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‘‘Entrepreneuriat agricole et agro-business: quelles réalités et quelles visions en matière d’entrepreneuriat agricole au Bénin’’. Anne Floquet, chercheur au Laboratoire des Dynamiques de Développement LADYD, UAC Cotonou, le Chant d’Oiseaux, mardi 3 juillet 2012. Un débat en cours.
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‘‘Entrepreneuriat agricole et agro-business: quelles réalités et quelles visions en matière d’entrepreneuriat agricole au Bénin’’ Anne Floquet, chercheur au Laboratoire des Dynamiques de Développement LADYD, UAC Cotonou, le Chant d’Oiseaux, mardi 3 juillet 2012
Un débat en cours qui ne porte pas tant sur la nécessité de développer l’entreprenariat agricole que sur le type d’entreprises à promouvoir • Qui va s’intégrer dans le secteur agroalimentaire ou agrobusiness et contribuer à son développement? • Des investisseurs (étrangers?) dans de grandes unités industrielles? • Des producteurs agricoles et artisanes gérant des entreprises à caractère familial?
Agrobusiness , rêve ou cauchemar? « Le projet va implanter le plus grand complexe industriel du monde » http://www.cameroonagribusiness.com/fr/domains.htm
Le secteur agroalimentaire africain • Passe dans les discours du statut de secteur stagnant et alimentant la survie • À celui de gisement d’opportunités d’affaires • Avec la « découverte » du marché intérieur de consommation en expansion • Avec les nouveaux besoins en produits agricoles non couverts à l’échelle mondiale et générés en partie par les agro-carburants
Grande opportunité d’affaires… cherchons investisseurs – Au hasard du net Le manioc, un secteur porteur, une demande forte en amidon pour l’industrie par exemple la production d’emballage, le manioc comme base d’agro-carburants en Chine qui devient importateur net « Installons usine de production de 15.000 tonnes d’amidon 75 000 tonnes de tubercules /an nécessaires à cette production, produits sur 3 500 ha de terres » Et pourtant, ces entreprises finissent souvent par fermer …
Quels types d’entreprises vont relever les défis dans le secteur agricole et agroalimentaire?- les exploitations agricoles et entreprises artisanales de l’agroalimentaire à caractère familial- des grandes entreprises à technologies industrielles et division du travail
Défis: Des marchés intérieurs en expansion et mutation • Effets • - de la croissance démographique (transition en cours et stabilisation en 2100) • -de l’urbanisation
Défis: des investissements de base encore insuffisants • Continent longtemps partiellement vide d’hommes • Enclavement Donc ni marché et ni accès au marché Et nombreux faux frais sur les voies
Défis: Des potentiels d’amélioration de la productivité agricole qui ne se sont pas encore exprimés
Sujets où les parties en présence s’accordent L’entrepreneur fait preuve d’initiatives et répond aux attentes d’un marché • (1) sa connaissance lui permet de s’intégrer dans des chaines de valeur pour se positionner sur des marchés porteurs ; • (2) de développer des relations fortes avec l’aval et parfois l’amont dans la chaine de valeur pour s’assurer approvisionnement et débouchés ; • (3) de disposer de facteurs de production d’une certaine taille au-delà d’un seuil de rentabilité • (4) d’innover pour maintenir ou acquérir un avantage compétitif par rapport à la concurrence Mais dès que ces définitions sont opérationnalisés, l’accord s’effrite
0. Les unités familiales agricoles et agroalimentaires sont elles des entreprises? Artisanat agroalimentaire • Continuum allant de l’économie domestique à des PME • Dans l’informalité à 95% • Invisibles dans les statistiques de l’économie nationale Agriculture • Continuum allant de jeunes sans terres et en sous emploi chronique ou saisonnier à des producteurs d’excédents vivriers • Gains de productivité nettement moindres que le potentiel du fait de contraintes d’accès aux intrants les plus banaux et de contraintes d’accès au marché
(1) Intégration sur des marchés porteurs - Quels marchés? domestiques ou extérieurs; de masse ou de niches? • Les pauvres ne demandent que des produits sans valeur ajoutée et à bas cout-> transformation industrielle permettant de réduire le cout • Exportation de produits pour la transformation ailleurs suscitée par des industriels en mal d’approvisionnement chez eux (huile de palme, matières premières d’agro-carburants) vs • Reconnaissance des marchés domestiques de consommation en pleines croissance et transformation • Production de produits à plus haute valeur ajoutée pour le marché local ou des marchés de niche à l’export
Exemple : développement des marchés de l’ananas • Produit d’export • Dynamiques endogènes de développement de marché domestique et sous régional
(2) Intégration dans les chaines de valeur • L’intégration au sein d’une grande entreprise (en partant d’une industrie de transformation) ou la coordination par l’Etat ou a défaut une contractualisation forte des producteurs sont la clef d’un bon fonctionnement des chaines de valeurs Vs • Des réseaux d’acteurs peuvent se coordonner de façon flexible mais souvent informelle entre segments de la chaine
Modes d’intégration 1 a et 1 b par une industrie de transformation qui est leader Modes d’intégration 2 par une chaine de distribution qui est leader Coordinations multiples et décentralisées
(3) Effet taille • Les exploitations agricoles de grande taille et entreprise de transformation industrielle ont toutes deux des avantages comparatifs et compétitifs par rapport aux exploitations familiales et PME artisanales • Vs • La taille n’est pas toujours un atout: moins de flexibilité; une petite taille est compensée par une forte productivité des facteurs grâce aux choix de techniques et d’activités; la motivation d’entrepreneurs familiaux à maintenir leur unité de production envers et contre tout; etc. • Certes il y a un seuil minimum mais qui varie de 2 à 2000 ha….
(4) Effet innovativité • Face au besoin d’innover pour être toujours moins cher ou produire mieux que les concurrents sur des marchés globaux, les grandes entreprises avec des équipes de RD et des spécialistes des marchés seraient mieux placées pour innover et s’adapter rapidement Vs • Les petites exploitations et entreprises artisanales sont aussi capables d’innovation tout en jouant sur l’Art de la Localité mais leurs innovations passent inaperçues
Quels sont les effets de la création d’activités agroindustrielles • Synergie et effets d’entrainement entre activités agricoles et artisanales d’une part et industrielles d’autre part…??? - Reconquête des marchés intérieurs • Création de novo dans la forêt vide d’hommes de plantations… • Effets environnementaux sans doute négatifs • Effets création de richesse économique probablement positifs • Création dans un tissu économique dense, vient concurrencer les activités de producteurs et artisanes, ou pire les dépossède de leurs moyens de production (terre) et des matières premières
A quels types de secteurs quels investisseurs s’intéressent-ils et où va la valeur ajoutée? • Entrepreneurs- Investisseurs nationaux • Unités de transformation semi artisanales • Riz • Intrants • Volailles • pisciculture • Investisseurs globaux ou d’autres régions • Manque de terres chez eaux pour faire face à la demande en huile (investisseurs indonésiens et malaysiens) • Biocarburants demande européenne et chinoise
Etude de cas 1: le riz ou la coexistence « pacifique » de deux types de chaines de valeur • Demande en plein expansion largement couverte par les importations du fait des préférence des urbains pour le riz parfumes et de l’insuffisance de l’offre • Montée en puissance de la transformation artisanale avec l’étuvage du riz dans des unités de petites tailles; étuvage qui facilite le décorticage • Amélioration des procédés de l’étuvage • Développement de novo de rizeries industrielles de riz blanc • Pour l’instant pas de concurrence apparente entre les deux sous segments du fait de demandes insatisfaites • Mais à terme… faut il assurer le développement du segment riz étuvé pourvoyeur d’emplois et pourquoi?
Montée progressive en puissance des équipements Amélioration de la qualité
Arguments pour et contre industries de décorticage de riz blancs Industrie • Qualité physique du produit (tri, polissage et aspect) • Matériel techniquement performant • Nécessite un approvisionnement minima et continu pour être rentabilité • Plus risqué? • Pourrait impulser et soutenir le développement de son approvisionnement (vulgarisation, appui à la filière semencière, accès aux intrants etc.) par intégration Artisanat • Qualité nutritionnelle du produit • Taux de brisure • Petites unités très décentralisées d’étuvage et d’égrenage • Beaucoup d’emplois ruraux s’adaptant de façon flexible à la disponibilité du produit • Peut développer des riz de qualité, de terroir ou destinés à des segments de marché (bio équitables) mais n’en n’a pas l’exclusivité
Des défis communs? • Se substituer aux importations grâce à des variétés appropriées • Garantir une qualité homogène et assez bien caractérisée des sacs • Garantir une identification (géographique ou autre) des produits pour cibler des acheteurs exigeants en qualité • Augmenter l’offre (aménagement de bas-fonds) et désenclavement des zones de production • Négocier des éléments permettant une préférence nationale
Cas analogue: poulets • Coexistence de poulets locaux ‘bicyclettes’, de poulets industriels et d’élevages semi intensifs, de poulets métis en semi claustration face à la concurrence de poulets importés bon marché • Poulet local sans intrant ni travail résiste car les producteurs ne calculent pas son cout • Poulet d’élevage se développe parce qu’il vise un segment de marché plus exigeant en qualité
Des défis communs • Améliorer la situation sanitaire de l’ensemble du cheptel • Coordination avec les provenderies ou les transformatrices • Limiter la concurrence des importations en segmentant les marchés : labels de qualité à ceux qui font l’effort de produire local, de produire sain… en jouant sur les régulations à l’entrée? • Offrir des alternatives d’investissement à ceux qui font leur business dans l’importation pour qu’ils se mettent dans la production?
Cas des transformations agroalimentaires où les entreprises familiales dominent largement • Dans les faits les entreprises (semi) industrielles ont beaucoup de difficultés à s’établir (approvisionnement; chicanes; …) • Et dans la production alimentaire particulièrement: • entreprises artisanales de transformation ont (encore?) un avantage compétitif lié au savoir faire requis pour les transformations • Certains produits du terroir dont la production n’est pas de toute façon facile à industrialiser • D’autres qui pourraient à tout moment être concurrencés par des produits industriels et même importés (gari chinois?)
Cas des transformations agroalimentaires où les entreprises familiales dominent largement • Préférence des consommateurs pour des produits artisanaux, parfois même d’une origine donnée • Diversité de produits • Lien identitaire avec le terroir d’origine pour les consommateurs urbains et de la diaspora • Adaptation voire invention permanente de nouveaux produits (mawé, fromage de soja, etc.) compense les pertes de marché dans d’autres produits passant dans la transformation semi industrielle
Cas des transformations agroalimentaires où les entreprises familiales dominent largement (3) • Modernisation progressive et différenciation interne • Mécanisation intermédiaire • Développement de prestataires permettant de rentabiliser un équipement malgré la petite taille de chaque usager
Mécanisation progressive et répartie entre de nombreux entrepreneurs dans le secteur de l’huile de palme
Fonctionnement en réseau de TPE/PME tout aussi/ plus efficace qu’une grosse entreprise hiérarchisée et bureaucratique • Ainsi au lieu d’avoir une entreprise qui a tous les équipements et ne fonctionne avec profit que si elle parvient de transformer de grands tonnages, • On a une série de petits entrepreneurs de transformation et quelques prestataires de services • qui s’équipent qui dans un dépulpeur, qui dans un concasseur etc. • qui développent des activités de contresaison complémentaires et • jouent sur leur réseau pour s’approvisionner.
Exploitation agricole et entreprise de transformation artisanales Atouts potentiels Contraintes et limites Insécurité des modes d’accès au foncier et donc à l’investissement Tendance à ne pas maintenir le capital de fertilité à un bon niveau au dépens des rendements Difficulté d’organisation interne et de coordination au-delà des échanges marchands Une fraction en dessous du seuil de survie • Possibilités d’intégrations fines d’activité dans l’exploitation ou à l’échelle d’une petite zone pour des complémentarité • Pisciculture modèle Songhaï • Complémentarité éleveur de poulet- transformatrice de soja- producteurs Difficile de jouer sur ces synergies dans des exploitations à procédés industriels standardisés et demande en grandes quantités
Quand promouvoir les entreprises industrielles • Si des grandes entreprises doivent être promues dans des secteurs où la taille est un facteur d’économie d’échelle avérée, s’assurer des effets d’entrainement sur le reste des entreprises familiales et non de la concurrence : • Car permet d’entrer sur de nouveaux marchés et même de tirer partie de sous produits jusque là mal valorisés (noix de cajou ; pomme cajou) • Ne se déplace pas sur le segment de la production à la première difficulté d’approvisionnement • Incite à l’amélioration de la qualité chez les producteurs et permet à tout le secteur de rester compétitif • Cofinance des activités de promotion du secteur : recherche, vulgarisation, crédits sur intrants ou de campagne, etc.
Quand promouvoir les entreprises industrielles • Recherche, innovations pour qui? • Souvent les intérêts ne seront pas convergents (huilerie veut une variété riche en huile, fabricante de fromage une variété à rendement en caillé élevé) et cela rend nécessaire une défense active des intérêts et accès à l’innovation des groupes de producteurs+ transformatrices artisanaux
Ça avance! Je vous remercie