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Troubles de l’attention et héminégligence.
E N D
Geschwind (1982): l'hémisphère droit serait dominant pour l'attention, c'est-à-dire pour un groupe de fonctions en rapport avec la surveillance de l'environnement et la prise de décision sur changements de l'attention tenant compte de l'importance des stimuli pour la survie attention, émotion, traitement des configurations spatiales -toutes liées à cette fonction vitale de surveillance de l'environnement, et toutes montrant une dominance de l'hémisphère droit.Cf. expériences Denenberg (1981) sur les rats avec lésions droites montrant des troubles des apprentissages spatiaux. Dominance avec des origines anciennes.
Dans la neuropsychologie de l'attention, un phénomène dramatique et marquant est celui de l'héminégligence. Certaines lésions dans un hémisphère déterminent la "perte" d'un hémichamp. Cette observation est relativement paradoxale si on tient compte du fait que chaque hémisphère semble construire une représentation complète du monde.
Des lésions hémisphériques unilatérales peuvent provoquer des phénomènes d'héminégligence.— la destruction unilatérale du colliculus supérieur chez le chien provoque une négligence visuelle controlatérale (Sprague & Merkle, 1965);— la destruction du colliculus inférieur chez le singe provoque une négligence auditive contralatérale (Denny-Brown, 1962).
Horenstein (1969) remarque "une prédilection constante pour les événements qui ont lieu à la périphérie du champ ipsilatéral à la lésion cérébrale".Chez l'homme aussi, la négligence de la stimulation controlatérale à l'hémisphère lésé est fréquente. Son importance est très variable. Dans les cas extrêmes et aigus, le patient peut négliger tout un côté du stimulus ou de son corps, et dans les formes mineures il peut y avoir, par exemple, "inattention" à l'un des côtés seulement lorsque les deux côtés sont stimulés simultanément.
Les patients avec héminégligence peuvent ne pas reconnaître les membres d'un côté de leur corps comme étant les leurs. Ils peuvent remarquer seulement les événements qui se passent d'un côté et ne répondre qu'aux personnes qui s'adressent à eux de ce même côté. Quand ils dessinent une figure, ils peuvent omettre, déformer ou placer incorrectement des parties d'un bras, ou un œil ou une oreille.
Ils peuvent ne remarquer qu'un côté d'un livre ouvert ou ne pas manger systématiquement ce qui se trouve d'un côté de leur assiette. Ils peuvent dévier la tête et les yeux constamment d'un côté, et ne pas regarder de l'autre même sur demande ou en poursuivant un objet. Quand on leur demande de lever les bras, ils en lèvent un seul. Ils peuvent oublier de porter un gant, de placer un pied sur le fauteuil roulant, ou de se raser la moitié du visage. Un malade joueur d'échecs ignorait les pièces qui se trouvaient d'un côté de l'échiquier et un chef d'orchestre ignorait les musiciens qui se trouvaient d'un côté de l'estrade (Friedland & Weinstein, 1977)
Ces phénomènes ne sont pas explicables seulement en termes d'un déficit sensoriel ou moteur. Des patients qui ont des déficits hémisensoriels ou une hémiparésie sévères peuvent ne pas montrer d'héminégligence (ex: hémianopsie sans négligence). D'autre part, l'héminégligence peut se manifester en l'absence d'une expérience sensorielle immédiat. En effet, des patients étudiés par Bisiach, Capitani, Luzzatti & Perani (1981), qui avaient bien connu la Place de la Cathédrale de Milan avant leur maladie, ne décrivaient correctement qu'un côté quand on leur demandait d'imaginer la place vue de la cathédrale et que l'autre côté quand on leur demandait d'imaginer la place face à la cathédrale.
Les patients héminégligents sont souvent inconscients de leurs déficits. Ils les nient, les minimisent ou confabulent à leur propos. Un patient interrogé sur son bras plégique dit qu'il souffre juste d'un peu d'arthrite et qu'il ira bientôt mieux. Un autre dit qu'il était dans une voiture ouverte en hiver et que son côté droit gelait ; il a essayé d'appeler le chauffeur pour qu'il s'arrête mais le chauffeur ne l'a pas entendu à cause du bruit du moteur. Le côté affecté du corps peut aussi être représenté symboliquement dans des figures de style, comme la métaphore ou l'argot ("un morceau de chair morte", "bête Jimmy") ; un patient appelle le "Veterans Administration Hospital" "Veterans Armless Hospital" et persiste dans son erreur.
Une autre caractéristique importante de l'héminégligence est qu'elle est souvent sélective.Le patient peut oublier de mettre un gant à une main alors qu'il vient de l'utiliser pour mettre l’autre gant à l'autre main. L'héminégligence n'est pas totale non plus. Les patients peuvent marcher sans heurter les objets ou les gens. En lisant un mot, ils omettent une partie de telle sorte que le résultat reste significatif : par exemple, devant "clever" ils peuvent lire "lever" ou "ever" mais jamais "ver".L'héminégligence est plus fréquemment associée à des lésions d'apparition rapide et elle est souvent transitoire; ses manifestations les plus apparentes ne subsistent que quelques semaines.
Deux types de théories sur les origines de l’héminégligence:Le premier groupe de théories envisage l'héminégligence comme un résultat de l'altération de systèmes attentionnels.Le second suppose que la négligence est un déficit impliquant une représentation mutilée de l'espace.
Pour Kinsbourne, les processus cérébraux sont organisés dans des systèmes opposables, et une atteinte unilatérale provoque un déséquilibre.Ce déséquilibre n'a pas lieu lorsque les deux systèmes sont atteints dans les mêmes composantes et à peu près au même degré, ou lorsque -c'est le cas de l'hémisphérectomie- des mécanismes compensatoires se seraient développés dans le cortex restant. Ces mécanismes compensatoires auraient moins de chance de se manifester lorsque les régions cérébrales qui les assuraient précédemment restent présentes.
Supposons qu'un animal a une lésion cérébrale unilatérale. La balance d'activation hémisphérique est déséquilibrée et favorise l'orientation vers le côté controlatéral à l'hémisphère intact. Confronté, par exemple, à une bande de stimulation, l'animal va s'orienter vers un côté de cette bande et non vers son centre. Et si, au lieu d'être confronté à une bande de stimulation, l'animal est entouré de stimulation de tous les côtés, l'orientation systématique et continue vers un côté va produire un mouvement circulaire. Ce comportement-ci, dit de "mouvement circulaire", a été effectivement observé en cas de lésion unilatérale chez beaucoup d'espèces, depuis l'escargot jusqu'à des vertébrés supérieurs.
Chez l'individu qui a une lésion unilatérale produisant une négligence, l'orientation qui est sous le contrôle de l'hémisphère lésé se trouve diminuée, affaiblie, et la résultante est une orientation déviée dans le sens controlatéral au côté intact. Exemple: la direction du regard résulte d'influences opposées programmées par les hémisphèresOn peut le voir par l'anesthésie temporaire d'un hémisphère à travers l'injection intracarotidienne d'amytal de sodium (Wada & Rasmussen, 1960). L'inactivation aiguë d'un hémisphère provoque une déviation soudaine et extrême du regard vers le côté de l'anesthésie. Chacun des hémisphères exerçant normalement une influence opposée, lorsque l'un est rendu inactif, l'autre se manifeste complètement.
L'existence dans les hémisphères de centres qui contrôlent des orientations opposées permet de comprendre pourquoi une lésion ou une ablation bilatérale peut être moins perturbatrice qu'une lésion ou une ablation unilatérale, en particulier quand il s'agit d'habiletés impliquant les deux côtés du corps. Bard (1937) : un singe peut perdre l'habileté de sautiller après une ablation unilatérale mais la récupérer après l'ablation du territoire controlatéral ; Denny-Brown & Butterell (1948) : on peut, après une hémiplégie provoquée par une ablation dans le cortex précentral, obtenir un meilleur usage des membres si on refait l'ablation de l'autre côté.
Dans l'héminégligence, ce qui est supprimé n'est pas une partie de l'espace dans l'absolu mais, par exemple, celui de deux stimuli qui se trouve le plus du mauvais côté, même si tous les deux sont présentés dans la partie de l'espace ipsilatérale à la lésion. Par exemple, lors de la reconnaissance d'une série de quatre lettres présentées autour du point de fixation, les patients qui avaient des lésions gauches reproduisaient mieux les items les plus à gauche, comme les sujets normaux, et les patients qui avaient des lésions droites reproduisaient mieux les items les plus à droite. Ce patron de résultats était aussi observé lorsque la série de lettres était présentée entièrement dans l'hémichamp ipsilatéral à la lésion. C'est donc la position relative dans l'espace qui détermine ce qui est ignoré et ce qui ne l'est pas, plutôt que la localisation absolue.
Chez des patients avec une extinction du côté gauche, en cas de stimulation simultanée à droite, on a montré que l'information présentée dans l'hémichamp gauche n'est pas perdue mais peut être retrouvée dans certaines conditions de réponse et de stimulation. En effet, lorsque le sujet est forcé de deviner quel était le stimulus présenté à gauche parmi plusieurs choix, il le fait très au-dessus du niveau du hasard, bien qu'il puisse déclarer ne pas l'avoir vu (Volpe et al., 1979). Ce type de patients peut réussir une identification correcte du dessin d'un objet présenté à travers le point de fixation même lorsque ce dessin est tel que l'identification est pratiquement impossible sur la base uniquement de l'information de l'hémichamp droit (Deutsch et al., 1980).
Au niveau anatomique, l'héminégligence est généralement associée à une atteinte assez étendue de la région pariétale ou pariéto-occipitale. Une autre caractéristique anatomique, qui est vraisemblablement essentielle pour la compréhension de beaucoup de manifestations d'héminégligence, est que l'héminégligence est plus fréquente, plus sévère et plus durable à la suite d'une atteinte de l'hémisphère droit que d'une atteinte de l'hémisphère gauche.
Posner a cherché à relier le syndrome d’héminégligence aux théories cognitives de l’attention.Il a proposé que les difficultés des patients ne concernent pas tant les déplacements attentionnels en direction du côté lésé de l’espace que ceux qui s’éloignent du côté intact.Les patients de Posner et al. pouvaient surmonter leur difficulté lorsqu’on leur fournissait un indice (valide) qui leur indiquait de déplacer leur attention vers le côté lésé.
Kartsounis & Warrington (1989) vont dans le même sens.Ils ont décrit un patient dont l’héminégligence était déterminée par la configuration de stimuli visuels: bien que présentant une héminégligence sévère, par exemple en description d’images, celle-ci disparaissait lorsqu’on lui montrait une image impliquant une interaction entre plusieurs éléments (par exemple, deux femmes en train de discuter), même si les éléments étaient distants les uns des autres. Les auteurs ont proposé que certains stimuli, lorsqu’ils étaient présentés du côté intact de l’espace, pouvaient diriger l’attention du sujet et la guider vers le côté gauche, normalement négligé.
L’héminégligence comme trouble de la représentation spatialeLes approches représentationnelles de l’héminégligence postulent la reconstruction mentale d’une carte centrale de l’espace, directement analogue à l’expérience sensible.Le phénomène de l’héminégligence traduirait une distorsion de cette carte centrale des informations spatiales.
De Renzi, Faglioni & Scotti (1970) : l’héminégligence consisterait en un trouble de la représentation des choses d’un côté de l’espace.Ils ont utilisé un labyrinthe tactile dans lequel une bille est placée dans l’une de quatre positions, le sujet disposant en tout de huit essais. Le labyrinthe était placé derrière un rideau et le sujet devait chercher la bille en bougeant un index le long des allées du labyrinthe.
Les sujets atteints de lésion postérieure, cherchant toujours avec la main ipsilatérale à la lésion, trouvaient la bille aussi vite que les sujets contrôles si celle-ci se trouvait du côté ipsilatéral; par contre, si elle se trouvait du côté controlatéral à la lésion, ils étaient significativement plus lents.Dans cette tâche de labyrinthe tactile, le sujet doit compter sur son souvenir de la conformation du labyrinthe et des zones déjà explorées pour parvenir à une bonne stratégie d’inspection, ce qui signifie que l’aptitude spatiale demandée pour la tâche tactile est une représentation et non une perception de l’espace.
Bisiach, Luzzatti & Perani (1979): les patients, atteints de lésions droites et manifestant une héminégligence clinique, devaient regarder des formes, ressemblant à des nuages, qui passaient rapidement derrière une fente étroite et décider si elles étaient identiques ou différentes. Les formes mettaient deux secondes pour passer derrière la fente et il y avait entre elles un intervalle d’une seconde.Les taux de réussite n’étaient pas très élevés, même pour les sujets contrôles (environ 47.5% de détection des différences).
Contrairement aux sujets contrôles, les cérébro-lésés détectaient les différences significativement moins bien lorsque celles-ci étaient du côté gauche (34%) que du côté droit (44%). Comme les stimuli passent continuellement derrière une fente verticale, une explication en termes de troubles attentionnels peut être exclue. Bisiach et al. ont soutenu que pour voir un nuage bouger dans ces circonstances, il faut réaliser une conversion d’une dimension temporelle en une représentation spatiale. Ils suggéraient que le côté gauche de cette représentation peut jusqu’à un certain point s’estomper dans l’héminégligence.
Par ailleurs, Bisiach et ses collaborateurs ont montré que l’héminégligence n’est pas limitée aux représentations perceptives (Bisiach & Luzzatti, 1978; Bisiach, Capitani, Luzzatti & Perani; 1981).Cf. l’observation de patients qui avaient bien connu la place de la cathédrale de Milan avant leur maladie et qui n’en décrivaient correctement qu’un côté quand on leur demandait d’imaginer la place vue dos à la cathédrale, et ne décrivaient que l’autre côté quand on leur demandait d’imaginer la place vue face à la cathédrale!L’héminégligence observée ici est donc une héminégligence de l’espace imaginé, récupéré de la mémoire, et non seulement de l’espace immédiat.
Cependant, lorsqu’on demandait explicitement aux patients de décrire le côté gauche de la place quand on la regardait d’un point particulier et ensuite de décrire le côté droit (situation de rappel indicé), la négligence ne se produisait pas. Ceci pourrait montrer que la négligence se produit à cause d’un défaut dans le mécanisme qui explore la partie gauche d’un “écran intérieur” pour retrouver l’information et non à cause de l’altération de la représentation en elle-même (Baddeley & Lieberman, 1980; Sunderland, 1984).
Les théories attentionnelles et représentationnelles de l’héminégligence ne sont pas nécessairement en conflit. Plusieurs théories de l’imagerie visuelle font intervenir un système de contrôle attentionnel visuo-spatial qui aurait un effet non seulement sur l’imagerie mais aussi sur la perception elle-même. Par ailleurs, il n’est pas certain que ces théories cherchent à expliquer les déficits du même groupe de patients. En réalité, l’héminégligence ne doit plus être considérée comme un syndrome unitaire mais doit être fractionné, comme cela a été fait pour les syndromes cliniques tels que l’aphasie et la dyslexie.
Gainotti et al. (1986) : les troubles de la recherche visuelle peuvent avoir au moins deux origines.Les patients peuvent négliger une partie du stimulus présenté en vision centrale, ou bien présenter un biais de la recherche elle-même.Examen des patients dans des tâches qui exigent soit une recherche visuelle (détection d’un animal-cible dans un ensemble désordonné d’animaux) soit la sélection d’items d’un stimulus complexe présenté en vision centrale (détection de diverses cibles dans un ensemble de figures superposées).
Les patients avec lésion gauche, aussi bien que ceux avec lésion droite, ont montré une négligence des stimuli controlatéraux dans la tâche de recherche (tous les sujets héminégligents “ratent” plus souvent la cible que les normaux lorsque celle-ci doit être cherchée du côté controlatéral à la lésion, alors qu’ils ne diffèrent pas des normaux lorsque la cible est présentée au côté ipsilatéral),mais seuls les patients avec lésion droite ont omis les stimuli controlatéraux dans la tâche de sélection.
Les processus attentionnels ne sont donc pas les mêmes suivant que l’on doive détecter les stimuli en vision centrale ou à travers tout le champ visuel. Les déficits dans la tâche de recherche reflètent probablement l’atteinte des mécanismes attentionnels “exogènes” qui permettent de détecter les cibles dans les régions périphériques et de réorienter l’attention. Par contre, les déficits dans la tâche de sélection centrale reflèteraient l’atteinte des mécanismes “endogènes” qui sélectionnent les stimuli qui se trouvent d’un côté de l’espace.
Enfin, l’héminégligence peut aussi être observée dans d’autres modalités que la modalité visuelle.Il reste à déterminer si le système attentionnel spatial est spécifique pour chaque modalité du stimulus, ou si, au contraire, il s'agit d'un système attentionnel multimodal dont l'atteinte au travers du lobe pariétal, affecte l'attention au travers des différentes modalités.
Quel est le niveau de traitement atteint par l'information présentée dans l’hémichamp négligé même si celle-ci n'est pas consciemment disponible?Audet, Bub & Lecours (1991) montrèrent que le sujet héminégligent répondait beaucoup plus rapidement à une lettre-cible présentée en vision centrale si la même lettre était présentée dans l'hémichamp négligé. Ce fait suggère qu'une certaine information sur l'identité physique du stimulus présenté du côté négligé est traitée et peut même influencer implicitement la performance.
Volpe, Le Doux & Gazzaniga (1979) : sujets atteints d'une tumeur pariétale droite et présentant une extinction du côté gauche Ils étaient capables de juger si deux stimuli visuels présentés simultanément, l’un à gauche et l'autre à droite, étaient identiques ou différents, alors qu'ils n'étaient pas capables de rapporter l'identité du stimulus présenté dans l'hémichamp gauche. Le jugement même/différent serait basé sur une connaissance implicite du stimulus présenté du côté négligé. Le niveau de traitement qui permet d'effectuer le jugement même/différent n'est apparemment pas suffisant pour permettre une description verbale consciente.
L'étude de Volpe et al. ne précise pas le niveau de représentation atteint. Berti, Allport, Driver, Dienes & Oxbury (1992) : un de leur patients était capable de réaliser une tâche d’appariement même/différent de noms d’objets dans laquelle les photographies d’objets, aux essais “même”, pouvaient soit être physiquement identiques, soit représenter le même objet mais vu sous un autre angle, soit des objets physiquement différents portant le même nom. On peut dès lors supposer que les stimuli de l’hémiespace “éteint” ont atteint un niveau de représentation catégoriel.
Autre explication : il est possible que les stimuli contralésionnels aient été partiellement activés.En d’autres termes, le stimulus ipsilatéral pourrait “amorcer” le stimulus controlatéral, suffisamment pour générer de bonnes performances d’appariement même/différent même si l’amorçage n’est pas suffisant pour permettre leur identification.Le traitement du stimulus sur lequel la tâche doit être effectuée sera dès lors plus rapide puisque le premier stimulus aura déjà activé une part de sa représentation.
Dans le cas de l'expérience de Berti et al., quand deux stimuli sont les mêmes, l'objet présenté du côté intact va entraîner un bénéfice dû à l'amorçage sur le stimulus présenté du côté éteint. Par contre, quand les deux stimuli sont différents, ils n'ont aucun lien permettant l'amorçage et les sujets effectueraient dès lors une décision par défaut.
Une manière d’éviter l’amorçage entre stimuli ipsi- et contro-latéraux est d’utiliser des présentations successives des stimuli plutôt que simultanées. Fuentes & Humphreys (1996) : tâche dans laquelle les patients devaient apparier des stimuli successifs présentés au point de fixation, sur base de l’identité de lettre. Ces lettres-cibles pouvaient être accompagnées soit par deux signes +, soit par un signe + et une lettre (le distracteur), apparaissant à droite ou à gauche de la cible. Le premier ensemble de chaque essai était l’amorce, le second la sonde (probe). Dans les conditions critiques, le distracteur de l’ensemble-amorce devenait la cible de l’ensemble-sonde. Ceci permettait de mesurer les effets d’un distracteur-amorce présenté soit du côté ipsi- soit du côté contro-lésionnel, aux réponses à une cible subséquente.
Essais “même”:(1) “même” neutre: + A + -> + A +(2) distracteur différent, gauche: M A + -> T A +(3) distracteur différent, droit: + A M -> + A T Le contraste entre chaque condition de distracteur et la condition neutre permet d'examiner l’interférence éventuelle d’un distracteur gauche ou droit en réponse à la cible centrale.
Essais “différent” :(1) “différent” neutre: + A + -> + M +(2) répétition ignorée, gauche: M A + -> T M +(3) répétition ignorée, droite: + A M -> + M T(4) distracteur différent, gauche: M A + -> L T +(5) distracteur différent, droite:+ A M -> + T L Le contraste entre les conditions “répétition ignorée” et les conditions “distracteurs différents” permet d’examiner s’il y a de l’amorçage négatif (cf. Tipper, 1985).
Les sujets normaux montrent à la fois de l’interférence des lettres distractrices présentées simultanément (aux essais “même”) et des effets d’amorçage négatifs (aux essais “différent”)Chez le patient présentant une extinction gauche, un priming négatif “normal” était observé dans la condition “répétition ignorée” lorsque les distracteurs de droite devenaient les cibles, mais on observait un amorçage positif des distracteurs de gaucheEn d’autres termes, par rapport à la situation où un distracteur différent était dans son champ gauche, les temps de réaction étaient plus courts lorsque les distracteurs gauche de l’amorce devenaient les cibles
Il semble donc que ce patient traite inconsciemment les distracteurs de gauche, mais ne peut pas leur appliquer un processus d’inhibition, car l’inhibition dépendrait de l’attention visuelle consciente. Ces données suggèrent qu’il pourrait y avoir un traitement relativement poussé des stimuli en cas d’extinction (ou d’héminégligence) visuelle, dans ce cas-ci jusqu’au niveau d’identité abstraite des lettres.
L’amorçage est fort utilisé dans les études sur le traitement inconscient des stimuli, que ce soit chez les sujets tout-venant ou chez les cérébro-lésés. Traitement abstrait, catégoriel, des stimuli négligés: Berti & Rizzolati (1992) ont demandé à des patients de catégoriser en “fruit” ou “animal” des stimuli présentés à droite, qui avaient été précédés par une amorce présentée dans l’hémichamp gauche (controlésionnel), qui soit était identique soit appartenait à la même catégorie sémantique (animal ou fruit; ex: poule-canard).Dans les deux cas de congruence, temps de réaction plus courts que dans la situation non-congruente.
McGlinchey et al.(1992) : tâche d'amorçage dans laquelle les sujets devaient effectuer une décision lexicale sur une suite de lettres présentées en vision centrale (ex: NEZ). La cible était précédée d'une amorce présentée en vision périphérique. Cette amorce avait (ex: YEUX) ou non (ex: ANCRE) un lien sémantique avec la cible.Il y a eu un effet de facilitation quand l'amorce et la cible étaient liées sémantiquement (les temps de réponse sur la cible étaient significativement diminués), de taille comparable pour les amorces gauche et droite.
Il y avait aussi une tâche contrôle consistant en une discrimination des stimuli présentés. Cette tâche nécessite une prise de conscience du stimulus et permet dès lors de s'assurer que l'amorce n'a pas été consciemment identifiée et que si un effet sémantique apparaît, il n'est pas dû à un traitement explicite de l'amorce. Or, les amorces n’ont pas été rapportées dans la tâche de discrimination. Il semble donc que l'information présentée dans l'hémichamp négligé puisse être traitée à un niveau sémantique sans prise de conscience.
Classification de Wernicke-Lichteim (1885)Parole Répétition Compréhension DénominationAphasieGlobale Non-flu — — —Broca idem — + — Transc.motrice idem + + —Wernicke Flu — — —Transc.sensorielle idem + — — Conduction idem — + — Anomique idem + + —
Fluence de la parole spontanée Aphasie non fluente Aphasie fluenteDébit réduit (-50 mots/m) normal (100-200) Effort important normalArticulation disarthrie normal Longueur des phrases courtes (1-2 mots) normal (5-8)Prosodie dysprosodie normalCaractéristiques du lexique excès de substantifs réduction Paraphasies rares (phonologiques) fréquentes (tous types)
Broca:débit lent; peu de parole, produite avec effort et de manière dysprosodique et agrammatique (mots fonctionnels et morphèmes liés - flexionnels et dérivationnels - manquent dans des contextes obligatoires. Paraphasies phonétiques, phonémiques et "verbales" dans la parole spontanée et dans la répétition. Compréhension du langage adéquate à des fins conversationnelles courantes, bien qu'un testing plus fouillé révèle des déficits.
WernickeParole spontanée sans effort mais contaminée, ainsi que la répétition, par des paraphasies phonémiques et sémantiques. Variété de constructions grammaticales, bien que les structures soient souvent combinées d'une manière chaotique et qu’il y ait de mauvais choix dans l'usage des mots fonctionnels et des morphèmes liés (paragrammatismes). Dans les cas extrêmes, la combinaison du paragrammatisme et de la paraphasie résulte en un jargon inintelligible.