430 likes | 677 Views
Départager les agresseurs et abuseurs sexuels souffrant de troubles mentaux de ceux présentant notamment des problèmes psychoaffectifs et des distorsions cognitives Dr. Marc Ravart, M.A., Ph.D. psychologue et sexologue clinicien • Pratique privée, Montréal
E N D
Départager les agresseurs et abuseurs sexuels souffrant de troubles mentaux de ceux présentant notamment des problèmes psychoaffectifs et des • distorsions cognitives • Dr. Marc Ravart, M.A., Ph.D. • psychologue et sexologue clinicien • • Pratique privée, Montréal • • Membre senior, Unité de la sexualité humaine, • Département de psychiatrie à l’Hôpital général de Montréal • marc.ravart@videotron.ca
Toutes les personnes souffrant de troubles mentaux graves ne sont pas violentes sexuellement, et toute violence sexuelle n'est pas attribuable à la maladie mentale. Le fonctionnement cognitif, affectif, sexuel et relationnel de la majorité des abuseurs et agresseurs sexuels témoignent généralement la présence de problèmes. Cependant, cela n’implique pas nécessairement qu’ils souffrent tous de troubles mentaux majeurs. Psychopathologie des abuseurs et agresseurs sexuels
Typologie des abuseurs et agresseurs sexuels d’enfants Paraphilie : Mode imaginaire érotique et fantasmatique préférentiels profondément ancrés et intégrés qui facilite et favorise la création et le maintien d’une excitation sexuelle et l’atteinte de l’orgasme Passif (en fantasme) vs actif (passage à l’acte)
Typologie des abuseurs et agresseurs sexuels d’enfants (suite) • - Pédophilie (primaire, fixé vs secondaire, régressif) • Éphébophilie (primaire, fixé vs secondaire, régressif) • - Abuseurs sexuels d’enfants généraux (non exclusif, non paraphilique) • Inceste, type intrafamilial vs extrafamilial • • Violent ou non violent • • Type situationnel, interpersonnel, narcissique, agressif, sadique • • Degré de compétence sociale (faible, adéquat, élevé)
Typologie des agresseurs et violeurs de femmes 4 grands types, en fonction des motivations et du comportement paraphilique vs non paraphilique
Typologie des agresseurs et violeurs de femmes(suite) I. Recherche de réassurance ou compensation (“power-reassurance rape”) • Sentiment d’inadéquation personnelle (dans sa vie et avec les femmes) • Compétence sociale faible • Anxiété de masculinité • Peu de force ou violence, ne voulant pas blesser la victime • Peut reprendre contact avec la victime, croyant que cette dernière éprouve un sentiment pour lui
Typologie des agresseurs et violeurs de femmes(suite) II. Recherche de pouvoir ou d’expression d’un sentiment de domination (“power-assertive rape”) • Grande importance accordée à l’image de soi, sa masculinité • Sentiment d’avoir le droit d’agresser • Violence augmente avec la résistance de la victime • Recherche du contrôle et d’humiliation de la victime, laquelle est considérée comme étant un objet pour ses fantasmes
Typologie des agresseurs et violeurs de femmes(suite) III Type colère et rage vengeresse (“anger-retaliatory rape”) • Agression impulsive (en général liée à une réponse émotive immédiate et négative) • L’agression est spontanée et brutale • Peut rechercher à dégrader et à détruire la victime • La victime est représentative des objets de haine, soit un substitut permettant le déplacement de la rage et du ressentiment envers les femmes • Un sentiment de colère et de rage et davantage ressenti par l’agresseur qu’une véritable excitation sexuelle rattachable à des fantasmes sexuels
Typologie des agresseurs et violeurs de femmes(suite) IV. Sadisme (“anger-excitation rape”) • L’agression est préparée et planifiée selon un imaginaire érotique paraphilique et violent • L’agression fait l’objet d’un rituel prolongé découlant d’une érotisation des mauvais traitements infligés à la victime • Violence psychologique et physique, avec torture et parfois meurtre
Comparaison entre les abuseurs et agresseurs sexuels et les hommes en général • 6 fois plus d’hospitalisations pour des troubles mentaux majeurs (24 % vs < 5 %) • 5 fois plus d’hospitalisations pour schizophrénie ou autres troubles psychotiques • 3 fois plus à risque d’avoir une histoire de trouble bipolaire • 4 fois plus à risque d’avoir une histoire de troubles d’alcool ou de drogue • 30 fois plus à risque d’avoir des troubles de personnalité
Le passage à l’acte des abuseurs et agresseurs sexuels est généralement associé à un ensemble de facteurs cliniques, en fonction des domaines suivants : domaine psychoaffectif - problèmes et troubles psychologiques et émotifs - schémas cognitifs dysfonctionnels - besoin psychoaffectifs élevés (p.ex., être aimé et validé) - conflits émotifs et psychologiques passés non résolus - ennui et solitude affective
domaine relationnel - mode relationnel dysfonctionnel et régressif - mauvaise gestion de conflits - trouble d’intimité et de dépendance affective - traits pathologiques ou troubles de personnalité domaine sexuel - mauvaise gestion des impulsions sexuelles déviantes - fantasmes sexuels déviants - dépendance et compulsions sexuelles
domaine cognitif • distorsions cognitives : Attitudes et croyances qui • favorisent le passage à l’acte domaine de vie - vie malsaine et stressante, négligence de soi - déficits à résoudre des problèmes - style de vie impulsif et destructeur - problèmes liés à l’alcool et la drogue - problèmes d’adaptation sociale et professionnelle
Problèmes les plus souvent identifiés chez les abuseurs et agresseurs sexuels d’enfants (sans ordre d’importance) : • Enfance difficile et traumatismes • Histoire de victimisation sexuelle • Timidité excessive et anxiété envers les adultes • Isolement émotif et social, solitude affective • Sérieux troubles psychopathologiques • Immaturité psychologique, identification émotive avec les enfants • Multiples paraphilies ou autres compulsions-déviations sexuelles • Antécédents criminels généraux et style de vie antisociale • Personnalité antisociale et/ou psychopathie • Infractions sexuelles antérieures • Attitudes et croyances favorisant des comportements pédophiliques • Problème d’impulsivité • Abus d’alcool et autres substances • Pauvre adaptation sociale et instabilité au travail
Problèmes les plus souvent identifiés chez les agresseurs sexuels et violeurs de femmes (sans ordre d’importance) : • Enfance difficile, marquée notamment par la violence • Histoire de victimisation sexuelle • Problème d’impulsivité, de colère contre les femmes • Besoin de contrôle et de dominance • Infractions sexuelles antérieures • Antécédents criminels généraux et style de vie antisociale • Personnalité antisociale et/ou psychopathie • Fantasmes de coercition, planification et impulsions d’agir • Multiples paraphilies ou autres compulsions-déviations sexuelles • Attitudes et croyances favorisant des agressions sexuelles • Abus d’alcool et autres substances • Sérieux troubles psychopathologiques • Pauvre adaptation sociale et instabilité au travail
4 fois plus de personnes souffrent d'un trouble mental en prison que dans la population en général • 20% des détenus = abuseurs et agresseurs sexuels • - La minorité des cas reçoivent un diagnostic de troubles mentaux graves
4e édition du manuel diagnostic et statistiques des troubles mentaux (DSM-IV) - Les troubles mentaux sont des maladies du cerveau qui modifient de façon négative notre mode de fonctionnement cognitif, affectif et relationnel. • Les maladies mentales peuvent naître d'un dysfonctionnement cérébral organique, de processus psychologiques ou d'états physiologiques. - Les 5 axes du DSM-IV
Les troubles cliniques à l’Axe I du DSM-IV souvent associés à la violence sexuelle • Les troubles cliniques comprennent typiquement des syndromes et des phases (p.ex., périodes de rémission et de fonctionnement normal). • - La dysfonction cognitive peut varier selon les phases de la symptomatologie
Schizophrénie et autres troubles psychotiques • Schizophrénie Symptômes caractéristiques de la schizophrénie - idées délirantes, hallucinations, discours désorganisé et comportement grossièrement désorganisé ou catatonique - symptômes négatifs (p.ex., émoussement affectif, alogie, perte de volonté) - dysfonctionnement social, relationnel, des activités Types : paranoïde, désorganisé, catatonique, indifférencié et résiduel
Schizophrénie et autres troubles psychotiques (suite) • Trouble psychotique induit par une substance (psychose toxique – maladie la plus criminogène) • Trouble schizo-affectif - présence simultanée (1) épisode dépressif majeur, maniaque ou mixte et (2) symptômes caractéristiques de la schizophrénie • Trouble délirant • Trouble psychotique bref
Troubles de l’humeur • Trouble dépressif majeur, type isolé ou récurrent • Trouble dysthymique
Troubles bipolaires • Trouble bipolaire I - Épisode maniaque isolé (sans antécédents d’une dépression majeure) - Épisode hypomaniaque actuel ou plus récent (avec antécédent maniaque) - Épisode plus récent maniaque (avec antécédent dépression/maniaque/mixte) - Épisode plus récent mixte (avec antécédent dépression/maniaque/mixte) - Épisode dépressif actuel ou plus récent (avec antécédent maniaque/mixte)
Troubles bipolaires (suites) • Trouble bipolaire II - Épisodes dépressifs récurrents avec épisodes hypomaniaques • Trouble cyclothymique - Nombreuses périodes hypomaniaques et états dépressifs (non majeurs)
Troubles liés à l’impulsivité • Trouble de déficit de l’attention, - Avec hyperactivité et/ou impulsivité - Épisodes dépressifs récurrents avec épisodes hypomaniaques - Comportement débutant à l’enfance
Troubles liés à l’impulsivité (suite) • Trouble explosif intermittent: Agression impulsive - Agression sexuelle impulsive = comportement lié à une réponse émotive immédiate et négative (p.ex., colère, rejet, peur) - Épisodes liés à une instabilité affective où la personne ne peut résister à ses impulsions sexuelles agressives, lesquelles mènent à des actes de violence sexuelle dirigés vers autrui ou vers des objets.
Troubles sexuels • Paraphilie - Préférences sexuelles déviantes - pédophilique, éphébophilique, viol • Obsessions et compulsions sexuelles (non-paraphilique)
Les troubles de la personnalité de l’Axe II du DSM-IV - Les troubles de la personnalité causent des modes durables d'expérience et de comportement qui sont contraires aux attentes de la société, qui sont profonds, inflexibles et stables dans le temps et conduisent à la détresse ou à une déficience. - Ces troubles peuvent faire apparaître des symptômes à n’importe quel moment. - La dysfonction cognitive est beaucoup plus stable.
Les troubles à l’Axe II souvent associés à la violence sexuelle • • Personnalité antisociale • - rébellion, tromperie, impulsivité, mépris, non respect, irresponsabilité • - histoire juvénile de troubles de conduites et de délinquance • problèmes de colère et d’agressivité • absence ou manque d’empathie • - relations abusives, instables, conflictuelles • - propension marquée pour des gestes antisociaux et de violence
• Personnalité limite • relations instables, intenses et conflictuelles • impulsivité, instabilité affective, problèmes de colère et d’agressivité • - efforts effrénés pour éviter les abandons réels ou imaginés • - instabilité marquée et persistante de l’image de soi et des autres • - comportements auto-destructeurs • - sentiments chroniques de vide • - idéation paranoïde passagère et symptômes dissociatifs transitoires • - propension marquée pour des gestes antisociaux et violents
• Personnalité narcissique • - imbu de soi-même et sens grandiose de sa propre importance • - pense être spécial, supérieur et que tout lui est dû • - besoin d’être aimé, admiré, reconnu et validé • absence ou manque d’empathie, très sensible au rejet • envie souvent les autres • - relations abusives et utilitaires
• Personnalité sadique • - retire une satisfaction personnelle et sexuelle en dominant et en infligeant de la souffrance psychologique ou physique à autrui (y compris son humiliation) • - absence d’empathie • besoin de contrôler, dominer et blesser autrui • effraie les autres pour obtenir ce qu’il veut
Comorbidité • - De nombreux cas ne s’inscrivent pas clairement dans l’une ou l’autre des deux catégories de troubles mentaux. • De nombreux cas présentant à la fois plusieurs troubles cliniques, avec une combinaison de traits pathologiques mixtes de personnalité. • Comorbidité typique = Abus d’alcool et de substances
Responsabilité criminelle • Pour être reconnu coupable d’une infraction, l’accusé doit : • - être doté de discernement moral et • - être en mesure de reconnaître et de comprendre que • le comportement qu’il a adopté consciencieusement et • volontairement était fautif, et ce, malgré l’ampleur de ses • problèmes et troubles sexuels, psychologiques ou • psychiatriques • - Le fait de souffrir d'un trouble mental n'exempte pas automatiquement une personne de sa responsabilité criminelle.
Inaptitude à subir son procès • Il est possible que l’accusé ne soit pas apte à participer à sa défense pleine et entière en raison de troubles mentaux. • Un accusé est inapte à subir son procès lorsqu’il est incapable : • - de comprendre la nature ou l'objet des charges • portées contre lui et les conséquences éventuelles • des poursuites ; • - d’assumer sa défense ; • - de communiquer et donner des instructions à son • avocat, à toute étape des procédures, avant que le • verdict ne soit rendu. • L'incapacité doit être causée par des troubles mentaux ou une maladie mentale, selon la prépondérance des probabilités.
Non-responsabilité criminelle pour cause de troubles mentaux Selon le Code criminel … la personne qui commet un acte criminel alors qu'elle est atteinte de troubles mentaux ne doit pas être tenue criminellement responsable de ses actes de la même manière qu'une personne saine d'esprit. Même si elle reconnaît l’acte criminel, la personne qui était aliénée d'un point de vue légal au moment de l'infraction ne doit pas être déclarée coupable […]. - La maladie mentale doit causer l'une incapacité de juger de la nature et des conséquences d'un acte.
Non-responsabilité criminelle pour cause de troubles mentaux (suite) Agression sexuelle et physique impulsive (comportement lié à une réponse émotive immédiate et négative) Vs Agression sexuelle et physique préméditée (comportement planifié)
Non-responsabilité criminelle pour cause de troubles mentaux (suite) • L'aliénation mentale étant établie au moment de la commission de l'infraction, le prévenu ne peut ni être acquitté ni être déclaré coupable. Le verdict sera plutôt celui de « non-responsabilité criminelle pour cause de troubles mentaux ». • - Le prévenu est ensuite détenu pour une durée indéterminée jusqu'à ce qu'une commission d'examen nommée par le gouvernement détermine qu'il peut réintégrer la société.
La gestion des délinquants dangereux et des délinquants à contrôler • Les dispositions applicables aux délinquants présentant un risque élevé de récidive (délinquants dangereux et les délinquants à contrôler) s’appliquent à l’étape de la détermination de la peine. • L’objectif principal de ce régime est de protéger le public des délinquants qui ont commis certaines graves infractions sexuelles ou de violence (sauf le meurtre) et qui continuent de constituer une menace pour la société. • - À l’intérieur de ce groupe très restreint, les délinquants dangereux sont, par définition, considérés comme étant à risque plus élevé que les délinquants à contrôler.
La gestion des délinquants dangereux et des délinquants à contrôler (suite) • - Une forte proportion de ces criminels ont commis une infraction sexuelle. • - Le tribunal pourra déclarer qu’un délinquant est un délinquant dangereux uniquement sur demande du poursuivant (couronne ou défense), en fonction de la gravité du délit. • Présomption de délinquant dangereux dans le cas de la commission de trois sérieuses infractions à caractère violent.
La gestion des délinquants dangereux et des délinquants à contrôler (suite) • Pour être déclaré délinquant dangereux, le poursuivant doit faire la preuve, hors de tout doute raisonnable, de deux éléments bien précis : • - l’infraction sous-jacente constitue des « sévices • graves à la personne » ; • - le délinquant représente un danger réel et un risque • de récidive indu pour la société.
La gestion des délinquants dangereux et des délinquants à contrôler (suite) - Délinquant à contrôler pourra être remis en liberté pendant ou suivant sa sentence fédérale, en respectant les conditions d’une ordonnance de surveillance de longue durée. - Délinquant dangereux devra, sauf décision contraire du juge, purger une peine d’emprisonnement pour une période indéterminée.
Dr. Marc Ravart, M.A., Ph.D. psychologue et sexologue clinicien (514) 844-3363 marc.ravart@videotron.ca