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Le statut épistémologique de la preuve, de Claude Bernard à Archie Cochrane

Département de Santé et Médecine Communautaires Matinée scientifique «  Cochrane, quelques années plus tard » 12 décembre 2007. Le statut épistémologique de la preuve, de Claude Bernard à Archie Cochrane. Bernardino Fantini Institut d’histoire de la médecine et de la santé.

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Le statut épistémologique de la preuve, de Claude Bernard à Archie Cochrane

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  1. Département de Santé et Médecine CommunautairesMatinée scientifique « Cochrane, quelques années plus tard » 12 décembre 2007 Le statut épistémologique de la preuve, de Claude Bernard à Archie Cochrane Bernardino FantiniInstitut d’histoire de la médecine et de la santé

  2. Une nouvelle méthode … pour un problème ancien • « Le problème consiste à tester l’hypothèse qu’un traitement est apte à modifier favorablement le cours naturel d’une maladie. Pour y parvenir il faut déterminer la valeur des différents types de preuves » (Cochrane, p. 42) • Celse (1er siècle après J.C.) dans la préface de son traité De medecina, la part de l’incertitude, que Celse appelle hasard (fortuna) est grande, tellement grande même que l’on ne peut jamais savoir si la guérison est due à l’action de la médecine ou à celle de la nature.

  3. Pinel, P., 1814, 'Doute philosophique' • In: Dictionaire des sciences médicales, C. L. F. Panckoucke (sous la direction de), Paris: C.L.F. Panckoucke, 10 (Dise-Eau), pp. 239-242

  4. Philippe Pinel, 1814, 'Doute philosophique' In: Dictionaire des sciences médicales, C. L. F. Panckoucke (sous la direction de), Paris: C.L.F. Panckoucke, 10 (Dise-Eau), pp. 239-242

  5. Claude Bernard • (Saint-Julien-sous-Montmelas, 12 juillet 1813 - 11 février 1878)

  6. Introduction à l’étude de la médecine expérimentaleCh. III. L'expérimentateur doit douter, fuir les idées fixes et garder toujours sa liberté d'esprit • « La première condition que doit remplir un savant qui se livre à l'investigation dans les phénomènes naturels, c'est de conserver une entière liberté d'esprit assise sur le doute philosophique. Il ne faut pourtant point être sceptique ; il faut croire à la science, c'est-à-dire au déterminisme, au rapport absolu et nécessaire des choses, aussi bien dans les phénomènes propres aux êtres vivants que dans tous les autres ; mais il faut en même temps être bien convaincu que nous n'avons ce rapport que d'une manière plus ou moins approximative, et que les théories que nous possédons sont loin de représenter des vérités immuables ».

  7. Professor Archibald Leman Cochrane CBE FRCP FFCM, (1909 - 1988) • Cochrane AL. • Effectiveness and Efficiency. Random Reflections on Health Services. • London: Nuffield Provincial Hospitals Trust, 1972.

  8. Les trois « E » • efficacité • efficience • égalité • Chaque indice étant fondé sur une ‘preuve’ Évaluation de la susceptibilité d’une thérapeutique de changer le cours naturel de la maladie dans une proportion appréciable des cas et à un coût raisonnable.

  9. Des « normes » seront établies pour chaque affection et les médecins dont le « score » s’écartera trop nettement de la « moyenne », seront appelés à se justifier devant leurs pairs. Bien entendu, les critères qui présideront à l’établissement de ces « normes » seront fondés sur la preuve d’un effet positif sur le cours de la maladie. • (Cochrane, p. 131)

  10. Des critères scientifiques, sociaux et éthiques • « En fait, si l’on évaluait, par des études bien contrôlés, non seulement les bénéfices pour le patient mais aussi le fardeau social pour la famille, et que l’on comparaît le coût des soins dispensés dans la collectivité et dans un hôpital psychiatrique moderne, il est peu probable que l’on puisse apporter la preuve d’un effet positif »

  11. Un statut épistémologique ambiguë • La « preuve » (evidence, en anglais) se réalise avec des méthodes diverses et dans des ‘lieux théoriques’ différents

  12. Le cabinet La clinique Le laboratoire Le terrain La société Observation et expérience Essais cliniques Expérimentation Épidémiologie Les enquêtes sociales et économiques Les lieux multiples et les différents types de preuve

  13. Trois étapes historiques • « La plus ancienne et la plus commune est l’opinion clinique. Elle fait intervenir la valeur des notions éminemment subjectives et variables telles que l’habilité professionnelle ou l’expérience du praticien. … C’est là la plus simple (et certainement la plus mauvaise) des preuves dérivées de l’observation ». • « A un niveau supérieur, l’observation fera intervenir les groupes de comparaison ainsi que les mesures quantitatives dont on cherchera à éliminer les « biais » et les causes d’incertitude ». • « L’étape successive vers une approche véritablement scientifique de la médecine clinique peut être … associé à la publication de Daniel et Hill, 1952, et en tout cas de cause, je considère que le mérite en revient à Sir Austin Brandford Hill » (la technique de l'essai contrôlé avec tirage aléatoire des sujets et des témoins)

  14. Le cabinet La clinique Le laboratoire Le terrain La société Observation et expérience Essais cliniques Expérimentation Épidémiologie Les enquêtes sociales et économiques Les lieux multiples et les différents types de preuve

  15. Deux voies de la connaissance médicale • La médecine expérimentale (Claude Bernard) • Les RCTs (Archie Cochrane, Austin Bradford Hill)

  16. Claude BernardLe déterminisme des maladies parasitaires • La gale est une maladie dont le déterminisme est aujourd'hui à peu près scientifiquement établi... On connaît l’acare et on explique par lui la contagion de la gale, les altérations de la peau et la guérison, qui n'est que la mort de l’acare par des agents toxiques convenablement appliqués. Aujourd'hui il n'y a plus d'hypothèse à faire sur les métastases de la gale, plus de statistiques à établir sur son traitement. On guérit toujours et sans exception quand on se place dans les conditions expérimentales connues pour atteindre ce but.

  17. Claude BernardDéterminisme et fatalisme • Le mot déterminisme a une signification tout à fait différente de celle du mot fatalisme. • Le fatalisme suppose la manifestation nécessaire d’une phénomène indépendamment de ses conditions, tandis que le déterminisme n’est que la condition nécessaire d’un phénomène dont la manifestation n’est pas forcée • Le fatalisme est donc antiscientifique à l’égal de l’indéterminisme.(La science expérimentale, p. 55)

  18. Claude BernardDéterminisme et statistiques • Une autre forme d’application très fréquente des mathématiques à la biologie se trouve dans l’usage des moyennes ou dans l’emploi de la statistique, qui, en médecine et en physiologie, conduisent pour ainsi dire nécessairement à l’erreur.

  19. Claude BernardDéterminisme et statistiques • L’emploi des moyennes en physiologie et en médecine ne donne le plus souvent qu’une fausse précision aux résultats en détruisant le caractère biologique des phénomènes. • Le plus grand écueil de l’application du calcul aux phénomènes physiologiques est toujours au fond leur trop grande complexité, qui les empêche d’être définis et suffisamment comparables entre eux. 

  20. Deux finalités différentes • Claude Bernard et Archie Cochrane divergent dans l’évaluation de la médecine expérimentale. • Il divergents également dans la finalité de la recherche. Le but pour Claude Bernard est la médecine expérimentale, pour AC la médecine clinique fondée sur les RCTs

  21. RCTs et laboratoire • « Les thérapeutiques pour lesquelles il existe des arguments expérimentaux sérieux quant à leu effet hématologique, biochimique, physiologique ou psychologique, mais dont l’effet bénéfique ou maléfique sur les patients, surtout à long terme, n’est pas cautionné par un RCT. C’est un groupe très important … car le milieu médical est très impressionné par des arguments provenant d’une science plus fondamentale que la leur » (p. 58)

  22. Le déterminisme • « Les seules exceptions concernaient les médicaments tels que l’insuline, les sulfamides ou la pénicilline, dont l’effet sur la mortalité immédiate était si évidente que toute démonstration se révélait inutile ».

  23. Une synthèse féconde. Les critères de causalité de A. Bradford Hill • « … le mérite en revient à Sir Austin Bradford Hill dont les idées, qui ont déjà pénétré, quoique faiblement, la médecine, pourraient également apporter une contribution révolutionnaire aux autres sciences humaines telles que la sociologie, l’éducation et la criminologie ». • (Cochrane, p. 44)

  24. Hill’s nine criteria to characterize causal relations • The force of statistical association between phenomena • The possibility of reproductivity, or rather the constant of association in different populations • The specificity of the association • The temporal antecedence of cause over effect • The relationship dose/effect • The biological plausibility • The coherence with current pathological-biological knowledge • An experimental valuation • Analogy in relation to similar pathologies Hill A.B., Hill I.D.: Bradford Hill's Principles of Medical Statistics. 12th ed. Edward Arnold. London. 1991.

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