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Étude sur la peur des immigrantes d’être victimes d’actes criminels. Wendy Chan Simon Fraser University. Université Simon Fraser. Aperçu. Contexte de la recherche – études antérieures et thèmes principaux Principales conclusions des entrevues avec des immigrantes à Vancouver
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Étude sur la peur des immigrantes d’être victimes d’actes criminels Wendy Chan Simon Fraser University Université Simon Fraser
Aperçu Contexte de la recherche – études antérieures et thèmes principaux Principales conclusions des entrevues avec des immigrantes à Vancouver Répercussions et orientation des futures études et politiques sur la peur éprouvée par les femmes à l’égard de la criminalité.
Les femmes et la peur du crime Le paradoxe de la peur – la peur est démesurée malgré le faible risque d’être victime d’une agression La peur d’être attaqué dans un lieu public est fonction du sexe de la personne « une incongruité logique »
Femmes, peur et contrôle social La peur du crime éprouvée par les femmes est une source vitale de contrôle social informel La peur de l’« inconnu dangereux » est trompeuse et nuit aux femmes La peur d’être violée détermine essentiellement le comportement de la femme Les vraies victimes par rapport aux fausses victimes; les bonnes filles comparativement aux mauvaises filles
L’étude de recherche 33 immigrantes ont été interviewées dans la région métropolitaine de Vancouver Origines ethniques : Chinoises (16), Sud asiatiques (17) Classe sociale : 21 sont issues de la classe moyenne, 14 de la classe ouvrière Toutes sont sur le marché du travail 16 sont mariées ou vivent en union de fait, 17 sont célibataires, veuves ou divorcées 4 vivent seules, les autres habitent avec des membres de leur famille 11 sont anglophones, 15 sont bilingues, 7 ne parlent pas anglais 26 de ces femmes ont un permis de conduire
Activités quotidiennes « …Je pense que la plupart du temps je me sens en sécurité le jour. Mais le soir, après 22 h, je ne me sens pas en sécurité à cause de toutes les nouvelles qu’on entend à la télévision et qu’on lit dans les journaux. Il y a tellement de mauvaises nouvelles sur des crimes, des viols… comme cet enfant innocent qui a été enlevé et tué… il y a tellement de mauvaises nouvelles dans les médias. Même si je n’ai jamais été victime de ce genre de crime, j’en ai entendu tellement parler que je m’inquiète beaucoup pour ma fille et moi. Même ma fille ne sort pas après 20 h. Elle est très au fait des crimes commis » (N30)
Activités quotidiennes « Absolument. Je ne sens aucune tension chez les gens. Certaines personnes se plaignent de… J’ai vécu en Angleterre il y a 25 ou 27 ans, et oui, à ce moment-là, vous pouviez sentir un malaise sous-jacent. Les gens vous regardaient… je veux dire que vous pouviez le sentir. Même les chauffeurs de taxi se demandaient comment on pouvait parler anglais couramment alors qu’on venait de l’Inde. Mais ça n’arriverait jamais ici et je me sens très en sécurité même quand je sors avec mes amies. Je rentre chez moi en auto à deux heures du matin et ça ne me dérange pas, car je me sens tout à fait en sécurité… » (N25)
Peur et lieu public « Je trouve que je suis habituellement sur mes gardes avec les gens. Il ne faut pas trop leur parler de nos choses personnelles … et en règle générale, je n’ai jamais d’argent sur moi. » (N18) « Comme je sais où je m’en vais, je ne m’inquiète pas. Par contre, je n’irais pas à des endroits où je ne me sens pas en sécurité. Comme on peut le voir dans les nouvelles, certains quartiers sont à éviter… on ne va donc pas à certains endroits [où il n’y a rien de toute façon], et il ne faut pas se promener dans les rues mal éclairées. » (N13)
Peur et lieu public « Je ne me promènerais jamais dans le quartier chinois toute seule la nuit… dans ce secteur-là, parce que je trouve qu’il y a beaucoup de drogués. » (N18) « Le centre-ville et la rue Hastings, sont deux endroits que j’évite; j’ai peur de me faire attaquer là. Quand je marche… les gens me font peur. » (N35)
Peur et lieu public « Par exemple le jour, j’ai mes écouteurs. Le soir, je ne les porte pas. Je marche plus vite et je garde la tête haute. Si je suis dans l’Aérotrain, je m’assure de ne pas détourner le regard si quelqu’un me fixe. J’essaie de regarder la personne dans les yeux pour lui signifier que je sais qu’elle me regarde. Je me suis rendu compte que lorsque j’ai commencé à prendre l’Aérotrain je regardais par terre en marchant. Je ne regardais personne. Je me suis dit que ça me faisait paraître passive et effrayée. Je m’efforce donc maintenant de regarder les gens. » (N04)
Peur et lieu public « Je ne veux pas utiliser le mot ‘peur’. Je préfère parler de vigilance. Si on parle de ‘peur’, je pense qu’on est aveugle ou qu’on ne se protège pas. Mais les personnes vigilantes prennent des précautions. Si vous avez peur, que pouvez-vous faire? Je pense que j’utiliserais le terme vigilant. Si vous êtes vigilant, vous penserez à beaucoup de choses et prendrez des précautions. Dans l’Aérotrain par exemple, vous choisiriez de ne pas vous asseoir à côté d’une personne qui semble bizarre. Si vous êtes vigilant, vous trouverez une place qui vous semble sécuritaire. On peut dire que ça change votre comportement, mais je ne pense pas que ce soit de la peur. Je dirais que c’est de la prudence ou de la vigilance. » (N34)
Peur et lieu public « Je pense que les immigrantes sont plus faibles que les, [vous savez], les femmes qui appartiennent à la culture dominante? Au moins, en ce qui concerne le langage, si un locuteur natif [inaudible] [comment] a plusieurs façons d’obtenir de l’aide, mais les immigrantes doivent d’abord franchir la barrière linguistique et connaissent peu les recours à leur disposition. » (N28)
Peur et lieu public « …si vous croyez que les femmes sont considérées comme des citoyennes de seconde classe, c’est encore pire pour les immigrantes. J’estime que les hommes peuvent plus facilement profiter de nous, et ils s’essaient, parce qu’ils pensent que nous allons rester calmes et tout accepter… Oui alors. » (N04) « Je dirais que oui parce que… j’estime que nous sommes une race soi-disant multiculturelle ici et que tout le monde accepte tout le monde. C’est absolument faux. J’ai pu constater de nombreuses attitudes racistes et j’ai remarqué qu’il y en a de plus en plus dans les écoles et ailleurs. » (N26)
Peur et lieu public « Vancouver est l’une des villes les plus multiculturelles au monde, pas vrai? Pourtant, je pense qu’il y a encore beaucoup de stéréotypes. Je pense que je suis chanceuse, car je n’ai jamais été victime de racisme. Non… je ne devrais pas dire jamais. Ça m’est arrivé. Mais pas autant que certaines de mes amies durant leur jeunesse, d’après ce qu’elles m’ont dit. » (N15) « Ils pensent que l’on ne peut pas parler anglais couramment et ils pensent que je suis une immigrante de la Chine [le continent], où les gens sont pauvres; ils nous méprisent, des choses de ce genre. » (N31)
Peur du crime « C’est toujours là, mais je n’y pense pas trop souvent. » (N16) « Non, uniquement quand ça passe aux nouvelles. » (N19) « Oui, constamment. Quand vous lisez les journaux le jour, quand vous ouvrez la radio ou la télévision, ça ne parle que de ça. C’est de ça que nous discutons lorsque nous sommes en groupe. » (N02)
Peur du crime « Vous essayez de ne pas sortir le soir et de ne pas parler aux étrangers. » (N18) « Vous ne saurez jamais si vous êtes une victime potentielle. On peut s’être trompé de maison ou vous pouvez avoir été choisie pour une raison ou une autre. » (N16)
Peur du crime « Combien d’obstacles faudra-t-il surmonter en vue de partir?… Pourquoi devrais-je partir? Il faut que quelque chose soit fait pour que ça arrête. Je ne devrais pas partir parce que j’ai peur. » (N20)
Peur du crime « Parce qu’on nous considère généralement comme des personnes faibles physiquement et mentalement, parfois, on profite de nous. » (N29) « Parce que nous vivons dans une société où les hommes ont le pouvoir. Mais j’ai aussi l’impression que certains hommes sentent qu’ils perdent leur pouvoir. Et je pense que ça y est pour beaucoup. » (N04) « Les criminels sont des hommes. Il y a aussi des femmes criminelles, bien sûr, mais ce que l’on voit et entend, c’est que des hommes tuent des femmes. Il est rare que des femmes tuent des hommes. » (N36)
Peur du crime « Parce que je pense que plus de femmes blanches sont instruites… Je crois que de plus en plus de femmes blanches — peut-être depuis leur tout jeune âge — commencent à travailler. Elles sont plus indépendantes. Mais dans le cas des immigrantes — des femmes de pays différents — en raison de la culture de ces pays, certaines femmes ne sortent plus travailler une fois qu’elles sont mariées. Donc, à leur arrivée dans un nouveau pays, elles dépendent entièrement de leur époux. Ça fait encore plus peur. » (N10)
Peur du crime « Tout dépend de depuis combien de temps l’immigrante est ici, ainsi que de son degré d’assimilation et d’intégration. Quand on est immigrante, on a peur, surtout lorsqu’on ne parle pas la même langue et qu’on n’a pas la même perception des choses … elle laisse une culture pour en accueillir une autre, la culture dominante. Elle doit s’adapter, s’ajuster et apprendre ainsi qu’acquérir toutes les aptitudes sociales. Je pense que les immigrantes ont pas mal peur. Juste le fait de répondre au téléphone ça leur fait peur, tout comme sortir dans les rues, prendre l’autobus ou parler à quelqu’un. » (N33)
Peur du crime « Bien sûr. L’argent pose problème, à moins que vous soyez très riche. Les choses sont difficiles. Pour les femmes blanches, c’est leur pays natal, elles sont nées ici et y ont grandi… il est donc plus facile pour elles de se trouver du travail, comparativement aux immigrantes. Si nous n’avons pas de métier, nous avons du mal à nous trouver du travail. » (N38)
Peur du crime « Oui, oui, j’ai l’impression que… à cause des races, les gens auront plus tendance à attaquer des immigrants que des blancs. De toute façon, c’est la culture des blancs. Ils ont vécu ici toute leur vie, donc ils connaissent les endroits sécuritaires et les endroits dangereux. Même si nous vivons ici depuis un certain temps — je vis ici depuis 15 ans — je ne connais pas vraiment la culture occidentale. Il y a plusieurs endroits que je n’ai jamais visités. Je ne sais pas quels endroits sont dangereux et lesquels ne le sont pas— je n’en ai aucune idée. Je sais que la rue Hastings est dangereuse, tout comme certains endroits à Surrey, comme Whalley. Je ne connais que ces deux endroits, mais quand je parle à des femmes blanches, elles me signalent tellement d’endroits dangereux. Elles m’ont dit que le quartier près de Lougheed Mall est dangereux. Il y a tellement d’endroits que je ne connaissais pas, mais elles m’ont dit tellement de choses à leur sujet. C’est pour cela que je dis qu’elles en savent plus que moi. » (N30)
Peur du crime « Et bien, d’après moi tout cela découle de la disparité des salaires… J’ai déjà dit que j’avais vu des sans-abri au coin de Hastings et Main. J’avais l’habitude d’en parler à mes amis. Je leur demandais pourquoi l’administration municipale ne leur venait pas en aide, ne leur offrait pas un emploi ou la possibilité de nettoyer les rues ou quelque chose comme ça…pourquoi elle ne créait pas de postes et n’aidait pas ces gens à gagner un peu d’argent. Cela leur permettrait de retrouver leur dignité ou de se respecter eux-mêmes…En fait, je pense qu’il s’agit d’un déséquilibre sur le plan financier. Ils n’ont pas d’argent. Que peuvent-ils faire? Ils doivent vivre et se garder au chaud. Et même si l’administration municipale leur apporte un certain soutien, je ne pense pas que ce soit suffisant. » (N01)
Peur du crime « Je pense que le gouvernement du Canada est très gentil et qu’il permet à certains immigrants pauvres de certains pays de venir au Canada — Je ne veux pas dire qu’ils sont mauvais, mais je pense que ça fait augmenter le taux de pauvreté au Canada. Certains de ces immigrants — je ne les méprise pas là— sont en partie la cause du problème. » (N30)
Stratégies d’adaptation « J’ai certaines amies à l’église et ça me rend plus forte. Nous nous soutenons vraiment émotionnellement et mentalement. Elles m’aident à me sentir en sécurité : je me sens en sécurité avec elles et ça me fait me sentir en sécurité. Si quelque chose arrive, par exemple, si quelqu’un entre chez moi par effraction, je peux les appeler et elles m’aideront. » (N30)
Stratégies d’adaptation « Je suppose que je serais plus libre. Je n’aurais pas de réticence à prendre l’Aérotrain vers minuit toute seule. Je n’aurais pas à m’inquiéter des vêtements ou des bijoux que je porte ou du sac à main que j’ai. » (N04) « Je pourrais… prendre l’Aérotrain le soir sans m’inquiéter. Je ferais des promenades le soir sans inquiétudes, ce qui me ferait faire de l’exercice. Oui, je n’aurais pas autant de restrictions dans la vie et je ne m’en imposerais pas autant. » (N26)
Stratégies d’adaptation « Non, ce n’est pas juste. Ce n’est pas juste parce que certaines de ses amies travaillent le soir. Elles doivent revenir à la maison le soir en autobus entre autres, donc ce n’est vraiment pas juste. Elle a travaillé quelque temps— pendant un mois — elle prenait l’autobus et rentrait le soir, c’était donc inquiétant. » [interprète] (N11)
Stratégies d’adaptation « Je pense que les femmes ne devraient pas trop sortir le soir. Elles ne devraient pas fréquenter les bars ou des endroits de ce genre. » (N30) « C’est peut-être la façon qu’elles ont de s’habiller. Je pense que c’est la seule chose qui peut pousser les gens à dire qu’une femme l’avait cherché. Quand elles portent des vêtements ou qu’elles adoptent des attitudes très suggestifs, ou encore, lorsqu’elles boivent et qu’elles perdent le contrôle… c’est ce qui me dérange lorsque je vois des jeunes filles se servir de leur corps et [lorsqu’elles entendent] dans des émissions à la télévision tout le temps, [dire] qu’une femme a été violée parce qu’elle [inaudible], portait des vêtements très provocants. Je pense que c’est la seule chose qui me dérange et je me demande alors pourquoi on cherche des problèmes. » (N25)
Stratégies d’adaptation « … non, ce n’est pas juste, mais vous savez quoi? Ce ne le sera jamais. Vous devez donc peser les pour et les contre, pour voir si ça en vaut la peine. » (N20) « Ce n’est pas juste, mais c’est la vie, pas vrai? ... Vous devez respecter les limites. » (N25)
Stratégies d’adaptation « La façon dont les hommes et les femmes pensent — stéréotypes associés au sexe. C’est juste le système patriarcal, tout découle de ça. Les femmes sont considérées comme le sexe faible, on les perçoit comme des personnes plus faibles. Et, tant que c’est comme ça, elles seront plus exploitées que les hommes. » (N04)
Stratégies d’adaptation « Essentiellement, c’est la prise de conscience. Il faut d’abord savoir prévenir les agressions et éviter d’en être victime. Voilà comment on aide les immigrantes à ne pas être victimes… la police est le dernier recours. Un : prise de conscience; deux : action et trois : aide de la police. » (N30)
Comprendre le sécurité pour les immigrantes C’est trompeur de parler uniquement de la peur des « femmes » à l’égard de la criminalité – il ne s’agit pas d’une expérience uniforme Les impolitesses quotidiennes, les messages des médias ambivalents, les menaces d’attaque PLUS la possibilité de conflits raciaux ou de discrimination L’intervention auprès des immigrantes se traduit par des solutions liées à la justice criminelle ainsi que de l’aide à l’établissement et à intégration Les immigrantes seront consultées dans le processus de quête de solutions