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Argot et gastronomie. La France pays de la gastronomie. La France est mondialement connue pour sa gastronomie : c’est le pays par excellence de l’ art raffiné de la bonne chère (sa gastronomie est inscrite au patrimoine culturel immatériel de l'humanité)
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La Francepays de la gastronomie • La France est mondialement connue pour sa gastronomie : c’est le pays par excellence de l’art raffiné de la bonne chère (sa gastronomie est inscrite au patrimoine culturel immatériel de l'humanité) • mais c’est aussi le pays des petits restos qu’on trouve par milliers dans les villes et villages des différentes régions de France.
La langue française:au singulier ou au pluriel? I. • La France est un pays fière du rayonnement de sa langue nationale dont l’évolution est étroitement surveillée par l’Académie Française, la Délégation Générale à la langue française ou des commissions de spécialistes.
La langue française:au singulier ou au pluriel? II. • Mais il existe aussi des variétés de français qui évoluent en liberté, en dehors des chemins balisés. Dans un contexte urbain, ces variétés non conventionnelles du français, on les appelle, entre autres, français populaire, français argotique... Ou plutôt français argotiques au pluriel.
Argot et gastronomie • Et les gens qui parlent les langages des marges, eux aussi, ils aiment bien manger. Et ils ont aussi leurs propres mots – souvent expressifs, pittoresques, hauts en couleur – pour nommer ce qu’ils mangent et boivent. Et n’oublions pas que les gens qui font la haute cuisine, chefs, restaurateurs, auteurs de livres de cuisine, etc., ils ont aussi leur jargon, et qu’ils utilisent aussi des termes argotiques, populaires et familiers comme tout le monde.
D’un point de vue historique • De la communauté des gueux et des malfaiteurs • à toutes sortes de variétés socio-professionnelles
D’un point de vue fonctionnel • De la fonction cryptique • à la fonction identitaire.
Comment distinguer l’argot... • ... du français populaire, • de la langue familière • ou du jargon?
L’argot se caractérise par... • une vision du monde dépréciative et typiquement masculine, • une instabilité lexicale, • une richesse synonymique • et une pauvreté thématique.
La gastronomie : une thématique majeure en argot ? Oui. Mais…
Combien de mots pour dire «eau»? 23 : • Château-Lapompe, cidre, eau a pédale, flotte, fraîche, jus, rincette, sirop de canard/degrenouille, tisane etc. (COLIN 2006).
Combien de mots pour dire «vin»? 68 : • brouille-ménage, brutal, cassis, chocolat de déménageur, coquin, destructeur, gros-bleu, gros-cul, jaja, narpi, pétrole, picolo, pinard, sensunique, sirop de boistordu, tutu, vinasseetc. (COLIN 2006).
Combien de mots pour dire «ivre»? 112 : • beurré, blindé, bourré (comme un coing), complet, déchiré, défoncé, fait, imbibé, mouillé, nase, noir, paf, pétécomme un coing, plein (comme un boudin/œuf/sac), raide (comme la justice), rond (commeunebille/boule) etc. (COLIN 2006)
Reconnaissez-vous cette série synonymique ? • artie, bricheton, briffeton, brignolet, brutal, lartif, larton (savonné) etc. (COLIN 2006) ?
Et cette série synonymique ? • calendos, coulant, côtelette de Brie, from, fromgot, frometon, puant etc. (COLIN 2006).
Et la viande ?Le louchébem « C’est une lamdé qui lasfem une lomandkesse d’un lorsemic dans la lulotkesse et lidem au louchébem : j’vais lerfem mes lourské. Quand è’ r’vient, è’ disait au latronpem qu’è’ loulévem lapuche du lorsemic dans la lulotkesse et qu’è’ loulévem une langué de bœuf à la place... Lirévem la lulotkem à la lamdé et vous lui lacépem la langué ! » (ROBERT L’ARGENTON 1991)
La nourriture comme métaphore en argot argent = nourriture blé, braise, fric, galette, avoine, oseille, grisbi, pèze, pognon cf. aussi marmite, ménesse etc. (CALVET 1994)
Le français contemporain des cités à travers la gastronomie I. 8/8.6 ? homme de race noire voulant ressembler à un blanc 16 ? seins ananas ? fille Beur ? bière Bounty ? manger caille ? Jeune d’origine maghrébine craillav(er) gameller graillaver Kro
Le français contemporain des cités à travers la gastronomie II. patate ? bouteille pâté-rillettes ? boisson pillav(er) ? fille reubié ? boire rumo ? bière teillbou ? 10 000 Fr tise ? Français de souche tiser ? posséder sexuellement une femme tiser une meuf ? (GOUDAILLIER 2001)
Argots, jargons ou langues des métiers ? Mots des boulangers : aller au pain = aller aux toilettes amin dada = pâtisserie trop cuite belle-mère = instrument muni de piques pour perforer les pâtes bite à curé = cornet pointu pour percer la pâte des religieuses bonne sœur = religieuse (PERRET 2002)
Argot et gastronomie :aspects didactiques • L’argot et la gastronomie ont-ils leur place dans le cours de langue ? • Il serait dommage de s’en passer… • Mais il ne faut pas en abuser.
La gastronomie dans le cours de FLE (exemple) Préparez une tarte aux poires et à la crème de noisette. 350 g farine 2 citron une livre beurre un sachet sucre vanillé 20 cl lait une pincée sel 2 jaune d’œuf 2 cuillerées à soupe liqueur 10 cl crème liquide 50 g noisette (MOLNÁR-SZABÓ 2003)
Et l’argot ? • Il ne s’agit pas de former des « cailleras », comme il ne s’agit pas de former des chefs cuisiniers non plus... • Mais en enseignant un français nettoyé de ses éléments non conventionnels, nous enseignons un français qui n’existe pas
En guise de conclusion • N’oublions pas que l’argot (commun) est partout... • et que les chanceux prennent l’apéro, alors que les pas-vernis se tapent la corvée des patates, mais tout le monde a besoin de bouffer
Bibliographie sommaire • Louis-Jean Calvet, L’argot, PUF, Paris, 1993. • Jean-Paul Colin (et. al.), Grand dictionnaire de l’Argot et du français populaire, Larousse, Paris, 2006. • Jean-Pierre Goudaillier, Comment tu tchatches! Dictionnaire du français contemporain des cités, Maisonneuve et Larose, Paris, 2001. • Ágnes Molnár – Dávid Szabó,Tour de France en 350 exercices, Nemzeti Tankönyvkiadó, Budapest, 2003. • Pierre Perret, Le parler des métiers, Robert Laffont, Paris, 2002. • Françoise Robert L’Argenton, Larlepem largomuche du louchébem, Langue Française 90, 1991, 113-125.