe • La pétition de principe est une sorte de raisonnement qui donne l'illusion qu'on apporte un argument à l'appui d'une conclusion, alors qu'en réalité, on ne fait que répéter celle-ci avec des mots à peine différents. Ce type de raisonnement circulaire n'est rien d'autre qu'une conclusion sans prémisse réelle. • Je trouve ce cours lassant parce que cette matière ne m'intéresse pas. • Je suis tout à fait d'accord avec la philosophie d'Aristote, parce que j'ai les mêmes idées que lui. • J'aime beaucoup cette personne, elle est tellement sympa
g. Sophisme du faux dilemme • Le faux dilemme soutient une thèse en n'offrant un choix qu'entre deux possibilités opposées, alors qu'il existe une multitude d'options entre les deux. D'autres prémisses que celles avancées sont possibles, alors la conclusion est pour le moins douteuse. • Les vrais croyants vont à la messe. Cette femme n'y va pas, alors elle est sûrement athée.
h. Sophisme de la pente fatale • La pente fatale est un type de raisonnement qui exagère les conséquences d'une thèse en imaginant une chaîne de conséquences aboutissant à une conclusion catastrophique. Des prévisions trop peu vraisemblables ne constituent pas des prémisses valides. • Si nous votons pour nous syndiquer, il y aura des tensions constantes avec les patrons, puis il y aura des grèves, puis des incidents et finalement ils fermeront l'entreprise et nous perdrons nos jobs.
i. Sophisme de la généralisation hâtive • La généralisation hâtive est un raisonnement bâti seulement à partir de quelques cas particuliers ou d'un échantillonnage peu représentatif. • Mon préfet n'est jamais disponible. Ça fait deux fois que je vais à son bureau et il n'est pas là.
Sophismes par impertinence des prémisses • Sophismes par impertinence des prémisses • Les sophismes ci-dessous sont des raisonnements invalides à cause de leurs prémisses qui n'ont pas de lien ou présentent un lien trop faible avec la conclusion qu'elles sont supposées appuyer. • Attaque contre la personne • Appel aux sentiments • Preuve par l'ignorance • Fausse analogie
a. Sophisme d'attaque contre la personne • Une attaque contre la personne (argument ad hominem) est un mauvais argument qui consiste à dénigrer quelqu'un qui soutient un point de vue en s'attaquant à lui plutôt qu'à ses idées. Ce procédé peut aussi prendre la forme d'une association de la personne visée à quelque chose d'indigne et de méprisable.
a. Exemples d’arguments ad hominen • Vous voulez mettre la sécurité sociale en concurrence et la privatiser, comme le dictateur Pinochet au Chili ? • Comment pouvez vous prendre au sérieux Léonard de Vinci ou John Maynard Keynes, alors qu’ils étaient homosexuels
b. Sophisme de l’appel aux sentiments • L'appel aux sentiments consiste à tenter de faire accepter une conclusion en misant sur des émotions ou des sentiments (crainte, vanité, conformisme, culpabilité, pitié, patriotisme, etc.) auxquels un autre pourrait être sensible. • Si vous ne votez par pour moi à la mairie, la municipalité fera faillite par votre faute. • J'espère que vous allez me donner une bonne note, même si mon travail n'est pas très bon, parce que je le mérite.
c. Sophisme de la preuve par l'ignorance • La preuve par l'ignorance est utilisée lorsqu'une personne affirme la vérité ou la fausseté d'une conclusion en s'appuyant sur le fait que le contraire n'a jamais été démontré. • Les extra-terrestres existent. D'ailleurs, personne n'a jamais pu prouver qu'ils n'existent pas.
d. Sophisme de la fausse analogie • L'analogie bien utilisée est un procédé très utile à partir duquel on peut faire comprendre une réalité moins connue par une autre mieux connue… mais ce procédé exige que les éléments de comparaison soient pertinents. • Or, la fausse analogie a plutôt recours à une prémisse impertinente pour soutenir une conclusion : la comparaison est « tirée par les cheveux ».
d. Exemples de fausse analogie • Dans la nature, c'est la loi du plus fort qui s'applique : il est donc normal que ce soient aussi les plus forts qui jouissent de privilèges dans la société. • L’empire égyptien s’est effondré, l’empire romain s’est effondré, l’empire napoléonien s’est effondré, donc le capitalisme s’effondrera à son tour.