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Jeunes consommateurs : quelles préventions ?. Trois éclairages pour une réalité complexe et polymorphe. Le cannabis, données essentielles (OFDT, 2007, 232 pages) sous la direction de Jean-Michel COSTES Le cannabis en France (Anthropos, 1998, 192 pages) Rodolphe INGOLD et Mohamed TOUSSIRT
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Jeunes consommateurs :quelles préventions ? Michel Boulanger - 13/11/2007
Trois éclairages pour une réalité complexe et polymorphe • Le cannabis, données essentielles (OFDT, 2007, 232 pages) sous la direction de Jean-Michel COSTES • Le cannabis en France (Anthropos, 1998, 192 pages) Rodolphe INGOLD et Mohamed TOUSSIRT • Etude RECAP 2006 : Recueil commun sur les addictions et les prises en charge. Données savoyardes (CSST Le Pélican).
Quelques données essentielles sur le cannabis • La France est à la tête de l’Europe, pour les consommations de cannabis • ….. Avec la République Tchèque, l’Espagne, le Royaume Uni et Chypre • Hausse très nette sur 15 ans mais ralentissement et stagnation aujourd’hui, • Les consommations de cannabis sont d’abord occasionnelles • 1,2 million sont des consommateurs réguliers (au moins 10 fois par mois) • Ils consomment plus de tabac, d’alcool, que la population générale • De loin, la drogue la plus utilisée en France : • 9% de la population (15 à 64 ans) ont consommé du cannabis dans les 12 derniers mois • 1% de la population pour tous les autres produits • …..
Quelques données essentielles sur le cannabis …. • 50% des jeunes de 17 ans ont consommé du cannabis • Le cannabis est un produit « jeune » dont l’usage est le plus souvent abandonné à l’âge adulte • L’usage est d’autant plus masculin que la consommation est importante • Le cannabis n’est pas plus consommé dans les milieux populaires que favorisés • Importantes disparités régionales
Le cannabis en France • Etude anthropologique « Le cannabis en France » (1998) Méthode « boule de neige » : - favorable à l’exploration d’un phénomène dissimulé - chaque consommateur conduit à un autre puis un autre…. - étude multicentrique : 3000 contacts
Le cannabis en France Trois constats : La diversité des consommations La plupart des consommateurs de cannabis sont intégrés. « Loin d’être des marginaux, ils bénéficient pour la plupart d’une insertion sociale ». « Lycéens, apprentis, ouvriers, paysans, jeunes cadres dynamiques, chefs d’entreprise, médecins ou gardiens de la paix » Des situations inquiétantes demeurent « Les consommations de cannabis peuvent donner lieu à de sérieux incidents : * décompensation de maladies psychiatriques, * conduites de dépendances, * enfermement du sujet…. »
Le cannabis en France …/… Une loi sans effets ? Pour le Professeur Roger HENRION, Président de l’OFDT, le cannabis pose la question de la loi : « Point d’affrontement entre les tenants d’un interdit légal fort pouvant aller jusqu’à l’emprisonnement, rempart derrière lequel peuvent s’abriter les parents, les enseignants et les autorités et ceux qui pensent qu’une loi à ce point transgressée ne remplit plus son office et dessert la mise en œuvre d’une prévention efficace ».
Quelques données savoyardes Etude RECAP sur 682 usagers de drogues reçus au CSST le Pélican (Hors Boutique et Point Info Cannabis), en 2006 Le produit principal consommé 39% consomment du cannabis comme produit principal (264 usagers) Age au moment de la consultation 96% des usagers de cannabis ont moins de 39 ans (39% entre 20 et 24 ans) 3. Origine de la prise en charge …/…
Quelques données savoyardes …/… 4. Les autres produits consommés 43% des usagers de cannabis consomment au moins un second produit 5. Les fréquences de consommation (cannabis) 2 à 6 fois par semaine :18% chaque jour : 72% Dépendance : 64% Début de consommation : - 1 à 5 ans : 26% - 5 à 10 ans : 47% - 10 ans et plus : 27% …/…
Quelques données savoyardes …/… 6. Le sexe 87% des usagers de cannabis sont des hommes 7. L’entourage 48% des usagers de cannabis vivent avec leurs parents 22% des usagers d’autres produits vivent avec leurs parents Commentaires : L’étude RECAP montre que la plupart des usagers du CSST consomment du cannabis. C’est le premier produit de prise en charge. Les fréquences de consommation, l’antériorité, la dépendance, les contraintes judiciaires, sont autant d’indicateurs de situation chronicisées, prises en charge au plan curatif.
Que retenir ? • Les jeunes ne sont pas les seuls consommateurs…. • Il existe une socialité des usages et des usagers de cannabis qui, pour certains, sont bien intégrés et peu générateurs de problèmes • Le cannabis n’est pas le seul produit consommé. …Et l’alcool…Et le tabac….Et les médicaments détournés…Et les autres drogues illicites…. 4. Tous les consommateurs de cannabis ne sont pas des malades potentiels. • Pourtant, de nombreuses situations inquiétantes demeurent, notamment au regard de la précocité des usages (adolescence). • Au-delà du produit, du comportement : - Ne pas oublier les personnes, leurs histoires, leurs ressources individuelles et environnementales (familiales, sociales)
Face à la situation complexe des Jeunes Consommateurs….. La prévention s’avère également polymorphe, contrastée, désordonnée….tant au niveau des acteurs, des programmes, des valeurs, que des logiques.Quelles priorités dessiner pour les Jeunes Consommateurs ?
1. Les logiques de la prévention* Les acteurs * Les logiques2. Les valeurs de la prévention* L’ANIT3. Les interventions précoces : une priorité
Les logiques de la prévention Les acteurs de la prévention « Travailleurs sociaux, acteurs de santé, bénévoles, enseignants, policiers, gendarmes, douaniers,…. » Une multiplicité d’acteurs : source de diversité et risque d’incohérence Encore trop d’actions …ponctuelles …précaires …pas évaluées Nécessité d’inscrire la prévention …dans la durée … la professionnalisation …des schémas territoriaux
Les logiques de la prévention Les logiques de la prévention Pourquoi une telle variété d’acteurs et d’actions ? Les raisons sont multiples et tiennent aux statuts des substances psychoactives : - au plan réglementaire (les lois) - social (les représentations) - économique (les cultures) - … La prévention, un consensus impossible ? Autant la question du soin fait consensus…. Autant celle de la prévention navigue entre croyances, peurs, certitudes et attentes contradictoires.
Les logiques de la prévention • 3 exemples : • La prévention de la délinquance • Approche centrée sur l’usager délinquant • Prévenir la délinquance, la récidive • (« les peines de stage de sensibilisation aux dangers de l’usage de produits stupéfiants ») • La prévention anti-drogue • La drogue illicite est perçue comme un fléau. • Le jeune comme un enfant à sauver d’un péril extérieur • (« une vie sans drogue » / « Dis-lui merde à la drogue » / « Stop Drogue ») • L’éducation à la santé • Approche centrée sur la personne, ses ressources. • Prend en compte les différentes substances, légales ou pas. • (« le shoot propre », « roulez pas bourré »)
Les valeurs de la prévention Face à ces logiques, ces idéologies, …comment faire consensus ? Sur quelles valeurs ? Les 4 incontournables de l’Association Nationale des Intervenants en Toxicomanie L’ensemble des substances psychoactives Le clivage entre drogues licites et illicites est inapproprié, voire contre-productif au regard de la réalité des consommations. Usages précoces, abus et polyconsommations La prévention ne peut rester confinée à la prévention primaire. Le risque majeur n’est plus seulement la dépendance mais aussi l’usage précoce, l’abus et les polyconsommations. Une éthique La prévention est fondée sur une éthique. Loin des peurs, des stigmatisations, elle est d’abord une démarche positive qui s’appuie sur les ressources des personnes Le parent pauvre La prévention est le parent pauvre des politiques publiques. Au-delà des coups médiatiques, elle doit s’inscrire dans la durée.
Les interventions précoces : une priorité Le socle de la prévention Par exemple, les programmes en milieu scolaire, favorisant l’estime de soi, le renforcement des compétences…. … Des expositions comme DEDALE DE VIE, sur l’adolescence et les conduites à risques. En appui et repérage pour des situations problématiques. Les interventions précoces Une priorité au regard de 4 facteurs : - la massification des usages (moitié d’une classe d’âge à 18 ans) - l’intensité des usages (produits concentrés / fréquence de consommation) - la précocité des usages (début entre 14 et 16 ans) - fréquence de la polyconsommation (alcool, tabac,…) Une démarche professionnelle : - auprès des jeunes consommateurs, - à l’interface du soin et de la prévention
Les interventions précoces : une priorité Les 3 objectifs des interventions précoces sont : Accompagner les jeunes usagers : information, évaluation, accompagnement, orientation, en fonction des niveaux d’usage, de gravité et des complications (somatiques, psychiatriques, environnementales). Accompagner les familles, qui sont souvent désemparées : information, soutien, écoute conseil, en travaillant sur leurs ressources et leur permettant d’être actrices face aux consommations.
Les interventions précoces : une priorité Développer un fort partenariat avec les acteurs de la cité, en première ligne avec les jeunes : acteurs de santé, travailleurs sociaux, représentants de la loi, personnel scolaire, élus … en formant ces professionnels, mettant en place des stratégies et des pratiques de réseau. Les interventions précoces s’inscrivent dans un continuum entre prévention et soin
Pour ne pas conclure…… La prévention Un accompagnement individuel et collectif de la personne pour l’aider à prendre conscience de ses ressources et de ses capacités à faire des choix favorables pour elle-même et les siens. Une question en référence à Claude Olivenstein « Ce dont la France manque le plus, n’est-ce pas d’une politique de la jeunesse ? »