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Le Séisme, un danger pour la sécurité nationale: d’El Asnam 1980 à Zemmouri 2003, où en est l’état de la prévention pour la réduction du risque sismique.
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Le Séisme, un danger pour la sécurité nationale: d’El Asnam 1980 à Zemmouri 2003, où en est l’état de la prévention pour la réduction du risque sismique Dr. Abdelhakim AYADIDirecteur de RechercheCentre de Recherche en Astronomie Astrophysique et GéophysiqueDépartement Études et Surveillance Sismique
Le séisme est la principale catastrophe à laquelle est exposée l’Algérie. • Le risque zéro étant un objectif impossible à réaliser, nous devons conjuguer nos efforts afin de le réduire autant que possible, pour garantir une sécurité pour notre pays car c’est bien la sécurité nationale qui se trouve être en danger en cas d’un séisme majeur et qui menacerait nos institutions stratégiques. • De nos jours, la sécurité d’un pays est plus menacée, non plus par des agressions militaires armées, mais par le danger peut survenir suite à une catastrophe naturelle à laquelle le pays en question ne peut faire face et/où suite à une vacance du pouvoir. • Un pays qui doit faire face à un cataclysme sans avoir les instances dirigeantes qu’il faut, voit sa sécurité menacée aussi bien vis-à-vis des conflits internes qu’envers des ennemies extérieurs.
Sismicité de l’Algérie • L’Algérie est connue pour être le siège d’une sismicité importante caractérisée par des séismes modérés parfois violents comme ceux d’Alger de 1365, 1716, Oran 1790, Blida 1825, Orléanville 1954, El Asnam 1980, Constantine, 1985, Tipasa 1989, Mascara 1994, Ain Temouchent 1999 et Zemmouri 2003. • Cette sismicité concerne essentiellement la partie tellien compris entre l’Atlas Saharien et le littoral méditerranéen. Cette sismicité est associée à la collision entre les deux plaques tectoniques Afrique et Eurasie. Les séismes se produisent en général au niveau de la frontière entre plaques. • Pour notre cas la frontière qui sépare l’Afrique de l’Eurasie traverse l’Algérie d’Ouest en Est et c’est le long de cette frontière que les séismes algériens se produisent.
Géodynamique du bassin Méditerranéen: La collision entre les plaques Africaine et Eurasienne est responsable de la survenance des séismes le long de la frontière
Aléa et risque sismique en Algérie du nord • L’aléa est une notion relative à l’aspect géologique et tectonique, c’est ce qui existe dans la nature (failles, plis, bassins sédimentaires, terrains glissants ou liquéfiables). Concernant ce paramètre on ne peut que l’évaluer par des études détaillées. On ne peut ni le changer ni le modifier. • Le risque sismique par contre est un paramètre que l’on peut calculer et nous pouvons le réduire. • Un facteur déterminant dans la prévention contre les séismes c’est la vulnérabilité. Pour ce paramètre, nous avons d’une part la vulnérabilité du bâti et d’autre part la vulnérabilité des personnes.
Le risque sismique est une fonction qui met en jeu trois paramètres : l’aléa sismique, la vulnérabilité et la préparation qu’ont les pouvoir publique à l’intervention, qui sont liés par une fonction très simple : Risque = ( Aléa * Vulnérabilité ) / préparation à l’intervention • Dans cette équation, l’aléa est le seul paramètre fixe que l’on ne peut pas changer. • La vulnérabilité des personnes peut être modifiée par la formation et l’information. • Celle relative au bâti peut être aussi modifiée par le diagnostic correct et sérieux et par le confortement, quand celui-ci est possible, des structures vulnérables. Celles qui ne peuvent subir de confortement doivent être détruites et remplacées par d’autres moins vulnérables. • Le troisième facteur concerne la préparation à l’intervention; plus l’intervention est rapide et efficace, moins le bilan est important.
Contexte tectonique de la région d’Alger et risque sismique • Des failles sont présentes dans le bassin de la Mitidja et il faut prendre les dispositions qui s’imposent pour en éviter une probable catastrophe. • Des failles marines peuvent exister mais actuellement il y a très peu d’information sur ce milieu. Des études précises doivent êtres faites pour mettre en évidence l’existence en mer de failles actives et préciser le type et mode de rupture.
D’El Asnam 1980 à Zemmouri 2003 état de la prévention sismique • Le séisme d’El Asnam est le plus violent séisme qu’a connu l’Algérie depuis le début du XX siècle. Les pertes occasionnées ont étaient nombreuses et lourdes. Depuis le séisme d’El Asnam 1980, des rapports ont été établis, des recommandations ont été faites mais hélas en 2003 le séisme de Zemmouri est venu nous rappeler que nous n’avons pas bien capitalisé l’expérience d’El Asnam. • En 1980, nous avons eu 2633 morts et des milliers de blessés • En 2003 à Zemmouri nous avons eu 2278 et des milliers de blessés. • La différence entre les deux séismes c’est que celui d’El Asnam (M=7.3) été plus fort que celui de Zemmouri (M=6.8) mais les dégâts sont comparables. Ceci nous montre bien que nous avons vite oublié ce qui c’est passé à El Asnam pour reproduire les mêmes erreurs à Zemmouri.
Urbanisme et construction ne doivent pas être pris à la légère et ne doivent pas être confiés à ceux qui ne peuvent percevoir la notion de risque sismique dans leurs actions. • La panique est aussi un phénomène que nous ne sommes pas arrivés à évacuer de la réaction notre population à tous les niveaux, des simples citoyens aux plus hauts responsables de l’état. • Il reste encore devant nous beaucoup à faire pour former, informer et préparer notre population et nos responsables à vivre avec ce phénomène qui dans certains pays plus exposés que nous est mieux géré.
Recommandations • Une meilleure connaissance et détaillée de l’aléa sismique • Elle doit toucher les jeunes dans les établissements scolaires à tous les niveaux. • La formation doit aussi d’être faite à l’adresse des autres couches de la société par la voie des media lourds et autres organes de communications. • Les personnels exerçants dans des fonctions de responsabilités locales, régionales ou gouvernementales doivent eux aussi être formés et informés, préparés à la prévention et à la gestion des catastrophes naturelles. • Les personnels relevant des corps de sécurité sont eux aussi concernés par cette formation et cette préparation car ils ont un rôle direct dans la gestion et l’intervention en cas de catastrophes naturelles. Ces corps sont ceux à qui ont fait toujours appel pour aussi bien conduire les secours que pour garantir la sécurité des biens et personnes. • Une collaboration entre les experts reconnus dans le domaine et les différentes structures de défense civile et militaires est recommandée. Cette collaboration se doit d’être permanente et caractérisée par des manœuvres conjointes et des simulations restreintes et en grandeur nature à l’exemple de ce qui se fait dans d’autres pays. Ce type de simulation contribue à coordonner les actions des différents intervenants et apporter des correctifs visant à parfaire l’intervention.
Il faut que des études de la vulnérabilité des infrastructures stratégiques et des autres bâtisses au niveau de la capitale et même ailleurs soient réalisées au plus tôt afin de se préparer au prochain violent séisme. • Des plans d’intervention doivent, dés maintenant, êtres préparés pour être prêts au prochain tremblement de terre, que se soit à Alger ou ailleurs. • Il faut déplacer les structures stratégiques vers des zones plus sûres afin d’éviter leur disparition en cas de séisme majeur. Il faut aussi s’assurer que nos structures et installations de défense restent en fonction quelque soit l’ampleur de la catastrophe.
Une attention doit aussi être accordée à nos installations de transport de produits pétroliers ainsi qu’aux zones de stockage se trouvant dans le nord du pays. • Les structures hospitalières doivent, dés maintenant, se mettre à niveau pour êtres prêtes à faire face à une prochaine catastrophe naturelle. Il faut s’assurer aussi que celles-ci restent opérationnelles au jour J.
Il est important de penser à déplacer la capitale politique et le centre de commandement vers une autre zone plus sécurisée. A défaut, penser à déplacer les centres de décisions civiles et militaires en dehors du périmètre de risque et penser à édifier des infrastructures capables de résister à des séismes de magnitude 8.0 (Ex. Turque avec le transfert de la capital Istanbul vers Ankara). Ceci afin de pouvoir garder le contrôle de la situation dans les situations de catastrophes majeures. • La vigilance dans le cas d’une catastrophe naturelle est de mise pour éviter les conflits et tout risque de débordement de situation. Si l’ampleur de la catastrophe est grande, le risque de conflit sera tout aussi grand.
Conclusion • Il faut garder à l’esprit qu’en Algérie, la situation est telle que toute la bande comprise entre l’Atlas saharien et la côte méditerranéenne est sujette au risque sismique à l’exception de certaines zones où le risque est moindre. • Toutes nos institutions gouvernementales, administratives et sociales sont concentrées dans une seule région, le grand Alger, occupant des structures vulnérables. Il est recommandé actuellement et avant que nous n’ayons à le regretter au prochain séisme, de revoir notre politique en matière de prévention et de gestion des catastrophes.
Nous n’avons pas appris à capitaliser nos tristes expériences passées. Nous avons eu El Asnam 1980, Constantine 1985, Tipasa 1989, Mascara, 1994, Ain Temouchent 1999, Beni Ouartilane 2000. Nous connaissons les mêmes problèmes en terme d’information d’intervention et de réaction de la part aussi bien de la population que celle des autorités. • Il est important à l’heure actuelle que les plus hautes autorités se penchent sérieusement sur le problème de risque sismique en s’impliquant beaucoup plus. Il n’est plus question de produire des textes de lois et des décrets mais de les faire appliquer d’une manière stricte en faisant preuve de sévérité à l’encontre de ceux qui enfreindront ces lois.
Nous avons plus jamais besoin dans notre pays d’une structure qui serait en charge de la prévention et de la gestion des risques majeurs. • L’exemple de la FEMA (Federal Emergency Mangmenet Agency) aux USA, structure qui se trouve sous la tutelle de la DHS (Department of Homeland Security) est un bon exemple. Cette structure placée au plus niveau de l’état aura à synchroniser les actions (avant, pendant et après chaque catastrophe) entre les différentes structures dans l’intérêt de la nation et de la sécurité du pays au premier niveau.