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CONDUITES S UI CIDAIRES & RAPPORT SUBJECTIF AU TRAVAIL. Angélique Ragot Interne en Psychiatrie. Médecine E - CHU d’ANGERS - L.E.E.S.T (Laboratoire d’ergonomie et d’épidémiologie en santé au travail). Dr Marie-Pierre Guiho-Bailly Psychiatre, Praticien attaché.
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CONDUITESSUICIDAIRES& RAPPORT SUBJECTIF AU TRAVAIL Angélique Ragot Interne en Psychiatrie Médecine E - CHU d’ANGERS - L.E.E.S.T (Laboratoire d’ergonomie et d’épidémiologie en santé au travail) Dr Marie-Pierre Guiho-BaillyPsychiatre, Praticien attaché
SUICIDE AU TRAVAIL, SUICIDE ET TRAVAIL:UN PHÉNOMÈNE RÉCENT ? • Suicides et TS sur les lieux de travail semblent être apparus dans les pays occidentaux au cours de années 1990 (Dejours, Bègue, Suicide et Travail: Que faire?, PUF, 2009) • Auparavant : dans le secteur agricole (salariés, puis petits exploitants – lieu de vie/lieu de travail) • Puis : industrie, BTP, secteur bancaire et assurances, Hôpitaux, Médico-social, établissements scolaires...: l’alerte sans écho des médecins du travail • Médiatisation depuis 2007: suicides enregistrés chez Renault, Peugeot, EDF, Telecom,.. • Premières reconnaissances en accident du travail • l’interrogation sur les évolutions du monde du travail (nouvellestechnologies, intensification du travail (M.Gollac, S.Volkoff) précaritéobjective, précarisation subjective (D.Linhart),techniques managériales… )
SUICIDE AU TRAVAIL, SUICIDE ET TRAVAIL:UN PHÉNOMÈNE FRÉQUENT ? (1) • EPIDEMIOLOGIE:Des données imprécises et contestées: Peu d’études, de faible valeur épidémiologique (faible échantillon) • ORS en Bourgogne (1999-2000) auprès médecins du travail (Besse, Foglia) : prospectif sur un an (suicides et TS connus des médecins du travail et recherche des facteurs professionnels) • 104 médecins/165 gestes suicidaires • motif professionnel évoqué par le salarié dans un cas sur 4 • problèmes de relations à autrui plutôt que les contraintes physiques • Plus fréquent chez CSP les moins qualifiées • IMRTMO de Basse Normandie (2000) auprès médecins du travail. (Gournay et al.): rétrospectif sur 5 ans (TS et suicides liés au travail selon évaluation dumédecin du travail) • 55 Médecins; 107 situations; 43 décès • 68% H; 30-50 ans; tous secteurs professionnels • 1 TS sur 5 sur lieu de travail; AMV (50%); pendaison(25%) • Soucis personnels ou professionnels évoqués : même proportion • Professionnel: « peur de ne pas y arriver », « peur dulicenciement », management par le stress;changements; peu de harcèlement.
SUICIDE AU TRAVAIL, SUICIDE ET TRAVAIL:UN PHÉNOMÈNE FRÉQUENT ? (2) • APPROCHE COMPRÉHENSIVE:La délicate question de l’imputabilité (reconnaissance en MP ou AT, plainte au pénal) • Le risque du déni ou de l’instrumentalisation selon les interlocuteurs (direction, collègues, syndicats, famille)(« terrain dépressif », « problèmes personnels », « conditions de travail ») • Les « autopsies psychiques » : prudence! Nécessité de connaître le psychisme… et le travail! • Même chez soi, un dimanche, et avec des « problèmes personnels et familiaux », le suicide peut être en lien avec le travail… et les problèmes personnels et familiaux aussi! • Même sur le lieu du travail et avec les outils du travail, un suicide peut (exceptionnellement) être en lien avec une souffrance privée… le lieu de travail étant le seul lieuoù la personne se sentait encore bien.
DE LA QUESTION DE LA FRÉQUENCE À LA QUESTION DU SENS • « Quand un salarié se suicide pour des raisons qui sont en rapport avec le travail, c’est en fait toute la communauté de travail qui est déjà en souffrance. C’est pourquoi le nombre de suicides ici n’a guère d’importance. Un seul geste de ce genre est en soi un signe de gravité indiquant un état de dégradation très avancé du tissu humain et social du travail au sein duquel l’évènement se produit » (Dejours, 2009) : ne pas banaliser, ne pas classer sans suite • F. Daniellou (ergonome) : se refuser à « l’ autopsie psychique »; tenter de comprendre pourquoi les collègues attribuent au travail le geste suicidaire, (vulnérabilité accrue des collègues, prévention:approche collective en milieu de travail) • L’intérêt d’une approche clinique qui interroge: • La survenue d’idées suicidaires dans les situations de souffrance psychique au travail • La place du travail dans les situations de crisessuicidaires
“SE TUER POUR SON TRAVAIL…COMMENT PEUT-PON EN ARRIVER LÀ ?” • La Psychodynamique du travail (Pr. C. Dejours - CNAM, PARIS) : « l’approche psychodynamique des processus intra et intersubjectifs mobilisés par les situations de travail » : place majeure du travail dans le fonctionnement psychique et la construction identitaire • Le travail: une issue sublimatoire à certaines conditions: la psychodynamique de la reconnaissance • Le rôle de l’organisation du travail dans la fonction constructive ou pathogène du travail
SUBLIMATION, TRAVAIL ET…RETOUR SUR INVESTISSEMENT Le détournement des pulsions individuelles au bénéfice du travail de transformation du monde – ou pour citer P.Aulagnier, les aspects de partage, d’ajournement et de désexualisation inhérents au processus de sublimation — ne peut se soutenir que d’un mouvement en retour de subversion libidinale, par le biais de gratifications narcissiques et objectales, à défaut desquelles l’investissement sublimatoire (alors instrumenté au bénéfice du seul profit – au mieux communautaire ) bascule pour le Sujet du côté de ses composantes destructrices, déstructurantes P. Aulagnier, 1984, citée par C.DAVID dans « La Sublimation, concept ou valeur? », TOPIQUE, 1985,34, 61-73.
CONSULTATION DE PSYCHOPATHOLOGIE DU TRAVAIL(PathologieProfessionnelle – Médecine E-CHU Angers) • Etude faite par A.Ragot sur 2007/08/09: • 168 dossiers • 65,5% de femmes • Âge moyen : 43 ans • Grande variété de professions et de secteurs d’activité • CSP: employés majoritaires (67,9%) • Secteur tertiaire • Idées suicidaires chez 64 personnes (38%) • Encore présentes lors de la CS pour 24 (14,6 %) • NB: • rôle protecteur de l’inaptitude temporaire et de l’arrêt maladie+++ • durée moyenne arrêt maladie : 16 semaines
LES SIGNES D’ALERTE DU RISQUE SUICIDAIRE (1) • Dans un contexte collectif souvent dégradé… : • Absentéisme en augmentation, • Augmentation des demandes de mutation interne, externe, démissions, • Augmentation des addictions, de la consommation psychotropes • Augmentation des « conflits de personnes » • Augmentation des dysfonctionnements, incidents, accidents
LES SIGNES D’ALERTE DU RISQUE SUICIDAIRE (2) • …des signes individuels inquiétants, au travail • Expression vécu douloureux : incompréhension, injustice, incompétence, culpabilité, impasse, • Appréhension anxieuse échéance (évaluation, changement technique ou organisationnel, nouveau directeur, nouveau poste) • Renoncement soudain à responsabilités, projets, activités professionnellement investies • Évocation départ, démission, mutation • Labilité émotions, humeur, caractère • Désinvolture ostentatoire, cynisme, grève du zèle • Repli sur soi, froideur, mutisme, fuite lieux convivialité • Messages énigmatiques, allusifs, menaçants,désespérés (messagerie)
LE PASSAGE À L’ACTE • Un vécu de solitude insoutenable • dans un système devenu sans repères ni appuis (restructurations, disparition des solidarités) • dans un travail qui n’est plus maîtrisé (obsolescence des savoirs et savoir-faire, surcharge) • ou qui a perdu son sens (valeurs, sublimation, identité) • Un évènement professionnel précipitant • Reprise du travail après vacances ou arrêt maladie • Échéances : évaluation individuelle, date butoir fin de tâches , nouvelles responsabilités, formation • Changements de responsable, de poste, d’équipe, nouvelles technologies, nouvelles procédures • Un message adressé au milieu de travail(mise en scène, courrier)
DES SITUATIONS PROFESSIONNELLES À RISQUES • Restructuration - fusion d’entreprises (disqualification de tout se qui se faisait auparavant: « on ne savait pas travailler! ») • Disgrâce, désaveu, sans avoir démérité (changement de « têtes ») • Attaque des valeurs de métier (« sur-qualité », sens du travail): souffrance éthique+++ • Absence d’issue en terme de mobilité ( statut, emploi, qualification, âge) • Surcharge déniée par l’encadrement (burn-out) • Harcèlement moral toléré ou encouragé: vertical(descendant ou ascendant), horizontal,individuel, collectif
FACE À UNE CONDUITE SUICIDAIRE • Interroger systématiquement le rapport subjectif au travail (facteur de risque ou de résilience) • L’arrêt de travail nécessaire et suffisamment long (contact med. traitant / med. conseil) = prévention suicide++ • Convenir avec le patient des modalités de contact avec le médecin du travail (éclairage contexte entreprise; consultation pendant l’AM; pistes des changements envisageables: de poste, d’horaires, de fonctions, d’équipe… Reprise à temps partiel thérapeutique, inaptitude définitive à tout poste dans l’entreprise, réorientation professionnelle. • Pour une reprise de contact avec le milieu de travail :S’appuyer sur les « personnes ressources » désignées par le patient (confiance/solitude) • Co-thérapie: Suivi psychiatrique et en santé au travailsur la période de transition (retour au travail/changement de travail)
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