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Evaluation de projets de coopération scientifique au développement : Une place pour un regard indépendant?. Jean-Claude Bolay Professeur EPFL, directeur de la coopération VPAI – Cooperation@epfl Juin 2009. L’évaluation de projets, une pratique en voie de généralisation.
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Evaluation de projets de coopération scientifique au développement : Une place pour un regard indépendant? Jean-Claude Bolay Professeur EPFL, directeur de la coopération VPAI – Cooperation@epfl Juin 2009
L’évaluation de projets, une pratique en voie de généralisation • Quel est l’intérêt d’une telle démarche évaluative • Quels sont les écueils à éviter • de manière à faire de l’évaluation un véritable instrument d’aide à la conduite des projets • Cette pratique est désormais comprise comme: • part intégrante d’un processus de conception – gestion – suivi – finalisation de projets • aux contours bien délimités sur des périodes de temps inscrites par avance en relation avec des objectifs définis par anticipation
L’évaluation, des modes de faire des objectifs et des critères • Trois types d’évaluation généralement retenus : • L’évaluation externe; elle offre un regard critique et indépendant • L’évaluation interne (« monitoring ») elle favorise au sein de l’équipe de projet le débat in situ des actions menées et des résultats obtenus ou envisagés • L’évaluation interne accompagnée elle concilie les avantages des deux formes plus classiques de l’évaluation (« dynamique de groupe sous contrôle »)
Mais qu’évalue-t-on ? • la pertinence du projet : son adéquation par rapport à la problématique de départ, tenant compte du contexte d’insertion et des priorités accordées par les décideurs • l’efficacité :mesure les résultats obtenus ont contribué à atteindre les objectifs assignés au projet, de manière à en expliquer les raisons de succès ou d’insatisfaction. • l’efficience : examine de quelle manière les ressources et moyens disponibles ont été utilisés de façon optimale pour atteindre les résultats acquis. • l’impact du projet sur son environnement plus global pour déterminer l’influence du projet au-delà des stricts objectifs escomptés au départ.
Cadre logique • En synthèse on obtiendrait un cadre logique nous guidant dans le travail d’évaluation:
Coopération scientifique Nord-Sud, développement et évaluation : Compatibilité ? • Si les moyens de contrôle de qualité scientifiques (… dans le domaine de la recherche comme de la formation) existent, ils sont spécifiques au secteur et s’éloignent de ce que l’on trouve généralement dans d’autres milieux • la coopération universitaire doit concilier trois objectifs : • l’excellence scientifique (reconnue par les pairs) • l’adaptation au contexte des pays du Sud et la réponse appropriée (et appropriable) à des questions prioritaires de développement durable dans le pays d’application ou la région concernée • le transfert approprié auprès des partenaires à travers des formes de collaboration visant le partage, l’équité et la transparence
Pays et programmes de recherche en coopération : Différences et similitudes • A l’aune de différentes évaluation effectuées au cours des années récentes, plusieurs exemples de programmes et de politiques scientifiques peuvent être comparés à partir des exemples de: l’Union Européenne, l’Agence Universitaire de la Francophonie, France, Suisse, Belgique, Grande Bretagne, Canada • Quelques résultats sont dignes d’ouvrir un débat sur les similitudes et les différences qui marquent ces actions d’appui à la coopération scientifique Nord-Sud
Pays et programmes de recherche en coopération : Différences et similitudes (II) • Similitudes: • la dimension partenariale a une importance croissante dans la philosophie qui prévaut à la mise en œuvre de ce type de programme • une recherche de haute qualité visant de façon explicite à avoir un impact sur les régions concernées (au sens social, économique, environnemental et territorial) • importance globale des montants accordés sur une durée relativement longue par beaucoup de coopérations bilatérales qui souhaitent inscrire ces coopérations dans le temps
Pays et programmes de recherche en coopération : Différences et similitudes (III) • Similitudes: • « concentration et diversification » : • multitude de thématiques et de disciplines, mais … dans les faits : • deux secteurs prédominent : • la santé et l’environnement • les questions sociétales venant en toile de fonds, mais rarement comme point focal • concentration également au niveau des zones d’implantation des projets de coopération : • l’Afrique est le continent privilégié par ce type de coopération
Pays et programmes de recherche en coopération : Différences et similitudes (IV) • Différences : • Les choses changent si l’on passe des agences bilatérales de coopération en Europe à des organismes de soutien à la recherche internationale (EC FP7; SER suisse; ANR française, etc.). Les pays émergents situés en Asie, Amérique latine et Europe centrale et orientale tirent profit de leur avancée scientifique, technologique et économique • Selon les programmes et les pays, on privilégiera la sélection de nombreux projets avec des montants relativement modestes (moins de 100.000 euros sur 3-4 ans, comme souvent en France) ou un choix plus restreint de projets et des ressources financières plus conséquentes (de 200.000 à 400.000 euros sur 4-5 ans, comme constaté avec la CUD belge ou l’Union Européenne)
Leçons apprises, que sait-on ?, que fait-on ?, pour qui et pour quoi ? • La recherche et l’action de développement sont complémentaires, mais correspondent à des milieux distincts et à des cultures qui apprennent seulement à se connaître et à se « reconnaître » • Cette tendance au rapprochement reste confidentielle, en volume d’investissement et en nombre d’action, si on la compare au nombre d’institutions scientifiques et d’agences bi- et multilatérales de coopération • La globalisation tend à uniformiser les thèmes de prédilection et les modes de faire : • liens thématiques avec le développement durable; agenda politique des OMD; santé; montée en puissance de: changements climatiques, migrations, sécurité alimentaire (ONU ou Suisse, par exemple) • programmes sélectifs et concurrentiels au niveau national ou international avec participation de représentants de pays émergents et en développement (CORUS I et II; CE / INCO; SER, Suisse)
Leçons apprises, que sait-on ?, que fait-on ?, pour qui et pour quoi ? (II) • Les programmes sont, pour la plupart, inscrits sur des périodes relativement longues (3, 4 ou 5 années) mais rarement renouvelables, sans une réactualisation des thèmes et des modes de sélection et des procédures d’évaluation! • Cette « incertitude » dans la longue durée, propre à la recherche scientifique, s’impose progressivement au monde de la coopération. • Les bailleurs de fonds y trouvent l’avantage de ne pas s’inscrire dans des relations interinstitutionnelles trop engageantes (liberté face aux partenaires scientifiques et marges de manœuvre dans la définition de leurs stratégies de développement et leurs politiques d’appui au secteur scientifique)
Leçons apprises, que sait-on ?, que fait-on ?, pour qui et pour quoi ? (II) • Des traits apparaissent progressivement de manière récurrente: • On passe de collaborations entre individus chercheurs vers des partenariats plus formels entre institutions • La mobilité offre une meilleure confrontation aux débats internationaux pour les jeunes chercheurs du Sud et du Nord La prééminence des institutions du Nord demeure encore une réalité (savoir-faire face aux bailleurs et proximité culturelle) • L’équité entre équipes et institutions du Nord et du Sud peut être améliorée (contraintes infrastructurelles et financières, poids de l’enseignement au Sud, performance scientifique au Nord, composition des équipes, genre) • Les institutions de tutelles (directions universitaires, ministères) n’appuient pas toujours de manière conséquente les efforts des équipes de recherche (disponibilité, budgets de fonctionnement, valorisation des chercheurs et des résultats)
Leçons apprises, que sait-on ?, que fait-on ?, pour qui et pour quoi ? (III) • absence de vision à long terme, offrant, au Nord et au Sud, peu de plans de carrière et de débouchés permettant aux jeunes chercheurs d’édifier leur avenir scientifique sur de telles bases, avec pour répercussion indirecte : • le risque de voir les jeunes chercheurs du Nord se détourner de ces projets « exotiques » • les jeunes chercheurs du Sud préféreront rester en Europe ou en Amérique du Nord, même dans des conditions professionnelles moins valorisées • la collaboration entre scientifiques, d’un côté, et organisations de la société civile, est encore peu et mal exploitée (peu de liens réels avec ONG, associations communautaires, administrations publiques) • le transfert des résultats de recherche hors du cadre strictement scientifique reste souvent un vœu pieux, par manque de compétences de la part des chercheurs, par manque d’intérêt des acteurs extrascientifiques
En guise de conclusion provisoire … • Une culture est en train de naître, celle de l’alliance entre recherche scientifique et développement durable au profit des contextes les plus défavorisés de la planète. • L’évaluation des projets et des programmes visant cette interaction entre science et société dans les pays en développement doit être considérée comme un instrument de renforcement de cette alliance stratégique pour le devenir de la planète: • elle accentue la crédibilité de la démarche • elle permet, à partir de critères explicites, d’apporter de la transparence et de la rigueur dans le regard porté sur les processus en cours et les résultats obtenus • elle vise à améliorer les procédures expérimentées • elle incite, par ses critiques et ses recommandations, à privilégier les meilleures pratiques et à en diffuser les modes de faire. • elle est à la fois un examen sur des bases reconnues des partenaires en place ainsi qu’un conseil au profit de ceux qui agissent comme en faveur de ceux qui souhaitent se « lancer dans cette aventure »
Merci de votre attention Jean-Claude Bolay Juin 2009