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Purpura fulminans: pour une prise en charge protocolisée pré- réanimation. D.Floret Hôpital Édouard Herriot Lyon. Pronostic des méningites à méningocoque. En France, chez l’enfant, mortalité 6,7% méningites + purpura fulminans (Observatoire national des méningites bactériennes de l’enfant)
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Purpura fulminans: pour une prise en charge protocolisée pré- réanimation D.Floret Hôpital Édouard Herriot Lyon
Pronostic des méningites à méningocoque • En France, chez l’enfant, mortalité 6,7% méningites + purpura fulminans (Observatoire national des méningites bactériennes de l’enfant) • Purpura fulminans: variable selon études et définition. Malades choqués 20- 25% (Derkx B, Clin Infect Dis 1999- Leclerc F Crit Car Med 2000) • Avons- nous progressé? Huault G Arch Pediatr 1998: mortalité 35%, identique depuis 30 ans • Les thérapeutiques « innovantes » à visée physiopathologique n’ont pas eu les résultats escomptés • Comment améliorer la prise en charge conventionnelle?
Le délai de la prise en charge est un élément déterminant du pronostic! • Délai de mise en route du traitement/ début de la maladie (septicémies à méningocoque): • Malades survivants: 12 heures (2- 48) • Malades décédés 18 heures (2- 24) • Nadal S, J Accid Emerg Med 1998 • Chaque heure de retard au remplissage vasculaire ou au traitement inotrope augmente la mortalité de 40% (Carcillo JA. Pediatr Crit Care Med 2005) • Reconnaître précocement la maladie! p< 0,01
Éduquer les familles! • S’inspirer de l’expérience anglaise: • www.britishinfectionsociety.org • www.meningitis.org • www.health.gov.au • www.dhs.vic.gov.au
Les signes d’alerte de méningococcémie à l’usage des parents. www.meningitis.org
Apprentissage du test de la vitropression (www.meningitis.org )
Difficultés du diagnostic • Il existe parfois ni purpura ni « aspect toxique »: série de 381 enfants avec IIM: • 45 (12%) dont 82% de 3- 36 mois examinés aux urgences dans les 48 heures précédentes pour fièvre et renvoyés • 2 (4,4%) décédés • Kuppermann N. Pediatrics 1999 • Le purpura peut être précédé ou remplacé par une éruption maculo- papuleuse • 69 IIM • 26 (38%) avec éruption maculo- papuleuse • 9 (13%) n’ont eu qu’une éruption maculo- papuleuse • Marzouk O Arch Dis Child 1991
Purpura meningococccique: éléments purpuriques sur un fond d ’éruption morbilliforme Association ILL: irritability, lethargy, low capillary refill: VPN d’infection bactérienne grave: 100% mais VPP: 20% Brogan PA Arch Dis Child 2000
Neuf clés diagnostiques d’infection à méningocoque (Yung AP, McDonald MI, Med J Aust 2003) • Purpura fébrile ne s’effaçant pas à la vitropression • Rash morbilliforme apparu avec la fièvre et accompagné d’une atteinte de l’EG • Frissons incontrôlables de durée prolongée • Douleurs extrémités, cou, dos, abdomen, articulations • Vomissements avec céphalées, douleurs abdominales, diarrhée • Évolution rapide et répétition des consultations • Inquiétude des parents • Age: ± mais pic incidence 3-12 ans • Contact avec un patient atteint de méningococémie: exceptionnel
Reconnaître le choc • Peut être problématique chez le nourrisson: capacité à maintenir par vasoconstriction une pression artérielle normale (voire élevée) la décompensation étant souvent brutale et irréversible • Le diagnostic repose sur l’association d’un syndrome infectieux et de signes de souffrance tissulaire: • Polypnée • Tachycardie • Cyanose lèvres, extrémités • Troubles de conscience • oligurie
Limites des constantes physiologiques/ âge Martinot A. PediatrEmerg Care 1997
Défaillance cardiovasculaire Malgré un remplissage ≥40ml/kg en 1heure Hypotension < 2DS/âge Ou nécessité agents vasoactifs Ou 2 signes d’hypoperfusion parmi: Hyperlactatémie> 2xN Acidose métabolique avec BE> 5mmol/l TRC> 5s Δ température centrale/ périphérique> 5s Défaillance respiratoire PaO2/FiO2< 300 en l’absence de cardiopathie ou maladie respiratoire antérieure PaCO2> 65mmHg ou> 20mmHg/ base FiO2> 50% pour SpO2> 92% Nécessité de ventilation mécanique Critères de défaillance d’organe
Défaillance neurologique Glasgow coma score ≤11 Ou altération de la vigilance avec diminution > 3/ base Défaillance hématologique Plaquettes < 80 000/mm3 ou diminution > 50%/ taux des jours précédents Ou INR> 2 Défaillance rénale Créatininémie ≥ N x 2 ou X 2 / valeur de base Défaillance hépatique Bilirubine totale > 78 µmol/l Critères de défaillance d’organe
Prise en charge • Trois facteurs indépendamment associés à un risque accru de décès dans les infections à méningocoque de l’enfant: • Traitement par une équipe non pédiatrique • Prise ne charge n’impliquant pas un sénior • Traitement inotrope inadéquat • Ceci témoignant d’une absence d’identification précoce du choc • Ninis N, Br Med J 2005
Le remplissage • Elément essentiel de la prise en charge initiale: il existe une corrélation entre la survie et l’importance du remplissage initial • Doit être rapide et massif: 20ml/kg en 15 minutes • Utiliser plutôt (mais pas obligatoirement) un colloïde. Pour certains, l’albumine d’emblée: (Pollard AJ Arch Dis Child 1999) • Besoins massifs: souvent 60ml/kg dans 1° heure, 120ml/kg dans les 4-6 heures suivantes, parfois 200ml/kg (3 masses sanguines) dans les 24 premières heures
La voie d’abord • Problème crucial • Commencer par essayer les veines périphériques • La voie fémorale peut être un recours • Ne pas hésiter à utiliser la voie intra osseuse
L’antibiothérapie • Élément essentiel du traitement des IIM. En France, préférence aux céphalosporines de 3° génération • Recommandation classique à partir de données anglaises: antibiothérapie immédiate, dès le domicile • Certains le contestent: pas de preuve scientifique (Radetsky M PIDJ 1997): • Cartwright K (Br Med J 1992) • Rétrospective: 190 patients • RR de décès si antibiotique 0,6 (IC 95% 0,2 – 1,5) • Strang JR (Br Med J 1992) • Rétrospective: 46 patients • Mortalité: avec ATB 0/13- sans 8/33 p= 0,106 • Sorensen HT (J Clin Epidémiol 1998) • Rétrospective: • Mortalité avec ATB 24%- sans 6% p= 0,03
Antibiothérapie à domicile • Étude cas/ témoin 158 enfants (26 décès, 132 survivants • Risque de décès et antibiothérapie à domicile: OR 7,4 (IC 95% 1,5- 37,7) • Risque de complications chez les survivants: OR 5 (IC 95% 1,7- 15) • Mais ceux qui ont reçu des ATB étaient plus graves: GMSPS 6,5 vs 4,0 (p= 0.002) • Harnden A Br Med J 2006
L’antibiothérapie immédiate, dès le domicile • Ces recommandations peuvent avoir des conséquences médico- légales fâcheuses (Radetsky Curr Opin Infect Dis 1994) • « Should one begin antibiotics immédiately or not? Frankly I do not know » H.Peltola Lancet 1993
L’antibiothérapie immédiate, dès le domicile • Un purpura fébrile n’est pas synonyme d’IIM: • 411 purpura fébriles • 8 (1,9%) liés à une infection bactérienne invasive • 5 IIM • Mandl KD J Pediatr 1997 • Le seul vrai inconvénient est de compliquer (un peu) le diagnostic microbiologique, qui peut être « rattrapé » par la PCR et la biopsie de peau Biopsie de peau dans au cours d’un PF
Situation française • Les recommandations du Conseil Supérieur d’Hygiène Publique de France sont d’administrer (devant un purpura fébrile avec au moins une élément nécrotique ou ecchymotique) dès le domicile une dose (IV, IM) de 50mg/kg de ceftriaxone ou à défaut 100mg/kg de cefotaxime ou 100mg/kg d’ amoxicilline • Données françaises (InVS) 2002-2004: 507 purpura fulminans: 41% ont reçu des ATB avant admission. RR décès 24% vs 35% (p=0,01) • Perrocheau A, Eurosurveillance 2005 in press • Quelle est la part de l’antibiothérapie et d’une sensibilisation au diagnostic d’IIM?
Traitement inotrope • Critère d’introduction:signes de choc persistant malgré remplissage • Ne pas négliger la TA diastolique • Quels inotropes? • Dopamine (5γ/kg/mn) ± Dobutamine (5γ/kg/mn) classique • Dobutamine (5γ/kg/mn) + Noradrénaline (0,1γ/kg/mn) collapsus, vasoplégie « choc chaud »(diastolique effondrée)
La mort cérébrale est une modalité significative de décès des PF!
Méningococcie et état neurologique • L’évaluation neurologique d’un sujet atteint de méningococcémie doit être soigneuse, à la recherche de signes d’HIC (Kirsch EA, PIDJ 1996, Pollard AJ Arch Dis Child 1999, Heyderman RS Adv in sepsis 2005) • Un malade choqué ne doit pas avoir de ponction lombaire! • La prise en charge de l’HIC (ventilation mécanique, mannitol…) est parfois un objectif prioritaire
Malade à domicile: le choix stratégique • Faut-il • Transporter au plus vite dans une structure hospitalière? • Commencer la réanimation sur place et stabiliser le malade? (Pollard AJ Arch Dis Child 1999) • Fonction • De la distance qui sépare d’une unité de réanimation pédiatrique • De l’état de l’enfant • Des ressources disponibles dans l’environnement proche • Le choix du lieu du transfert ne doit pas se faire en fonction de la distance mais des capacités du lieu d’accueil à le prendre en charge
Malade à l’hôpital • Doit être stabilisé avant le transfert • La prise ne charge doit se faire de manière concertée avec le lieu d’accueil, et idéalement par application d’un protocole commun • Bien qu’il ne s’agisse pas d’un primaire, ces malades devraient être considérés comme prioritaires par le SAMU
Réduction de la mortalité par amélioration du système de soinsBooy R, Arch Dis Child 2001 • Création d’une unité spécialisée (St Mary Hospital, Londres) • Mortalité (IMM) passée de 23% en 1992à2% en 1997 alors que la gravité des malades (PRISM) n’a pas changé • Résultat (contesté: biais, exclusion de sujets décédés avant admission…) attribué à: • Mise en place d’une équipe mobile de réa • Stabilisation des malades avant le transport • Équipe spécialisée « sepsis » référente des hôpitaux généraux recevant les malades en premier • Adoption d’un algorithme de prise ne charge, diffusé aux hôpitaux référents
Heyderman RS, Wolf A Advances in Sepsis 2005
Conclusion • Les méningococcémies restent des maladies graves avec taux élevé de mortalité et de séquelles • Nécessité de recherche pour mise au point de thérapeutiques capables d’agir sur la cascade inflammatoire du choc septique • Des progrès peuvent être obtenus par l’amélioration de la prise en charge conventionnelle: • Diagnostic précoce (formation des médecins voire des familles) • Prise en charge d’emblée optimale (choc, HIC), notamment préhospitalière • Équipes référentes en lien avec les médecins/ hôpitaux assurant la prise en charge initiale