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Quand et comment les orfèvres devinrent banquiers ?. 1640 à Londres et Amsterdam les orfèvres gardent dans leurs coffres les objets de valeur, et fournissent un reçu détaillé nominatif : un certificat de dépôt « à vue ».
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1640 à Londres et Amsterdam les orfèvres gardent dans leurs coffres les objets de valeur, et fournissent un reçu détaillé nominatif : un certificat de dépôt « à vue »
Progressivement les certificats de dépôt deviennent anonymes et n'indiquent plus que la valeur en livres sterling au lieu des objets eux-mêmes. Cet anonymat permet le remboursement par prélèvement sur l'ensemble des valeurs détenues dans les coffres Ces valeurs sont maintenant des «réserves» composées d'éléments interchangeables.
Ces certificats de dépôts seront bientôt établis « au porteur ». Le déposant peut alors remettre directement le certificat en paiement, au lieu d'être obligé de venir retirer les pièces ou les lingots.
Le détenteur pourra à son tour utiliser ce certificat en tant que moyen de paiement, ou se faire rembourser en or, argent ou monnaie locale, Ces certificats circuleront jusqu'à l'étranger car les orfèvres ont alors établi un large réseau de correspondants de confiance Ceci contribue à retarder les demandes de remboursement.
Pour le moment, les certificats de dépôts compensent exactement le montant des valeurs retirées de la circulation. La masse monétaire demeure strictement inchangée, seul l'aspect matériel des paiements est modifié. La circulation des certificats remplace en partie la circulation des métaux précieux.
Le bilan de l’orfèvre avec couverture intégrale ressemble à ceci:
Les orfèvres constatent que le stock de métaux précieux ne descend jamais en dessous d'un certain seuil: En effet : 1) les dépôts nouveaux tendent à équilibrer les retraits, 2) la probabilité pour que tous les certificats émis soient présentés à la fois pour être convertis est très faible.
Une couverture en métal précieux à 100 % des certificats devient inutile -Vient donc l'idée de faire fructifier cet or et cet argent qui «dorment» Vers 1665 les orfèvres vont commencer à émettre des certificats en échange de simples reconnaissances de dette. L'orfèvre remet donc à son client emprunteur, des certificats de dépôts en tout point identiques à ceux qu’ils remets aux déposants de valeurs.
Au lieu d'une couverture intégrale, l'orfèvre dispose donc maintenant d'une couverture partielle. L’orfèvre, simple gardien des valeurs confiées par ses clients, est devenu banquier: il crée des instruments d’échanges, de la monnaie.
Le bilan de l'orfèvre-banquier avec couverture partielle, ressemble donc à ceci.
Cette nouvelle transformation de la profession d'orfèvre repose sur: a) la quasi certitude de solvabilité future de l'emprunteur. b) l'absence future de toute demande généralisée de conversion en métal. Progressivement la quantité de monnaie résulte de demandes de financement et non plus de la découverte d’or et d’argent.
Nous allons essayer de comprendre comment l’ensemble du système bancaire procède Pour la suite de cet exposé, nous considérerons juste que les banques commerciales forment un ensemble (une structure unique : « le système bancaire commercial »)
En effet, si on analyse la création de monnaie par chaque banque prise individuellement, il faut immédiatement expliquer la « compensation » entre elles, ce qui est complexe dans le cadre de ce petit résumé . … mais vous pouvez trouver l’explication développée sur http://monnaie.wikispaces.com/ et le menu "Création monétaire"
Nous avons donc, à l’heure actuelle, un système hiérarchique qui est le suivant:1 - La banque centrale qui est « la banque des banques ».Cette banque centrale dispose de l’exclusivité de l’émission de la monnaie fiduciaire (billets de banque). Elle est également la dépositaire des « réserves obligatoires » que doivent détenir les banques, en « monnaie centrale », chez elle.2 - Les banques commerciales et coopératives qui seules peuvent créer la monnaie de crédit: ce sont les seules qui nous intéressent dans cet exposé.Les « établissements de crédit » (y compris les banques commerciales) peuvent en plus prêter de l’épargne existante (ou qu’ils se procurent sur le marché monétaire), c’est « l’intermédiation ».
Imaginons qu’aucune monnaie n’existe préalablement. Un entrepreneur Monsieur X ouvre la porte d’une banque et demande « un crédit de 100 000 € ». En échange (en garantie) il apporte une reconnaissance de dette, une hypothèque, un nantissement, la caution de sa belle-mère, etc…
Le banquier lui fait confiance: il ouvre un compte au nom de Monsieur X et sur son bilan de banque, il écrit :
Cette double inscription à l'actif et au passif de la banque constitue l'acte créateur de la monnaieC'est ce qu'on appelle "monétiser". Monétiser c'est injecter de la monnaie qui n'existait pas auparavant, en contrepartie d'une créance, d’une obligation, d’un actif, ou d’une reconnaissance de dette. Seules les banques ont évidemment le droit de procéder ainsi. Profitons en pour remarquer que si Monsieur X rembourse sa dette à la banque il n'y a simplement plus de monnaie qui existe (la monnaie est détruite).Remarquons aussi que la banque n'a pas, simultanément, créé la monnaie des intérêts qu'elle réclame pour son service. Ces montants n'existent donc pas pour le moment
Monsieur X va pouvoir, à partir de ce moment là régler ses achats à ses fournisseurs (qui ont tous leurs compte dans cette banque unique), Messieurs Y pour 30 000 et Z pour 60 000à partir de son compte.
Mais puisque nous sommes dans l’hypothèse d’une banque unique, tous ces paiements vont se retrouver dans les comptes de Y ou Z, toujours au passif de la banque. Le total de 100 000 € ne variera pas et le bilan de la banque restera en équilibre
On voit donc qu’une banque n’a aucun besoin de disposer d’argent, de dépôts préalables d’épargnants ou de déposants, pour « faire un prêt ». Elle va se contenter de « monétiser une créance » en créant de la monnaie.
Mais, s’il ne s’agissait pour un banquier unique que de « faire crédit » et en l’absence de toute autre obligation, il pourrait donc créer toute la monnaie qui lui est demandée par les « agents non financiers »
Trois règles importantes limitent la possibilité de création de monnaie par les banques et le système bancaire commercial.1 - disposer de fonds propres équivalents à 8% des crédits (règle de « Bâle II »)2 - fournir en monnaie centrale (billets de banque) les demandes de la population. Statistiquement ces demandes représentent environ 13% des nouveaux crédits: or, seule la Banque Centrale peut fournir ces billets 3 - disposer sur leur compte en Banque Centrale de réserves obligatoires (actuellement 2% des dépôts)
En considérant que le système bancaire dispose des fonds propres suffisants (8% des crédits), les « fuites » en monnaie centrale qui représentent donc 15% (13% de billets et 2% de réserves obligatoires) limitent sa capacité créatrice de nouvelle monnaie scripturale bancaire (monnaie secondaire). On démontre facilement que, s'il dispose ou peut disposer de 100 de monnaie centrale, le système bancaire peut, avec les données précédentes, créer 678 de monnaie scripturale secondaire et, bien sur, demander des intérêts sur celle-ci.
La capacité multiplicatrice de l’ensemble des banques augmente:- Si les pourcentages de réserves obligatoires diminuent, - Si les demandes de billets diminuent,Chaque réseau bancaire pris séparément voit ses capacités d’émission de monnaie augmenter si sa part de marché de dépôts augmente.
Mais outre la "monétisation" d'une demande de prêt de la part d'un ménage ou d'une entreprise dont nous venons de voir l'exemple avec Monsieur X (créances sur l'économie qui représentent la plus grosse part de l'émission monétaire # 75%), il existe deux autres sources de création monétaire:- lorsque le Trésor Public émets des "bons de Trésor" dans le but de financer un déficit, l'achat par les banques se fait directement par création monétaire (monétisation de la dette publique par le système bancaire): ce sont les créances sur les administrations publiques (# 20% du total)- lorsque les banques prêtent de l'euro à l'extérieur de la zone euro, elles créent de la monnaie à cette occasion (créances sur l'extérieur, # 5% du total)
Je précise bien que nous avons parlé ici de la création de «monnaie» bancaire privée scripturale et non du second rôle des banques, celui de «circulateur d’épargne». Comme l’écrit André Chaîneau : «L'étonnant est que pendant très longtemps - et peut-être même encore ! - la création monétaire a été ignorée comme élément des moyens de financement de l'économie ! En effet, la théorie limitait l'offre de fonds prêtables à n'être qu'une offre de ressources épargnées par les agents du secteur non bancaire, une offre qui ne débordait pas du cadre de ce secteur non bancaire. En conséquence, le secteur bancaire était ignoré! Mais le problème que les banques vont maintenant poser n'est évidemment pas celui de leur existence, mais celui de leur double fonction. Elles ne sont pas seulement les institutions créatrices de monnaie étudiées jusqu'à maintenant; elles sont également des institutions collectrices d'épargne. Aussi participent-elles au financement de l'économie non seulement en y injectant de la monnaie, mais également en y faisant circuler l'épargne.»Mais, d’où vient cette épargne préalable ? Qui l’a « fabriquée » à l’origine? Je vous laisse y réfléchir …
En résumé:"Avant", les orfèvres / banquiers s’engageaient à remplacer les certificats de dépôts par des valeurs (or ou argent) équivalentes."Maintenant" les banques s’engagent à remplacer sans délai leur monnaie de crédit par de la monnaie centrale (billets de banque) sur simple demande. La monnaie, ce sont donc ces engagements des banques qui circulent dans l’économie et sont reconnus comme moyens de paiement. Ces engagements sont eux mêmes représentatifs des créances des agents économiques non bancaires (entreprises, ménages, administrations).
La monnaie est classée en « agrégats »du plus ou moins facilement disponible (on parle de « liquidité)M1= Billets et pièces + dépôts à vueM2 = M1 + dépôts à préavis de moins de 3 mois+ dépôts à terme de moins de 2 ans M3 = M2 + titres en pension + OPCVM + Titres de créances à moins de 2 ansSur les chiffres des agrégats de la zone euro qui suivent, la France détient environ 20%
La monnaie de base (monnaie banque centrale) en octobre 2009 est de 1070 Md€La monnaie scripturale bancaire en M1 est de 3737 Md€ (le multiplicateur est donc de 3,5) M3 est de 8442 Md€ (le multiplicateur est donc de 7,9)Le total des créances détenues par les banques est d'environ 16000 Md€, le multiplicateur est sensiblement de 15