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Politiques et stratégies de prise en chargedes MST au Cameroun de 1923 à 1985. Perspective historiqueAlioum IDRISSOU (1), Jean Baptiste NZOGUE (2), Joseph OWONA NTSAMA (3), Christopher KUABAN (4), Laurent VIDAL (5)Pour le projet ANRS 12155 « Les prises en charge croisées du VIH et de la tuberculose au Cameroun et au Sénégal : processus historique et contraintes sociales »(1) & (2) Département d’Histoire, Université de Yaoundé 1, Cameroun, (3) Fondation Paul Ango Ela, Yaoundé, Cameroun (4) Faculté de Médecine, Université de Yaoundé 1, Cameroun (5) IRD - UMR 912, Fondation Paul Ango Ela, Yaoundé, Cameroun
Contexte et objectifs • A partir des expériences coloniales (Cameroun sous régime français) et postcoloniales, et de façon à éclairer les constructions actuelles de la lutte contre les MST/SIDA, cette étude vise à : • analyser les discours des pouvoirs publics confrontés à la prostitution (décrets, lois, arrêtés, circulaires…) et leurs effets sur le terrain • éclairer les pratiques de prise en charge des pathologies vénériennes et le traitement des patients, ainsi que la problématique de la gratuité des soins
Méthodologie Données collectées dans : • archives : sanitaires, judiciaires, policières et des journaux (Archives Nationales de Yaoundé, Centre Médico-Social d’Elig Essono, ex-Direction de la santé communautaire) • travaux académiques (FMSB, ex-ISH, Département d’Histoire de l’UYI) • littérature grise : rapports, comptes rendus, conventions, procès-verbaux (OCEAC) Et auprès de personnes ressources : praticiens (Yaoundé )
Institutions : de la réglementation administrative au programme Une prise en charge réglementée par les textes : - surveillance de la prostitution (arrêté du 7 septembre 1923) : * soumission à la surveillance de la police * assujettissement aux visites sanitaires * obligation de traitement à l’hôpital en cas de maladie contagieuse * amendes et prison en cas d’infraction - expulsion et refoulement hors et à l’intérieur du territoire des « filles publiques » (arrêté du 3 septembre 1930) - interdiction de la prostitution clandestine (arrêté du 27 octobre 1933) - interdiction des maisons de tolérance (arrêté du1er novembre 1953) - Le Service de Prophylaxie de la maladie de sommeil (1932-45) - Le Service d’Hygiène Mobile et de Prophylaxie (1946-1963) - Le Programme de Lutte contre les Tréponématoses et les MST (à partir de 1964)
Structures de prise en charge :de la généralisation à la particularisation 1 - D’abord, une prise en charge dans les structures non spécialisées de service général (1923-1952) : • hôpitaux • dispensaires • infirmeries de prisons 2- Ensuite, une prise en charge dans les structures spécialisées de service général avec l’aménagement des dispensaires anti-vénériens: • hôpital Laquintinie à Douala (1953) • dispensaire de Mvog Ada à Yaoundé (1955) • extension des dispensaires spécialisés dans l’ensemble du territoire (à partir de 1964 )
Types de prise en charge 1 - Prophylaxie des Tréponématoses et des MST : • consultations ouvertes • dépistage systématique : cas de la syphilis (2809 en 1923 ; 5149 en 1953 ; 6524 en 1964) • éducation sanitaire 2 - Thérapie des Tréponématoses et des MST : • Mercuriels • Arsénicaux • sel de bismuth • extencilline (à partir des années 1950) NB : Les soins étaient pris en charge gratuitement par l’administration
Professionnels de santé 1 - Pour les consultations, diagnostics et prescription des soins : • Médecins coloniaux et Assistants sanitaires (1916-1931) • Aides de santé (1932-1943) • Sages-femmes et Médecins Africains (1944-1953) 2 - Pour les soins : • Infirmiers et Infirmières (1932-1943)
Curricula 1- Formation commune des Médecins Africains et Aides de santé orientée vers : • traitement de la syphilis et de ses complications • traitement de la blennorragie • traitement des chancres infectés • Prophylaxie 2 - Formation orientée vers l’administration des soins pour les Paramédicaux : seules les infirmières accoucheuses étudiaient en année supplémentaire l’hérédo-syphilis. A partir de 1955 : vue d’ensemble de la syphilis
Conclusion • Les MST sont apparues comme un problème de santé publique, tant dans les discours des autorités administratives, sanitaires que par leur constante progression à travers les chiffres • Leur prise en charge a été précoce sur le plan réglementaire mais tardive sur le plan pratique, singulièrement avec la création des structures spécialisées • Les politiques et mesures prises contre les MST ont été autoritaires et répressives • En tant que MST, l’infection à VIH est arrivée au Cameroun sur un « terrain » de prise en charge comportant des insuffisances sur le plan médical comme organisationnel