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Contre la démolition, pour l’intégration les mouvements urbains dans les quartiers informels. Hakan YÜCEL, www. hakanyucelgsu.wordpress.com hakanyucel1970@gmail.com. La ville informelle.
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Contre la démolition, pour l’intégration les mouvements urbains dans les quartiers informels • Hakan YÜCEL, • www. hakanyucelgsu.wordpress.com • hakanyucel1970@gmail.com
La ville informelle • « ... La grande réponse des pauvres a été la production de cet habitat précaire qui a proliféré un peu partout dans les années 1950-1970, avec, en complément, un habitat de trottoir et une occupation des taudis. On observe d’abord l’universalité de la baraque, dans sa précarité, avec ses planches, ses tôles, ses vieux pneumatiques, ses cartons... et son exiguïté pour loger des familles entières. Tantôt elles s’entassent sans ordre apparent, avec un minimum d’espace de circulation, de ruelles et d’impasses; tantôt elles s’alignent au long des rues mieux tracées, lorsque l’invasion a été “planifiée”. Elles occupent toujours des terrains qui appartiennent à d’autres ». • Michel Rochefort, Le défi urbain dans les pays du Sud, L’Harmattan, 2000, p 75
La ville informelle • Les quartiers de gecekondu qui englobent désormais plus d’un quart de la population urbaine turque ont vécu un processus d’intégration urbaine en vue de leur évolution physique et de leur légalisation que nous pouvons résumer en trois étapes : 1)l’émergence des habitations construites illégalement, • 2) la consolidation de ces zones illégales par la croissance horizontale et la création des quartiers informels, • 3) …et enfin la croissance verticale par l’émergence des immeubles à plusieurs étages comme figures matérielles de leur intégration urbaine
LES GECEKONDU ET LA POPULATION DES GECEKONDU EN TURQUIE • Période nombre de gecekondu pop. des gecekondu % de la pop. urbaine • 1955 50.000 250.000 4.7 • 1960 240.000 1.200.000 16.4 • 1965 430.000 2.150.000 22.9 • 1970 600.000 3.000.000 23.1 • 1980 1.150.000 5.750.000 26.1 • 1990 1750.000 8.750.000 33.9 • 1995 2.000.000 10.000.000 35.0 • 2002 2.200.000 11.000.000 27.0 • Source : Ruşen Keleş, Kentleşme Politikası, Ankara : Imge Yay., 7e édition, p. 557
L’étalement spatial de la ville Croissance urbaine historique d’Istanbul depuis l’époque byzantine..
Mouvements de gecekondu en Turquie • Nous empruntons la théorie des mouvements sociaux urbains à Manuel Castells comme base du cadre théorique des mouvements des gecekondu. • Manuel Castells résume le mouvement urbain en fonction des demandes sociales issues d’un territoire donné : « Les mobilisations sociales dont les buts concernent la vie urbaine et qui sont organisées sur un territoire donné se sont concentrées sur trois grands types d’objectifs : les revendications sur les conditions de vie et la consommation collective en milieu urbain ; l’affirmation de l’identité culturelle locale ; et la conquête de l’autonomie politique locale et de la participation citoyenne ».
Mouvement social ou conflit urbain? • De même, dans le cadre des conflits urbains, Catherine Trudellenous décrit six formes de conflits visant une typologie capable de combler les insuffisances de celles déjà établies à ce sujet par le biais d’une notion plus large, le « conflit urbain » que celui du « mouvement social ». • Elle formule six différents types conceptuels : • 1)Les conflits liés à l’approvisionnement en logements, bien et services urbains. • 2)Les conflits liés à l’accès aux logements, biens et services urbains. • 3)Les conflits liés au contrôle et à l’administration de ces logements, bien ou services urbains. • 4)Les conflits liés à la sécurité, à la protection et préservation des logements, biens ou services urbains d’un territoire défini (très souvent les quartiers), contre des menaces sociales ou physiques. • 5)Les conflits liés à la protection ou à la reconnaissance de l’identité politique ou culturelle. • 6)Enfin, les conflits liés à la localisation d’équipements, de logements, de biens ou de services urbains. • Catherine Trudelle, « Au-delà des mouvements sociaux : une typologie relationnelle des conflits urbains », in Cahiers du Géographie du Québec, volume 47, n°131, septembre 2003, p.232.-235.
Gecekondu – mouvement urbain • Les zones de gecekondu s’inscrivent au sein des mouvements urbains d’une façon permanente par leur création, par leur résistance contre la démolition, par leurs revendications pour l’infrastructure urbaine, les services sociaux et la légalisation des habitats. • Autrement dit, l’appropriation de ce qui est nécessaire pour la création de la vie quotidienne dans ces nouvelles zones urbaines dépend de ces mouvements urbains.
Les particularités des mouvements de gecekondu • Sema ERDER définit les particularités des mouvements de gecekondu ainsi : • Les mouvements de gecekondu se forment [avant tout] contre la démolition. • Ils s’émergent essentiellement quand le problème apparaît. • C’est une lutte d’intégration urbaine. • Le but est la légitimation / enracinement urbain. • Le mouvement de gecekondu est un mouvement de solidarité.
Première période • Les mouvements de gecekondu des années 1950-60 n’étaient pas politiques et organisés. Les zones de gecekondu étaient habituellement dispersées et construites par des groupes de personnes indépendants les uns des autres. • “Les assocations de l’embelissement du quartier” étaient dominantes dans cette période. Les habitants de ces quartiers informels usaient le clientelisme dans leur relation avec le centre politique.
Première période • La population des gecekondu est devenue importante quantitativement et qualitativement durant cette décennie. En 1960 les habitants des gecekondu formaient 18% de la population urbaine avec une population de 1,5 millions, tandis qu’en 1980 ce chiffre va en augmentant jusqu’à atteindre le quart de la population urbaine avec plus de 6,5 millions d’habitants. Ainsi, par la force des choses, les interprétations envisageant une population marginale sont rendues impossibles. • L’autre changement se situe dans le glissement d’une population docile et/ou qui se satisfaisait de chercher une solution pour leurs problèmes au sein d’un système clientéliste vers une population qui devient de plus en plus revendicative.
2e période • En revanche, dans les années 1970 cet état s’est transformé, les mouvements de gecekondu devenaient plus politisés face aux contraintes légales fortes Dans le contexte des mouvements urbains il s’agissait de plusieurs groupes organisés comme des syndicats, des associations... Certaines mairies de gauche appelaient à la participation directe des habitants sur les questions urbaines par le biais des comités du peuple.
2e période • Hamit Bozarslan décrit la population des gecekondu dans son analyse de la décennie 1970 au sein des acteurs sociaux revendicatifs, avec une jeunesse estudiantine et une classe ouvrière en quête d’intégration au système politique. • Hamit Bozarslan, « Le chaos après déluge ? Notes sur la crise turque des années 70 », Cultures et Conflits, n°24-25, Hiver-printemps 1996-1997.
2e période • Les groupes de gauche radicale qui ne se souciaient pas de rester toujours dans la légalité formaient une force influente dans les mouvements urbains. Ils jouaient des rôles actifs et quelques fois même manipulateurs, ils devenaient des éléments de solidarité. Certains d’entre eux créaient des modèles conformes aux exemples des autres pays et au marxisme traditionnel, les autres avaient tendance à suivre un chemin “local”/“authentique”. Le mouvement des gecekondu occupait une place primordiale dans ce contexte. Il concernait aussi les mobilisations des masses en quête de bénéficier des services urbains. • Le fait est que la diffusion des réseaux informels se développait comme un jeu où l’Etat devenait aussi un des acteurs. Ainsi, le “modèle” d’urbanisation de la période avant 1980 était l’urbanisation populaire selon la description de Jean Robert, autrement dit l’habitation informelle.
2e période • La cause principale qui a nécessité l’intervention de l’Etat fut le fait que ces mouvements de gecekondu devenaient de plus en plus des mouvements politiques organisés. • Ces mouvements hors systèmes, difficiles à assimiler, avaient le soutien populaire. Il s’agit là d’un changement radical par rapport à l’ancienne forme des mouvements de gecekondu qui parvenaient à empêcher les conflits sociaux entre le système et les groupes informels. • Les nouveaux mouvements proposaient des solutions alternatives au problème de l’habitat, comme ils le faisaient d’ailleurs pour d’autres problèmes sociaux. Ainsi, les institutions officielles envisageaient la nécessité d’intervenir dans l’affaire.
2e période • L’analyse de H. Bozarslan sur la décennie 1970 nous parait explicative sur les relations des habitants des gecekondu et les militants des mouvements de gauche radicale au sein des mouvements des gecekondu, dans les quartiers construits durant cette période : « ...Le mouvement ouvrier connaît une remarquable mobilisation dans la Turquie de cette période, et produit également des formes d'action violente qui dépassent le cadre du "travail" pour s'insérer dans les gecekondu de nombreuses grandes villes du pays, autour des revendications collectives pour la défense des lots de terrain construits, contre la cherté de la vie etc. • Ces mobilisations méritent des études approfondies qui manquent cruellement, et nous nous contenterons de préciser qu'elles trouvent dans le dynamisme des groupes de gauche une force combative, ce qui explique leurs interpénétrations ». • .
2e période • Le mouvement des gecekondu n’était pas considéré par les mouvements de gauche radicale comme une simple question d’habitat ; ils projetaient de créer des espaces hors les institutions formelles. Les gecekondu faisaient partie de cette utopie: “La question de l’habitat fait partie de la lutte de classe”. • Ainsi, les groupes de gauche reprenaient l’idée d’Engels sur la question de l’Habitat qui prétend que la question de l’habitat est issue de la nature du système capitaliste et qu’on ne pourrait pas la résoudre dans le contexte de ce même système. • Le peuple doit donc prendre en charge soi-même son habitat et résister aux tentatives de démolition. Dans ce contexte, les groupes de gauche construisaient des quartiers de gecekondu planifiés sur des terrains appartenant souvent à l’Etat (au trésor public). • Frederich Engels, La question du logement, Paris : Editions sociales, coll. Bibliothèque du marxisme, 1996.
Les quartiers crées par les luttes urbaines • Durant cette même décennie plusieurs quartiers se sont formés avec la participation ou par l’initiative des groupes de gauche comme celui de Mustafa Kemal Paşa Mahallesi [ancien quartier de 1 Mayıs (1 Mai !)] que la Marie d’Ümraniye a désigné comme un gecekondu de deuxième génération étant donné qu’il s’est développé dans les années 1970 et s’est formé comme le produit d’installation issue des relations informelles à l’exemple des autres quartiers de la même génération. • L’exemple emblématique de ces mouvements de gecekondu était le quartier du « 1 Mai » ; mais la résistance contre les démolitions avec la contribution des groupes de gauche émergeait aussi ailleurs et était soutenu par les groupes de gauche modéré y compris par le Parti Républicain du Peuple (CHP), ce que nous pouvons observer à travers des déclarations légitimant les occupations de terrains pour la construction des gecekondu.
Les quartiers crées par les luttes urbaines • Les mouvements des gecekondu visent essentiellement la résistance aux démolitions et la lutte contre les dites mafias de terre. Ces mouvements, influents dans la décennie 1970, ont continué à travers certains exemples emblématiques mais sans avoir la même ampleur et sans obtenir le même soutien populaire que les autres. • Là, l’exemple du quartier Küçük Armutlu serait intéressant à traiter. Les terres où le quartier s’est édifié appartenaient à une université et au trésor public mais étaient occupées par un groupe de mafia de terre qui s’est exclus à la suite du quartier par l’intervention d’un mouvement de gauche illégal qui a pu organisé les habitants contre eux. • Les habitants ont aussi résisté aux tentatives de démolitions et aux interventions policières parfois sanglantes. La différence entre cet exemple et celui du 1 Mayıs [1 Mai] est sa stigmatisation plus forte par le biais des médias et des autorités publiques.
Mouvements-identités • Nous soutenons l’hypothèse que les luttes pour la construction et le maintien des gecekondu et les revendications pour leurs légalisations et l’obtention de services publics pour ces zones d’habitations contribuent à la formation des identités territoriales. • C’est ainsi que les gecekondu de la deuxième génération deviennent plus favorables que les précédents à la formation de l’identité de quartier, car, comme l’écrit Manuel Castells : « Un environnement local n’induit pas en soi des structures spécifiques de comportement ni d’ailleurs une identité distinctive. Mais, les gens résistent à la dynamique de l’individualisation et de l’atomisation sociale : ils tendent à se regrouper en organisations communautaires, qui avec le temps, créent un sentiment d’appartenance et en définitive, dans bien des cas, une identité culturelle. Pour en arriver là, il faut un processus de mobilisation sociale : les habitants doivent s’engager dans des mouvements urbains où ils découvriront et défendront des intérêts communs, partageront un vécu et produiront peut-être un sens nouveau ». • ManuelCastells, Lepouvoir de l’identité, Paris: Fayard, 1999, p.80.
3e périodeLa lutte contre la transformation urbaine à Istanbul • Depuis deux décennies, surtout Istanbul vit l’impact de la transformation urbaine. • Il s’agit des projets fondés sur les revendications du marché libéral, et qui ont comme conséquence la gentrification.
Résistence contre la transformation urbaine • On peut regrouper les forces d’oppositions en 9 catégories. • Les ONG • Chambres professionnelles • Les groupes politiques • Les initiatives civiles • Les universités • Les organisations de coopération • Les médias • Les organisations des quartiers • Les organisations internationales
La lutte des organisations des quartiers de gecekondu d’Istanbul • Les groupes organisés dans les quartiers de gecekondu sont les plus puissants acteurs contre la transformation urbaine à Istanbul.
Les facteurs • - question de la propriété • -les pratiques de solidarités dans ces quartiers • -l’appartenance au quartier/les réseaux de parenté • -engagement politique et les groupes politiques dominants.
Les stratégies de lutte • Ils sont toujours contre les transformations urbaines, ils suivent les nouveautés dans le domaine des poltiques d’urbanisation et ils changent leurs revendications selon la conjoncture. • Des fois il s’agit une certaine institutionnalisation des fois ils luttent sans fonder une association. • La lutte se déroule essentiellement dans le domaine juridique (procès, pétitions contre les projets de transformation urbaine) • Coopération avec les autres acteurs, les groupes contre la transformation urbain, les universitaires… Ainsi, ils organisent des manifestations, des déclaration pour les médias… Aussi ils font des études, des projets alternatif afin de reformuler leur revendication.