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La notion de FOCALISATION. Par C. Bigot Lycée Edouard Branly de Dreux. La notion de FOCALISATION. Ce cours sera constitué de deux parties. I) Définitions. II) Exercices. La focale désigne le foyer d’un appareil photo.
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La notion deFOCALISATION Par C. Bigot Lycée Edouard Branly de Dreux
La notion deFOCALISATION Ce cours sera constitué de deux parties... I) Définitions II) Exercices
La focale désigne le foyer d’un appareil photo. • Dans un récit, la notion de focalisation permet ainsi d’étudier à partir de quel point de vue la réalité est perçue : qui voit cette réalité ? Au travers de quelle focale ? De quel « goulot d'information » ? • En narratologie : focalisation = point de vue.
Il est possible de distinguer trois sortes de focalisations...
I Le point de vue est situé à l'extérieur des personnages. L'auteur ne peut pas nous faire part de leurs sentiments, impressions, réflexions et intentions, à moins que nous puissions les « lire » sur leur visage. La réalité est réduite à ses apparences extérieures. Elle est exprimée avec objectivité et insensibilité. Souvent, cette focalisation est employée pour entretenir le suspense, puisque nous allons nous interroger sur l'identité des personnages, le sens de leurs actions, etc.
Dans ce cas, le lecteur en sait moins que le personnage : L. < P. Il s’agit de la FOCALISATION EXTERNE.
II Le point de vue est situé à l'intérieur d'un personnage. L'auteur peut alors nous faire part des sentiments, impressions, réflexions de ce dernier : la réalité, perçue au travers de ce personnage, est exprimée de manière subjective. L'effet souvent recherché est l'identification au personnage. Une complicité se crée entre le personnage et le lecteur. Le récit est alors souvent rédigé à la 1ère personne, mais ce n'est pas une obligation. Il est également possible d'employer « tu » ou « il/elle » ! Ainsi, focalisation ≠ statut du narrateur.
Dans ce cas, le lecteur en sait tout autant que le personnage : L. = P. Il s’agit de la FOCALISATION INTERNE.
III Le point de vue est situé... partout à la fois ! Le narrateur voit tout, sait tout, connaît tout. Il peut se focaliser sur un personnage particulier, puis passer à un autre, sans connaître de limite. En un mot, il est le Dieu de son récit. Cette focalisation est souvent employée dans les romans réalistes. Bien souvent, elle permet de donner de nombreuses informations en très peu de lignes, et d'entretenir une connivence avec le lecteur. Quelles focalisations vais-je employer pour écrire La Bête humaine ???
Dans ce cas, le lecteur en sait plus que le(s) personnage(s) : L. > P. Il s’agit de la FOCALISATION ZÉRO.
Exercice 1.Voyons si c’est compris... Associez chaque séquence filmique au type de focalisation qui lui correspond. Vous répondrez par écrit en prenant soin de justifier votre réponse.
Exercice 2.Zola, à nous deux ! Associez chaque extrait (ils sont issus du chapitre X de La Bête humaine de Zola) au type de focalisation correspondant. Ici Jacques Lantier, cheminot, se rend compte que son train va entrer en collision avec un « fardier », sorte de voiture permettant le transport des blocs de pierre... Et Jacques, d'une pâleur de mort, vit tout, comprit tout, le fardier en travers, la machine lancée, l'épouvantable choc, tout cela avec une netteté si aiguë, qu'il distingua jusqu'au grain des deux pierres, tandis qu'il avait déjà dans les os la secousse de l'écrasement. Focalisation externe Focalisation interne Focalisation zéro (…) Pecqueux, fou de peur, sauta. Jacques, raidi à son poste, la main droite crispée sur le changement de marche, l'autre restée au sifflet, sans qu'il le sût, attendait. (…) Alors, à vingt mètre d'eux, du bord de la voie où l'épouvante les clouait, Misard et Cabuche les bras en l'air, Flore les yeux béants, virent cette chose effrayante : le train se dresser debout, sept wagons monter les uns sur les autres, puis retomber avec un abominable craquement, en une débâcle informe de débris. Focalisation externe Focalisation interne Focalisation zéro Les trois premiers étaient réduits en miettes, les quatre autres ne faisaient plus qu'une montagne, un enchevêtrement de toitures défoncées, de roues brisées, de portières, de chaînes, de tampons, au milieu de morceaux de vitre. (…) La queue du train, six wagons encore, intacts, s'étaient arrêtés, sans même sortir des rails. Mais des cris montèrent, des appels dont les mots se perdaient en hurlements inarticulés de bête. Focalisation interne Focalisation externe Focalisation zéro
Mauvaise réponse ! Concentrez-vous et, si besoin, reportez-vous aux définitions précédentes. Cliquez pour recommencer.
Bonne réponse ! Zola emploie la focalisation interne, comme le montrent les verbes de perception (« vit tout », «il distingua»), ainsi que le verbe de pensée « comprit tout » : il nous place « dans la peau » de Jacques, de sorte que nous ressentions, nous aussi, dans nos os, « la secousse de l'écrasement » : son récit en devient alors plus effrayant. Cliquez ici pour continuer.
Bonne réponse ! L'auteur emploie la focalisation zéro, afin de mieux rendre compte de l'ampleur de l'accident : Pecqueux est « fou de peur », Misard et Cabuche sont cloués par « l'épouvante » qui les saisit, et nous en savons même plus que Jacques, comme l'indique l'expression « sans qu'il le sût » ! L'auteur possède alors les pouvoirs d'un Dieu. Cliquez ici pour continuer.
Bonne réponse ! Zola utilise ici le point de vue externe : la description est objective : l'auteur y accumule des détails dignes d'un procès-verbal. Paradoxalement, c'est l'insensibilité même de la description qui renforce, en creux, le caractère proprement horrible de l'accident : le lecteur est saisi par l'objectivité et le réalisme avec lequel l'accident est décrit. Cliquez ici pour revenir à l'exercice. Merci de votre attention !