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PietroMicca Dans la nuit du 29 au 30 août 1706 – en plein siège de Turin par l'armée française - des forces ennemies entrèrent dans une des galeries souterraines de la Citadelle. Le soldat Pietro Micca, qui était de garde dans la galerie avec un compagnon d'armes, dans un ultime acte d'héroïsme sacrifia sa propre vie en faisant exploser la galerie et arrêta l'attaque. Parmi les représentations qui nous sont parvenues concernant Pietro Micca il y a la célèbre peinture de Andrea Gastaldi, réalisé pendant le règne du roi Carlo Alberto, et le monument mis dans la cour de l'Arsenal de Turin. Au début du XIX siècle le mythe du mineur biellese fut relancé avec plus de vigueur et un nouveau sens, dans le climat du Risorgimento. En particulier, conscient de la fonction d’agrégation que les mémoires héroïques peuvent faciliter, la monarchie de la Maison de Savoie chercha à légitimer le rôle de la dynastie dans l'unité d'Italie à travers une opération ambitieuse de récupération du passé, dans laquelle le rôle des souverains et de l'armée piémontaise mythifiés. Pietro Micca fut ainsi reproposé non pas par choix personnel et spontané, mais à titre d'exemple de la valeur militaire et comme modèle d'obéissance extrême, de sacrifice du sujet à son souverain et à la Patrie. Comme mythe qui exalte la totale fidélité à la Patrie, en période libéral et ensuite dans la période fasciste Pietro Micca put être transféré dans le répertoire rhétorique et scolaire, en devenant un des mythes de fondation de la Nation. Dans les décennies suivantes le mythe resta encore vivant dans la tradition de l'enseignement scolaire élémentaire, au moins pendant toutes les années Soixante. Si dans le passé un modèle idéal comme celui représenté par Pietro Micca a constitué la base de la façon de penser de l'Italie nationaliste et fasciste, et même de celle de l'après-guerre, actuellement dans l'idéologie commune le sens de son geste a perdu beaucoup l'importance. Aujourd'hui le mythe de Pietro Micca n'a pas la prise comme autrefois, au contraire il est déchu, mais la création et l'évolution de sa fortune et l’usage politicien qui en a été fait, sont des facteurs de grand intérêt pour relire, comprendre et suivre les identités et les représentations à travers lesquelles s'est formée, pour le meilleur et pour le pire, la Nation italienne.