LA SOCIETE CIVILE DANS LA GESTION DES CONFLITS AU NIGER

1. LA SOCIETE CIVILE DANS LA GESTION DES CONFLITS AU NIGER COMMUNICATION DE LA PARTIE NIGERIENNE. Par M. Souley ALAROU, conseiller technique du RODADDHD

2. Introduction • Compris entre les 12ème et 23ème degré de latitude Nord, le Niger est situé en grande partie dans le désert du Sahara, à la charnière de l’Afrique arabo berbère et de l’Afrique soudanaise. Avec une superficie de 1.267.000 Km², le Niger a plus de 5000 km de frontière qu’il partage avec sept (07) pays qui sont : le Burkina Faso, le Mali, l’Algérie, la Libye, le Tchad, le Nigeria et le Bénin. Sa population est estimée à 15 millions d’habitants. • Avec huit (08) principaux groupes ethniques, on a coutume de dire que le Niger est un pays de prédilection pour l’unité nationale. Partant de ce postulat, il est malaisé de constater que depuis les années 1980, certaines formes de conflits font légion au Niger, à l’instar de beaucoup de ses voisins. Quels sont les différents types de conflits récurrents au Niger et quel est le rôle joué par La société Civile dans la gestion de ces crises ? • Telles sont les deux grandes questions autour desquelles va s’articuler la contribution du Réseau Nigérien des ONG de Développement et des Associations de Défense des Droits de l’Homme et de la Démocratie (RODADDHD).

3. A- CLASSIFICATION DES CONFLITS AU NIGER • On distingue au Niger quatre (4) catégories de conflits. • I- Les conflits inter et intracommunautaires • Ce sont des conflits qui naissent de la cohabitation ou d’exercice de même activité. 1- Les conflits champêtres • Le Niger est un pays à vocation pastorale où plus de 80% de la population est rurale et vit essentiellement de l’agriculture et de l’élevage. Les conflits naissent souvent dans des conditions de mésententes créées en rapport avec l’exploitation des ressources agropastorales. Au Niger la Plateforme Paysanne qui est une organisation de la société civile qui intervient directement avec l’aide des partenaires dans la résolution de ce genre de conflits.

4. 1-1 Conflits éleveurs agriculteurs: • Il est consécutif à la mise en culture des couloirs de passage, des airs de pâturage et des alentours des puits d’eaux pastoraux. • Dégâts causés par les animaux : ce type de conflit naît lorsque les animaux s’introduisent dans les champs de cultures occasionnant ainsi des dégâts. • Décalage entre la date de libération des champs et la période de retour de transhumance (mouvement saisonniers des éleveurs du nord au sud suivant la saison) des animaux. • Sédentarisation de certaines communautés d’éleveurs sur les lieux où ils avaient l’habitude de camper. • Rivalités historiques entre les communautés d’agriculteurs et d’éleveurs. 1- 2 Conflits entre agriculteurs • Ces genres de conflits naissent de : • Vente des champs non constatée par un écrit ; • Problème de limitation des champs ; • Gage coutumier ; • Don ; • Prêt à longue durée • 2- Les conflits religieux : • Ils naissent de l’intolérance et de la montée des croyances qui se diversifient même au sein de la même communauté religieuse. La prolifération des sectes devient un danger pour la cohabitation des communautés. Le Niger est un pays à 98% musulmans et, heureusement, il ne connaît pas ce genre de conflit malgré les tentatives de pénétration de certaines sectes tant musulmanes que chrétiennes. Il y a une bonne cohabitation grâce à la liberté reconnue à chaque communauté d’exercer le culte de son choix. Le Niger est un pays laïc. • Malgré tout, on observe ces dernières années la montée de l’intégrisme musulman à travers Al Qaida qui, à partir de la Mauritanie ou du Mali, mène des descentes sporadiques au Niger avec des enlèvements répétés de ressortissants occidentaux. Le dernier événement en date est encore en train de défrayer la chronique avec l’enlèvement de 07 ressortissants étrangers dont 05 français et deux Africains. • D’autre part, la proximité avec le Nigéria a fait observé ces dernières années un effet de contamination avec des mouvements comme BOKO HARAM

5. B- LES CONFLITS SOCIAUX : • Ces conflits éclatent le plus souvent pour traduire l’état de pauvreté et de précarité que vivent les différents acteurs de la société dans leur sphère d’activités professionnelles. • Les manifestations sont plus accentuées dans les ménages démunis et la jeunesse sans emploi. Des organisions de la société civile interviennent pour encadrer les éventuelles manifestations et rechercher la voie de la résolution de ce genre de conflit. • Pour faire face à ce genre de conflit, beaucoup de syndicats et associations interviennent pour protéger les intérêts matériels et moraux des adhérents. Pour lutter contre la vie chère et défendre les intérêts des consommateurs nigériens, l’Association Nigérienne pour la Défense des Droits des Consommateurs (ADDC-WADATA) qui est une association membre du RODADDHD intervient régulièrement sur les marchés pour la régulation des prix des produits de première nécessité. Le président de ladite associationest conseiller de l’ Agence de Régulation des Marchés Publics (ARMP) où il participe à la prise des décisions sur les activités de régulation des marchés publics.

6. C- LES CONFLITS NES DU MAUVAIS FONCTIONNEMENT DE LA JUSTICE : • De la mauvaise application des textes de loi naissent les frustrations. Le Niger a connu dans le passé des situations douloureuses qui ont conduit une partie de sa communauté à se mettre en rébellion armée. Malheureusement, le phénomène a donné naissance à une pratique de banditisme dû à la profusion des armes. Dans le nord du pays il règne une insécurité résiduelle due à la mauvaise résolution et gestion du conflit.

7. D- LES CONFLITS POLITIQUES : • Ce genre de conflit naît de la mauvaise organisation des élections et de la mauvaise gouvernance. Pour les éviter le pays doit disposer des organes de prévention appropriés. Au Niger, la commission électorale nationale indépendante (CENI) chargée de l’organisation des élections et le Conseil National de Dialogue Politique, cadre permanent de prévention réglementaire de conflit politiques, sont des organes que le pays a mis en place avec le consentement des partis politiques, le gouvernement et des personnalités de la société civile désignées intuitu personae.

8. E- ACTIONS DE LA SOCIETE CIVILE FACE AUX CONFLITS AU NIGER : • La société civile nigérienne a toujours œuvré pour la résolution et la gestion pacifique des conflits au Niger. C’est ainsi suivant la catégorie de conflits, des associations de la société civile offrent leur médiation pour la recherche des solutions. • Dans le cadre des responsabilités des organisations de la société civile dans un contexte démocratique, notre réseau s’est illustré par sa participation dans les débats et les travaux pour l’instauration d’une démocratie véritable. C’est ainsi que beaucoup de nos collègues sont membres des institutions d’instauration de cette démocratie. Le coordonnateur national de notre réseau (RODADDHD) fut nommé rapporteur de la reprise du fichier électoral et nous venons d’organiser avec le concours d’un partenaire extérieur l’audit indépendant du fichier électoral sur toute l’étendue du territoire national ; ce qui est une première en Afrique. • Dans le cadre du mécanisme non juridictionnel de prévention de conflits, notre réseau représenté par le coordonnateur national a pris part aux travaux du forum national de prévention des conflits au Niger. Reconnaissant que les conflits font partie de la nature de la société, notre réseau le RODADDHD à dans ses diverses déclarations préconisé la mise en place d’une stratégie de résolution et de gestion des conflits mais pour cela, il faut que la démocratie soit fonctionnelle car la démocratie plus l’état de droit égale la justice sans laquelle, il ne peut avoir ni paix ni développement durable.

9. RECOMMANDATIONS • Vu le rôle important que jouent les organisations de la société civile dans la gestion des conflits dans nos pays • Vu que sur les questions politiques, la société civile est régulièrement sollicitée à cause de son caractère impartial • Vu que la plupart des conflits découlent d’un dysfonctionnement de la justice; le RODADDHD recommande: • de renforcer davantage les capacités des organisations de la société civile pour qu’elles jouent un rôle beaucoup plus important. • De veiller à un fonctionnement régulier et orthodoxe de l’appareil judiciaire dans le règlement de tout conflit