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ECO DESIGN - TENDANCES 2009 / 2010 - Partie 1 - De Nouvelles Perspectives

Dans le sillage de la réflexion sur les nouvelles perspectives, nous avons pu identifier 4 grandes tendances majeures pouvant illustrer la notion d’eco design : le design sensé, découlant de l’émergence des nouvelles préoccupations ; le design économique, ou la tendance à vouloir faire mieux avec moins ; le design positif, qui prône une gestion des cycles optimale ; et enfin le design de système, porteur de solutions globales. La définition initiale du design est celle d’un concept alliant une intention à sa réalisation matérielle. Cette conception première a progressivement laissé place à une discipline qui a délaissé le fond pour ne s’intéresser qu’à la forme, s’inscrivant dans une logique marketing et industrielle, oubliant la théorie du design comme intention première, comme alliance de l’idée et de sa représentation. En cela, les enjeux actuels liés aux problématiques environnementales et sociétales ont permis la renaissance d’un design approprié, au service du développement humain. Le designer apparaît donc comme un des acteurs majeurs de la mutation en cours, comme un artisan au service du progrès, porteur de solutions globales. D’où une nécessaire extension du domaine du design, ce dernier se préoccupant désormais non plus seulement de conceptions matérielles mais surtout de la fourniture de services centrés sur l’expérience utilisateur, intégrés en une logique systémique dans des « scénarios de vie » à la mesure de l’homme. L'effacement de l’objet des préoccupations centrales de la démarche eco design laisse donc place à une vision qui privilégie la dimension systémique des affaires humaines. Appréhender les choses selon cette nouvelle pensée systémique, c’est abandonner la conception traditionnelle par trop linéaire qui fût longtemps l’unique modèle valable de compréhension du monde et œuvrer pour la valorisation des cycles, qu’ils soient naturels, industriels ou humains. L’entreprise, tout d’abord, se doit d’intégrer les différents cycles qui la composent en un cycle global dont l’ambition est de générer non plus du profit mais du développement humain. Du côté de l’industrie, un nouveau modèle émerge dont la vision cyclique tend à faire disparaître les impacts négatifs sur l’écosystème naturel. Se dirige-t-on vers un modèle économique générateur d’externalités positives ? Enfin, le design de solutions globales nous amène à nous questionner sur l’émergence d’écosystèmes intégrés, au niveau de l’activité économique d’un part, concernant les relations entre collaborateurs dans le milieu professionnel, mais aussi concernant de nouvelles façons de vivre ensembles au sein d’une société viable et durable. Ces nouveaux modes de vie signifient au niveau local une revalorisation des territoires par la mise en place de projets de développement durable et approprié. Au final, il est aujourd’hui urgent de penser l’écosystème global, favorisant la diversité et l’enrichissement réciproque des sphères économique, écologique et sociale en un équilibre indispensable à la préservation et au développement approprié de la vie sous toutes ses formes. Aussi, ce rapport d'innovation a pour tâche d’explorer les développements en cours, les pistes à suivre, les innovations qui nous indiquent les voies du progrès, qui bouleversent notre époque, tant dans le domaine de la création que dans celui de l’entreprise, de l’économie, et au niveau de la société dans son ensemble. Un rapport issu du cercle d'innovation Courts-Circuits, à l'initiative de Pourquoi tu cours (l'agence des idées), encadré par les planneurs stratégiques Jérémy Dumont et Nicolas Marronnier. --

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ECO DESIGN - TENDANCES 2009 / 2010 - Partie 1 - De Nouvelles Perspectives

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Presentation Transcript


  1. PARTIE 1 DE NOUVELLES PERSPECTIVES Crédits photo : GREEN IS BEAUTIFUL®

  2. 0. Une écologie au service de l’humain 1. Le sens retrouvé du design 2. Une approche cyclique 3. Vers des écosystèmes intégrés ?

  3. 0. Une écologie au service de l’humain Par Jean Zin

  4. Plusieurs définitions de l’écologie existent L'écologie a des significations radicalement différentes selon l'utilisation politique qui en est faite. La conception dont il est question dans ce rapport est celle d’une écologie dont l'enjeu politique n'est pas un retour vers le passé mais le développement de notre autonomie de sujet et de citoyen, à l'opposée d’un environnementalisme réducteur ou d'une écologie scientifique nous réduisant à l'animal ou à la simple survie. L'objectif de l'écologie doit rester l'autonomie de l'individu et le développement humain dans un monde préservé.

  5. Le radicalisme dangereux de l'écologie fondamentaliste Celle-ci est apparaît comme une écologie réactionnaire, dont le mot d'ordre est "respectons les lois de la nature", reprenant les argumentations des droites traditionnelles (légitimistes, royalistes, autoritaires, fascistes) sur l'ordre naturel, inégalitaire, la division des fonctions, la ségrégation des populations, l'hygiénisme, le biologisme et la normalisation. La liberté humaine y représente le mal absolu contre la loi naturelle et contraignante d'une harmonie originelle et non discutable.

  6. L'écologie réformiste libérale : un environnementalisme insuffisant Les libéraux veulent croire que l'intégration des contraintes écologistes par le marché pourrait suffire à rendre le productivisme durable. C'est la voie empruntée par les conférences sur le climat (Kyôto, Buenos-Aires), c'est la logique des écotaxes : valoriser la pollution. L'environnementalisme libéral est une blague qui ne fait rien que d'endormir notre conscience des limites avec sa prétention de s'attaquer aux causes alors qu'il ne peut qu'en diminuer les effets et laisse se continuer la dégradation de nos vies. Les écologistes sont pour la liberté, l'autonomie, le marché, ils ne peuvent être "libéraux" car la liberté des hommes vivants doit être supérieure à la liberté des capitaux. Le libéralisme écologiste se veut le plus souvent un libéralisme contrôlé (y compris par la taxe Tobin par exemple) mais c'est bien cette illusion que le système capitaliste soit réformable dans son productivisme qu'il faut combattre. Cela ne signifie pas qu'on ne doit ni le réformer ni le contrôler dans l'immédiat mais que cela ne peut être un projet de société ; sinon le réformisme écologiste libéral n'est qu'un conservatisme, une façon de rendre un tout petit peu plus durable la domination aveugle de l'argent.

  7. L’écologie comme pensée globale : ne pas s’en tenir qu’aux effets et remonter aux causes profondes Si la dégradation de l'environnement est bien le signe que nous avons grand besoin d'écologie, l'écologie ne saurait s'en tenir aux effets les plus voyants et doit remonter aux causes, qui sont toujours économiques et sociales, à la totalité du système productif qui a causé ces dégâts. L'écologie est une pensée globale qui relie les différentes dimensions du réel et s'oppose au réductionnisme comme au pur environnementalisme. Le souci de l'environnement doit certes rester constant, mais il ne s'agit pas de corriger aux marges un système, le repeindre en vert et limiter ses dysfonctionnements, c'est le système qu'il faut changer pour prendre en compte l'ensemble des contraintes écologiques et préserver une si précieuse biodiversité.

  8. L’écologie politique est un humanisme Le mot d'ordre de l’écologie-politique est la "prise en compte de la totalité et maîtrise de notre environnement, des conséquences de nos actions sur nous- mêmes et notre avenir", reprendre le contrôle de l'économie, imposer la prise en compte des besoins réels et des nuisances indésirables, globaliser les problèmes au niveau mondial, corriger la force mécanique de l'évolution par la volonté d'un développement contrôlé, démocratique, équilibré, rationnel et diversifié. La liberté est, de ce point de vue, un idéal, la dignité de l'homme qui doit être reconnue supérieure à toute autre rationalité (économique, géopolitique, biologique) et doit atteindre à l'effectivité qui ne peut plus être que mondiale, à la mesure des enjeux du temps. Il ne s'agit pas de protéger une nature originelle, ni de protéger et rentabiliser les richesses naturelles mais de prendre possession de notre monde, s'opposer aux logiques inhumaines d'un développement tyrannique et aveugle, fonder un nouvel être-ensemble, de nouvelles solidarités contre la société marchande et ses intérêts à courte vue.

  9. Une philosophie de l'existence L'enjeu politique n'est pas un retour vers le passé mais le développement de notre autonomie de sujet et de citoyen, à l'opposée d'une expertocratie écologiste et d'une écologie scientifique nous réduisant à l'animal ou à la simple survie. Ce n'est pas parce que nous sommes faits de chair que nous ne nous nourrissons que de pain. L'existentialisme est un humanisme en tant que matérialisme spirituel, peut-on dire, restituant la dimension proprement humaine de la conscience de soi, de la raison et du sens qui font la dignité de l'homme et sa spécificité. C'est cette dimension qu'il faut ajouter à l'écologie afin d'en faire une écologie politique, à hauteur d'homme, nous amenant à nous questionner sur nos fins dernières. L'écologie politique ne peut se limiter à la défense de l'environnement et du monde de la vie : la question fondamentale, posée à tous les hommes, reste de donner sens à notre existence, en l'absence d'un sens préalable et d'une vérité déjà donnée. Il nous faut donc pour cela une écologie qu'on peut dire humaniste. Il n'empêche que cet humanisme doit s'inscrire dans son environnement et s'élargir au vivant. L'humanisme ne peut se couper complètement de sa part animale, le constructivisme ne peut être total ni arbitraire. L'objectif de l'écologie est donc l'autonomie de l'individu et le développement humain, cela dans un monde préservé.

  10. 1. Le sens retrouvé du design

  11. 1. Le sens retrouvé du design La définition initiale du design est celle d’un concept alliant une intention à sa réalisation matérielle. Cette conception première a progressivement laissé place à une discipline qui a délaissé le fond pour ne s’intéresser qu’à la forme, s’inscrivant dans une logique marketing et industrielle, oubliant la théorie du design comme intention première, comme alliance de l’idée et de sa représentation. (1.1. La perte de sens du design) En cela, les enjeux actuels liés aux problématiques environnementales et sociétales ont permis la renaissance d’un design approprié, au service du développement humain. (1.2. L’eco design, ou l’opportunité d’un design approprié) Le designer apparaît donc comme un des acteurs majeurs de la mutation en cours, comme un artisan au service du progrès, porteur de solutions globales. (1.3. De la responsabilité du designer) D’où une nécessaire extension du domaine du design, ce dernier se préoccupant désormais non plus seulement de conceptions matérielles mais surtout de la fourniture de services centrés sur l’expérience utilisateur, intégrés en une logique systémique dans des « scénarios de vie » à la mesure de l’homme. (1.4. Vers un design centré sur l’humain)

  12. 1. Le sens retrouvé du design 1.1. La perte de sens du design 1.2. L’eco design, ou l’opportunité d’un design approprié 1.3. De la responsabilité du designer 1.4. Vers un design centré sur l’humain

  13. 1.1. La perte de sens du design

  14. Petit historique du design : un concept issu de la théorie de l’art À la Renaissance, disegno (en italien) est l'un des concepts majeurs de la théorie de l'art. Il signifie à la fois dessin et projet. Au XVIIe siècle en France, les théoriciens de l'art le traduisent par dessein et conservent le double sens (l'idée et sa représentation). En 1712, Shaftesbury introduit dans la théorie anglaise de l'art le concept de design fidèle au sens de disegno. Ainsi, nous avons drawing pour le dessin en tant que tracé et design signifiant l'idée et sa représentation, le projet et son graphisme. Néanmoins, ce double sens de design va se disjoindre rapidement pour suivre les théories de l'art dominantes de l'époque. Car c'est en 1750 en France que la distinction apparaît pour donner deux champs sémantiques distincts, celui du dessin (la pratique) et du dessein (l'idée) marquant une rupture fondamentale qui n'est pas sans rappeler la dualité matière/esprit de Descartes. À l'Académie royale de peinture et de sculpture, on enseigne désormais les arts du dessin et non plus du dessein.

  15. Petit historique du design : la naissance de la définition moderne C'est seulement au début du XXe siècle, alors en plein essor de l'industrialisation, que l'on assiste à l'émergence internationale du terme design dans le sens de disegno, c'est-à-dire la conception et la mise en forme. Cette définition moderne se concrétise dans le travail effectué au Bauhaus. En 1947, L. Moholy Nagy, qui enseigna au Bauhaus, écrivait : « Le design a d'innombrables concertations. Il est l'organisation en un équilibre harmonieux de matériaux, de procédés et de tous les éléments tendant à une certaine fonction. Le design n'est ni une façade, ni l'apparence extérieure. Il doit plutôt pénétrer et comprendre l'essence des produits et des institutions. Sa tâche est complexe et minutieuse. Il intègre aussi bien les besoins technologiques, sociaux et économiques, que des nécessités biologiques ou les effets psychologiques des matériaux, la forme, la couleur, le volume, l'espace. Le designer doit voir, au moins d'un point de vue biologique, l'ensemble et le détail, l'immédiat et l'aboutissement. Il doit concevoir la spécificité de sa tâche par rapport à la complexité de l'ensemble.»

  16. La définition du design : l’alliance de l’idée et de sa représentation Proposée par T. Maldonaclo en 1961 à Venise et adoptée par l'ICSID (Conseil International des Sociétés de Design Industriel), la définition officielle du design est ainsi formulée : « Le design est une activité créatrice qui consiste à déterminer les propriétés formelles des objets que l'on veut produire industriellement. Par propriétés formelles des objets, on ne doit pas entendre seulement les caractéristiques extérieures, mais surtout les relations structurelles qui font d'un objet ou d'un système d'objets une unité cohérente, tant du point de vue du producteur que du consommateur » Le concept «design» contient cette double notion : à la fois ce qui peut se projeter, se programmer, se préparer à l'avance et à la fois ce qui peut trouver une forme concrète, être un dessin, un modèle, un plan. Design = dessein (intention, projet) + dessin (forme, modèle).

  17. Une définition souvent mal comprise Un langage commun est le premier pas indispensable vers la communication. Le terme « design » permet de réunir, dans un même esprit, des concepteurs de domaines différents : architecture, ingénierie, produits nouveaux, ergonomie, graphisme. Il est compris sans ambiguïté par les professionnels au niveau international. En France, ceci a donné lieu à une polémique et à des discussions qui ont conduit à proposer des succédanés, comme «stylisme» ou encore «esthétique industrielle» contraignant d'abord à expliquer subtilement le design par ce qu'il n'est pas tout à fait, et non par ce qu'il est réellement. D’où une certaine difficulté dans notre pays à concevoir l’essence profonde du design.

  18. Quand la forme prend le pas sur le fond A partir du milieu des années 80 le mot design a donc connu une carrière disparate, désignant généralement la modernité dans tout ce qu’elle peut avoir de stupide, à travers la patte ou la griffe de créateurs pas toujours inspirés. La gratuité a alors pris une très large place dans le design, contredisant et même trahissant l’acception première du mot. Les objets ont été moins économes de matières ou de procédés de fabrication, voire carrément polluants au regard de leurs seules fonctions mécaniques. La combinaison de nouvelles possibilités industrielles et d’un marketing débridé ont conduit à de nombreux gâchis et les fonctions des objets ont souvent été maquillées ou cachées dans cette surabondance.

  19. Le design comme discipline industrielle et marketing L’industrie offre un nouveau champ d’application à la création. Les artistes créent des objets, les designers créent des produits. La notion de produit fait clairement référence au domaine économique. Elle peut être entendue selon deux acceptions distinctes. Si l’on réfère à l’économie de Production, le Produit est le résultat d’un processus Industriel. En Economie de Marché, le produit est l’un des éléments constitutifs du Mix-Marketing. Il est fait pour répondre à un besoin qui sera satisfait par un achat. Et le design fait vendre, c’est sa fonction. Qu’il s’agisse de rationaliser les méthodes de production, ou de la vente de produits, le design favorise la valeur ajoutée des entreprises et le profit. Le design, suppôt du capital ?

  20. Un design qui devient le produit de la fabrication en série Le design est incontestablement un produit de la fabrication en série et il en est souvent devenu une condition. Mais si les économies qu’il a pu engendrer se sont traduites par la démocratisation d’objets de confort aux usages parfois superficiels plutôt que par la préservation de divers patrimoines naturels c’est du fait d’un arbitrage civilisationnel qui a été déraisonnablement promu par le pouvoir. En effet, l’économie est par elle-même le premier facteur de préservation de ressources rares. Si votre stylo est en plastique plutôt qu’en diamant c’est parce que le prix élevé du diamant et de sa taille ont orienté le producteur de ce stylo vers le plastique, produit d’un pétrole abondant qui, comme le dit en substance Pascal Salin, est une pourriture de la terre, une boue malodorante, salissante et visqueuse, valorisée par le génie humain dans un contexte d’économie libérale.

  21. La responsabilité d’un pouvoir peu soucieux des problèmes environnementaux Les problèmes environnementaux qu’on attribue à l’industrie sont d’abord des conséquences de l’irrespect des droits de propriété ou de la mauvaise définition de ceux-ci. Ce sont donc avant tout des problèmes juridiques. Durant des décennies les gouvernements ont tout fait pour favoriser l’industrialisation, au nom du fait que c’était bon “socialement” ou pour “l’intérêt général”, et les juges ont rendu des arbitrages iniques, en faveur de la mine et au détriment du potager. Mes livres de géographie au collège, conformes au programme officiel, étaient farcis de sidérurgies, de Concordes, d’agriculture intensive, il n’y était question que de doubler sa consommation d’énergie chaque décennie au nom du progrès, toutes les villes de la Terre n’étaient considérées qu’à travers leurs productions industrielles, etc. La pollution et l’hyperproduction ne sont pas une conséquence de l’industrie, qui est au contraire un mode de production économe, mais une conséquence des choix d’un pouvoir conscient du profit qu’il avait à tirer d’une industrialisation massifiée.

  22. 1.2. L’eco design, ou l’opportunité d’un design approprié Par Olivier Méresse et François Dupont

  23. Le design contient entièrement l’eco design En effet, la raison d’être du design est de faire remplir une fonction utile, utilité dont la fonction tire sa noblesse, de la façon la plus efficace et la plus économe. La spécificité du design, sa contribution historique et sa singularité, est de stipuler que, de ce dépouillement, de cette réduction ultime à la fonction, doit découler une beauté intrinsèque, essentielle. Et le design pose avec tant d’aplomb cette certitude qu’il autorise une inversion des causalités : si la beauté n’émerge pas de l’objet utile c’est que la fonction n’est toujours pas optimisée. Optimisation qui se passe de tout maquillage. Ce lien entre l’utilité et la beauté est déjà affirmé chez Raymond Loewy, initiateur du design, même si son approche est plus directement commerciale que philosophique. C’est une idée qu’on trouve antérieurement dans les réflexions et les travaux de Vinci ou Michel-Ange, voire chez tous les bons artisans. Mais le design est une méthode, pour faire court, qui permet d’étendre à l’ensemble du monde industriel, et donc de diffuser à une échelle universelle, cette doctrine de la beauté utile dont l’application est particulièrement économe en ressources rares.

  24. Et les préoccupations environnementales actuelles sont l’occasion d’un retour aux sources pour le design Contraints par les nouvelles attentes et la demande croissante concernant la préservation de l’environnement et le développement approprié, les designers abandonnent leurs délires personnels pour revenir à des préoccupations d’ingénieurs, pour évaluer des modes de production, des cycles de vie, intégrer des matériaux nouveaux, comparer des modes de consommation, des indices, etc. et Jacques Viénot n’a jamais été aussi actuel. L’éco-design est aujourd’hui incontournable et inéluctablement les critères de l’ eco design devront être toujours mieux intégrés. Le design n’est pas mort avec l’éco-design, il y trouve au contraire une nouvelle jeunesse.

  25. Un design qui participe à la création de solutions aux nouvelles problématiques Etre designer demande d’observer en permanence l’environnement au sein duquel nous évoluons et de prendre parti dans chaque projet. Face aux déséquilibres qu’entraînent nos activités actuelles, de nombreux indicateurs nous alertent à propos de la nécessité de faire évoluer dès aujourd’hui nos modes de vie vers une meilleure durabilité. Préserver notre environnement naturel, diriger nos pratiques vers plus d’équité, mettre en œuvre des projets qui optimisent les retombées sociales positives : il s’agit de construire une société adaptée à la fois aux enjeux économiques, aux contraintes environnementales et aux problématiques sociales. Afin de rééquilibrer notre société, nous devons donner autant d’importance à ces trois dimensions. Ainsi, je considère qu’il est du rôle du designer, d’agir, dans ce sens en participant à la création de solutions qui répondent à ces problématiques.

  26. L’ecodesign réintroduit de la complexité dans la conception des objets Nous assistons à un foisonnement d’idées et d’initiatives, et parions que ce n’est encore qu’un début. Il n’y a pas un problème et sa solution mais une quasi-infinité de solutions à une quasi-infinité de problèmes. A une pollution déterminée il est possible d’apporter des réponses très diverses : un produit qui dure plus longtemps, réparable, ou au contraire biodégradable, ou en matériaux recyclés, ou renouvelables, ou consommant moins, ou dont la fin de vie débouche sur une utilité nouvelle, loué plutôt que vendu, etc. et qui peut aller jusqu’à remettre complètement en cause l’existence du produit ou du service. La nature elle-même nous offre une quasi-infinité d’exemples de cette diversité de solutions pour un même problème. Regardez la variété des modes de reproduction chez les végétaux, ou les diverses formes que peuvent adopter les oiseaux pêcheurs: cormorans, pélicans, martins-pêcheurs, etc. Notez comme chaque spécificité semble influer sur la totalité de chaque espèce, qui paraît invariablement avoir atteint sa perfection.

  27. L’importance des choix du designer face à la diversité des solutions Le design est une activité créative au cours de laquelle, à de nombreuses étapes, on doit faire face à différentes possibilités et à différentes solutions. Il faut donc arbitrer puis choisir. C’est en fonction de ces choix que l’on peut montrer explicitement un engagement personnel dans une voie souhaitée. Comme l’a écrit le professeur et chercheur en design industriel Ezio Manzini, « les designers doivent adopter des critères de choix et sur cette base choisir, selon leur point de vue, ce qu’il est le mieux de faire. C’est-à-dire, étant donné que l’éthique est définie comme étant « ce qui est bien et mal, bon et mauvais », qu’ils doivent faire des choix éthiques ». C’est pourquoi j’essaie aujourd'hui de choisir systématiquement en fonction de ma vision, tournée vers la stimulation d’un développement équitable et durable.

  28. 1.3. De la responsabilité du designer Par Christian Guellerin

  29. Le design : un acte conscient de projection pour satisfaire le désir du mieux Que l’on considère le travail du designer sur des fondements purement philosophiques, spirituels ou au contraire techniques, force est de constater qu’il s’agit d’une activité spécifiquement humaine basée sur une approche morale, intuitive ou raisonnée du progrès. Le designer se projette dans l’avenir, il crée toute proportion gardée son « Ile d’Utopie ». Cette activité induit la pensée, la réflexion, la conscience de ce qui est, et ce qui sera. Elle induit le Désir, à la fois la conscience de ce qui sera mieux, et l’intuition du plaisir qu’il en résultera. C’est ainsi que Spinoza définit l’Homme dans « Ethique ». Prolongeant les doctrines cartésiennes du « Cogito, ergo sum »- il définit l’Homme selon deux approches spécifiques : la conscience et le désir, la conscience d’hier, d’aujourd’hui, de demain et le désir, sorte de sensibilité à distinguer ce qui est bien, ce qui est mieux, le plaisir mais aussi et dès lors, la conscience du bien et du mal. L’activité de création du designer correspond parfaitement à cette définition donnée pour l’Homme : un acte conscient de projection pour satisfaire le désir du mieux.

  30. Le designer, artisan actif de la construction d’un progrès Le designer d’aujourd’hui continue de manier l’outil et reprend ainsi la tradition séculaire de l’artisanat : cette spécificité est essentielle parce qu’il ne suffit pas d’être « homme de réflexion ou de projet » pour être designer. Si l’on reprend les théories darwiniennes de l’évolution et notamment celles sur l’adaptation aux environnements, on distingue l’homme de l’animal par la capacité du premier à utiliser l’outil, à le perfectionner, et à l’utiliser. C’est en partie grâce à l’outil que l’homme a réussi à s’adapter, à se développer, à se démarquer de sa gangue originelle, mais aussi et surtout à changer le monde dans lequel il vivait. Sans l’outil, le designer n’est rien qu’un homme de projet. Avec, il devient l’artisan actif de la construction d’un progrès - d’un bonheur - à venir.

  31. Le design est Ethique Si Dieu a un sens, et quelle que soit la Religion, c’est celui de nous parler de Morale. Démarquée de références théologiques, l’Ethique, philosophie qui s’intéresse au jugement moral de nos actions en société, propose une justification rationnelle de ce qui est Bien et Mal. Elle va au-delà même de la Morale : La morale nous fait nous apitoyer sur ceux qui ont faim, l’Ethique nous oblige à prendre la responsabilité d’agir pour les nourrir. Le design parce qu’il crée, parce qu’il va au-delà de l’intention, nous fait toucher du trait la Vérité, sorte de bonheur dont l’Ethique serait bien la grande ordonnatrice. Le Design est un Humanisme, dont l’objectif est le mieux, le plaisir, le Bien,…le progrès. Le design est Ethique, moralement acceptable pour ce qu’il est, éthique pour ce qu’il fait.

  32. Quelle place, donc, pour le designer au sein du monde économique ? L’enjeu est magnifique. Aucun designer ne doit oublier que chaque produit, chaque emballage, chaque image créé est au service de l’Homme qui se l’approprie. Jamais, il ne doit perdre de vue qu’il doit générer du progrès, du confort, du bonheur. Jamais, le Design ne peut avoir pour objectif de générer du profit. Ce serait effectivement se pervertir. Les objectifs du designer ne peuvent être confondus avec ceux de l’entreprise qui l’emploie. Mais, il ne doit pas s’interdire d’en générer, et bien au contraire. Que peut-on espérer de mieux que de générer du bonheur et de la richesse ? Le profit devient un moyen… et le marché l’occasion d’un échange, une formidable opportunité de diffusion de ce qui est bon et bien. Le marché lui donne même la reconnaissance de son travail et sa justification.

  33. Le designer devient l’homme-clé de l’entreprise éthique Le design en tant que discipline de création est un Humanisme, il induit la transformation du monde avec pour objectif un progrès. Au sein de l’organisation, en plaçant l’Homme au cœur de sa préoccupation, le designer a la responsabilité de replacer l’Economique au service de l’Homme et non plus au service du profit, qui n’est plus là qu’un moyen. Le designer devient l’homme-clé de l’entreprise éthique, véritable porteur d’une vision globale, du dessein de l’entreprise. Pourquoi avoir créé le vocable « markethique » alors qu’il existait déjà « design » ?

  34. Un initiative exemplaire : la Kyoto Declaration signée par Cumulus, réseau international d’écoles de design Nous assistons actuellement à un changement de paradigme : à un développement porté par l’évolution de la technologie, succède un développement anthropocentré. La réflexion se déplace des valeurs matérielles et visibles vers d’autres plus intellectuelles, plus spirituelles et si possible moins matérielles. Afin de remplir leur mission pour un développement durable du point de vue social, environnemental, culturel et économique pour les générations présentes et futures, et pour rendre la vie harmonieuse et saine pour tous, les 124 établissements membres de Cumulus s’engagent à orienter leurs programmes éducatifs dans le sens de la construction de sociétés durables, créatives et anthropocentrées. Une pensée du design anthropocentrée, ancrée en des principes d’universalité a le pouvoir d’améliorer le monde. Il s’agit d’apporter du progrès dans les domaines sociaux, économiques, écologiques et culturels, d’améliorer la qualité de la vie et de créer une vision optimiste du futur, une vision idéale du bonheur individuel et collectif.

  35. 1.4. L’extension du domaine du design : vers un design centré sur l’humain

  36. Le designer dispose de méthodes, compétences et outils nouveaux qui lui permettent d’étendre son champ d’action Le design s’élargit vers une disparition de l’objet des préoccupations centrales (sans toutefois toujours l’occulter totalement) et devient moins centré sur les aspects matériels que sur une nouvelle dimension systémique et organisationnelle. La finalité n’est plus tant le résultat matériel de chaque création que les systèmes ou les organisations qui accompagnent leur usage ou leur production. Ainsi, certains designers contribuent déjà à des projets variés qui dépassent le cadre de la simple création de produits, comme par exemple la définition de scénarios, l’élaboration de stratégies globales et de politiques de développement ou encore la construction de réseaux d’acteurs, qui peuvent être destinées à bâtir un environnement plus durable. Dans ces approches, ils trouvent notamment une place d’experts en projet et d’agents participant pleinement aux projets de développement. De plus, ils gagnent les rôles de stimulateurs de créativité, de fédérateurs et de modérateurs d’équipes de création commune.

  37. L’émergence d’un design de service Dans le design de service, le design du matériel (télécommande, automate, écran tactile, borne interactive) rejoint le design de l’immatériel et de l’interaction (design de l’information) en développant avec le design numérique notamment, de nouveaux systèmes logistiques. Les objets issus des techniques de l’information et de la communication sont alors une fusion du produit et du service ou le remplacement d’objets par un service. Le designer de service s’intéresse à la relation de service entre un usager ou un consommateur et un service marchand ou non, pour proposer des scénarios d’usage dans une conception globale. Il crée alors l’objet interface d’un système, en tant que partie visible d’une organisation plus vaste. Cette démarche peut rejoindre les préoccupations du développement durable car l’usage du service n’implique pas, pour l’utilisateur, la propriété de l’objet, qui ne se stocke ni ne se transporte. En ce sens, le designer peut développer de nouveaux concepts répondant à des besoins liés aux évolutions sociales (la mobilité, le télétravail, etc.).

  38. Décrypter le cheminement de l’usager pour générer de l’innovation En observant les usagers et les consommateurs dans leur « cheminement » quotidien, les designers remarquent que leur intérêt porte principalement sur la finalité du service. Ce qui confère au produit un rôle essentiel d’interface pour atteindre ce service. La méthode consiste en priorité à observer et analyser en profondeur chaque séquence du parcours client. Ces séquences d’interaction peuvent être des espaces privés ou publics (ma banque ou chez moi), des produits analogiques ou numériques (mon mobilier ou mon ordinateur), des interfaces matérielles ou immatérielles (le clavier ou la base de données de mon téléphone portable). Cette analyse deviendra, logiquement, le terreau de la création. Car, chaque problème ou manque décelé dans le cheminement utilisateur sera vécu comme une opportunité d’innovation dans le design. Après avoir représenté, au travers d’un scénario de vie, une nouvelle façon d’accéder à un service, le designer prototype chacune de ces innovations afin d’évaluer in situ leur acceptation par le client.

  39. De l’importance de l’expérience utilisateur L’expérience utilisateur représente la qualité d’une expérience globale perçue par une personne (utilisateur) qui interagit avec un système. Cette expérience d’un produit/service se fait sur une relation durable et donc globale car elle tient compte de TOUS les moments d’utilisation, avant/pendant/après l’acte d’achat : la prise de conscience, la découverte, la commande, l’achat, l’installation, le service, le support, l’évolution, la fin d’utilisation… Ce paradigme de l'expérience utilisateur, finalement assez récent, participe bien d’une vision à plus haut niveau qui tend à mettre l’homme/utilisateur au centre. Et donc l’homme dans toutes ses composantes et plus seulement un Consommateur/Client. Cette notion d’”expérience Consommateur/Client” s’est en effet longtemps limitée à l’amont de l’acte d’achat. Dernièrement, “les services clients” ont permis de valider l’importance de tenir compté également de l’aval. Restait à convaincre qu’au delà de l’acte d’achat il existait un expérience qui faisait passer “le client” au statut “d’utilisateur”.

  40. 2. Une approche cyclique

  41. 2. Une approche cyclique L’effacement de l’objet des préoccupations centrales de la démarche eco design laisse place à une vision qui privilégie la dimension systémique des affaires humaines. Appréhender les choses selon cette nouvelle pensée systémique, c’est abandonner la conception traditionnelle par trop linéaire qui fût longtemps l’unique modèle valable de compréhension du monde et œuvrer pour la valorisation des cycles, qu’ils soient naturels, industriels ou humains. L’entreprise, tout d’abord, se doit d’intégrer les différents cycles qui la composent en un cycle global dont l’ambition est de générer non plus du profit mais du développement humain. (2.1. La prise en compte des différents cycles au sein de l’entreprise) Du côté de l’industrie, un nouveau modèle émerge dont la vision cyclique tend à faire disparaître les impacts négatifs sur l’écosystème naturel. (2.2. L’industrie comme cycle fermé : le modèle cradle-to-cradle) Se dirige-t-on vers un modèle économique générateur d’externalités positives ?(2.3. Au-delà d’un impact minimal, l’Economie Positive)

  42. 2. Une approche cyclique 2.1. La prise en compte des différents cycles au sein de l’entreprise 2.2. L’industrie comme cycle fermé : le modèle cradle-to-cradle ou la fin des externalités négatives 2.3. Au-delà d’un impact minimal, l’Economie Positive

  43. 2.1. La prise en compte des différents cycles au sein de l’entreprise

  44. Un management des cycles au service du profit Différents aspects relatifs à l'entreprise sont traditionnellement abordés selon une approche cyclique par le management, dans une logique d’optimisation de la chaîne de valeur et de minimisation des coûts : -la production connaît un cycle de vie, de l'étude préalable à la fabrication à la destruction du produit. -l'évolution technologique répond à une logique cyclique, en découle une gestion de la technologie optimisée par l'entreprise. -le personnel représente une valeur ajoutée différente selon la période du cycle de productivité dans laquelle il se trouve. -concernant l'entreprise de façon générale, la notion de cycle de vie des organisation de Greiner pose le principe d'un mode d'organisation évolutif dans le temps qui passe par différents stades.

  45. Le cycle de vie du produit La notion de cycle de vie d’un produit est très couramment employée chez les professionnels du marketing, puisque, chaque produit suit un cycle de vie qui lui est propre. Selon la célèbre analogie biologique introduite par l’américain R. Vernon, les produits se comportent comme des êtres vivants, ce qui expliquerait les similitudes entre le cycle biologique de l’homme et celui d’un produit. Le cycle du produit peut se résumer en six phases : les études préalables, la conception, la production, la distribution, l’utilisation et la destruction.

  46. Le cycle de vie des technologies Tout comme les produits, les technologies possèdent leur propre cycle de vie. Les technologies sont créées, elles évoluent, plus ou moins rapidement, connaissent un grand succès (diffusion en masse), puis parfois régressent, avant de devenir obsolète. En tenant compte de ces observations, nous pouvons définir le cycle de vie des technologies qui se décompose en quatre phases, que nous pouvons représenter sous la forme d’une courbe en « S ». Cette courbe, réalisée par R. Foster, nous montre les relations entre les efforts consentis (investissements) et les performances obtenues.

  47. Le cycle de vie du personnel En ce qui concerne le personnel, il existe aussi un cycle de vie qui se base sur la carrière du personnel. Pour cela, nous nous referons à Odiorne qui à basé son approche sur le fait que la carrière de tout individu peut être résumée par le concept de cycle de vie. Ce cycle de vie est le suivant : Démarrage : L’individu est recruté par l’entreprise par conséquent il s’agit d’un jeune inexpérimenté (cela implique des dépenses relativement élevées notamment en terme de formation). Croissance : Cela fait déjà quelques temps que l’individu se trouve au sein de la firme, il évolue au sein de l’entreprise en se responsabilisant. Durant cette phase l’individu est très actif, il sera très performant au niveau de son travail. Maturité : L’individu est maintenant installé au sein de l’entreprise son évolution se termine. Déclin : L’Individu est maintenant âgé, sa contribution est en diminution à cause d'une santé déclinante, d'une "obsolescence" technologique, d'un manque de motivation ou d'énergie.

  48. Le cycle de vie des modes d’organisation Pour présenter ce cycle de vie, nous allons nous référer à Larry Greiner qui à modélisé ce cycle de vie en un processus de croissance en cinq étapes, dont les transitions sont caractérisées à chaque fois par une crise spécifique. D’après Greiner, il existerait une corrélation entre l’âge et la taille de l’entreprise : plus l’entreprise est ancienne, plus elle grandit (en taille). Il distingue cinq étapes de croissance

  49. Vers la gestion d’un cycle global au service du développement humain L'entreprise de demain se devra d'optimiser et d'intégrer ces différents cycles en un seul et même cycle global afin de devenir non plus une machine à générer du profit mais une organisation vivante et durable au service du développement humain.

  50. 2.2. L’industrie comme cycle fermé : le modèle cradle-to-cradle ou la fin des externalités négatives Par David L’Hôte (Strate Collège Designers)

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