240 likes | 372 Views
Atelier OCDE/PNUD sur Les migrations en Afrique de l'Ouest : gouvernance et liens avec le marché du travail. La migration internationale de travail en Afrique de l’Ouest: état des lieux et défis majeurs. Dakar: Hôtel Pullman Téranga, 25 mars 2010.
E N D
Atelier OCDE/PNUD sur Les migrations en Afrique de l'Ouest : gouvernance et liens avec le marché du travail La migration internationale de travail en Afrique de l’Ouest: état des lieux et défis majeurs Dakar: Hôtel Pullman Téranga, 25 mars 2010 Papa Demba FALLRéseau d’études de migrations internationales africaines IFAN-UCAD de Dakar defall@ucad.snhttp://www.matrix.msu.edu/~ucad/papadembafall/maoumy/
Introduction La migration est une question centrale du débat sur la globalisation ou mondialisation. Elle en est toutefois le parent pauvre bien qu’elle soit, à maints égards, considérée comme un facteur de développement humain. Les restrictions apportées à la liberté de circulation, au droit d’asile, etc. sont à l’origine des stratégies de contournement savamment élaborées par les réseaux de toutes natures; Sujet de controverses, la mobilité est déclinée sous différentes formes au regard de déterminants qui la guident et du type d’obstacles que doivent affronter les acteurs. NB- L’étendue la question migratoire et le souci d’éviter une généralisation imposent de préciser le type de migration auquel on s’intéresse. La présente communication traite de la migration de travail en Afrique de l’Ouest.
Plan de présentation • A. Caractéristiques des migrations internationales ouest africaines; • B- La gestion de la mobilité africaine • C- Principaux défis de la migration de travail.
A. Caractéristiques des migrations internationales ouest africaines
A. Caractéristiques des migrations internationales ouest africaines Il s’agit de l’analyse de la spécificité des migrations africaines de travail au regard de quelques aspects majeurs de la mobilité: • - les déterminants • - le volume (stocks et flux) • - la dynamique de l’espace migratoire (zones de départ et destinations)
1- les déterminants de l’expatriation • Contrairement à une idée répandue, la migration de travail n’est pas dictée par la misère. • Le fondement principal de cette forme de mobilité est la quête d’un mieux-être. Émancipation sociale rime avec soif d’évasion en particulier chez les jeunes. • Deux exemples: • Les Peuls Woodabé sillonnent les grandes capitales ouest africaines à la recherche de revenus additionnels; • Les risques pris par les boat people vers les Canaries ou les migrants qui empruntent les routes sahariennes vers le Maghreb sont intégrés dans le refus de la mort sociale qui animent ceux qui choisissent de partir. • Le terme approprié n’est pas émigré qui ne prend pas en compte l’esprit d’entreprise du candidat à l’expatriation. Il faut lui préférer le terme immigrant au sens américain du terme. • La migration de travail est au centre des stratégies familiales de reproduction de la cellule familiale. Ceci a un effet sur le choix de migrant qui doit être en mesure de répondre aux aspirations de ceux qui ont mobilisé les ressources pour payer le voyage. • Un des traits dominants de l’exode est le mythe fondé sur l’espoir de franchir un nouveau cap dans la vie; • Une migration à dominante masculine même si l’on note une entrée significative des femmes dans le processus migratoire;
2- le volume (stocks et flux) • Problème de mesure quantitative du fait migratoire africain: données éparses, incomplètes marquées par une confusion entre les stocks et/ou les flux. • Cf. CERPOD • Cf. Recensements nationaux comme Sénégal • Plus une perpétuelle circulation migratoire qu’une fixation en un endroit précis • Nécessaire mobilisation pour une connaissance plus fondée de la mobilité en général, de la migration de travail en particulier= défi n°1 (voir plus bas)
3-l’espace migratoire des Africains de l’Ouest (zones de départ et destinations) • D’une manière générale les migrations continentales ou intra africaines sont plus importantes en volume que les migrations hors du continent [défi n°2 =promouvoir la migration intra régionale] • Exemple du Mali qui compte près de 4 Millions de migrants dont 200.000 installés en Europe notamment à Montreuil en France pour 3,5 millions implantés en Afrique. • Le statut migratoire d’un pays n’est pas figé. Il peut évoluer : pays émetteur, pays d’accueil, espace de transit. • Exemple: Un solde migratoire négatif depuis 1980 a fait basculer le Sénégal dans le camp des pays d’émigration; • Perturbation du champ migratoire ouest africain • Le protectionnisme des pays de cocagne a bouleversé la configuration de l’espace migratoire ouest africain. C’est ainsi que la Côte d’ivoire devint un pays émetteur en raison des départs consécutifs à la politique dite d’ivoirité ou de préférence nationale; • L’attitude de la Libye s’est avérée déterminante dans la configuration de l’espace migratoire ouest africain notamment dans sa stabilisation • Noter que 100 millions d’Européens ont migré vers l’Amérique au cours du XIXe siècle. • L’apport des migrants de retour a été décisif dans le développement de l’Europe du Sud: Espagne et Italie notamment
Sénégalais à l’étranger / par continent Les 10 premières destinations Des flux essentiellement orientés vers l’Afrique… une montée en puissance, depuis les années 1990, des destinations du Nord notamment de l’Italie (62 000 en 2008) et de l’Espagne (36 955 en 2007). La France reste un grand foyer d’accueil (80 000 en 2008) malgré son déclassement progressif;
Que faut-il entendre par gestion de la migration? • Toute disposition qui concourre à améliorer les conditions de réalisation du phénomène (titres de voyage, infrastructures ou moyens de transport, informations relatives à la demande de main-d’œuvre) ainsi que les organes ou structures d’encadrement du processus. On peut alors parler de politique migratoire • La gestion du fait migratoire est un phénomène multidimensionnel
1- La liberté de circulation est reconnue. Le déplacement n’est plus soumis à une déclaration préalable • Relever la spontanéité de la circulation des travailleurs migrants depuis l’accession à l’indépendance. Cette situation est liée à l’absence d’informations sur l’état des besoins. Elle a débouché sur une «informélisation» des mouvements. • «Un migrant va et s’arrête là où il trouve du travail » (Entretien Aboubacry S., Dodel, 2007) • Notons que sous l’AOF, la complémentarité régionale a été à la base de la circulation saisonnière de la force de travail. Il en était ainsi entre l’ex-Haute Volta ou actuel Burkina Faso et les plantations de café de Côte d’Ivoire mais aussi le bassin arachidier sénégalais. Ces migrations faisaient l’objet d’un contrôle et d’un recensement rigoureux
Moyens de communication • Les moyens de transport ne sont pas à la hauteur de la demande de mobilité par air, par terre ou par mer;
2- Les stratégies populaires d’encadrement de la migration sont des réponses à l’absence de structures formelles Encadrement religieux • Mosquée sénégalaise de Conakry • Keur Serigne Touba dans tous les pays d’accueil de migrants sénégalais affiliés à la confrérie des mourides Solidarité notamment pour le rapatriement des dépouilles mortuaires Appartenance ethnique ou proximité culturelle • Maliens et Sénégalais en Afrique centrale • Le zongo des commerçants Haoussa de Lomé ou les fedde des Haalpulaar du Sénégal en Afrique centrale
3- Implication de la diaspora dans le développement national L’étude des migrations met davantage l’accent sur les effets bénéfiques; • Aspects positifs: • mandats ou remittances; • échanges culturels; • Effets négatifs: • «villages fantômes» ou dépeuplement , • VIH-sida, • exode des cerveaux.
4- Meilleure utilisation des retombées de la migration • Investissements productifs • - Financement solidaire du développement par l’injection des remises dans les institutions de micro finance • - La coopération internationale peut , à travers le co développement, constituer un plus mais elle ne résoudra pas , à elle seule, la question du développement national Evolution des transferts des migrants sénégalais de 1999 à 2007 (en millions de F. CFA)
1- Produire une connaissance plus fondée de la mobilité / l’offre de travail • Mesure quantitative de la mobilité sur la base d’un protocole régulier de collecte accepté par tous les États; • Étude qualitative plus fine des retombées de la migration africaine Provenance des transferts des migrants sénégalais en 2005Source: Elaboration à partir des données de la Banque mondiale 2005 & CFSI
2- Promouvoir la libre circulation par la mise en place de mécanismes garantissant une mobilité fondée sur la complémentarité régionale • Faut-il supprimer les frontières africaines qui sont de création récente? • L’arsenal législatif de la CEDEAO se heurte à la réalité de terrain c’est-à-dire l’attitude de certains États • juin 1985: suppression du visa d’entrée par les pays membres Noter la persistance d’un contrôle tatillon notamment a niveau des frontières terrestres avec les multiples tracasseries policières (carnet de vaccination) • 1990: droit de résidence • 1995: droit d’établissement
3-Instituer un dialogue politique sur fond de bonne gouvernanceentre les protagonistes de la question en fonction de leur exacte représentativité l’État, les Collectivités locales, les associations de migrants, les populations locales notamment les femmes et la société civile les partenaires au développement
En guise de conclusion La migration africaine de travail est une stratégie d’accès aux ressources qui s’est imposée au fil des années comme une alternative. Elle recèle d’énormes potentialités mais ne saurait être érigée en moteur de développement. Les associations de migrants comptent à leur actif de nombreuses réalisations mais elles ne peuvent à elles seules garantir un développement durable; La fermeture des frontières des pays dits de cocagne rend de plus en plus difficile l’accomplissement du dessein migratoire en l’occurrence au Nord. La solution est la promotion de la migration interafricaine; en raison du protectionnisme migratoire qui est de plus en plus répandu, il est urgent de songer à des mécanismes alternatifs d’accès aux ressources.
Bibliographie indicative • Coquery-Vidrovitch C., Être étranger et migrant en Afrique au XXe siècle. Paris: Karthala, 2003 • Fall P. D. -«Dynamique migratoire et évolution des réseaux d'insertion des Sénégalais à Conakry (République de Guinée)» (: 63-75), in: COQUERY- VIDROVICH C., GOERG O., MANDE I. & RAJOANAH F. (éds) «Etre étranger et migrant en Afrique au XX è siècle. Enjeux identitaires et modes d'insertion. Vol. 2: Dynamiques migratoires, modalités d'insertion urbaine et jeux d'acteurs. Paris: L'Harmattan, 2003. • Fall P. D. - « Travailler en circulant. La circulation en Afrique de l'Ouest et de l'Afrique de l'Ouest à l'Afrique du Sud », Migrations- Société , vol. 18, n° 107, septembre - octobre 2006. • Fall P. D. - « L'État africain face à la mondialisation : le défi de la libre circulation des hommes » (85-109), in AMAROUCHE A., L'État-nation à l'heure de la mondialisation . Alger : AADRESS & ENAG, 2009. • Haeringer P. (ed.). De Caracas à Kinshasa : bonnes feuilles de la recherche urbaine à l'ORSTOM (1978-1983). Paris : ORSTOM (Travaux et Documents de l'ORSTOM n° 179), 1984