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RELATION ENTRE LANGUE ET CULTURE. LANGUE ET CULTURE. Boas soutient qu’il est impossible d’être anthropologue sans être linguiste: il affirme la nécessité de maitriser la langue de la communauté que l’on veut étudier.
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RELATION ENTRE LANGUE ET CULTURE LANGUE ET CULTURE
Boassoutient qu’il est impossible d’être anthropologue sans être linguiste: il affirme la nécessité de maitriser la langue de la communauté que l’on veut étudier. « nous insistons dessus là-dessus : le maniement de la langue est indispensable pour obtenir des connaissances complètes et sûres, car une masse d’informations peut être acquise en écoutant les conversations des indigènes et en participant à leur vie quotidienne » (Boas 1911). Il faut vivre assez longtemps dans la communauté, et s’imprégner de tous les éléments culturels, pour acquérir une pleine compréhension de la vie sociale dont on veut rendre compte. Boas considéré comme le fondateur de l’anthropologie linguistique américaine. Langage et vision du monde : l’anthropologie linguistique américaine
Beaucoup d’anthropologues se sont inspirés de ses idées : • Sapir ; • Swadesh ; • Whorf ; • Bloomfield. L’anthropologie linguistique et ses adeptes
si l’ethnologie doit être comprise comme « la science traitant des phénomènes mentaux dans la vie des peuples du monde » (Boas 1911), le langage présente un double intérêt : il est objet d’investigation en lui même : il est l’une des plus importantes manifestations de la vie mentale ; Il est aussi une voie d’accès privilégiée aux organisations cognitives : l’un des champs d’investigation les plus féconds pour qui veut découvrir comment se forment les idées fondamentales d’une société. (Boas 1911). Le rôle de la langue dans l’explication des faits culturels
deux définitions (approches) seront privilégiées : la première présente un concept de langue comme étant abstraite et systématique : langue = idiome. la deuxième présente, quant à elle, la langue comme étant un phénomène social : langue = culture. Une langue c’est quoi ?
ces deux conceptions renvoient à deux linguistes de renoms : Ferdinand de Saussure : 1857-1913. Antoine Meillet : 1866-1936 Langue comme système VS langue comme fait social : approche linguistique
Meillet a souvent été présenté comme le disciple de Saussure. Dès l’apparition à titre posthume du CLG, il prend ses distances avec lui. Saussure / Meillet : l’origine du conflit
Meillet Saussure • Il insiste sur le caractère social de la langue : il la considère comme un fait social. • Étude de la langue comme fait concret. • Convergence d’une approche interne et d’une approche externe. • Associe approche synchronique et diachronique : il cherche à expliquer la structure par l’histoire • Il a séparé le changement linguistique des conditions extérieures dont il dépend. • en éliminant les paramètres extralinguistiques, la langue est réduite à une abstraction. • il oppose linguistique interne et linguistique externe. • distingue entre approche synchronique et diachronique. Saussure / Meillet : l’origine du conflit
sa définition de la langue comme fait social souligne sans ambigüité sa filiation avec le sociologue Emile Durkheim: • « Les limites des diverses langues semblent coïncider avec celles des groupes sociaux ; l’absence d’unité de langue est le signe d’un état récent ; • Le langage est donc éminemment un fait social : il entre exactement dans la définition qu’à proposée Durkheim ; une langue existe indépendamment de chacun des individus qui la parlent, et bien qu’elle n’ait aucune réalité en dehors de la somme de ces individus, elle est cependant, de par sa généralité, extérieure à lui » Meillet et sa filiation avec Durkheim
Sapir est aujourd'hui très connu pour ce qu'on appelle l'« hypothèse Sapir-Whorf ». Sapir (traduction française, Le langage, Payot, 1953) élabore à partir de 1925, une théorie des rapports entre culture et langage : il considère chaque langue comme une vision du monde cohérente : la langue procure à ses locuteurs une sorte de prisme, une voie de passage obligée : le langage est la traduction, spécifique à une culture donnée, de la réalité sociale ; le monde réel n'existe pas vraiment, il n'existe qu'à travers ce que notre langue nous en fournit comme vision. La thèse de Sapir est exposée dans cet extrait souvent cité : « Le fait est que la "réalité" est, dans une grande mesure, inconsciemment construite à partir des habitudes langagières du groupe. Deux langues ne sont jamais suffisamment semblables pour être considérées comme représentant la même réalité sociale. Les mondes où vivent des sociétés différentes sont des mondes distincts, pas simplement le même monde avec d'autres étiquettes. (Détrie, Siblot, Vérine 2001 : 138) » L'idée que le découpage linguistique ne coïncide pas avec le Réel, cet impossible à saisir sans la médiation du langage, a inspiré l'hypothèse de Sapir-Whorf selon laquelle la vision du monde des sujets parlants se trouve entièrement déterminée par la structure de leur langue. Thèses de Whorf et Sapir
Whorf a ensuite considérablement étendu cette thèse dans le domaine des études sémantiques. c’est dans les différences entre langues qu’il faut chercher la cause et la forme des différences culturelles. « Chaque langue, écrit Whorf, est un vaste système de structures, différent de celui des autres langues, dans lequel sont ordonnées culturellement les formes et les catégories par lesquelles l'individu non seulement communique mais aussi analyse la nature, aperçoit ou néglige tel ou tel type de phénomènes et de relations, dans lesquelles il coule sa façon de raisonner, et par lesquelles il construit l'édifice de sa connaissance du monde [...]. Nous disséquons la nature suivant des lignes tracées d'avance par nos langues maternelles. » Extrait de « Notes de linguistique française » Les travaux de Whorf
Whorf compare les différentes façons de conceptualiser le temps selon les langues en comparant l’indo-européen au hopi : • En hopi le temps n’a pas de dimension : le mot « jour » n’a pas de pluriel. • la grammaire hopi dispose d’aspects et de modes pour exprimer le momentané, le continu, le répéter , si bien que son univers peut être décrit sans avoir recours à des dimensions temporels.
ces positions radicales de Whorf ont été remises en causes par ses successeurs • Comment expliquer la présence de langues très différentes sur une même aire culturelle ; • et inversement, celles de ressemblances linguistiques profonde chez des peuples de cultures absolument dissemblables ? • d’autres part, mots et concepts n’ont pas une signification unique, mais plusieurs significations selon les contextes situationnels, selon les effets de sens voulus par un individu, selon les facteurs socio-économiques ou socioculturelles qui modifient la langue et entretiennent des rapports dialectiques avec elles. « les partisans de la langue ‘miroir de la société’ semblent avoir laissé de côté le gos problème du conditionnement du linguistique par le social (ex : la langue de l’Ancien régime qui était considérée comme la plus correcte, donc imitée, a cessé de l’être après la Révolution et a cédé sa place à la langue d’une autre classe sociale considérée comme vulgaire) » (J. Fribourg, Vers l’ethnolinguistique, art. cité, p.105) Remise en cause de la conception de Whorf
il convient de rappeler les extrapolations qu’ont pu engendrer les théorie de W. Humbolt sur les rapports entre langue et mentalité nationale (culture) : • La langue et donc la mentalité française seraient « analytique » en face de la mentalité allemande « synthétique ». • Ces clichés traînent dans des citations populaires.
« la langue a été vue soit comme conception du monde (ce qu’on appellera plus tard ‘vision du monde’), soit comme révélatrice du mode de vie d’une société et de ses valeurs culturelles, soit comme révélatrice de la structure sociale et des changements survenus au sein de la société, soit enfin comme une structure linguistique en corrélation avec les structures de la société » (J. Fribourg, Vers l’ethnolinguistique, dans La Linguistique, vol.14, fasc. 2 1978, p. 104). Nouvelle conception de la langue
À partir de la définition nous pouvons considérer les rapports langue / culture : • réaffirme que la langue représente d’une certaine manière le monde extérieur, en particulier la société vue dans son unité et dans ses contradictions. • La langue peut révéler la structure sociale et les changements survenus au sein de la société : • les registres de langues. • emprunts qui renseignent sur le passé historique ou sur les modifications culturelles qui se produisent entre groupes différents du fait de l’émigration. • La langue peut révéler les modes de vie et les valeurs culturelles d’une société Rapports langue(s) / culture(s)
la langue, vision du monde, organiserait l’univers de chaque société : Whorf part du principe que c’est la langue qui modèle notre conception du monde. Le découpage que nous effectuons de la réalité dépend de la grammaire, celle-ci n’étant pas simplement un instrument d’expression des idées, mais ce qui façonne ces idées et guide l’activité mentale de l’individu dans son analyse de l’expérience.
Pour trouver les rapports entre langue et culture : on peut chercher à connaître la culture à travers la langue on peut chercher à connaître la signification d’un fait linguistique en tenant compte des faits sociaux et culturels : cela est très visible dans les études sémantiques considérée comme « l’étude de la langue dans le contexte d’une culture » (cf. B. Malinowski, Une théorie scientifique de la culture, Maspéro, coll. Points, n°2) . Contexte socioculturel et message • Appréhender la culture à travers la langue; • Étudier le message à travers les données socioculturelles • Telles sont les deux démarches qui apparaissent dans les travaux de l’ethnolinguistique
sur la classe sociale : au Mexique, un trait culturel, le machismo, s’exprime dans la classe moyenne sous la forme du complexe de Don Juan, alors que dans la classe populaire, il s’exprime en terme d’héroisme et de courage. Sur des rapports sociaux : le tutoiement en Espagne. Pour un père de famille, vouvoyer le prétendant de sa fille, c’est lui signifier qu’il ne le considère pas de son milieu, qu’il n’en veut ni comme gendre, ni comme invité. sur les idéologies : le choix du vocabulaire et l’attitude du locuteur permettent de comprendre le système de croyances de la réalité sociale et naturelle de ce locuteur. sur la vision du monde : le choix du lexique peut refléter le découpage que la langue opère de la réalité. Sur les croyances et autres valeurs culturelles : les mythes qui permettent à l’individu de réconcilier son exigence de logique avec l’illogisme apparent et les contradictions de la vie quotidienne. Ce rapport dialectique entre les deux approches aurait pour fonction de dégager ce qui, dans un message, traduit immédiatement des renseignements :
«Il est clair que la langue ne peut être coupée, même linguistiquement parlant, de ses constituants socio-historiques et socioculturels. Il n'y a pas d'un côté "Où est la poste?" et de l'autre la tour Eiffel, le Louvre…» Porcher. L, cité par Galisson. R: "Lignes de force du renouveau actuel en didactique des langues étrangères", CLE International, Paris, 1980, P. 97.