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Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la Révolution tranquille et que vous n’apprendrez pas dans Maclean’s. Déjeuner-causerie de l’ASDEQ 23 novembre 2010 fortin.pierre@uqam.ca Université du Québec à Montréal. Erreur de prévision.
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Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la Révolution tranquille et que vous n’apprendrez pas dans Maclean’s Déjeuner-causerie de l’ASDEQ 23 novembre 2010 fortin.pierre@uqam.ca Université du Québec à Montréal
Erreur de prévision « J’ai confiance que les Canadiens français rateront encore une fois le tournant. » Pierre Trudeau Le Devoir (janvier 1960)
Feuille de route 1 Où étions-nous en 1960 ? 2 Quels objectifs poursuivait Jean Lesage ? 3 Qu’avons-nous accompli de ce projet ? 4 Que nous reste-t-il à faire ?
Le paradis sous Duplessis ? « De toute son histoire moderne, depuis la fin du 19e siècle, le Québec a vécu une croissance forte, parallèle à celle de l’Ontario. La période immédiatement antérieure à la Révolution tranquille se distingue même comme l’une des plus prospères de toute l’histoire. » Jean-Luc Migué (Étatisme et déclin du Québec, 1998)
Notre niveau de vie avait baissé à 21% sous celui de l’Ontario – et y restait
Notre taux d’emploi diminuait sans cesse en niveau absolu et relatif
Nos femmes tardaient à joindre les rangs de la population active
En 1960, les 2/3 des jeunes Québécois étaient sans diplôme Répartition de la population de 25 à 34 ans selon le plus haut diplôme obtenu 1960 DiplômeQuébecOntario Aucun 66 49 Secondaire 15 26 Coll/Prof/Tech 14 17 Universitaire 5 9 Total 100100 Scolarité moy. (ans) 9,5 11,0
« Nègres blancs d’Amérique » Indicateur (1961)CFQNA Années de scolarité des 9,8 10,8 hommes de 25 à 29 ans Salaire moyen en % de 52 % 54 % de celui du groupe dominant Sources : T. Lemieux, F. Vaillancourt, D. Card et A. Krueger.
En résumé… Dans les années 1950, l’économie québécoise était bien portée par l’expansion continentale et progressait au même rythme par habitant que l’ontarienne Mais : -- nos salaires et notre niveau de vie restaient bien inférieurs et aucun rétablissement n’était en vue -- le taux d’emploi de nos hommes se détériorait -- celui de nos femmes accusait un retard croissant -- nos jeunes étaient fortement sous-scolarisés -- le sort des CFQ était comparable à celui des NA L’État québécois était aussi actif qu’en Ontario en % du PIB, mais avait moins investi et était moins endetté
Les objectifs de Jean Lesage « Nous constituons une minorité ethnique qui a pu survivre, mais dont la puissance matérielle est loin de correspondre à celle de nos compatriotes de langue anglaise. Dans certains domaines, nous avons accumulé des retards d’au moins une génération. C’est pour cette raison que nous devons tant faire aujourd’hui et que nous devons faire si vite. Nous possédons un levier commun, notre État du Québec. Nous serions coupables de ne pas nous en servir. Notre triple objectif est d’améliorer la culture et l’éducation, d’instaurer un meilleur niveau de santé et de bien-être et de favoriser le progrès économique de la Province. » Jean Lesage (Discours du Budget, avril 1962)
Les fins poursuivies et l’instrument Quatre objectifs furent fixés : 1) développement scolaire : égaliser les chances 2) développement économique : créer la richesse 3) épanouissement des francophones : favoriser leur maîtrise de l’économie 4) développement social : répartir équitablement la richesse L’instrument privilégié était l’État québécois, qu’il fallait mettre au service de ces objectifs
Rien ? « The empty revolution » The Gazette (avril 2000)
2) La plus forte pousséede scolarisation Nombre moyen d’années de scolarité complétées par les 25-34 en 1961 et en 2001 Région19612001Hausse Québec 9,5 14,4 +4,9 Ontario 11,0 14,7 +3,7 États-Unis 12,2 13,1 +0,9 Sources: Statcan; U.S. Census Bureau.
Forte concentration au collégial/professionnel/technique Répartition de la population de 25 à 34 ans selon le plus haut diplôme obtenu en 2006 DiplômeQuébecOntario Aucun 12 9 Secondaire 16 24 Coll/Prof/Tech 45 35 Universitaire 27 33 Total100100 Source: Statcan.
C’est la hausse de l’emploi qui nous a fait rattraper l’Ontario
L’équipement productif par travailleur est le même au Québec qu’en Ontario
En productivité, le Québec et l’Ontario sont nez à nez, mais loin derrière les É-U Production par heure travaillée au Québec, en Ontario et aux États-Unis (É-U = 100) RégionHausse cum.Niveau de 2000 à 2008 en 2008 Québec 7,5% 78 Ontario 6,4% 78 États-Unis 17,0% 100 Sources : Statcan; OCDE.
4) La place des francophones dans l’économie a été normalisée RémunérationEmploi sous contrôlerelative des HFUfrancophone 1960 52 % 47 % 1980 74 % 55 % 1990 74 % 65 % 2000 76 % 67 % Source : F. et L. Vaillancourt et D. Lemay.
5) La répartition du revenu est moins inégale au Québec que partout ailleurs Mesures des inégalités socio-économiques en Amérique du Nord en 2007 Taux deDegréPart du 1%pauvretéd’inégalitéle plus riche Québec 8,5 % 0,30 11 % CHQ 10,6 % 0,33 15 % É-U 13,2 % 0,37 24 % Sources : RHDCC, ÉRL, U.S. Census Bureau.
La part du gâteau allant aux salaires n’a pas changé depuis 35 ans Pourcentages du revenu intérieur allant à la rémunération et aux profits au Québec AnnéeRémunérationProfits 1974 76 18 1988 74 16 1999 74 18 2007 75 16 Source: Statcan. Les années choisies correspondent aux sommets successifs de la conjoncture. Le reste du revenu intérieur est absorbé par les intérêts et autres revenus de placement.
En résumé Les objectifs fixés par le premier ministre Lesage ont été atteints dans une large mesure : 1) objectif scolaire : notre niveau de scolarisation moyen a presque rejoint celui de l’Ontario 2) objectif économique : nous avons aussi rejoint l’Ontario en productivité et en niveau de vie 3) objectif national : les francophones ont grandement accru leur maîtrise de l’économie 4) objectif social : la répartition de notre richesse est la moins inégale d’Amérique du Nord
Quelle part de ces succès est vraiment due à la Révolution tranquille ? Impossible à mesurer précisément, mais la RT a sûrement donné une bonne poussée : -- à la scolarisation des jeunes -- à la révolution féminine -- à l’accès des entreprises aux capitaux -- à l’accès des francophones aux meilleurs emplois, aux postes de commande et à la propriété des entreprises -- à la mise en place d’une infrastructure énergétique propre et à bon marché
Que nous reste-t-il à faire ?
J’ai mal à mon État Après avoir porté notre idéal, l’État est vite devenu : -- exécré par les grands syndicats du secteur public : « l’État, rouage de notre exploitation » -- identifié à des machines bureaucratiques, syndicales et professionnelles sans âme, sous- performantes et bloquées -- kidnappé par les groupes d’intérêts et exposé à la corruption -- protecteur de grands secteurs intouchables (électricité, agriculture, construction, santé) -- marqué par des crises financières à répétition (1982, 1996, 2010)
Défis du temps présent 1) Redresser les finances publiques (encore) 2) Revoir en profondeur nos façons de faire en santé, en éducation, en infrastructures 3) Défaire les monopoles, privilégier l’émulation 4) Bien se préparer au choc démographique 5) Accélérer notre performance économique afin de rejoindre la productivité américaine, maintenant que c’est fait pour l’Ontario
Mot de la fin « Ce qu’il nous faut au Québec? Mais avoir l’ambition de nos talents, pour l’amour du ciel! » Lise Watier